Wayne avait une envie folle de revoir Joan, voilà pourquoi il avait accepté son invitation. Une petite sortie ensemble pour se connaître davantage, se reconnaître plutôt. Cela faisait tant d'années et le courant passait toujours aussi bien. Sur le coup, pour accepter après une ribambelle de textos plus bizarres les uns que les autres, notre homme n'avait pas hésité à accepter, mais au dernier moment, il avait un peu hésité à décommander. Il avait une impression bizarre, comme s'il trompait son épouse, Elizabeth. Pourtant ce n'était nullement le cas... Mais il avait refusé un week-end avec son épouse et sa fille pour cause de boulot et libérait quelques heures dans la soirée pour voir son ex. Avouez que bien des gens bien pensants y verraient quelque chose à redire. Mais finalement l'envie de voir Joan avait pris le dessus et cela l'effrayait un peu. Mais il n'eut pas le temps d'y songer car il était temps de se préparer et de chevaucher son vélo pour se rendre dans l'endroit convenue. C''était en-dehors de Pasadena et il prit bien près d'une heure pour arriver. Wayne avait des jambes d'athlètes à force de pédaler tous les jours. Il devrait jouer au loto, car il prenait le vélo en tous temps et il ne lui était jamais arrivé rien de grave, c'était tout de même un coup de chance dans une immense ville comme celle-ci. Il sentit son téléphone vibrer dans la poche de son jean, mais il ne répondit pas au SMS qu'il venait de recevoir, il ne le lut même pas. A bicyclette, c'était un peu difficile et surtout très risqué. Mais il devinait facilement qu'il s'agissait de Joan qui devait s'impatienter et peut-être même l'insulter gentiment à l'occasion, car il était légèrement en retard. Enfin arrivé, il descendit de son vélo et offrit un sourire à son interlocutrice, la saluant poliment. « Excuse-moi pour le retard... » souffla-t-il simplement en lui tendant son casque, pour qu'elle le tienne le temps qu'il sécurise son précieux deux roues. Aussitôt il eut droit à quelques remarques dignes de Joan. Il leva les yeux au ciel, mais au fond, cela le faisait rire. « Oui, ok, je l'avoue... Je songe même à refaire ma vie avec lui ! J'aime son guidon.... Et la scelle... Oh la la, un délice ! » s'exclama-t-il finalement avant de rire un peu, même si ce n'était certainement pas digne de lui de suivre son interlocutrice dans des sujets obscènes. Mais il n'en avait pas vraiment l'occasion avec Elizabeth, surtout quand son enfant était présent, alors autant en profiter un peu et se lâcher ! « Alors, raconte-moi un peu comment tu as passé ta journée... » déclara-t-il ensuite en prenant la direction de l'entrée de la fête. Il y avait vraiment de très nombreuses activités et son regard d'enfant s'était réveillé d'un coup en voyant tous les stands et les manèges. La dernière fois qu'il était allé dans ce genre de lieux, c'était dans un parc d'attracation avec Sky et sa mère et c'était il y avait plus de deux ans. Il sourit de nouveau à Joan. « Tu préfères commencer par quoi ? » demanda-t-il en la regardant dans les yeux.

Le quadragénaire rit en entendant les mots de Joan, qui rentrait dans son jeu. Il était habitué à ce qu'elle soit crue et franche, mais fut tout de même surpris par la petite tape qu'elle lui asséna au fessier avec force. Il en rougit même. Wayne leva les yeux au ciel. Il avait eu un petit mouvement d'écart car tout de même, il était un homme marié. Même s'il y avait pu de risques que quelqu'un de sa connaissance ne le surprenne ici, et même s'il n'avait rien à se reprocher, il redoutait ce genre de gestes en public. Peut-être parce qu'il avait parfois la sensation qu'avec Joan, il serait capable de se laisser aller et de dépasser sa fidélité.... Il n'osait pas se l'avouer, mais il savait que malgré les années qui les avaient séparés, il sentait qu'il avait encore une certaine attirance envers elle. D'où son envie de la garder en tant qu'amie, ou plutôt de la redécouvrir en tant qu'amie. Il voyait bien qu'elle aimerait aller plus loin, mais bon, il ne comptait pas le faire sciemment. Et si cela arrivait, il s'en mordrait les doigts. Il aimait son épouse, Elizabett, il l'aimait énormément, tout comme il aimait sa vie de famille et ne voulait rien foutre en l'air.

