« Oh c’est trop mignon ! » fut ce que je ne pus m’empêcher de dire au moment où Soraya me montra l’étagère où elle avait placé quelques photos. Bien sûr, j’avais bien remarqué les autres, entre autres celle de sa grand-mère, mais celle qui m’avait fait tenir ce propos, c’était celle qui me représentait. Une tête blonde comme la mienne, c’était visible sur une photo, même de loin. Après, peut-être que ma phrase pouvait paraître égoïste, amis en fait, c’était surtout pour signifier que j’étais touchée que Soraya ait mis une photo de moi, me doutant bien qu’elle les avait placées non pas pour choisir ses prochaines cibles pour une séance de vaudou, un truc du genre, mais plutôt parce que c’était pour mettre de l’avant les personnes qu’elle appréciait. Je savais déjà que Soraya m’appréciait, et je l’appréciais énormément aussi, mais il n’en demeurait pas moins que cela faisait chaud au cœur d’en avoir une nouvelle preuve, preuve qui finit par conclure la discussion sur la décoration, même si je ne cessais pas d’y penser pour autant, me disant que cela ne pourrait pas me faire de mal d’ajouter quelques photographies dans mon propre logement, même si en fait, je ne saurais pas vraiment qui ou quoi mettre, n’ayant jamais été du genre à décorer de cette façon. Enfin, il était certain que je verrais, mais pas ce soir, pas immédiatement, puisque j’avais beaucoup plus à faire et à discuter avec la jeune femme.

Cependant, trouver un sujet de discussion devint soudainement un peu plus difficile et délicat. Enfin, je ne le pensais pas dans un premier temps que parler de ma vie « amoureuse » pourrait être difficile à supporter pour mon amie, ayant pris soin de ne pas trop m’étaler dans les détails pour ne pas parler que de moi-même. Ou peut-être l’avais-je inconsciemment fait ? Quoiqu’il en soit, j’espérais simplement que Soraya ne m’en voudrait pas trop et que cela ne jetterait pas un énorme malaise entre nous, ne voulant certainement pas gâcher la soirée parce que j’avais discuté de sujets qui, en temps normal, n’était pas normal pour moi de discuter, compte tenu que ma vie amoureuse avait été au calme plat depuis presque six ans maintenant. C’était d’ailleurs ce qui expliquait pourquoi j’avais agi de la sorte, c’est-à-dire comme une véritable gamine, et qu’au fond, je n’étais même pas vexée du fait que Soraya parut désireuse de changer de sujet, me plongeant aussitôt dans la fouille de cette boîte, supposant que j’étais invitée à le faire.

Riant de nouveau quand Soraya me proposa la salopette, je lui dis : « T’en fais pas, ça va aller ! », lui signifiant qu’elle pourrait s’en débarrasser si elle le voulait, je devins un peu plus sérieuse malgré moi quand elle me demanda si moi aussi, j’avais des cartons pareils chez moi. Effectivement, j’en avais un, mais celui-ci était bien caché dans le fond de mon placard, rempli de choses de ma vie précédente que je voulais oublier, mais dont je n’avais pas pu me départir, que ce soit par signification ou pour des besoins officiels. En effet, on pouvait y trouver des papiers de mon divorce, une petite peluche que j’avais achetée pour ma fille que je n’avais jamais mise au monde, les documents liés à mon séjour en désintoxication… Bref, rien qui ne serait amusant à déballer pendant une soirée entre filles. Ne sachant que trop répondre, le fait que je me coupai le petit doigt arriva juste à point, ou presque, puisque cela permit à Soraya de changer de sujet, me demandant si j’avais besoin d’un pansement. Sitôt que mon doigt sur passé brièvement dans ma bouche pour arrêter le sang, je considérai ma supposée blessure, et je dis : « Non merci, c’est simplement une coupure avec du papier, ne t’en fais pas ! », ne m’arrêtant pas dans mes recherches pour autant, ce qui me mena à trouver la bouteille de parfum. À ma surprise, Soraya me proposa sans hésitation de la prendre. Même si je n’étais pas une experte des grandes marques, je me disais que Chanel, ce n’était pas donné, et de ce fait, je me sentais un peu mal à l’aise. Puis, Soraya me dit qu’il se pouvait que le parfum ne soit plus bon, ce que je m’empressai de vérifier en vaporisant légèrement celui-ci devant mon nez, me retrouvant alors à tousser tant le parfum sentait poivré. Chassant l’odeur d’un geste de main, je lâchai : « Oh mon Dieu ! Il n’est plus bon, ce parfum ! » avant d’ajouter : « Par contre, le flacon est joli ! Ce serait triste de le jeter… » Sur ces mots, je reposai la bouteille, me disant que Soraya pourrait en faire ce qu’elle voudrait. Ensuite, je regardai mon amie qui me demanda si je voulais quelque chose à boire. Je lui répondis alors, tout sourire : « Pour moi, ça va aller, mais si tu veux quelque chose, ne te gêne pas pour moi ! Et si tu veux, on pourrait sortir les croustilles que j’ai apportées ? Je commence à avoir un petit creux ! »

