Au moment de me présenter ce qui serait notre nouvelle demeure à tous les deux, Jensen m’avait fait une bien plus grosse surprise que je n’aurais pu l’imaginer. Déjà qu’une maison, c’était une surprise de grande envergure en soi, pour moi, il n’était limite pas possible que ce soit plus. Pourtant, lorsque nous y étions entrés pour la première fois, ce fut avec étonnement que je m’étais rendu compte que celle-ci était presqu’entièrement aménagée, ou du moins, suffisamment pour que nous puissions immédiatement y vivre sans manquer de rien. Bien sûr que je n’avais pas été déçue, bien au contraire, j’avais trouvé cette attention si touchante que je me demandais encore aujourd’hui si tout cela avait été réel. Pourtant, ce l’était, et depuis ce jour, à chaque matin, je me réveillais dans cette maison en la trouvant encore plus chaleureuse, typique de nous deux, que la veille. Par contre, je ne niais pas qu’elle pouvait avoir ces manquements. Je ne le reprochais à personne, en mon sens, c’était tout à fait normal. Jensen avait déjà été assez adorable de l’avoir aménagée à la base, alors je ne pouvais certainement pas m’en plaindre, d’autant plus que maintenant, cela me donnait une excuse pour faire les boutiques de décoration et d’ameublement, ce que je prenais même plaisir à faire depuis quelque temps alors qu’à la base, je n’étais pas ce genre de fille à aimer faire les boutiques, sauf quand on m’y invitait ou bien que j’avais vraiment besoin de quelque chose. Et pourtant, aujourd’hui, on ne m’avait ni invitée à proprement parler, ni dressé une liste de choses à acheter, mais en cette journée que j’avais de congé, je me levai et sitôt, je me préparai pour me rendre dans un centre commercial à Los Angeles, histoire de changer un peu, en compagnie de Cordélia, une de mes bonnes amies, à qui j’avais proposé de passer une journée entre filles. Évidemment, si elle emmenait son fils, son petit bout-de-chou tout à fait adorable, je n’allais certainement pas m’en plaindre, ce ne serait clairement pas une corvée de l’avoir avec nous pendant la journée, mais à la base, j’y allais pour passer du temps en sa compagnie, passer un bon moment, peut-être rattraper un peu le temps perdu depuis la dernière fois que nous nous étions vues, dernière fois qui commençait mine de rien à dater compte tenu qu’elle comme moi avions eu notre lot de préoccupations, ce qui était tout à fait normal. Après m’être préparée, vêtue pour le coup d’un short tout simple et d’un haut qui convenait, en mon sens, très bien pour l’occasion, je mangeai un petit-déjeuner rapide, mais consistant. Attrapant mes affaires pour les mettre dans mon sac à main, je gardai toutefois mon téléphone, le temps d’envoyer un message à Cordélia lui signifiant que je me mettais en route pour passer la prendre, puisque c’était ce que nous avions convenu lorsque je lui avais lancé la proposition de passer cette journée ensemble. Ce fut lorsque je vis que le message s’était bel et bien envoyé que je le mis finalement dans mon sac, sortant à l’extérieur pour monter dans ma voiture et me diriger vers la demeure de mon amie. Heureusement, le trajet ne fut pas des plus longs, faisant en sorte qu’au bout de quelques minutes, j’étais déjà garée devant sa demeure, attendant que celle-ci en sorte sans me sentir pressée de quelconque façon, puisque compte tenu que nous avions toute la journée, je n’avais aucune raison de me stresser du temps minime que je pourrais l’attendre.  

Depuis sept mois, ma vie était réglée à cent mille à l'heure et l'événement déclencheur n'est personne d'autre que mon adorable fils, qui en ce moment, est particulièrement grincheux. Mon bébé fait ses dents et les nuits deviennent longues. Il n'y a que cette nuit, pendant que Caleb s'acharnait sur son interminable article, Adam a dormi avec moi et miraculeusement, il a fait une nuit complète. C'est donc reposée et le visage plus radieux que ce dernières semaines que je me lève. Je m'occupe d'abord de mon fils à qui je donne le biberon puis je le prépare. Aujourd'hui, c'était journée entre filles avec Lénaëlle que je n'avais pas vu depuis un moment et, donc, pour l'occasion, Adam resterait toute la journée chez ma belle-soeur. La proposition de Lénaëlle étaut bien tombée parce qu'en ce moment j'avais besoin de respirer. Entre un bébé pleurnicheur et un mari distant, ma vie n'était pas de tout repos et je devais me vider la tête, ne serait-ce qu'une petite journée. Alors, je file me préparer, aussi naturelle que d'habitude. J'avais déjà préparé les affaires d'Adam et Caitlyn était venue le chercher en fin de matinée. C'était dur pour moi de laisser mon fils qui ne me quittait jamais. D'ailleurs, j'appréhende énormément la reprise à l'hôpital où pendant de longues journées je devrais laisser mon fils soit chez ma soeur, soit chez ma belle-soeur, soit chez la nounou. J'avais déposé un long baiser sur la joue de mon fils avant de le voir s'éloigner, les larmes coulant sur ses joues dans les bras de sa tatie. Mais il fallait se ressaisir. C'était mon rôle de maman. En attendant Lenaëlle, j'avais profité de faire du rangement et du ménage dans cette maison où on a l'impression qu'une famille de six vit là dedans. J'attendais tranquillement sur mon canapé devant une tasse de thé lorsque je reçus le message de Lénaëlle. Comme on habitait pas loin, je sortis devant ma porte d'entrée et je l'attendais.

