Le soleil brillait sur Pasadena, comme d'habitude en fait. Et lorsque j'y songeais vraiment, c'en était triste. Pas un seul brin de pluie pour refroidir les ardeurs ! Dés que je descendais à Los Angeles, où le temps était similaire, bien sûr, je remarquais une telle agressivité… Je ne suis pas un exemple de vertu, bien au contraire, mais certaines bagarres, dû à des comportements routiers pourraient être évités si les gens n'étaient pas énervés à cause de cette chaleur ambiante. Et bien entendu, aujourd'hui, j'avais reçu un appel pour débarrasser un voiture accidentée. Des assurances qui m'avaient appelés. Je devais faire le point sur les réparations à faire avec l'expert, m'ont-ils dit. Et ces gratte-papiers, je les connaissais que trop bien, ne m'enverraient pas l'expert avant la semaine prochaine. Donc l'épave va stagner dans la cour de mon garage et me faire un joli coup de publicité ! C'était donc à contre-coeur que je rejoignis mon « plateau », ce genre de camionnette avec une grande plateforme à l'arrière, pouvant s'abaisser pour y tracter une voiture grâce à un treuil. Une mon bon vieux plateau sur les routes, je rejoignis Bridewell Street, une route amenant directement à Los-Angeles, sans passer par la voie rapide. Je rejoins l'angle de Hough Street et Chestnut Avenue. Le lieux de l'accident. Je rejoins les officier de Police, tentant de tirer le vrai du faux de cette histoire. Je me racle la gorge, attirant leur attention, et je dit à l'un d'eux.

_Bonjour, Dean Blaze, je suis le dépanneur envoyé par l'assurance de Monsieur Jasper O'Clery Je présentais la dérogation que les assureurs m'avaient faxés. Je suis ici pour retirer la Dodge Charger jaune de M. O'Clery. L'officier me fit un signe de tête, me répondant qu'il allait déployer ses collègues pour faire la circulation le temps du retrait de la voiture. Je me place à l'avant de la dodge, pas trop prés ni trop éloigné, et fit descendre mon plateau, pour ensuite attacher le treuil et la tracteur sur la plateforme. Une fois fait, je rejoins les officiers de Police, qui avaient signés la déclaration de retrait, et ils firent signe à M. O'Clery de faire de même. Les deux signatures acquises je ne m'éternise pas sur les lieux, rejoignant au plus rapidement mon véhicule de dépannage et faisant la route dans le sens inverse pour retourner au garage.

Je me stationne sur le côté de mon atelier, débarquant le véhicule accidenté sur le bitume pour ensuite la placer tant bien que mal dans un coin de ma cour, afin que la dodge ne me dérange pas le temps du passage de l'expert. Une journée lambda dans la vie d'un garagiste de Pasadena, il faut croire. Je regagne mon poste, prés de l'établi et m'accorde une pause cigarette, constatant du regard les travaux qu'il me reste à faire. Avant l'appel de l'assurance, j'étais en train de fa ire des réparations sur un pick-up pour un viticulteur. Je n'aurai jamais imaginé que les raisins, piégés dans le radiateur du moteur, puissent à ce point délivrer de l'alcool. Les vapeurs venaient chatouiller mes narines et venaient à me dégoûter du vin. Je décidais d'interrompre toutes réparations le temps que j'effectue un nettoyage du moteur. Jusqu'à ce qu'un moteur se fasse entendre dans la cour.

Je me redresse, plaçant la cigarette entre mes lèvres, et me dirige vers l'extérieur après avoir saisis un chiffon pour retirant tout le sucre du raisin qui s'était déposé sur mes mains. Je regarde ces dernières un moment, pour constater que le nettoyage rapide ait fonctionné, range le chiffon dans la poche arrière de mon jean et prenant la cigarette entre mes doigts. Je relève le visage et croit un moment rêver. La femme, descendant de la voiture, était petite brune que je connaissais bien. Je m'étais stoppé. Je ne savais comment réagir. La dernière fois que je l'avais vu remonte à il y a 5 ans. Et aujourd'hui, alors que rien d'exceptionnel n'étais arrivé, elle revenait. Devais-je m'énerver ? Sauter de joie ? Était-elle là pour moi ? Ou pour une réparation ? Elle, qui avait créé un vide en moi, qui avait fait de moi un homme sur le chemin de la rédemption, me donnant une raison de me battre pour fuir mon ancien club. Cela avait marché. J'avais lâché le MC, malgré la difficulté à régler mes affaires avant de plier bagages. Et j'étais venu vivre sur Pasadena, dans l'espoir de l'y retrouver.

