La journée avait été remplie d'imprévus ce samedi, j'avais passé ma journée à me faire tout un plein d'idée. Oui j'avais pris ma décision, j'avais décidé qu'il était temps pour moi de prendre mon indépendance. Je ne pouvais pas élever ma fille de cette manière, il fallait que j'assume un tant soit peu d'être une maman. D'être une femme de vingt sept ans, et dans dix jours j'en aurai vingt huit. Merde. Vingt huit ans. Quand ma mère avait cet âge, elle était déjà la mère de 4 enfants, et l'ainée que j'étais avait presque douze ans. Et la belle-mère de trois autres. Quand ma mère en avait vingt huit, elle était mariée, elle avait une vie de famille et professionnelle. Moi ? J'ai vingt sept ans et trois cent cinquante cinq jours. Et je suis incapable d'être une mère convenable. J'ai abandonné la garde de ma fille. Je ne vaux pas mieux que Joan ou Thimothy. Je n'en sais rien. Je voulais juste comprendre comment j'avais autant de temps à pouvoir prendre cette indépendance.

Cela faisait peut être trois semaines, bientôt un mois que les simples mots que j'avais échangé avec ma mère c'était à peine un bonjour. Ou quand Tim avait débarqué à la maison. Je ne m'en étais pas encore remise. J'avais cette boule au ventre. Trop de choses en même temps. Je n'avais pas pardonné à ma mère ce qu'elle avait fait à mon père. J'avais l'impression que notre monde s'écroulait petit à petit. J'avais besoin de prendre des distances. Ne pas m'enfuir comme quand j'étais partie il y a dix ans. Non cette fois j'avais besoin d'assumer. J'étais sur la terrasse sur la hamac en train de me balancer en maillot de bain, profitant des rayons du soleil. Ma pompe à insuline que j'avais remise en place accrochée pendant que je ne baignais pas. Je réfléchissais. Mes yeux étaient rouges comme tous les matins j'avais encore pleuré. Pourquoi ? Parce que je ne comprenais pas. Etais-je faible ? Très certainement. Je l'étais. Je le savais. Je n'étais pas comme Rhiannon qui avait décidé de retourner vivre à Washington. Lullaby qui affrontait la vie malgré ce qu'elle avait vécu avec l'agression. Grace qui affrontait le fait de ne jamais pouvoir vivre de sa passion. Ken qui allait bientôt devenir Papa et assumer. Andrew peut être était celui qui me ressemblait le plus. Luke avait assumé et était parti combattre l'ennemi. Moi? J'avais passé ma vie à fuir.

Je me balançais dans le hamac sans vraiment avoir un but, je prenais le soleil, même si ma peau avait plutôt tendance à virer au rouge plutôt que le bronzé. Malgré l'ensemble de la crème que je mettais tout le temps et en tout lieu. Malgré tout, je devenais écrevisse, et pourtant ça faisait bien vingt-huit ans que je vivais en Californie. Même que j'étais née ici d'après ma carte d'identité. J'étais née à Pasadena. Merde, pourquoi tout le monde prenait le soleil rapidement. Je regardais l'Iphone, deux snapchats dont un de Kennedy avec son petit chien. S'il était aussi gaga de son chien que de ses gosses, ça allait donner. Tiens, on allait lui donner à garder Nora et Leah, les deux en même temps, bon exercice pour apprendre à gérer des gosses que ses deux nièces adorées. Je me balançais encore, les lunettes de soleil sur le front plutôt que sur le nez. En plein soleil, c'est à ce moment là que ma mère avait décidé de débarquer. Notre relation était au point du silence radio entre nous.

Depuis que j'étais rentrée de l'hôpital, je n'avais pas adressé qu'en cas de nécessité avec ma mère. Ce n'était pas facile à vivre tous les jours. Parler ? De quoi ? Tim qui débarque dans nos vies ? Ton agression ? Le fait que t'aies trompé ton mari ? J'étais sèche, volontairement. Tout le monde savait comment j'étais. Je ne supportais pas l'abandon, je ne supportais sentir l'abandon. Et là c'était ce que j'avais peur, c'était que j'allais perdre la vie de famille que nous avions depuis vingt-quatre ans. Que tout allait. Et pourquoi tout n'irait pas. Je continuais à me balancer sans la regarder, en regardant le ciel, le palmier fasse à moi. Je ne voulais pas la regarder, je savais que j'allais craquer.

