Cela faisait si longtemps maintenant que je n’avais pas célébré Noël en famille à proprement parler que je ne me souvenais pas vraiment ce que c’était. La dernière fois que j’avais passé du temps avec ma famille, soit ma mère et mon grand-mère, c’était il y a plus de dix ans, avant mon mariage. Puis, j’avais passé du temps avec mon mari, mais voilà maintenant six ans que je me contentais de simplement accepter les invitations qu’on me faisait, m’assurant toujours de ne pas abuser de l’hospitalité de qui que ce soit, et me contentant de faire les choses seules si jamais je venais à avoir personne qui ait une âme assez charitable pour m’accueillir. Cette année, les choses avaient pas mal changées, dans le sens où je me sentais davantage bienvenue que les années précédentes, sans parler du fait que j’avais maintenant beaucoup plus de gens avec qui souligner le temps des Fêtes, soit la famille de Lullaby, Jensen, ou encore ma cousine Carter qui, pour mon plus grand bonheur, avait eu l’immense bonté de me proposer de venir passer du temps chez elle pour Noël. Plus que contente, je n’avais pas pu refuser, alors quelques jours auparavant, je m’étais assurée d’avoir tout pour marquer le coup. En effet, il était hors de question que j’arrive chez Carter les mains vides. Premièrement, j’avais préparé de cupcakes « Red Velvet », trouvant cela plus original qu’une bûche tout en respectant les couleurs de Noël. De plus, si jamais Carter avait prévu autre chose pour le dessert, elle pourrait les manger plus tard si elle le voulait. Ensuite, je m’étais mise à la recherche de petits cadeaux. Pour le petit Steve, ce ne fut pas vraiment compliqué; dans une boutique pour enfants, je trouvai deux pyjamas, un hochet, parce qu’il serait en âge de jouer avec, s’il ne l’était pas déjà et une petite peluche qui, quand on appuyait dessus, disait « Je t’aime, fais-moi un câlin ». Ensuite, pour Carter, ce fut un peu plus compliqué, parce que oui, même si je gâtais son enfant, je voulais la gâter, elle aussi. Finalement, je lui trouvai un assortiment de produits de bain, et pour compléter le tout, j’allai lui acheter, à la blague, une carte-cadeau de chez Costco. Il n’y avait pas un gros montant dessus, c’était surtout pour faire au clin d’oeil à nos retrouvailles qui avaient eu lieu quelques mois auparavant. Puis, le jour du fameux dîner, j’avais emballé le tout dans deux paquets différents, et quelque temps avant l’heure à laquelle j’avais été invitée, je pris une douche, puis tout en fredonnant le dernier cantique de Noël que j’avais entendu à la radio avant de me rendre dans la salle de bains, je me coiffai, me contentant d’un simple chignon bouclé à la mousse, parce que mon manque de talent ne me permettait pas de me faire un truc très élaboré. Avec un maquillage simple, mais élégant, je sortis de la salle de bains pour aller dans ma chambre pour trouver ma tenue. Pour ce soir, ce serait pantalon noir moulant et chemisier blanc. C’était simple, mais assez chic pour faire passe-partout, parce que pour être franche, je ne savais pas comment Carter serait vêtue. Me déclarant finalement prête, je m’assurai que Pumpkin aurait assez de nourriture et d’eau pour tenir toute la soirée, et je quittai ma demeure pour me rendre chez ma cousine. Heureusement, je ne mis pas des heures à trouver l’adresse et de plus, je trouvai une place pour me garer non loin, faisant en sorte que je n’aurais pas des kilomètres à parcourir avec les gâteaux et les deux cadeaux. Une fois dans l’immeuble, je sonnai, puis j’attendis de pouvoir entrer. Quelques secondes après, j’étais è la porte de l’appartement de Carter. Ce fut avec un grand sourire que j’accueillis celle-ci, lui faisant la bise sans pouvoir porter toute mon attention sur le petit poupon qu’elle tenait dans ses bras. Pourtant, ce n’était certainement pas l’envie qui me manquait ! Malgré tout, parce que je savais vivre, je pris la peine de lui dire:  « Je vais bien, et toi ? » même si je ne sus cacher mon enthousiasme quand elle me présenta son fils, Steve. Ne dérogeant pas à mes habitudes, je regardai le petit bonhomme, et je dis, complètement gaga:  « Bonjour toi ! Tu es trop mignon de trognon, tu le sais ça !? » avant de rire doucement, mourant déjà d’envie de le prendre dans mes bras, même si pour le coup, je préférais demander l’avis de ma cousine. À la place, je me contentai de lui signe, en désignant tout ce que je transportais:  « Tout pour toi ! Enfin, il y a un cadeau pour Steve, évidemment, mais bon ! Je te dépose ça où ? » en me disant que le plus logique était que je m’en occupe, compte tenu qu’elle en avait déjà plein les bras avec son petit garçon tout simplement trop craquant dans son pyjama de renne !