Au bout du compte, Soraya accepta mon idée d’inventer une utilité à ce flacon de parfum et choisit de le garder, après l’avoir soigneusement vidé et – je l’espérais – rincé pour chasser cette affreuse odeur de grand-mère qui s’en était dégagé lorsque j’avais tenté d’en vaporiser un peu, odeur si terrible que j’avais cru pendant un moment que j’allais atchoumer comme une dingue tant elle m’avait piquée le nez. Heureusement, cela n’était pas arrivé, et Soraya avait pu s’occuper de ce flacon tout mignon sans aucun problème. Enfin, s’occuper n’était peut-être pas le mot approprié, mais au moins, elle pouvait le mettre de côté, sachant quoi en faire, et ainsi, aller se chercher à boire comme je l’avais incité à le faire tandis que de mon côté, je lui suggérais plutôt de manger quelque chose. Compte tenu du fait qu’elle avait accepté ma proposition, je décidai de me rendre utile, me dirigeant vers la cuisine en compagnie de mon amie en affirmant : « Je m’occupe des croustilles ! » Je savais bien que ce n’était peut-être pas la chose la plus courtoise au monde, compte tenu que j’étais invitée, mais dans le cas présent, je me disais que je pouvais bien me le permettre, surtout que c’était moi qui avait apporté ces croustilles destinées peut-être à nous faire grossir un peu, mais aussi nous donner une dose de sel avant d’entamer le sucre plus tard dans la soirée – parce que nous n’allions quand même pas aller dormir sans avoir mangé un dessert, quand même ! Une fois arrivée à la cuisine, je pris un bol dans une armoire, puisque ceux-ci n’avaient pas bougés depuis l’époque où j’avais vécu dans cet appartement pour quelque temps, et j’y versai le contenu du sac que j’avais apporté avant de l’apporter au salon. Mon arrivée dans la pièce concorda exactement au moment où Soraya me proposa de regarder un film. Enthousiaste, je lui répondis sans hésiter : « Oui, pourquoi pas ? » Ne voyant certainement pas pourquoi je refuserais. Toutefois, je ne proposai pas quelconque film, puisque qu’importe si on regardait une comédie ou bien le dernier Fast and Furious, cela ne me dérangeait pas, n’étant pas du genre à être difficile au niveau des films. Toutefois, c’était parce que j’avais pris pour acquis que Soraya allait sortir un DVD tout simple, mais finalement, ce n’était pas du tout cela. Effectivement, mon amie parlait plutôt de regarder la compilation de tout ce que nous avions fait la dernière fois que nous avions passé ensemble. Puisque j’avais une idée vague de ce que c’était, je ne pus m’empêcher de réagir vivement en disant : « Oh crotte ! T’es pas sérieuse !? », pensant que ma réaction était tout à fait légitime pour le coup. En fait, au cours de cette fameuse soirée, j’ignorais si nous avions pris un peu trop de Redbull ou bien Soraya m’avait donné quelque chose contenant de l’herbe, mais quoiqu’il en soit, nous avions passé une partie de cette soirée à faire les pitres, prenant soin de filmer le tout, peu importe si nous tentions d’imiter des félins ou inventer un nouveau type de prière. Quoiqu’il en soit, avoir gardé tout cela était, en mon sens, chose tout simplement diabolique qui, pour le coup, me fit hésiter. Voulais-je vraiment regarder cela ? Mes souvenirs étaient suffisants, après tout, surtout qu’ils étaient intacts, compte tenu que je buvais plus depuis des mois maintenant et que de ce fait, toutes mes soirées et mes bêtises, je les faisais complètement lucide. Heureusement, j’eus quand même un petit moment pour y réfléchir, puisque Soraya me demanda si nous pourrions se faire une soirée karaoké à un moment donné, ce à quoi je répondis, sans hésitation : « Oui bien sûr ! Pourquoi pas ? » m’accordant encore quelques secondes de réflexion avant de finalement me dire que tant et aussi longtemps que ces vidéos restaient entre nous, alors il n’y avait pas de mal, je finis par lâcher, avec un petit sourire résigné : « Alors, on le regarde, ce film ? » Attendant de voir si Soraya avait réellement le tout sur un DVD ou si elle avait inventé toute cette histoire, même si cette seconde option me paraissait un peu plus illogique, puisque je me doutais bien que sinon, elle ne m’aurait jamais fait une telle proposition.

