Au café l'après-midi.

Je rente tout juste de Los Angeles. Je ne sais pas trop comment faire ou dire par la suite pour mon nouveau métier. Je me dis que je dois voir les membres de ma famille tous un par un afin de pouvoir leur parler. Seulement, je ne vois pas comment leur dire. Je suis un peu perdue je dois dire. Je me dis qu’il faut que je trouve des petites choses à faire. Je regarde mon emploi du temps. Je prends mes affaires, et je me dis que je dois rejoindre des amies au café. Je note en chinois sur mon téléphone : «  你好，你沒事。你經常來網吧。 » (Coucou, tu vas bien ? Tu viens toujours au café ?) Je patiente le temps d’avoir la réponse. Je patiente jusqu’à avoir un non. Décidément, à mon retour, personne ne veut me voir….Je me dis que pour le moment, je peux quand même profiter de mon petit café. Je rentre et j’en demande un avant de m’asseoir à une table seule. Je prends mon livre, et je commence ma lecture. Jusqu’à ce que mon frère me voit….

Au café l'après-midi.

Je vois mon petit frère venir vers moi, je lui réponds après cette brève étreinte. « Cathal, mon petit frère. Oui cela fait longtemps depuis la faculté, je crois. Je vais bien et toi ? » Je l’observe gêné, je ne sais pas trop quoi lui dire…Enfin, je réponds tout d’abord à sa question. « J’ai une amie chinoise qui devait venir mais apparemment, elle a un diner de famille imprévus et elle doit aider sa mère à cuisiner. Et toi ? Tu as prévu de faire des choses ? » Je ne sais pas vraiment s’il va me parler mais bon, je préfère une nouvelle fois attendre qu’il le fasse. Je bois mon café, et je tente de voir ce qu’il pourrait me dire. Mais curieuse, je rajoute : « Tout le monde va bien ? Cela fait longtemps que je n’ai pas eu de leurs nouvelles. » Il est vrai que depuis le jour où je suis allée à la faculté à Los Angeles, je n’ai pas vraiment eu souvent de leurs nouvelles. Je réfléchis pour la suite, et je me dis qu’il serait bien que je trouve un sujet de conversation. Je ne connais pas trop mon frère et il est vrai que je ne tiens pas non plus à avoir un lien ou cordon familial important. Je sais juste que je dois faire bonne figure afin de ne pas le vexer d'avantage.

Au café l'après-midi.

Je vois mon petit frère essayer de me parler. Je ne sais pas trop quoi faire ou dire de plus. J’ai du mal avec mes frères et sœurs. Je ne vois pas trop comment agir. J’ai à la fois besoin de ma liberté et de ma famille. Je vois mon frère qui reste debout, je lui dis : « Tu peux t’asseoir, je ne mange pas les gens…. » Bien que j’ai mon côté fort, j’ai aussi mon côté fragile que je cache facilement derrière mes grands airs et la façon dont je parle aux gens. Cette carapace est là pour moi afin que je me protège des gens. « J’ai ma journée, mon salon n’est pas encore ouvert. » Je sais que mes tatouages n’ont pas fait vraiment plaisir aux membres de la famille, j’en ai un tout petit sur le poignet afin d’en avoir un. Il est clair qu’étant tatoueuse, j’en ai peu, voir l’unique que j’ai au poignet. C’est pour cela que je mets des vêtements respectables afin pouvoir réfléchir au tatouage que je veux me faire faire. Il est certain que cela va être encore un sujet de discorde mais bon. Je sais que je dois aussi répondre à mon frère. « Non, maman ne m’a rien dit…..Il n’est pas trop blesse au moins ? » Bien qu’à moitié inquiète, je sais que Seheno a toujours été celui qui m’a écouté et en qui j’ai confiance. Je suis surprise, mais bon, je ne vais pas non plus débarquer à la maison maintenant. C’est un peu tard, il fallait que j’y sois avant ! Je regarde mon frère et je lui réponds : « J’ai finis ma licence d’art, j’ai aussi une formation de tatoueuse, et j’ai la seconde boutique de mon patron ici. Je la dirige, et pour le moment, je tatoue seule. Je n’ai pas besoin de personnel. » Je souris, et je sais que cela va sans doute ne pas plaire aux membres de la famille.

