Ma tendre Lulu m'avait invitée à dîner chez les Jones et pour une raison quelconque, j'avais tout bêtement accepté. Je n'aurais pas dû surtout, que la plupart me détestaient - et encore plus, depuis que j'avais tabassé leur mère. En tout cas, il est clair qu'aujourd'hui, j'allais me tenir à carreau et jouer à la brave petite Joan inoffensive, gentille, douce, affectueuse et sentimentale. Cependant, une question me trônait dans la tête depuis que ma fille m'avait proposé de venir, allais-je m'en sortir vivante de là ? Je n'avais pas envie de sortir de chez eux, en étant défigurée ou ayant un couteau planté dans le crâne. Cela dit, je n'étais pas aussi folle pour venir non accompagner et c'était donc pour cela que j'avais proposée à ma fille, Cordy de venir avec moi. Et puis, si par malheur, une guerre éclatait entre moi et les Jones, j'aurais au moins une O'brady pour me défendre, car, même si, j'aimais Lulu, je ne crois pas qu'elle prendrait mon parti.

Bref, la famille Jones devait être à l’église ce matin, comme chaque dimanche, mais il était hors de question pour moi de mettre un pied dans une église, surtout que je n’étais plus protestante depuis plus  de 23 ans. Lulu m’avait donné rendez-vous vers treize heures – treize heures, trente mais j’étais déjà fameusement en retard. Pourquoi changer les bonnes habitudes, hein ? La ponctualité n’avait jamais été mon fort. En tout cas, j’espérais que Lulu ne pense pas que je lui avais encore posé pour la centième fois un lapin, car n’était pas le cas, disons que j’avais eu deux – trois petits imprévus entre temps, et puis je devais aller chercher ma fille chez elle, ce qui allait encore plus me mettre en retard.

Une fois ma fille récupérée, on se dirigeait enfin vers la maison des Jones. J'aurais dû envoyer un texto à ma Lulu pour prévenir de mon arrivée et que je ne l'avais pas oubliée, mais sur le coup, je n'y avais pas pensée. Avec tout ça, je sentais que ce dîner n'allait pas être un dîner des plus joyeux, d'ailleurs, je craignais qu'il y ait des assiettes qui volent. Je n'étais pas venue pour me chamailler ou me disputer avec Jane, même si, j'aurais tant aimé l'ennuyer et de mettre plus de l'huile sur le feu dans son couple, mais pour mes filles, j'allais me comporter normalement, en tant que Bonne Mère que je suis.

Je me garais dans la rue, au cas où si je devais fuir en courant, cela serait plus simple pour démarrer. Je descendais de la voiture et je m'adressais à ma fille.

JOAN _ « Nous y voilà » Je lâchais un soupire. Désormais, soit j'allais sonner, soit, je retournais dans la voiture. Si je m'écoutais, j'aurais opté pour la seconde solution, mais je ne pouvais faire ce coup-bas à mes filles. Je prenais donc mon courage à deux mains et doucement, mais surement, j'arrivais enfin devant la porte. Avant de sonner, je me retournais vers ma fille « Si par malheur, je venais à mourir aujourd'hui, je veux que tu saches, que mon testament se trouve dans le coffre de la maison et aussi, sache-le, je veux être incinérée. Tu pourrais faire ce que tu veux de mes cendres, mais je te demanderais juste d'éviter de me mettre sur ta cheminée. » Elle pourrait même me jeter dans un champ, je m'en ficherais bien étant donné que je serais morte; mais je ne voulais absolument pas que des insectes et des vers viennent me bouffer. Je prenais une grande inspiration et je sonnais ENFIN. « Allez maintenant, sourions » ajoutais-je en affichant un large sourire. J'étais assez soulagée quand Lulu m'ouvrait la porte et non pas, un autre membre de la famille, car là, je ne pense pas que j'aurais été la bienvenue. J'ignorais si je devais faire la bise à Lulu ou non, alors je me contentais d'un simple « Bonjour, et désolée du retard » Je lui tendais une bouteille de vin rosée, pour ne pas arriver les mains vides. Je passais ma main dans le dos de Cordi « Je crois que vous vous connaissez déjà, n'est-ce pas ? »