Mais avant je devais m'assurer que je me méprenais pas, qu'il s'agissait bien d'elle, et non pas d'un sosie. _Jude… ? C'est… C'est bien toi? Quelle manière minable d'aborder une ex dont je ne m'étais pas vraiment séparé. Je me sentais pitoyable.

Ses mots résonnaient dans mon crâne. « ça fait longtemps ! » C'est peu dire ! Je sentais le lobe de mes oreilles chauffer. Elles devaient être bien rouge. J'étais pris entre le désir de m'énerver, et celui de la prendre dans mes bras. Je la détaillé du regard et me dit qu'il fallait que mon corps s'anime, que ma bouche émette un bruit. Il fallait au moins que je respire ! J'en avais eu le souffle coupé. Je pris une grande inspiration, croisant mes bras, attendant quelques explications en plus de son « ça fait longtemps ». Au lieu d'un discours un peu plus complet, je n'eus pour simple réponse, à toutes mes questions, qu'une demande réparations. Alors là, je dois l'avouer, c'était la meilleure ! Je détourne le visage un instant, retirant la cigarette de mes lèvres une dernière fois, pour la jeter par terre à mes pieds et l'écraser avec ma semelle. Cette action me permettait de prolonger de quelques milliseconde mon temps de réflexion pour déterminer la réaction que j'allais avoir. On ne pouvait pas dire que j'avais la haine, à cet instant précis, loin de là. Je lui en voulais, bien sûr, et je crois que le contraire aurait sans doute fait de moi un être sans âme. Soudainement, sa réaction change. Son regard, son attitude, et elle m'annonce qu'elle repassera plus tard. Là, c'est le summum ! Mes bras se décroisent et je m'approche d'elle inconsciemment.

_Alors tu veux fuir à nouveau ? C'est ça ton plan ?! Venir ici, me torturer à nouveau et repartir comme si de rien n'était ?! Oh non tu ne vas pas te défiler ! Tu ne vas pas « fuir » sans avoir entendu ce que j'avais à te dire ! J'ai essayé de tourner la page, lorsque tu es partie ! Bien sûr que j'ai voulu me reconstruire ! D'ailleurs j'en étais pas à mon coup d'essai ! En lâchant ma vie à Deadwood pour venir m'installer ici pour de bon, j'avais déjà fais de gros efforts, car je savais que le club te déplaisait fortement, que la vie que je menais te faisais peur ! Et quand je suis arrivé, ce n'est que ton fantôme que j'ai trouvé ! Je m'arrête un moment et mon regard se pose sur sa voiture. Je distingue un siège enfant sur la banquette arrière. Je ris nerveusement.

_Je vois qu'en ce qui te concerne, tu n'as pas eu de mal à tourner la page ! Tu comptais bien à ce que je vois ça! Je montrais le siège de la main. Merci, Jude ! Tant d'année à essayer de me reconstruire, à essayer de comprendre sans avoir de réponse ! Et toi, tu as réussi ! Tu viens ici me jeter ton bonheur en plein visage pour m'achever ? Parce que si c'est bel et bien le cas, ça a marché! Je ne m'en rendais pas compte, mes mes yeux s'humidifièrent. Qu'est-ce-que tu attends de moi ? Que je te supplies ? Que je me mette une fois de plus à genoux, te prier de revenir pour de bon ? Et que là, à cet instant, tu m'annonce que tu ne peux pas, que ta vie est ailleurs maintenant ? Auprès d'un autre homme et d'un enfant que t'as eu avec ? Merci, mais sans façon. Je suis déjà un moins que rien depuis que tu as laissé ce vide en moi. Tu m'as dépouillée de mon ancienne vie, tu m'as détruit complètement, je suis au plus bas dans ma vie alors… Pitié, explique moi ce qu'il s'est passé, tu me dois bien ça. Offre moi au moins des réponses, que je puisse comprendre. Que je sache où ça a capoté pour pouvoir au moins essayer de me relever! C'était officiel, Dean, le biker sans cœur, versait une larme que j’essuie aussitôt du revers de ma main.

