L’automne était déjà arrivé depuis quelques semaines mais pourtant nous étions toujours en Californie. Le temps était chaud, nous n’avions pas réellement d’hiver. La vie était sympathique, j’étais simplement dans un slim avec un gilet par-dessus un haut léger. Je n’avais rien de chichis. Une tenue des plus simples. Mes cheveux remontés dans un chignon assez bâclé, je regardais mon appareil photo. Un nouveau, un numérique. Je n’avais plus vraiment pris le temps de perfectionner mon art pour la photographie depuis que j’avais arrêtée mais j’aimais tellement ça. Je pourrais y passer des heures. Il était nouveau. Une envie soudaine de me faire plaisir cette après-midi alors que j’étais énervée. Oui. Enfin en l’étant sans l’être. Je n’avais pas vraiment le moral dans mes chaussettes. C’est alors que j’entendis un peu de bruit… oui, du bruit comme une fenêtre qui s’ouvre et des pas. J’arquais un sourcil en souriant, curieuse de voir si un homme vient à la fenêtre d’une de mes sœurs ou des filles à celles de mes frères ? Quoique non, ils sont trop saints pour ça. Le jour ou une personne arriverait à la fenêtre de Kennedy ou Andrew ? Je ne savais pas vraiment s’ils auraient un sexe différemment tellement mes frères étaient hors du commun. Luke n’était pas vraiment en ville en ce moment. Il était bien trop occupé à l’université. D’ailleurs, je l’avais eu au téléphone… il y a quelques dizaines de minutes. J’avais souris alors qu’il me racontait son voyage à New-York. C’était palpitant. J’aimais les voyages mais je n’avais encore jamais vue New-York. Cette ville me glaçait le sang de la présence de ma mère qui y vivait. Penchant la tête à ma fenêtre, je voyais alors Aiden arriver. Je pouvais le reconnaitre à des kilomètres. Par contre ? Je le voyais lancer son caillou à la mauvaise fenêtre encore. Je riais nerveusement. « La suivante encore ! », soufflais-je alors, un peu moqueuse. Allais-je peut-être même le diriger vers celle de mon père ? J’étais tellement en colère que je pouvais mais je n’étais point stupide, il ne marcherait pas si je lui dis que ma fenêtre est une autre. Je soupirais doucement. « Aiden… », disais-je d’un ton de lassitude alors que j’avais filtrée ses appels pendant toute la journée. J’arquais un sourcil. « Qu’est-ce que tu fais là ? », demandais-je d’un ton un peu froid sur le coup.

L’amour et moi ? C’était horrible. Pourquoi je me sentais autant en colère ? Je savais que je n’aurais jamais dû baisser les murs que je battais entre moi et un homme. Je n’avais jamais trompé un seul homme tout simplement parce que je n’avais jamais réellement été en couple. Rien de sérieux. Juste des hommes de passages. Je n’étais pas différente de lui sauf que je n’étais pas infidèle. Je ne ferais jamais ce que je détestais le plus depuis qu’on l’a fait à mon père. Dans le fond, il ne m’avait pas été infidèle. Etions-nous un couple ? Je n’en savais rien. Est-ce que cela faisait de nous un couple de sortir plusieurs ensembles. Avoir envie de l’autre mais se retenir ? Je ne voulais pas sauter le pas avec lui pour la simple raison que j’avais peur de faire comme avec tous les autres et basta. Je ne voulais pas, c’était étrange. Totalement. Je ne me comprenais pas du tout en sa présence et je perdais le contrôle de moi-même. Vraiment. Je le regardais alors me dire que je ne répondais pas aux appels. A bon ? Je n’avais pas remarquée. Cela me fit rire doucement. « Ah bon ? », disais-je nerveusement en inspirant. Je sentais cette douce rancune monter mais je n’avais pas le droit de la ressentir, peut-être ? Je ne comprenais rien. J’inspirais doucement en regardant alors celui-ci, il semblait nerveux. Je soupirais légèrement, je l’écoutais jusqu’au bout. « Alors pourquoi continuer ? », demandais-je en le regardant, un peu inerte. J’étais sérieuse dans le fond, j’avais peur. Je ne voulais pas aller dans cette relation alors que cela m’effrayait temps. « Mais quoi ? », demandais-je alors pour voir ce qu’il pourrait dire. Je ne voulais pas céder, non. Je ne voulais pas. Dans le fond, ma fierté avait été touchée mais je me sentais en colère de me sentir en colère. Je me sentais en colère d’être jalouse ou même. Qu’étions-nous ? Dans le fond, encore rien que des personnes qui sortent régulièrement ensemble et nous n’avions pas encore parlez d’exclusivité. J’étais perdue. Je soupirais doucement. « Ecoutes, on n’est rien dans le fond, oui, on est sorti ensemble. De quel droit ai-je raison de t’en vouloir ? Je ne suis rien qu’une fille comme les autres, tu n’es rien qu’un homme comme les autres… », je riais doucement mais dans le fond, je ne riais pas vraiment. Je voulais juste faire bonne figure. « Et si on devait être plus… je ne veux pas me demander si tu n’es pas en train d’embrasser une autre… », disais-je aussitôt, cette fois sûrement moins cachée sous mes murs.