Alors que je pensais que le fait de trouver une nouvelle utilité à ce flacon de parfum attendrait, puisque la faim commençait à nous travailler toutes les deux, Soraya me devança dans mes réflexions et finit par trouver une idée avant même que moi je commence à y penser. J’écoutai alors attentivement sa proposition, trouvant que celle-ci n’était pas sotte du tout, bien au contraire. Bien sûr, comme elle le mentionna, les fleurs que le récipient contiendrait seraient plus petites que la normale, mais après tout, pourquoi pas ? Éclatant doucement de rire à son commentaire suivant, je lui dis par la suite, une fois que j’eus quelque peu repris mon sérieux : « Pourquoi pas ? Ça pourrait être très mignon sur une de tes étagères ! » Après, cette suggestion d’emplacement ne l’obligeait en rien, mais je n’avais pas pu m’empêcher de lui faire cette proposition, compte tenu que j’étais faite ainsi. J’adorais faire le ménage, mais j’aimais aussi quand les choses avaient une place bien définie dans la demeure. Peut-être était-ce complètement ridicule, mais je m’en moquais bien, puisque cela me plaisait, et que je sache, jamais je n’avais eu de mauvais commentaires concernant l’emplacement de mes affaires dans mon loft. Enfin, peu de gens l’avaient vu, compte tenu de sa petite taille, mais peu importe. Tant que cela me plaisait, moi ça me convenait, et tant que les autres plaçaient leurs affaires de la façon qu’ils le voulaient, c’était tout simplement parfait.

Cette question maintenant réglée, je me permis de finalement sortir les croustilles et les verser dans un plat pour que nous nous servions à notre guise une fois au salon. Cependant, cela ne m’empêcha pas de poursuivre la discussion avec la jeune femme, commentant sans aucune gêne son propos en affirmant « Peut-être ! Mais maintenant tu pourras les manger comme tu veux ! », lui signifiant par ce propos que si elle en prenait plus que moi, que ce soit un peu ou beaucoup, je ne lui en tiendrais pas rigueur. Pour tout dire, il était plutôt rare que je mangeais des croustilles. Enfin, je n’étais pas du genre à en manger quand j’étais seule, en mangeant simplement lorsque l’occasion s’y prêtait en ce moment. Entre amies, devant un film, c’était tout simplement parfait. Bien sûr, encore fallait-il que le film ne fasse pas en sorte que j’allais manquer de m’étouffer à toutes les deux minutes, ce de quoi je fus soudainement beaucoup moins convaincue au moment où Soraya me parla du fameux film qu’elle avait fait à la maison nous mettant toutes les deux en vedette. C’était à un tel point que je n’osai pas lui proposer de le regarder, même si au fond, je ne savais pas trop quels films elle pouvait me proposer – ou plutôt, je ne m’en souvenais pas, cela faisait quand même plusieurs mois que je n’habitais plus dans ce logement. Finalement, j’avais décidé de me laisser prendre au jeu, puis j’acceptai de le regarder, confirmant mon choix au moment où elle me le demanda en hochant positivement la tête en me disant que je n’allais pas dire quoi que ce soit, autrement j’allais renverser ma décision et je voulais aller jusqu’au bout. Enfin, le voulais-je vraiment ? Je ne savais pas trop, mais puisque cela semblait faire plaisir à Soraya de me montrer ces vidéos, alors qu’il en soit ainsi. D’ailleurs, celle-ci ne se fit certainement pas prier pour mettre le DVD en marche, me faisant alors craindre le pire. En revanche, je n’eus pas nécessairement l’occasion de réellement me concentrer sur les images qui défilaient à l’écran, Soraya m’épargnant la besogne en continuant à parler. Premièrement, elle suggéra de préparer un dessert sucré. Adepte de sucre, même si je faisais mon possible pour ne pas en abuser, je dis, dans un large sourire : « Oh oui ! », m’accordant un délai supplémentaire de réflexion à sa seconde question, à savoir si on prenait la peine de sortir pour faire du karaoké ou si on se contentait d’un petit quelque chose à domicile. Pour tout dire, les deux éventualités étaient alléchantes, mais puisque nous avions prévu de rester chez elle, je préférai finalement lui dire : « On peut le faire ici, et une autre fois, on ira enflammer la scène dans un café ? », lançant cette dernière idée avec un petit sourire espiègle, venant, à mon avis, de montrer à mon amie une opportunité pour nous revoir bientôt, parce que cela faisait beaucoup trop longtemps que nous n’avions pas fait une soirée du genre, et je me rendais compte plus que jamais à quel point ça m’avait manqué.