« Oh, et bien, je t'aime bien alors ça m'intéresse de savoir un peu ce que tu fais, si tu vas bien, tout ça... Tu sais comme toute personne normale. » déclara-t-il simplement à la question étonnante de Joan. Elle n'avait pas l'air de vouloir trop se confier. Bon, en même temps, elle n'avait jamais été quelqu'un de très sensible, se confier aux gens qu'elle aimait. Du moins, elle gardait un masque qui le laissait croire, même si Wayne pouvait bien sentir sa fragilité. En plus, elle avait dû en vivre des déceptions depuis leur séparation. Les années avaient filés depuis. C'était étonnant comme le monde évoluait, comme les gens changeaient. Wayne pensait avoir changé en bien, mais personne ne saurait vraiment le dire. Pour Joan, il était devenu coincé. Un brave papa coincé. Ils n'avaient pas la même vision des choses.
Joan l'attrapa par la main en le tirant vers un stand. « Oh, tu voudrais me faire coffrer pour exhibitionnisme alors ? »demanda-t-il en levant les sourcils, avant de lui tirer simplement la langue comme un enfant. Ils étaient à une fête foraine, quel meilleur endroit pour laisser s'échapper le gamin qui sommeille en nous. « Ok, tu veux laquelle ? La plus grosse je parie.... Pour toi, plus c'est gros, plus c'est bon. » dit-il en lui lançant un clin d'oeil. Ce n'était pas avec Elizabeth qu'il avait le droit de lancer ce genre de mots. Il aimait bien pouvoir lâcher un peu son côté pervers dans la nature. Il avait beau être l'homme modèle devant tout le monde, il restait un homme. « Bon, laisse-moi me concentrer... » ajouta-t-il ensuite en donnant la somme convenue pour une partie au teneur de stand. Il rata son premier coup et après avoir une affiché une mine déçu, il parvint tout de même à faire tomber toutes les conserves sauf... une. Bon, ce n'était pas grave, cela lui donnait le droit à une peluche. Pas la plus grande, mais une peluche tout de même. Un adorable panda d'environ 50 cm de hauteur. Il le tendit simplement à Joan. « Alors, tu vois ? Il est mignon hein ? » demanda-t-il en s'attendant à la raillerie de son interlocutrice.

Vue la réaction de Joan, Wayne n'eut pas besoin de beaucoup d'intelligence pour comprendre qu'elle ne voulais absolument pas lui parler de sa journée ni de sa vie. Au moins, c'était clair. Il baissa les yeux au sol tandis qu'elle lui rendait son casque et qu'ils s dirigeaient tous les deux vers un stand. De toute façon, au-delà des bavardages, le but de la soirée était de s'amuser comme des fous, comme des gamins qui redécouvrent les joies d'être ensemble. Il avait beau dire, même si elle n'était pas la femme la plus douce du monde, Joan lui avait beaucoup manqué ces dernières années. Il sourit malicieusement lorsqu'elle répondit à sa remarque sur l'exhibitionnisme et hocha la tête de façon négative. « Je pensais que tu aurais déjà assouvi ce fantasme depuis le temps... Mais peut-être que tu attends simplement la meilleure personne pour le faire ! » déclara-t-il en lui faisant un petit clin d'oeil. C'était méchant et bas de la faire espérer ainsi, mais lui-même ne savait même pas ce dont il était capable en ce moment. Il était complètement à côté de ses pompes niveau sentiments lorsqu'ils passaient du temps avec Joan. Ce que le destin peut se jouer de nous des fois... Il avait fallu, sur toutes les personnes vivant à Pasadena, que ce soit elle qui le renverse sur la route. Et cela avait bouleversé son train-train quotidien. Surtout qu'à présent il était à deux doigts de retrouver sa fille disparue depuis si longtemps de sa vie.
Il gagna ensuite peluches sur peluches, si bien qu'ils finirent tous deux les bras chargés de cadeaux. C'était adorable. « Plus mignon qu'un panda ? Arrête, tu vas me faire rougir... » sourit-il en venant spontanément déposer un baiser sur la joue de son interlocutrice. Il ne s'en rendit même pas compte. Ce geste avait été naturel, comme s'ils étaient revenus à l'époque de leur amourette torride. Et voilà la brunette qui se met à courir dans une direction en criant comme une hystérique. Wayne a à peine le temps de la suivre. « Haha, vue ta silhouette, j'étais persuadé que tu faisais du sport quotidiennement... » déclara-t-il pour la complimenter avant d'ajouter. « Mets-toi au vélo alors, comme moi ! » dit-il en tirant la langue simplement. C'était vraiment soirée gaminerie. Joan avait l'air déçue de ne plus avoir assez de bras pour prendre une pomme d'amour. « Tu la veux vraiment ? » demanda-t-il en lui lançant un petit regard de coker battu. Voyant qu'elle en avait l'air certaines, il s'approcha d'un groupe de gamins et leur donna toutes les peluches en sa possession (conquérant ainsi certainement toutes les mères célibataires présentes) avant de se tourner vers Joan : « Du moment que tu gardes le panda ! » déclara-t-il en s'approchant du vendeur de pommes d'amour et en achètant une pour son interlocutrice, gardant le panda et autres peluches qu'elle avait dans les mains le temps qu'elle puisse le manger.
« Comme tu le sens.... » Il sourit simplement. Si elle voulait à la grande roure, ils iraient, cela lui était égal au fond. « Mais avant... Je pense que tu mérites ta récompense car t'as gagné ton pari. » dit-il en se penchant pour déposer un baiser contre les lèvres de Joan, tout bonnement, naturellement et sans prise de tête. Etait-ce une tromperie ? Il ne le pensait pas car il aimait Elizabeth, mais en même temps.... Il se décala. « T'en auras un autre si tu restes sage ! » déclara-t-il sans préciser s'il parlait d'un nouveau baiser ou d'une pomme d'amour.