Cela ne faisait que deux minutes que j’étais arrivée dans l’appartement de ma cousine et je pouvais déjà affirmer que la façon dont elle se comportait avec son fils était que trop adorable. Effectivement, le fait qu’elle affirme que oui, son bébé âgé de quelques mois savait qu’il était mignon, puis qu’elle me demande de mettre les cadeaux sous le sapin pour faire comprendre cette tradition à son enfant était juste chou, à mes yeux, et je le montrais en lui faisant un sourire plus que ravi. Évidemment, je ne demeurai pas plantée là bien longtemps, acquiesçant à la demande de Carter sans me faire trop prier. Bien contente de me débarrasser de ma besace, tout de même, je déposai donc les cadeaux sous le sapin, là où je trouvais de la place. Je sus quand même faire preuve d’assez de savoir-vivre pour ne pas commencer à regarder ceux qui s’y trouvaient déjà, surtout que je n’allais pas passer tout mon temps à faire ça, quand même. Rapidement, je me relevai, gardant que les cupcakes dans mes mains tandis que j’écoutais ma cousine complimenter ma tenue. Dans un petit rire, je lui dis:  « Oh merci ! » tout en regardant par réflexe ce que je portais. Pour être franche, ce n’était probablement pas ce qu’il y avait de plus beau dans mon placard, mais je m’étais dit que ça ferait l’affaire et visiblement, je ne m’étais pas trompée. Cependant, avant que je puisse rendre le compliment à ma cousine, celle-ci prit de l’avance sur moi en me demandant ce que j’avais gardé dans mes mains qui n’allait évidemment pas sous le sapin. Ne voyant pas pourquoi je serais gênée de le lui dire, je répondis alors:  « Oh, un petit dessert ! Mais si tu as prévu autre chose, alors tu te feras plaisir avec ça ! », voulant quand même garder un peu de mystère sur ce qui se trouvait dans le fameux plat. Franchement, si nous n’en mangions pas ce soir parce qu’il y avait une bûche, ce n’était clairement pas la fin du monde. Ça en ferait plus pour Carter - qui n’aurait qu’à me rendre le plat - et puis, je pouvais très bien en refaire chez moi, des cupcakes. Acquiesçant à sa proposition toutefois, je la suivis à la cuisine, déposant le plat sur le comptoir vers lequel elle s’était dirigé. Après tout, je ne savais pas si elle préférerait les placer dans une assiette, au frigo ou dans le four - quoique c’était pas nécessaire - alors autant lui laisser le champ libre, c’était chez elle, quand même. À présent, j’avais les mains complètement libres, et du coup, je me sentais pas mal plus à l’aise de commencer à discuter avec Carter, en commençant par répondre à sa question par l’affirmation suivante:  « Oh non, pas du tout ! Merci Google Maps ! » Je conclus ce propos par un petit rire, venant avouer que oui, j’étais allée regarder le trajet sur Internet avant de venir, histoire de ne pas me retrouver à l’autre bout de la ville. Peut-être que cela faisait de moi un boulet, peut-être pas, mais qu’importe, l’essentiel était que j’étais arrivée ici à l’heure, et en un seul morceau, non ? En tout cas, moi, c’était ainsi que je voyais les choses. Puis, avant que nous soyons en mesure de poursuivre, un « ding » typique d’une minuterie se fit entendre, signifiant qu’un des préparatifs de Carter étaient prêts, et signifiant que c’était le moment pour moi de me faire plaisir en prenant mon neveu dans mes bras. Comment je pouvais résister à une telle proposition, après tout ? Les yeux brillants comme ceux d’une gamine qui vient de voir le Père Noël, je dis:  « Évidemment que je veux le prendre, quelle question ! » avant de m’approcher pour laisser l’occasion à ma cousine de me laisser son fils. Sitôt, je le calai confortablement contre moi, puis je lui dis doucement:  « Salut toi ! » en le laissant mâchouiller allègrement son faux bois de renne, me disant que ça ne devait pas faire de mal si Carter le laissait faire, surtout que ça le gardait tranquille et que ça l’occupait pour le moment, ce qui me laissait l’occasion non seulement de prendre plaisir à le tenir ainsi contre moi, mais aussi adresser la parole à la jeune femme pour lui dire gaïement:  « Ça sent bon ! Qu’est-ce que tu as préparé là ? Tu es restée dans le traditionnel ou on aura droit à un truc plus exotique ? » Bien sûr, j’avais demandé le tout d’un ton on ne peut plus candide, histoire de signifier à ma cousine que dinde, tacos ou pâté de canard, tout me convenait. Il y avait si longtemps que je n’avais pas eu un véritable Noël en famille que franchement, je prendrais tout ce qu’on me donnerait, tant et aussi longtemps que ça restait dans le comestible, évidemment.