Je le savais, j'y allais fort avec Jude, je ne maîtrisais plus rien. Un peu comme si j'avais besoin de laisser toutes ces pensées négatives masquer le positif. Bien sûr que toute notre relation ne portait pas que sur sa fuite. Mais 5 ans d'absence, nous avions évolués chacun. Ou plutôt elle a évoluée. J'ai pas mal stagné en ce qui me concerne. Il y avait eu des moments de pur bonheur par le passés, ils étaient même tellement plus importants et omniprésents que tout ce que je pouvais dire ne représentait que sa fuite. Bon certes, une fuite non négligeable : 5 ans tout de même ! Je crois que mettre tout ça en avant, toute cette pseudo haine, c'était une façon de me constituer un bouclier, un rempart. J'avais souffert de son absence. Je ne voulais pas la laisser s'approcher de moi, rentrer de nouveau dans ma vie, si c'était pour la perdre et souffrir une nouvelle fois encore. Mais au fond de moi, je m'en voulais d'avoir dit tout cela. Elle pleurait. Je ressentais comme un pique au se planter droit dans mon sternum. Devenir aussi agressif, avait été le seul moyen que j'avais trouvé pour ne pas la voir fuir à nouveau. Elle était au pied du mur, devait se justifier. Et c'était à son tour de prendre la parole dans ce qu'on pouvait appeler un genre de « joute » d'anciens amants. Elle mit un moment avant de se calmer et de pouvoir parler. Je le savais, j'allais peser le pour et le contre de chacun de ses propos.

Je crois que la méfiance était de mise, maintenant, alors que par le passé… Je la revoyais, souriant dés que ma Harley résonnait devant son université. Elle était ma bouffée d'air fraîche, j'étais son biker protecteur. Elle sautait dans mes bras, je la serrai fort contre moi et rien d'autre n'existait autour de nous durant ces instants magiques. Je scrute le ciel un instant. J'avais l'étrange impression que la pluie allait tomber, mais le ciel était d'un bleu. Toute ma vision s’obscurcissait. Son premier mot, son « pardon » tombait comme si elle venait soudainement de se retrouver à genoux, désarmée. Quel monstre étais-je pour lui avoir fait tout ceci à l'instant présent ? Une main invisible pressait mon cœur dans ma poitrine.

Je décortique son speech, mot par mot, syllabes par syllabes. Mon esprit marque une pause en entendant « J'avais l'impression d'être seule ». Je baisse le regard vers le sol un long moment. J'étais occupé, en pleine vendetta pour le club. Je revenais de moins en moins sur Pasadena le temps de régler mes affaires. Je ne savais pas réellement ce qui se passait ici en mon absence. Elle reprend son discours. Mes yeux remontent, se plantant droit dans les siens. Et tout se met à résonner lorsque j'entends qu'elle inclut une troisième personne. Une femme apparemment. Elle m'apprend qu'elle est tombée enceinte. Je me prenais un violent coup invisible derrière le crane. Je sentais mon sang se glacer, comme s'il quittait peu à peu le navire. Mon regard se fronce à mesure que sa phrase, émanant de sa bouche, parvienne à mes oreilles. Pourtant, j'avais réellement la sensation de l'entendre au ralenti. « j’étais tombée enceinte. » Je tâche de rester calme, et de ne pas perdre de vue que j'ai moi-même été absent pour elle. Non pas par fuite, certes, bel et bien pour me débarrasser une bonne fois pour toute du club, et pour la retrouver, sans que rien ne nous sépare jamais. Mais le résultat était le même, je n'ai pas été là. Du moins, je l'étais de façon peu régulière. Une fois tout les six mois, et encore. Ma mâchoire se resserre et je la décrispe pour lui poser une question, sur le ton d'un homme qu'on vient d'envoyer au tapis. Dans ma tête, un arbitre levait le bras de Jude, et criait sur un son de cloche « Victoire par K.O. » .

_Tu vois toujours le père…?