Je savais bien que s’empiffrer de sucreries et de croustilles n’était pas la meilleure chose à faire pour garder un poids convenable, moi la première ne m’adonnant pas à ce genre de choses bien souvent, sauf dans les occasions spéciales, et en ce moment, puisque c’était une occasion spéciale, je ne regardais pas le nombre de calories, quitte à courir plus longtemps après Nora le lendemain pour ne pas me sentir trop ballonnée. Bien sûr, je n’obligeais pas mon amie à faire de même, mais malgré tout, je ne pouvais pas m’empêcher de lui dire : « Tu feras attention demain ! » sur le ton de la plaisanterie, lui souriant par la suite doucement pour lui faire savoir qu’elle n’avait pas à s’excuser de parler pendant que nous regardions ces vidéos, puisque pour moi, cela passait mieux ainsi. Toutefois, pour revenir à ce que nous allions manger pendant la soirée, si elle voulait faire gaffe même ce soir, alors qu’elle le fasse, mais personnellement, je pensais que c’était une de ces soirées où je n’avais pas à me priver, puisqu’autrement, je le regretterais et je dirais que je n’en avais pas assez profité. C’est d’ailleurs ce qui expliqua pourquoi je ne m’opposai pas non plus à l’idée de manger quelque chose de sucré comme Soraya me le proposa par la suite. Mais quoi ? Ça, je ne l’avais pas décidé, étant prise quelque peu de court avec la question, surtout que je ne savais pas ce que Soraya pouvait avoir dans son garde-manger, puisqu’apparemment, si je comprenais bien ce qu’elle sous-entendait, nous allions cuisiner ce fameux dessert. Cela ne me gênait pas du tout, bien au contraire, mais c’était beaucoup plus pratique d’avoir les ingrédients nécessaires, après tout ! Finalement, je décidai d’opter pour quelque chose qui nécessitait des ingrédients plutôt universels tels que des œufs, de la farine et du lait, donc en conclusion : « Un brownie ? J’adore ça ! » Il fallait dire que lorsqu’il était question de sucre, j’aimais pas mal de choses, mais les brownies étaient ma faiblesse, carrément. Peu importe comment ils étaient faits, je les adorais, tout simplement, et dès qu’on m’en proposait, je ne pouvais tout simplement pas dire non. Et puis, ce choix venait confirmer ce qu’était ma sucrerie préférée, d’où le fait que je ne cherchai pas à proposer autre chose, sauf dans le cas où Soraya n’était pas d’accord avec ce choix, évidemment. Dans ce cas-là, je me creuserais les méninges pour lui proposer autre chose, mais avant tout, j’attendais de voir son avis, parce que même si elle me proposait de nombreuses choses, je ne voulais quand même pas m’imposer sur absolument tout, déjà que c’était moi qui avais proposé pour le repas et que maintenant, c’était à moi que revenait la décision à savoir si nous sortions pour aller faire du karaoké ou si nous restions dans l’appartement pour s’adonner à cette activité. Heureusement, ma proposition pour cette dernière idée ne déplut pas à Soraya, qui prit même la peine d’ajouter que si nous trouvions d’autres personnes pour venir avec nous ce fameux soir où nous sortirions pour aller faire du karaoké, ce à quoi je ne pouvais clairement pas m’opposer, tout simplement parce que « Plus on est de fous, plus on rit ! », considérant que le karaoké, c’était toujours bien quand nous étions en groupe. Bien sûr, je n’allais pas faire tout un cas parce que nous n’étions que deux, mais en sortie, c’était mieux d’avoir plusieurs personnes pour nous applaudir après, surtout si on se mettait vraiment la honte. Pour ce soir, si je faussais, alors je me doutais bien que Soraya ne m’en voudrait pas, ou du moins, je l’espérais fortement. Maintenant d’attaque, j’écoutai les diverses propositions de mon amie en réfléchissant à ce qu’elle me suggérait niveau chansons, décidant au bout du compte de proposer : « Années quatre-vingt-dix, ça te dit ? », parce que c’était la décennie que je connaissais le mieux, et surtout, la décennie des boys bands, ce genre de groupe que tout le monde trouvait ringards, sauf les adolescentes de l’époque comme moi qui craquaient complètement pour les membres de ces groupes. Même encore aujourd’hui, je ne savais pas résister, alors si jamais Soraya acceptait de mettre des chansons de cette décennie, je n’allais certainement pas m’en priver.