« Toi ? Jamais en prison ? Non arrête je te crois pas ! J'étais persuadé qu'ils t'avaient déjà attrapé pour les hommes en laisse que tu enfermes dans ta cave ! » déclara-t-il en lui faisant un nouveau clin d'oeil. Oui, oui, il était nettement en train de la provoquer, mais c'était cela leur relation, une belle provocation. Il désirait réellement rester proche avec Joan, depuis qu'ils s'étaient retrouvés. Tant pis pour le passé.... Et puis, bientôt, il connaîtrait sa fille et ils seraient l'un dans la vie de l'autre presque obligatoirement, il en avait été ainsi décidé par le destin et par eux-mêmes.

Wayne rougit légèrement lorsqu'elle lui dit qu'elle le trouvait vraiment plus mignon que le panda en peluche qui avait pourtant un côté vraiment tendre. Comme quoi cela avait de l'importance pour lui de plaire à Joan. C'était idiot de donner de l'importance à ce que cette femme pensait de lui..., il était marié et amoureux de son épouse... Il tâcha de ne pas y penser et de continuer la soirée comme le gamin qu'il avait décidé d'être ce soir-là. Le tout était de s'amuser, de profiter de cette soirée pour rattraper les années perdues, même en tant qu'amis et d'oser faire des choses stupides sans toutefois aller trop loin. « Non je te dis le vélo est le meilleur des sports ! Tu peux aussi faire des cabrioles à vélo tu sais ? » déclara-t-il en faisant mine de ne pas relever sa remarque. C'était Joan, et ils se palisaient toujours, rien était plus évident qu'il allait entendre ce gere de proposition. C'était pour rire, mais il savait qu'il y avait toujours du vrai. Il éclata de rire avant de faire un clin d'oeil à sa partenaire de fête forraine. « Oh alors... Tu vas dormir avec pour garder mon odeur près de toi ? » demanda-t-il à propos du panda en lui tirant la langue tout en faisant la queue pour acheter une pomme d'amour qu'il offrit alors à la brave femme. Enfin brave, c'est juste une façon de parler hein...

Puis vînt le moment où il se décida que Joan avait gagné son pari et qu'elle méritait sa récompense. Il déposa donc ses lèvres contre les siennes de façon chaste avant de finalement s'écarter. Il devait avouer que ce fut un moment intéressant. Mais à peine eut-il le temps de faire un sourire que Joan prit la relève.... Et pas question de chaste avec elle. Il crut qu'elle allait le violer sur place, tant ce baiser fut puissant et extrême.... torride et langoureux. Wayne la regarda, un air légèrement effrayé dans le regard. Il était effrayé car il avait aimé cet instant et qu'il ne l'avait pas coupée en plein élan. Au contraire, il avait passé une main dans ses cheveux, il s'était laissé aller. Et cela lui faisait peur. Il avait peur qu'à faire de telles bêtises, il risquait de se jeter dans la gueule du loup. Mais en même temps, son côté adolescent encore bien ancré en lui lui dictait qu'il était normal de partager des baisers pour rien, juste pour le fun... Comme quoi, magré son air de patron et son air strict, il n'avait jamais grandi. Mais il se sentit mal envers Elizabeth, avant de hocher la tête. Ce n'était qu'un échange de salive, rien de méchant... Et il n'avait aucunement l'intentiton d'aller plus avant... Il en était persuadé.

Et ce fut ce qu'elle prononça dans un murmure qui le toucha le plus... Elle l'avait toujours aimé. Ils avaient rompu sur un malentendu. Reprenant sa respiration, il répondit simplement et tout doucement. « Maintenant, je le sais.... » avant de la suivre pour la grande roue. Ce n'était pas la peine de ressasser le passé.... De se dire que les choses auraient pu être différentes. Non, c'était juste le moment d'aller de l'avant et de tisser une amitié... Une amitié complexe... Peut-être trop dangereuse, mais c'était si tentant... Il avait de l'affection pour Joan, quoi qu'il en soit.... Il avait eu un enfant avec cette femme bon sang !