Ne vous êtes-vous jamais sentis comme un Alien ? Ressentir des choses et d’autres et refouler et ceci et cela. Je ne me sentais pas vraiment bien. Mes craintes me rendaient assez nauséeuse par moment. Mes dernières semaines étaient dans une angoisse de changer et d’aller vers un chapitre que je ne voulais sûrement pas atteindre. L’amour ? Non, je ne voulais pas y être, j’en avais peur et pourtant cet homme avait quelque chose de différent. Je le savais. Il avait tout pour me faire succomber et pas seulement par ce qu’il était de ceux que l’on appelle… les vilains garçons. C’était plus complexe que ça. Tellement plus. A mes yeux, il n’était pas que ça. Il m’attirait et non pas physiquement mais c’était comme si ma tête ne tournait plus qu’autour de lui depuis sa rencontre. Je mangeais en pensant à lui, je me levais en pensant à lui et je m’endormais en pensant à lui. Je faisais tout en pensant à lui. C’était stressant pour moi, cela m’effrayait et pourtant cela me faisait aussi du bien. C’était nouveau, étrange et en l’écoutant, je baissais le regard, le tournant même vers ma chambre pour ne pas lui montrer l’expression de mon visage. En fait, c’était de la peur, j’étais anxieux et éprise de doute. Je n’avais pas envie de souffrir. J’en avais déjà assez bavée dans le fond. Méritais-je de sauter pile dans un précipite. C’était ça l’amour pour moi, la mort ou la souffrance. Autant dire que penser ça depuis nos 5 ans, c’est triplement tragique. Je soupirais doucement, ma porte s’ouvrait alors qu’une petite tête passait. Elle semblait toujours à moitié endormie en se frottant les yeux et approchant pour se lover contre moi. « Laby, il m’a réveillé, il m’a réveillé ! », je souriais doucement en me baissant pour déposer un baiser sur son front. « Je vais l’éloigner, retourne dormir et demain, on ira manger une glace ? », lui proposais-je alors qu’elle acquiesçait d’un sourire. Grace et moi étions proches. Ce n’était qu’une jeune fille au début de l’adolescence mais ma petite sœur que je chérissais. Je soupirais alors qu’elle retournait dans sa chambre en fermant la porte de la mienne. Passant la chambre par-dessus la fenêtre, je me mettais à cheval sur celle-ci et descendant alors en me tenant aux plantes grimpantes qui tenaient aux murs. « Je te jure… c’est bien par ce qu’ils dorment… oui, les gens normaux dorment la nuit ! », disais-je en descendant mais je pouvais bien parler, je n’avais même pas mis mon pyjama. Et c’est après mes mots qu’une lierre se craquait et que paf, je tombais comme un éléphant dans une soupe.

Ses mots n’étaient point passés dans l’oreille d’une sourde mais j’ignorais la bonne chose à faire. Devais-je y croire des uniques ? Les mots ne sont que des mots. Et si j’étais unique, ma mère serait-elle partie. J’en doutais beaucoup. Je n’avais pourtant pas eue le temps de descendre que je devais alors l’éloigner de cette maison. Si Grace est réveillée ? C’est qu’il pourrait réveiller tout le monde. Quand elle dormait, elle était difficile à réveiller en général du coup. J’avais enjambée la fenêtre enfin non pas la chambre hors de la fenêtre. Je ne suis point Houdini. Je n’ai rien d’une sorcière ou une magicienne mais tenir au mur ? Et ses mots me distrayaient. Regardait-il réellement mon derrière ? Je roulais des yeux. Je ne suis pas spiderman aussi, la preuve alors que je me retrouve par terre par-dessus lui. Ses mots, encore de la plaisanterie. Je riais jaune en me levant. « T’es doué pour chercher le bon moment pour plaisanter ? », disais-je en le regardant, le ton un peu ferme alors que je me mettais à marcher d’une allure vive pour m’éloigner un peu de la maison et soupirant doucement tout en marchant. Je n’étais pas apte à réfléchir, vraiment pas. Je ne savais pas quoi penser, je ne savais pas quoi faire. J’allais alors vers les sentiers, les petits bois que l’on pouvait rejoindre par derrière la maison. C’était l’endroit parfait pour s’éloigner des gens qui dorment. « T’e culoté quand même ! », disais-je alors qu’on était assez éloigné. « Je te vois avec une autre fille et tu me dis que je suis spéciale et pas une simple fille comme les autres ? », disais-je en me retournant alors le pointant du doigt. « Dis-moi, t’es un petit comique ou le roi des bonnes paroles ? », lui demandais-je alors en arquant un sourcil. Je riais alors doucement. « Ou alors je suis une imbécile aussi pour y croire ou ne pas y croire… je ne sais même pas quoi penser à tout ça… », disais-je en levant alors les deux bras en l’air et me retournant pour marcher encore plus loin. Ou allais-je ? Je n’en savais pertinemment rien mais j’avais besoin de marcher car ça me permettait d’arrêter de penser en fait. Cela pouvait paraître stupide mais mon esprit était complètement embué par des milliers de questions, de doutes.