Ravie que Soraya aimait mon idée d’utiliser du Nutella pour faire ces fameux brownies, j’accueillis avec un grand sourire la nouvelle comme quoi elle en avait, et que mieux encore, elle en avait amplement pour faire la fameuse recette. Je lui fis savoir toujours avec cet enthousiasme que j’avais depuis le début de cette soirée en affirmant : « C’est parfait ! », déjà optimiste que ces brownies au Nutella seraient délicieux. Bien sûr, je ne refusais pas le plan B de Soraya pour autant, puisque celui-ci était tout simplement logique, surtout que je ne pouvais pas garantir non plus que cette recette serait bonne, puisque je n’avais jamais essayé, simplement vu l’idée quelque part. Cependant, je me doutais bien que toute chose contenant du Nutella pouvait n’être que délicieux, et par conséquent, j’avais bon espoir que ce serait bon, ne m’en faisant pas trop pour cela. À vrai dire, je n’avais pas envie de m’en faire avec quoi que ce soit ce soir, simplement passer une bonne soirée en compagnie de mon amie, et m’assurer que celle-ci s’amusait aussi, bien évidemment. Je ne savais pas encore ce qui en serait pour les prochaines heures, mais l’essentiel, pour le moment, était, en mon sens, de profiter du moment présent, prendre ce qui passait, par exemple ce fameux jeu de karaoké auquel je m’étais adonné dès que je l’avais pu, choisissant sans hésitation un groupe que j’adorais quand j’étais adolescente. Je ne me rappelais plus le nombre de fois que j’avais prétendu, seule dans ma chambre, la musique à fond, deux couettes sur la tête, être Baby Spice, comme si c’était mon plus grand rêve, faire partie de ce groupe. Puis, ce fut également sans hésitation que je choisis ma première chanson, et mon choix concorda exactement avec le moment où Soraya me demandait si je connaissais « Wannabe ». Avec un petit sourire espiègle, je mis la console en marche, et je dis : « À ton avis ? » exactement au même moment que la chanson commençait avec ce son de talons hauts reconnaissance par milliers. Finalement, je commençai à donner ma petite performance dans le salon, sans aucune gêne, commençant même à danser à un certain point, oubliant ce qui se passait dans les environs. Je repris contact avec la réalité seulement lorsque j’entendis une voix s’ajouter à la mienne dans la chanson, une voix qui ne provenait pas des ajouts que le jeu de karaoké pouvait faire pour agrémenter l’aspect réaliste du jeu en laissant les voix de choristes en arrière-plan. Cette voix était bien réelle, et provenait de la cuisine, de la part de mon amie qui se prenait au jeu. Enfin, qui se prit au jeu pendant quelques secondes, avant de s’excuser d’avoir chanté par-dessus ma voix. Perdant quelque peu le fil des paroles pendant une seconde, j’éclatai de rire, puis je dis, dans même éloigner le micro de ma bouche : « Mais non, ne t’excuse pas et viens chanter avec moi ! » Je lui fis signe de la main de revenir au salon pour m’accompagner, puis je reportai mon attention vers l’écran afin de reprendre le fil de la chanson. Lorsque ce fut fait, je me remis à fond dans celle-ci, chantant alors : « What do you think about that now you know how I feel, considérant ensuite Soraya en lui laissant clairement l’opportunité de chanter la prochaine phrase qui, à la base, était chantée par une autre membre du groupe, alors dans ces circonstances, faire un duo était tout simplement parfait, à mon avis. Et puis, je n’allais pas le cacher, c’était pas mal plus amusant aussi de jouer ensemble plutôt que séparément !