Au café l'après-midi.

« Hum…Il faudra que j’aille voir maman pour en savoir plus…. » Bien que mon grand frère a toujours eu le don de me faire écouter tout ce qu’il me dit. Je préfère une nouvelle fois ne pas aller le voir de suite bien que l’envie d’y aller se faisait présente. Sauf que pour le moment, je trouve qu’il est bien mieux que j’attende tout simplement qu’il m’appelle. De toute façon, la famille va être au courant de mon retour, et je ne doute pas une seconde que cela va faire un petit évènement. Je réponds patiemment à la question de mon petit question : « Merci j’espère aussi que tu pourras réussir les projets qui te tiennent à cœur. »

Il est clair que le sujet de la famille me gonfle un peu étant donné que pour moi ils ne sont pas vraiment des gens à qui je dois parler tous les jours ! On peut faire chacun sa vie sans prendre la tête aux autres…Enfin, chacun fait comme il veut, je me dis que je ne dois pas non plus m’énerver en publique. Je réponds doucement à mon petit frère :   « Je suis arrivée il y a un mois….» Je sais que cela ne va guère lui plaire mais bon, j’ai eu autres choses à faire que de venir voir des gens qui bien entendu vont me questionner à longueur de journée. D’ailleurs, je n’ai guère envie d’y répondre…Je tente de lui dire : « Certes….Pour encore me gronder ou me dire je ne sais quoi….. »

Mon dernier petit voyage en Thaïlande avait fini par une case : commissariat ! J’ai certes grandi, mais je n’ai toujours pas fini de pourrir la vie à mes parents biologiques qui ont le don de m’éloigner d’eux alors que j’ai besoin d’eux. Je me rappelle avoir dit leurs quatre vérités en chinois tout en sachant que ma mère biologique le comprendrait bien. Elle m’a répond en thaïlandais. Je le comprends, mais je ne le parle pas. Les insultes ont fusée comme je l’avais pensé. Les voisins m’ayant reconnus sont venus à ma rescousse en m’enlevant de la rue. J’ai eu un goût amer dans la bouche et une haine encore plus vive pour ces gens qui ont bien entendus refait leurs vies ! Une demi-sœur, un demi-frère en plus, je les hais d’avantage vu qu’ils ont pris cette unique et petite place que j’ai tant désiré….

Au café l'après-midi.

Mon café venant enfin, je me dis que je peux maintenant profiter de tout ça. Je le bois gentiment, avant de dire de façon neutre : «  J’ai comment dire….Insulté de vive voix ma foutue mère biologique et son idiot de mari la dernière fois que je suis allée en Thaïlande, c’est à-dire le mois dernier….»

Buvant de mon café, je le pose gentiment, je mange aussi ma petite gourmandise. Je sais que cela est venu aux oreilles de mes parents adoptifs. Mais bon, pour une fois, je ne tiens pas non plus à me prendre la tête avec ce truc aujourd’hui. Je mange mon  muffin tout en disant à mon petit frère :

« Si tu veux un truc n’hésite pas, je te l’offre. »

Je sais que cela peut sans doute le surprendre mais je peux être gentille parfois, sauf que je le cache bien entendu pour ne pas non plus me faire marcher sur les pieds. Je me dis aussi que je peux faire un effort, sauf que pour une fois, je n’ai guère envie d’en faire. Je rajoute patiemment : « Pour une fois notre sœur n’aura pas besoin de me défendre…. » Bien entendu c’était sarcastique, je sais pertinemment que cela la gonfle de le faire à chaque fois.

Tout en buvant de mon café, je constate tout bonnement que je ne peux pas non plus oublier mon petit frère, je lui demande : « Et toi ? Pas de bêtises en vue ?  »

Je sais que je dois comprendre le truc. Mon petit frère a sans doute des trucs à me dire. Il pense qu’il ne peut pas me les dire, d’accord, c’est vrai que je suis assez secrète tout bonnement parce que je tiens à ma vie privée. Mais bon, mon petit frère en fait autant. Alors maintenant, je me demande bien ce qu’il va me répondre.