Là voilà qui arrive, je me précipite dans la voiture, laquelle je m'installe confortablement avant de plaquer un baiser sur la joue de mon amie, que j'étais ravie de voir. "Coucou toi, toujours aussi radieuse."  

J’aurais pu envoyer un message à Cordélia pour lui signifier que j’étais devant sa porte, mais je ne le fis pas, parce que je ne me sentais nullement pressée de le faire. Après tout, nous avions toute la journée pour discuter et passer du temps en compagnie l’une de l’autre. De plus, je n’écartais pas la possibilité qu’elle ne soit pas totalement prête, compte tenu que nous n’habitions pas très loin l’une de l’autre et que le trajet s’était fait rapidement. Finalement, si jamais elle avait son petit bonhomme avec elle, je n’écartais pas l’idée qu’elle doive le préparer et tout, ce qui pouvait prendre du temps, ça, même si je n’avais pas d’enfant, j’en savais quelque chose. En effet, le simple fait d’aller au parc avec Nora et Dylan quand le temps était clément était une affaire que je devais préparer environ trente minutes d’avance, alors je comprenais très bien que ce n’était pas aussi simple que d’attraper son sac et quitter la demeure par la suite. Finalement, je ne regrettai pas de ne pas avoir insisté, puisque quelques instants plus tard, la jeune femme sortit de sa demeure, seule avec son sac à main. Au début, je haussai les sourcils, puis je n’en fis rien, en venant à la conclusion que la demoiselle voulait passer une journée sans son fils, ce qui n’était pas plus mal non plus, je supposais. Après, je me disais que même si ce n’était pas la raison, elle devait en avoir une très bonne, je ne m’en fis pas et je l’accueillis avec un grand sourire tandis qu’elle entrait dans la voiture. Tandis qu’elle s’installait, je lui dis, avec enthousiasme:  « Bonjour toi ! » riant doucement d’abord à son baiser sur ma joue, puis à son propos, auquel je finis par répondre:  « Et toi donc ! Tu es superbe ! » Et ça, je le disais sincèrement. Non pas parce que j’étais du genre à dire que quelqu’un avait des traits tirés ou quelque chose du genre, mais là, Cordélia semblait reposée, ce qui était surprenant avec un bébé plutôt jeune. Le petit avait-il fini par commencer à faire ses nuits ? Ça, peut-être que je le saurais à un moment ou un autre dans la journée, c’était à voir. Sans attendre plus longtemps, parce que je ne voyais pas la nécessité de rester garée ainsi dans la rue, je mis la voiture en route. Après tout, cela ne m’empêchait clairement pas de continuer à faire la discussion avec mon amie, et ce fut ce que je fis dès que j’en eus l’occasion en lui demandant:  « Comment vas-tu ? Et Adam ? » J’avais fait exprès de ne pas mentionner le fait qu’elle ne l’avait pas emmené pour le moment, mais je m’étais quand même permise de prendre des nouvelles. Comment aurais-je pu faire autrement après tout ? Enfin, je pensais que dans le cas présent, c’était la normale des choses mais après, si jamais pour une raison ou une autre, mon amie ne voulait pas s’étaler sur le sujet, je n’allais pas en faire tout un cas non plus, l’essentiel étant de passer une bonne journée avec elle, pas discuter de choses délicates ou qui ne lui faisaient pas envie au final.

