Au café l'après-midi.

« Des demis-frères et sœurs dont je me passerais bien l’existence ont eu la bonne idée de me faire venir pour faire je ne sais quoi. Je ne me plains pas, mais j’ai besoin d’un peu de respect de la part de personnes qui ont sans doute oublié ce qu’il s’agissait lorsqu’on est parents biologiques ou pas. Papa et maman sont formidables, mais tu vois, il y a parfois des gens à qui tu dois pardonner, mais tu n’y arrives pas. »

Une simple phrase qui sans doute montre que ma famille biologique me prend vraiment pour une imbécile. Mais bon, je dis aussi en souriant : « J’ai une maison là-bas maintenant, un vieil ami me la légué….. » Une tristesse dans la voix, je ne vais pas m’étaler sur ma vie privée. Je tiens à ce qu’elle soit rien qu’à moi. Puis, buvant de mon café pour faire passer le tout, je me dis que pour une fois je ne vais pas m’étaler. Je ne le fais pas, je n’ai pas à le faire. Ni que j’apprends le thaïlandais en cachette pour lire justement tous les papiers administratifs que j’ai pour la petite maison. Enfin, de toute façon, j’ai toujours le voisin pour me donner un coup de main si j’ai besoin.

J’observe mon petit frère du coin de l’œil, je me dis qu’il doit être aussi dérouté que moi, mais bon, je réalise que parfois, il faut bien trouver des petites choses à dire. Je souris, et je lui demande en essayant de ne pas le froisser : « Tu t’es bien amusé alors ? Tu as joué quoi comme pièce de théâtre ? » Bien que je ne le connais pas trop, je me dis qu’il serait bien aussi de trouver un autre sujet de conversation. Bon d’accord, il s’agit de mon frère, sauf que je n’ai guère vraiment l’envie de faire un effort. A chaque fois que je le vois, je ne suis pas à l’aise. Je ne sais pas pourquoi mais j’ai du mal avec les membres de ma famille. Indépendante, je sais que je dois être gentille sauf que ce côté-là je le planque pour justement pouvoir le rester. Je m’adapte facilement, et il n’est pas question que je retrouve encore une fois dans des situations de pleurs…

Buvant de mon café, je regarde devant moi, le serveur qui m’a reconnu est un ami de la faculté. Je le salue de la main, puis il me fait signe de l’appeler, je ne dis rien. Je souris bien que je n’ai guère envie de l’appeler. Je le laisse partir, et je lâche doucement : « Il y en a qui ne comprenne pas….Ils doivent avoir des œillères devant les yeux.  » Je sais que je ne suis difficile mais, je ne tiens pas à m’attacher aux gens. Je suis comme ça, abandonner par une mère, j’ai encore cette plaie qui n’est pas prête de se refermer si facilement.

Au café l'après-midi.

« Pas moche tu dis ? Je ne sais pas trop….Il a l’air un peu collant….A chaque fois que je viens ici, il fait ça, c’est assez étrange… »

Je vois mon frère sourire, je ne dis rien, je le laisse s’en aller, et je lui réponds : « Oui, on se voit bientôt, je vais essayer de passer, mais bon, je vais voir avec mon emploi du temps. J’ai pas mal de boulot à la boutique. Mais je vais me débrouiller pour venir un de ces quatre. »

Je vois mon petit frère partir du café, je soupire intérieurement en voyant le type venir vers moi. Je souris mais je ne suis pas d’humeur. Je me lève, et je m’en vais à mon tour pour aller chez moi. Mon chien doit se sentir tout seul. Je prends bien entendu le temps de ne rien oublier à ma table. Je vais continuer ma petite journée tranquillement.

FIN