Je vis le visage de Jude se décomposer à ma question. Sûrement étais-je encore une fois à côté de la plaque. Ou peut-être avais-je visé juste. J'étais nul en sentiments humains. Je ne connaissais pas tous les codes qui animent une conversation normale. Je réalise que sans doute ai-je été égoïste de lui reprocher son absence alors qu'avant son départ j'avais vraiment pas fais mieux. Après tout, elle l'avait sûrement vécu ainsi, le fait que je vienne moins. Comme une trahison, ou un abandon. Je m'en voulais à moi-même bien avant de lui en vouloir. Et on parle de son enfant dont j'ignorais tout. Seulement lorsque ses mots résonnèrent jusqu'à mes oreilles, le fait qu'elle ne m'ait jamais trahis, je ne comprends plus tout à fait ce qu'elle veut me dire. Mes sourcils se froncent, essayant d'attraper le fil d'une pensée cohérente de mon regard. Sa voix avait changée et une petite pause se marquait dans son annonce. Lorsqu'elle reprit, chaque mot tombèrent comme un coup en pleine face. « C’est ta fille. » Je fus paralysé pendant quelques secondes, incapable d'exprimer quoique ce soit, comme si une décharge électrique figeait un à un mes muscles. Mon regard se portait sur Jude. Ses actes, sa fuite, ses mots, tout commençait à la fois à devenir cohérent, et vague en même temps. Non pas qu'elle n'avait pas été claire, mais mon cerveau peinait à suivre. Je me répétais dans mon esprit « Ma fille... »

Je la détaillais du regard. Comment pouvais-je infliger ça à celle que j'ai aimé et dont je n'ai jamais pu me séparer réellement ? Cette femme qui tenait toujours entre ses mains mon cœur. Elle, qui avait simplement penser à protéger ce que notre amour avait donné. Je décrispe mes muscles de la mâchoire et murmure de façon presque inaudible, tant ma voix était cassée. _Pardonne moi... Les larmes s'étaient misent à couler pour de bon sur mes joues. Je n'avais jamais connu pareille sensation. « Ma fille…. Me répétais-je encore et encore. Je n'arrivais qu'à peine à me ressaisir. Je n'avais qu'une envie, m'effondrer dans un canapé. Mais je devais retrouver ce Dean d'il y a 5 ans, le déterrer, ce Dean qui avait tout sacrifier pour Jude. Je devais le redevenir pour notre fille dont je ne savais absolument rien.

A cet instant, j'avais envie de franchir la distance qui séparait Jude de moi, de la serrer dans mes bras, et de me laisser aller. J'avais envie de grimper sur ma bécane, de la suivre jusque chez elle, pour découvrir ma fille. Je me devais de rester cohérent. Je ne pus que lui demander _Comment s'appelle ma… Fille..? Cela sonnait de façon si étrange dans ma bouche. Je n'étais pas préparé à ça. Je ne m'en étais pas rendu compte mais je m'étais adossé contre le mur entre les deux volets-roulant de mon garage, et je m'étais laissé glissé. J'étais assis, sur le sol, adossé à mon atelier.

Je sorti un cigarette de mon paquet et m'en rallumai une. Il me fallait bien une dose de nicotine, après-tout. Je suis un être humain, et j'avais des réactions propres à moi-même en cas de stress. Pour ma part, c'était de fumer. J'essuyai les larmes qui avaient dévalées sur mes joues pour rejoindre ma barbe, fermant les yeux le temps de les frotter, comme pour me réveiller d'un rêve étrange. Lorsque je les rouvris, rien n'avais changé. Jude se tenait debout, en face de moi. Sa voiture et le siège enfant toujours à l'arrière. J'étais toujours assis sur le sol, comme une loque. Je rompt ce calme.

_Tu sais, pendant toutes ces années, j'ai réellement cru que tu m'avais abandonnée. Je n'en savais absolument rien de ce qui se passait. En sacrifiant tout à Deadwood pour venir ici, je n'étais plus tellement présent et je m'en suis longuement voulu. Je me suis punis moi-même. Je n'étais plus vraiment vivant je crois. Je paraissais bien sûr mais… Dean avait comme quitté ce corps en face de toi. J'ai essayé de me reconstruire. Je ne vais pas te mentir, j'ai connu d'autres femmes. Sauf que quand je voulais me convaincre qu'on pouvait fonder un foyer, ces nanas et moi, ça sonnait faux. Oh, je voulais y croire. Mais lorsqu'elles se sont mises à bien me regarder, à percer mon âme pour y entre-voir ce qui m'animait, elles ont toutes fuis. Jusqu'ici je pensais de la même manière que tu l'as fait. Mais maintenant, je comprends que tu n'as pas fuis. Tu as protégé ma… Notre enfant. Je marquais un pause de nouveau. Je devais m'y habituer. Tu as tout sacrifier pour le faire. Je me rends compte qu'on a eu exactement le même parcours. Partir sans rien dire, tout sacrifier pour protéger la personne que l'on aime. Alors… Je m'excuse, Jude…