Je m’abstins de faire une petite crise de jalousie quand Soraya me confia ne pas prendre de poids quand elle mangeait. Cela venait un peu en contradiction avec ce qu’elle m’avait dit précédemment et qui avait provoqué mon commentaire, mais je ne le relevai pas, trop occupée à penser que moi, c’était tout à fait le contraire. Une personne pouvait manger quelque chose et prendre deux kilos, moi je mangeais la même chose, j’en prenais cinq, et je mettais beaucoup plus de temps à le perdre. Heureusement pour moi, mon emploi exigeait que je me déplace pas mal, à force de suivre Nora partout dans la maison, courir un peu partout pour combler tout le monde, alors cela ne se voyait pas trop, mais j’avais eu mes phases où mon corps ne me plaisait pas vraiment, surtout après ma fausse couche, puisque ma grande phase de déprime combinée avec l’alcool que je pouvais ingérer ne me permettait pas de perdre ce poids de grossesse en trop aussi rapidement que la normale. Mais tout cela étant du passé, je m’acceptais beaucoup mieux maintenant, et plus encore, je me moquais un peu d’avoir quelques défauts, des fesses un peu trop grosses ou des trucs dans le genre, ce qui expliquait pourquoi je ne voulais pas faire une dispute sur le sujet, profiter de cette soirée et manger ce fameux brownie sans complexe, puisque maintenant, il était définitif que nous le ferions, Soraya m’ayant confirmé qu’elle avait tous les ingrédients, ce qui m’avait arraché un sourire. Maintenant, elle me laissait le choix du degré de cacao de notre brownie, ayant l’occasion de le faire au chocolat noir, blanc, ou au lait. Puisque les trois éventualités me semblaient particulièrement alléchantes, il fallut m’accorder un instant de réflexion, et finalement, je lui demandai : « Hum… Tu as du Nutella ? » Cela m’était revenu quelques secondes auparavant; j’avais vu une recette de brownie au Nutella sur un site de recettes, et je n’avais jamais eu l’occasion de l’essayer. Aujourd’hui était l’occasion parfaite, non ? Enfin, c’était si Soraya le voulait, et si elle avait le nécessaire pour le faire, évidemment. Après, si jamais elle n’avait pas le Nutella, j’avais un plan B, à savoir « Mais sinon, le chocolat au lait, ce sera parfait ! », laissant ainsi la décision finale à mon amie tandis que nous nous installions devant le karaoké des années quatre-vingt-dix, décennie que j’avais choisie pour une raison bien précise : Les Spice Girls. Je ne savais pas si Soraya et moi étions mentalement liées, mais apparemment, elle avait eu la même idée, et pour le lui confirmer, je hochai la tête positivement avec un petit sourire un peu malin, ne mettant ainsi pas fin au mutisme qui m’habitait depuis que nous avions terminé de parler de cette fameuse soirée karaoké avec un groupe de gens pendant lequel Soraya m’avait confié adorer les applaudissements. Je n’avais pas dit mot non pas parce que je n’avais plus envie de parler, mais plutôt parce que connaissant plutôt bien mon amie, je ne voulais pas prendre le risque de quelque chose susceptible de la blesser ou la rendre nostalgique, ou quoi que ce soit qui pourrait mettre un voile de tristesse sur la soirée qui promettait encore et toujours d’être amusante. Enthousiaste à nouveau, mon amie me dit que j’allais commencer et qu’en attendant, elle irait commencer à préparer le brownie. Puisque l’appartement n’était pas des plus grands et qu’elle pouvait voir ce que je ferais depuis la cuisine, et inversément, je finis par acquiescer, ajoutant un « Mais tu ne ris pas de moi ! » avant de regarder le jeu maintenant en marche pour choisir une première chanson, ma préférée. Micro à la main – puisqu’elle n’en avait pas changé l’emplacement depuis que j’étais partie de ce logement – je mis la chanson en marche, et je commençai à chanter, le plus normalement qui soit, histoire de ne pas faire en sorte que les voisins appellent la police. Cependant, lorsque le refrain arriva, et que je commençai à chanter : « If you wannabe my lover, you have to be my friend ! », je ne pus m’empêcher de monter le ton d’un cran, et commencer à me dandiner comme une petite folle au salon, comme si j’étais sous la douche et que personne ne pouvait m’entendre ou me voir, n’ayant soudainement plus aucun complexe.