J’étais contente de retrouver Lenaëlle et je remarquais que c’était aussi réciproque quand un sourire s’était posé sur son visage en me voyant. “Merci pour ce gentil compliment. Si tu m’avais vu la semaine dernière tu n’aurais certainement pas dit ça!” Je lâchais un rire. La semaine dernière, je ressemblais à un zombie, les cernes noires, le visage tiré mais si ça avait été toujours le cas, j’aurai proposé à Lenaëlle de passer la journée à la maison. Jamais je n’aurai pu sortir dans l’état où j’étais. Heureusement que Adam m’avait laissé dormir cette nuit, ce qui m’a permis de m’offrir cet après-midi, que je pense, va me faire beaucoup de bien.  Mais en ce qui concerna ma forme physique, il est vrai qu’après mon accouchement, je m’étais de suite remis à la course et heureusement que ma belle-soeur m’accompagnait souvent. J’avais que vingt-trois ans et je ne comptais pas me laisser aller après avoir eu Adam. De toute façon je n’avais pas pris énormément de poids pendant ma grossesse. «Comment vas-tu ? Et Adam ?» J’étais contente que Léna me parle de mon fils. C’est vrai, ça faisait un moment qu’elle ne l’avait pas vu mais j’avais envie de passer la journée qu’avec elle donc c’est pour ça que j’avais fait appel Caitlyn pour me garder mon fils. Mais je lui proposerai bientôt de venir à la maison pour qu’elle puisse le voir ou de toute façon je savais qu’elle était disponible pour me le garder parfois. J’avais déjà fait appel à elle, et je savais mon fils en sécurité avec Léna. Elle était déjà la nounou des enfants de ma soeur et je savais que si Lullaby estimait Léna, je n’avais absolument aucun soucis à me faire et de toute façon la blonde avait déjà fait ses preuves en gardant quelques fois bébé Adam. “Moi, c’est pas la forme je t’avouerai. Caleb est bizarre en ce moment. Adam, ça commence à aller. Il faisait les dents tu sais. Alors il était insupportable. Mes nuits se résumaient à le bercer toutes les heures.” Je souriais tout de même parce que en y pensant la situation m’amusait. Mais sur le moment, quand il me réveillait toute les nuits sans que Caleb ne lève le petit doigt, je ne souriais pas tellement. “Et toi comment-tu vas?” Le trajet n’était pas tellement long mais assez pour qu’on puisse se demander les nouvelles basiques avant de commencer notre petite journée.

Lorsque j’affirmais à mon amie que celle-ci semblait plutôt bien pour le coup, en tout cas, certainement plus reposée que certaines nouvelles mamans pouvaient l’être avec un jeune enfant, je ne faisais que me baser sur ce que je voyais, ne cherchant pas à appuyer mes propos ou supposer des choses qui n’avaient pas lieu d’être, surtout compte tenu du fait que je n’étais pas avec elle vingt-quatre heures sur vingt-quatre, ce qui ne me permettait pas, par conséquent, d’affirmer des choses susceptibles de ne pas être vraies. Et selon ce que je pouvais comprendre des propos de Cordélia, aujourd’hui était une bonne journée, puisque la semaine dernière, ce n’était pas du tout cela. À ce propos, mon sourire devint un peu moins éclatant, mais je ne le perdis pas pour autant, préférant me dire que ce n’était pas plus mal de la sortir aujourd’hui. Je me congratulai encore plus de cette initiative au moment où elle m’expliqua que ce n’était pas la joie à la maison, entre son mari qui avait un comportement étrange et son fils qui perçait des dents. Là, mon sourire disparut complètement pour laisser place à un air triste et compatissant envers mon amie. Clairement, ce n’était pas une bonne période, et évidemment, cela ne me faisait pas des plus plaisirs de me retrouver légèrement impuissante, si je pouvais le dire ainsi. Me sentant quelque peu mal à l’aise, et ne voulant pas dire quelque chose que je pourrais regretter par la suite, je décidai de me taire, attendant qu’elle reprenne la parole pour me poser une question à son tour toute banale, ce à laquelle je décidai de répondre très brièvement:  « Je vais bien, merci ! » Ce n’était pas parce que je ne voulais pas parler de ma propre situation, bien au contraire, je serais plus que ravie de partager avec mon amie comment l’installation dans la nouvelle maison et ma nouvelle vie à deux se passait, mais je jugeais que pour le moment, compte tenu de ce qu’elle venait de me dire, ce n’était probablement pas ce qui était le plus approprié. Peut-être que plus tard, je pourrais me le permettre, mais là, je me dis que le mieux était peut-être de finalement réfléchir à ce que je pourrais dire pour l’aider un peu, limite la rassurer si je ne pouvais pas vraiment faire quoi que ce soit. Après une brève pause donc, je me permis de finalement lui dire:  « Je ne peux pas faire grand-chose en ce qui concerne Caleb, mais si jamais, à un moment ou un autre, tu veux un peu de répit avec Adam, il me fera plaisir de m’en occuper. » Un petit sourire apparut sur mes lèvres à ce moment, me disant qu’après tout, si la jeune maman le voulait bien, évidemment, je pourrais toujours garder son fils pendant une nuit, une journée, qu’importe ce qu’elle souhaitait. Franchement, pour moi, garder un enfant n’était pas un problème, ce n’était pas pour rien que j’en avais fait mon métier. Et puis, je me doutais bien que Jensen n’y verrait pas d’inconvénient; lui aussi adorait les enfants comme moi. Bien sûr, je lui en toucherais un mot si jamais cela venait à arriver, jamais je ne lui imposerais quoi que ce soit, mais je jugeais que cela ne pressait pas, parce qu’après tout, encore fallait-il que Cordélia accepte, et c’était là qu’une proposition, soit bien loin d’une obligation.