Décidément, chanter à deux était pas mal plus amusant que de chanter seule, surtout quand il était question d’une chanson interprétée à la base par un groupe de filles. Bien sûr, il serait difficile actuellement de faire un numéro à cinq, sauf si on faisait exprès de se dédoubler au risque d’être atteintes de schizophrénie. Pour le moment, le simple fait de s’alterner les paroles comme les chanteuses le faisaient en temps normal, mais à deux seulement, et reprendre le refrain en même temps, c’était tout simplement parfait. Quoiqu’il en soit, peu importe la façon dont nous nous y prenions, je jugeais que c’était tout simplement parfait. En effet, tout ce que nous cherchions à avoir en chantant de la sorte, ce n’était pas un Grammy ou un disque platine, pas même un contrat de disque, c’était du plaisir, tout simplement. Personnellement, je ne demandais pas plus, alors inutile de mentionner que pour le moment, je ne pouvais être que comblée. J’étais en train de passer une excellente soirée en compagnie de mon amie, encore meilleur que je n’aurais pu l’imaginer. En effet, en arrivant à son appartement – qui avait été mien pendant quelques temps lors de mon retour à Pasadena – je m’attendais déjà à passer une bonne soirée, mais discuter, manger un peu aurait été parfait. Le karaoké ne venait qu’agrémenter le tout, et je ne pouvais certainement pas m’en plaindre, au contraire, j’étais plus que ravie. Je le démontrai bien rapidement en commençant à rire doucement une fois que la chanson prit fin tandis que de son côté, Soraya se rendait à la cuisine de nouveau pour non pas aller vérifier les brownies, mais plutôt pour aller prendre un verre d’eau, me proposant d’en boire un le temps que j’y étais. Vu la chanson, le fait que je m’étais quelque peu excitée et que j’avais dansé au passage, je ne pouvais pas refuser une telle offre, et je ne me gênai pas pour le faire en affirmant : « Un verre d’eau sera parfait, merci ! » Sans attendre plus longtemps, je pris le temps de faire « Pause » sur le jeu, et je me rendis à la cuisine avec elle, histoire de discuter, et de l’aider si jamais c’était nécessaire avec les brownies qui ne mettaient pas une heure à cuire au four, quand même. Une fois que je fus dans la cuisine, c’est là que je me rendis compte que la préparation des brownies avait laissé plusieurs saletés sur le plan de travail. Je n’en étais pas exaspérée, puisque je savais bien que cuisiner impliquait un peu de saleté, mais comme Soraya le savait, j’avais un trouble compulsif et pour cette raison, je ressentais ce besoin horrible de nettoyer ne serait-ce qu’un peu. En tentant de me faire violence quelques secondes, je finis par céder, et j’attrapai un linge pour le mouiller et commencer à nettoyer un peu, seulement pour que je sois un peu plus détendue. Ce fut au même moment que Soraya termina de servir les verres d’eau, et je n’attendis pas plus longtemps pour la remercier d’un sourire. C’est là que je me surpris à considérer les verres d’eau pendant un instant, me rendant compte que depuis le début de la soirée, nous nous contentions de trucs tout simples à boire. Pour moi, c’était amplement suffisant, mais peut-être que mon amie était en train de se priver pour moi ? Histoire qu’elle ne le fasse pas plus longtemps, je crus bon de lui dire : « Dis, si jamais tu veux boire une bière ou autre chose du genre, ne te gêne pas pour moi hein ? » Je la considérai alors en me mordillant la lèvre inférieure, tandis que je continuais à nettoyer le plan de travail, mais plus machinalement qu’autre chose pour le coup, puisque je venais d’aborder un sujet relativement délicat pour moi. J’espérais simplement que je n’allais pas jeter un froid ou quelque chose dans le genre dans la discussion suite avec ce propos qui se voulait, à la base, on ne peut plus banal.

Sachant parfaitement que jamais je n’aurais pu avoir une brillante carrière au poker, tout simplement parce que je ne savais pas garder une poker face comme on l’appelait, un haussement de sourcils fut inévitable à la première réponse de Soraya qui m’avoua ne pas avoir envie d’une bière. Pourtant, je savais que c’était son genre, pendant des soirées comme cela, d’en prendre au moins une, et par conséquent, je crus pendant un instant que c’était en raison de ma présence, ou plutôt, du fait que je ne touchais plus à l’alcool depuis quelques mois déjà. C’était idiot de penser comme tel alors que Soraya était déjà au courant du fait que j’étais sobre et que je ne voulais plus replonger dans cet enfer que j’avais vécu ces dernières années. Et puis, cela faisait un moment que j’avais mis les choses au clair avec elle comme quoi elle n’avait pas à se gêner pour moi, comme n’importe qui d’ailleurs. En effet, si, au début, j’étais inconfortable quand je voyais des gens prendre un verre, je m’étais rendu compte que je le devenais encore plus quand je savais que les gens se privaient pour ma personne. Toutefois, dans le cas présent, cela ne jeta pas de malaise, à mon grand soulagement, puisque Soraya en vint à me dire que c’était simplement l’envie qui me manquait d’un ton si sincère que je ne pus faire autrement que la croire. Après, peut-être me mentait-elle pour me mettre à l’aise, peut-être qu’elle était fatiguée, n’en avait réellement pas envie. Pour le moment, je préférais m’en tenir à l’explication la plus simple, histoire de ne pas jeter un voile d’inconfort dans cette soirée qui se passait pour le mieux. De ce fait, je haussai les épaules, et je dis : « D’accord ! » d’une façon on ne peut plus candide, laissant ensuite l’opportunité à Soraya de m’annoncer que les brownies étaient prêts. Retrouvant alors tout mon enthousiasme, je dis : « Je vais vérifier ! » Puis, je me retournai vers le four, l’ouvrant à moitié, une fourchette à la main, pour vérifier si le gâteau collait encore sur l’ustensile afin de vérifier si, oui ou non, il était bel et bien prêt. Quand je me rendis compte qu’il n’y avait rien dessus, simplement une bonne odeur qui se dégageait du fourneau, je déclarai : « Oui, il est prêt, et il sent divin ! » Sur ces mots, je me redressai, puis j’attrapai les mitaines à four – qui apparemment, n’avaient pas bougé de leur place originelle, ou du moins, celle qu’elles avaient à l’époque où j’habitais en ces lieux – les enfilai, et attrapai le plat pour le déposer sur le plan de travail tout en déclarant, tout naturellement : « Attention, chaud ! » Lorsque ce fut fait, je retirai les fameuses mitaines, et je regardai Soraya en lui déclarant : « À toi l’honneur ! » en lui laissant l’opportunité de se servir, ou juste d’y goûter, en premier.