Si Carter pensait être en mesure de trouver de la place pour manger des cupcakes malgré le fait qu’il y avait un autre dessert de prévu, pour ma part, j’en fus beaucoup moins convaincue quand elle vint à m’expliquer le menu de ce soir. Ça avait beau ne pas être très traditionnel, ça semblait tout simplement délicieux, à un tel point que je ne savais pas vraiment si je pourrais manger un dessert tout court. J’avais quand même mangé dans ma journée mais là, je salivais à la présentation du plat, et je le fis savoir à ma cousine en gardant les yeux écarquillés tandis qu’elle m’expliquait tout ce qu’elle avait préparé, clairement impressionnée par tout cela. Je ne pouvais pas nier le fait que pour le coup, j’étais vraiment gâtée, et que les cupcakes, je m’en moquais bien ! Franchement, je ne regrettais pas du tout d’avoir accepté l’invitation de Carter, surtout que celle-ci me fit encore plus plaisir en me proposant de donner à manger à son fils en attendant qu’elle prépare le tout. Pour plusieurs personnes, ce n’était pas la chose la plus glamour qui soit, mais moi, ça ne saurait pas m’amuser davantage. Gaga, moi ? Oui, et je m’assumais parfaitement, ce qui expliquait pourquoi je ne me retins pas de dire à mon petit-cousin, si je pouvais l’appeler ainsi, au moment où Carter m’expliqua que Steve aurait droit à un repas spécial, lui aussi:  « Miam ! Ce que tu es gâté toi ! » Après tout, pourquoi je m’en serais privée ? J’adorais les enfants, et dans le cas présent, rien ne m’obligeait à garder une figure relativement professionnelle. Enfin, je n’étais pas complètement froide avec les enfants dont je m’occupais en temps normal, mais je gardais une certaine retenue quand même, retenue que je gardais un peu moins en présence des enfants des autres. Je ne saurais pas imaginer ce que ce serait si j’avais mes propres enfants, mais ça, ce ne serait qu’imagination pour le moment, et rien d’autre. Bien décidée à m’acquitter de ma tâche malgré mon caractère de grande cousine un peu collante, surtout si cela pouvait donner un coup de main à Carter qui en faisait déjà énormément en cuisine, je n’attendis toutefois pas plus longtemps pour installer Steve dans sa chaise haute comme elle me l’avait proposé, puis je pris le petit plat avec le potage, la cuillère qui allait avec, et je m’installai en face du petit garçon en lui tirant une tête exagérément enjouée pour lui montrer qu’il allait se régaler tout en lui disant:  « Alors tu as faim, mon grand ? ». Retenant bien le commentaire sur l’avion, je tentai quand même de lui donner son repas sans rien faire dans un premier temps, je soufflai gentiment sur la cuillerée que je venais de prendre pour m’assurer que ce ne soit pas trop chaud - et gentiment pour m’assurer que je n’en mette pas partout - j’approchai la cuillère de la bouche du petit. Ce dernier l’ouvrit sans broncher, puis mangea la bouchée de potage sans dire mot, visiblement satisfait de ce que je venais de lui donner. Souriant à ce spectacle, je perdis toutefois rapidement ce sourire quand j’entendis Carter plus loin me proposer de boire un mousseux. Je savais bien que ce n’était pas une proposition indécente ou quelque chose comme ça, qu’il n’y avait que moi pour paniquer à une telle suggestion, puis être soulagée aussitôt qu’elle mentionna que celui-ci était sans alcool. Ce fut à un tel point que j’eus un petit rire nerveux quand je lui répondis:  « C’est parfait pour moi ! » en reportant aussitôt mon attention vers Steve, comme si je voulais être sûre et certaine que Carter ne perçoive pas le malaise soudain que j’avais eu qui était en train de s’estomper de mon visage. Je refis donc le même manège, soit plonger la cuillère dans le potage, souffler dessus, la donner au petit, et quand je sentis que j’eus retrouvé mon enthousiasme, je me permis de dire:  « Ça semble lui plaire en fait ! J’espère juste pour toi que ça ne le fera pas trop péter ! » tout en la regardant, histoire de lui montrer que je la taquinais quelque peu pour le coup. Chaque bébé réagissait différemment aux aliments, et pour le coup, je ne savais pas comment il allait réagir, ce qui réduisait mon propos à une simple blague. Ensuite, une fois que j’eus repris mon sérieux, j’attrapai la bavette de l’enfant pour lui essuyer un peu les coins de la bouche pour que ça ne devienne pas tout vert au bout d’un moment, et tandis que je m’affairais à lui préparer une autre bouchée, je demandai à Carter:  « Tu as d’autres trucs prévus pendant le temps des Fêtes toi ? », histoire d’engager un peu plus la discussion.