Je me levais ce matin-là en ne rêvant que d'une seule chose : aller me recoucher. On était dimanche, normalement ce jour-là il m'arrivait de dormir jusqu'à deux heures de l'après-midi. Et oui même si j'étais encore en vacance je tenais encore plus à mon lit le dimanche. Mais aujourd'hui je n'avais pas bien le choix, il fallait que je me prépare. La veille, ma charmante maman m'avait envoyé un sms pour me demander de venir avec elle chez les Jones. Autant dire que j'avais envie d'y aller comme d'aller me pendre, mais je lui avais quand même dit oui. Car elle me l'avait demandé si gentiment... La garce, quand elle voulait elle pouvait me faire faire n'importe quoi. Et puis, je ne pouvais tout de même pas la laisser se jeter dans la fausse au lion toute seule. La pauvre, je voulais qu'elle en ressorte vivante ! Quoi que... Que je sois présente ou pas, cela ne risquait pas d'y changer grand-chose. Je serai une simple victime de plus. Je n'allais pas lui être d'une grande aide... Du moins, je ne voyais pas trop comment. La dernière fois que j'avais mis les pieds chez Lullaby, c'était le jour où je lui avais avouée que j'étais sa soeur. A elle et à Rhiannon. Et le moins que l'on puisse dire c'est que ça ne s'était pas bien passé. Cela avait été une véritable catastrophe et j'en étais ressortie les larmes aux yeux. Depuis, je n'avais revu aucun des Jones et ils ne m'avaient pas tant manqué en fin de compte. Et là, il fallait que j'y retourne. Je soupirais en terminant rapidement mon café vers les onze heures et demie puis, je filais sous la douche. Je profitais du contacte de l'eau chaude sur ma peau pour me détendre un petit peu. Un peu beaucoup même, car je restais là un moment. Un long très long moment. J'étais si bien ce qu'y m'attendait après ne l'était tellement pas ! Mais arriva l'instant fatidique où je fus obligée de sortir sortir de mon petit nid de vapeur si je ne voulais pas finir flétrie avant l'heure pour la fin de mes jours. Finalement, j'allais m'habiller. J'enfilais une simple robe bleue marine avant de repasser par la salle de bain pour me maquiller et me coiffer simplement. Puis ce fut l'heure et je descendais sur le parking de mon immeuble pour attendre Joan. Sauf que bien sûr, elle était en retard. Je l'attendais encore et encore. Plus d'une douzaine de minutes s'était déjà écoulée lorsque je me dis qu'elle avait renoncé à y aller. Pourtant, ce n'était pas trop son genre de se défiler, surtout face au Jones, mais bon... Je m'apprêtais a remonter dans mon appartement lorsque j'aperçus enfin la voiture de ma mère apparaître au coin de la rue. « Et bien tu en as mis du temps. » Lâchais-je en montant dans l'auto. Je lui souris puis nous partîmes en direction de LA maison. Pendant le trajet, je me maudissais d'avoir accepté de l'accompagner. Jamais je n'aurais dû dire oui, je voulais rentrer chez moi. Mais c'était trop tard, car déjà elle se garait dans le long de leur rue. Sortant de la voiture, je soupirais en coeur avec Joan, oui, nous y voilà. « T'es sûr qu'on ne peut pas repartir ? Ils ne verront même pas que l'on n'est pas là. » Oui, notre absence passerait inaperçu, mais notre présence... Ça c'était une autre histoire. Je suivais la plus très jeune femme jusqu'à l'entrée de la maison. Là je riais doucement. Il n'y avait rien de drôle dans ce que me disait ma mère, mais j'étais tellement stressée et anxieuse que je rigolais pour rien. C'était naturel, je ne retenais plus rien. « Il n'y a pas de raison que tu meurs. » Au du moins je l'espérais sincèrement. Quoi que... Quand on voyait la nature des liens qui l'unissaient à Jane, la mère Jones, il y avait de quoi se faire du souci. Elles n'allaient tout de même pas se battre devant tout le monde ! Si ? Oh merde ! Elles en étaient capables... « Puis de toute façon, si tu tombes au combat, je ne ferais pas long feu non plus. » Je risquais même de tomber avant elle en fait. Mais elle était sérieuse avec son histoire d'incinération ? Eurk, il ne fallait pas me parler de ça avant de manger, déjà que je n'avais pas trop d'appétit... Elle sonnait enfin et j'attendais que quelqu'un pour nous ouvrir. Oui, sourions. C'était bien plus facile à dire qu'à faire, mais je m'exécutais. « Salut. » Dis-je timidement en voyant Lullaby ouvrir la porte. Je souris tant bien que mal, pas alaise du tout. « Oui, on se connait » Et pas qu'un peu... « Sans mentir maintenant... » Oui, cette fois je venais en étant vraiment moi, Cordélia O'Brady et pas une pseudo amie d'Aiden qu'il avait ramenée comme ça.