Je sentis ses bras m'entourant alors que mon regard ne semblait plus rien capter. Je le savais, nous étions tous deux détruits, au plus mal dans nos vies. Ce geste attentionnée m'aurait sans doute fait du bien si la complexité n'était pas de mise. Ainsi notre enfant s'appelait Rose. J'adorais ce prénom. Il sonnait de façon si douce. Rose… Grimes ? Blaze ? Que le destin nous réservait-il ? Je n'en savais plus rien. Comment ne pas m'excuser ? Ce que je ressens n'est que culpabilité, et ces douleurs, dont j'en ai fais une seconde peau, ne sont que mon quotidien depuis toutes ces années. Son discours, ce que j'ai loupé manque de me faire craquer de peu. Au lieu de ça, j'imagine une petite fille, trottinant, apprenant à parler, par imitation de sa mère. Je souriais peu, vite rattrapé par l'idée que je ne savais même pas à quoi ressemblait notre enfant. Mes lèvres reprirent cette moue malheureuse. Sans que je me rende compte, ma cigarette avait finit par se consumé, et le filtre avait éteint le bout flamboyant de la clope. Une cendre aussi grande qu'une clope ne tenait que par équilibre au bout de ce filtre. Sa tête enfouie dans mon épaule, ses pleurs. Je pose doucement ma main dans son dos, pour ne pas la brusquer, mais pour la maintenir contre moi. Seul geste dont j'étais apte pour la consoler. Cela était plus qu'étrange. Hier encore, j'étais Dean, biker solitaire. Je me retrouvais à être Dean, père et ex. Mon identité semblait totalement effacée. Les mois passée, je me tenait à un code de conduite, évitant deals, meurtres et autres activités de mon anciennes vie. Maintenant devais-je même cesser mes activités actuelles ? J'étais encore loin d'être un ange, mais ça voulait dire plus de « copine » sans lendemain. Plus de cuite et d'état de défonce totale. Plus de soirée entre pote. Devais-je aller vers une vie saine ? Une vie de moine ? Non, c'était impossible. Pour les coups d'un soir, je pouvais faire un effort. Je devais retrouver de la stabilité de ce côté-ci, mais mon frère Abel, dont le parcours est presque similaire, à quelques différences prés, je ne pouvais pas le lâcher. Je comptais bien encore me siffler des packs entiers avec lui. Et mes amis, je comptais pas non plus devenir un fantôme pour eux. Ceux qui m'ont tant entendu parler de Jude. Je devais juste apprendre à concilier cet élément nouveau dans ma vie, ce nouveau « grade » de père que Jude m'apportait, avec ce qui était déjà en place. Je ferme les yeux, réfléchissant à nouveau et dit doucement

_J'ai… J'ai longtemps souffert en silence, essayant d'encaisser, comme je le faisais si bien, la douleur qu'à laissé ton absence. Je rejetterai jamais notre enfant. Je compte bien prendre mon rôle de père en main. Je veux être là pour elle, dorénavant. Mais en ce qui nous concerne, Jude, je ne sais pas encore… Tu es partie parce que tu avais peur du danger que représentait ma vie. J'ai changé, mais je ne suis pas non plus devenu un saint. Je fais juste en sorte de rester dans les limites de mon code de conduite. Je suis pas sûr que tu apprécies plus ce que je suis devenu. Cinq ans à ruminer ma peine, à croire que le ciel m'a maudit pour mon ancienne vie, et qu'il ne voulait pas que j'ai une seconde chance. Cinq longues années à penser que j'avais tout sacrifier pour rien. J'ai ouvert les yeux. Je… Je ne suis plus assoiffé de sang comme je l'ai été. Je ne t'avais jamais caché cet aspect de moi. Ce Dean qui braquait, tuait, torturait. Je t'avais même demandé de m'aider à m'en sortir. Et tu l'as fais, mais tu n'étais plus là lorsque j'étais enfin libre de devenir quelqu'un d'autre. Je marque une pause, reprenant le fil du discours où je me perdais moi-même. Maintenant je comprends pourquoi, mais nos vies ont évoluées différemment. Je ne sais pas si tout pourra être comme avant.