Je savais bien que nous l’avions fait à deux, ce fameux brownie et que plus encore, Soraya en avait fait une grande part pendant que moi je m’excitais toute seule devant le fameux karaoké, mais j’étais quand même nerveuse de savoir si le fruit de nos efforts allait avoir bon goût ou pas. Selon moi, ce serait le cas, même si nous n’avions jamais cherché à planifier la préparation de ce brownie dans un premier temps, raison étant que c’était une recette toute simple, parfaite pour pimenter quelque peu une soirée entre filles. D’accord, c’était très loin d’être l’idéal pour maigrir, mais dans le cas présent, ce n’était pas notre intention. Et puis, ce n’était pas parce que nous n’étions pas raisonnable le temps d’une soirée au niveau de notre nutrition que nous allions prendre tellement de poids que nos kilos en trop nous hurleraient de faire de l’exercice ainsi qu’un détour chez Weight Watchers. Je pensais que Soraya comme moi étions capables d’avoir une nutrition convenable en temps normal, remplie de fruits, légumes et féculents, avec des desserts en en mangeant à dosage convenable, alors nous n’avions pas à paniquer pour un fameux brownie. De plus, il aurait été très difficile de résister, raison étant que quelques secondes après s’être coupée une première part. La jeune femme en vint à me dire que celui-ci était délicieux avec cet air surpris au visage qui me faisait comprendre qu’elle ne mentait pas sur sa réaction initiale concernant le goût du brownie. Plus encore, elle réitéra même son avis, finissant alors de me motiver à prendre un part, moi aussi de même que me convaincre que nous n’aurions pas besoin d’un truc fort comme un thé à la menthe pour faire passer un potentiel goût de sauterelle ou de troll mal lavé de nos bouches tant ce serait mauvais. Après tout, comment pourrais-je passer mon tour ? Non seulement, je mourais d’envie de le manger, mais de plus, ce n’était pas comme si un simple morceau allait provoquer une aggravation de ma condition buccale, m’obligeant d’aller chez le dentiste le lendemain, quelque chose comme cela. Prenant alors l’initiative d’en manger aussi, je m’en pris une part, et je la mis dans ma bouche, m’obligeant ainsi à jouer les perroquets par rapport à mon amie pour confirmer son avis en affirmant : « C’est vrai, il est délicieux ! » Sans attendre plus longtemps, je me permis d’en prendre encore une autre bouchée, puis encore une autre, imitant ainsi mon amie. Ce fut ainsi que nous passâmes l’essentiel de l’heure qui suivit à discuter autour de ce fameux brownie, jusqu’à ce que nous soyons complètement rassasiées. Toutefois, la soirée n’étant pas terminée pour autant, nous refîmes encore une chanson ou deux au karaoké, jusqu’à ce que nous soyons obligées de nous arrêter, ne voulant certainement pas que les voisins en viennent à venir frapper à la porte ou pire, qu’ils appellent la police parce qu’on faisait trop de bruits. Nous regardâmes un film, beaucoup plus tranquille que les bêtises montées sur vidéo que nous avions faites précédemment et dans l’ensemble, nous passâmes une excellente soirée entre filles, si bien qu’après, je rentrai chez moi, la tête remplie de bons souvenirs de ce moment que je venais de passer avec Soraya, contente que nous ayons finalement pu nous retrouver ainsi.