Ne pas craquer, voilà ce que j'étais en train de me dire. J'avais été confrontée à cette situation, sans vraiment le vouloir. C'était sorti tout seul. Oui je n'aurai jamais du me trouver là pendant cette discussion pendant cette dispute de couple. Quand j'étais plus petite que Holden se disputait avec maman, je prenais toujours ma petite poupée et j'allais pleurer dans mon lit avec Lullaby. J'avais peur que maman parte comme la maman de Lulla était partie. J'avais vite compris que c'était différent, mais j'avais déjà une peur de la solitude. Déjà que j'avais l'impression que l'on me volait ma maman, je ne voulais pas en plus que l'on me la fasse perdre. Qu'est ce que j'allais faire moi toute seule. Voilà comment je pensais. Pourquoi je me sentais encore comme ça, je ne savais pas, je n'avais pas envie de perdre cet équilibre que l'on m'avait créé. Quand Thimothy avait passé la porte de chez moi, je n'avais pas compris ce qui arrivait non plus. J'étais plutôt perdue, me retrouvant face à un sentiment nouveau.

En attendant tu l'as fait. Tu as couché avec une autre personne que Holden, c'est une chose. Mais en plus tu avais bu, et tu fais la moral à Kennedy sur son mariage alcoolisé ? C'est beau. Heureusement qu'ils ne sont au courant de rien encore ! Oui j'avais crié, ayant du mal à contenir ma colère. J'avais tellement entendu, du c'est mal de boire. ET blah, et blah. Ce n'était pas à moi qu'on allait faire la moral, les fêtes étudiantes avaient été un vaste souvenir d'ennui. J'avais jamais pris une seule cuite. Non, tu n'aurais pas du en parler devant moi. Le mal est fait, que veux-tu, j'étais à la mauvaise place c'est tout. Et puis merde, j'ai plus 2 ans. J'ai pas besoin d'être protégée non plus. Je ne te déteste pas, je t'en veux. On a une belle vie de famille, et depuis six mois ça part à volo. Alors ok, la mort de Luke c'est une chose, on l'a vécu différemment des autres... Mais depuis rien ne va, et tu vas croire les paroles du folle à lier, dénommée Joan O'BRADY qui crie qu'elle couche avec Holden. Ouvre les yeux maman, le jour où il retournera avec cette garce, il aura été drogué avec je ne sais pas quoi. Etais-je énervée, je pense que ça se constatait. Je mettais les mots que je n'avais pas le droit devant mon père c'était tout.

Cette discussion que nous étions censés avoir avec ma mère était un peu la discussion que je redoutais par-dessus tout. Un peu comme quand on est adolescent et que l’on parle de sexe pour la première fois avec sa mère. Cette discussion avait été aussi très tendue, elle savait qu’avec moi le discours le sexe avant le mariage ça ne marcherait pas, même si j’avais suivi cette voie, je savais parfaitement qu’elle m’avait eu pendant une folle nuit avec un amant. Mais pour autant j’avais fui cette discussion jusqu’au bout avec elle. Jusqu’à ce qu’elle me choppe entre quatre yeux en disant, tu vas l’avoir cette discussion que tu le veuille ou non. Bon le plus dur, avait du être pour Lulla & Rhiannon qui l’avaient eu avec papa. Ah les familles recomposées c’est compliqué. Je vous le dis c’est pas la joie tous les jours. Et aujourd’hui ça ne l’était pas du tout. J’avais cette boule dans la gorge de crier sur ma mère, je m’en voulais ce n’était pas à moi d’avoir cette discussion.

« Tu es la première à nous dire que l’alcool ne résout pas les problèmes. » dis-je avec une mine boudeuse, en restant à me balancer sur mon hamac sans dire un mot de plus. Jusqu’à la laisser parler sur Holden et elle. Peur de l’abandon, oui ça, c’était pas nouveau. C’est moi qui abandonnais en première toujours pour ne pas être blessée. Qu’est ce que j’avais dans la tête je n’en savais rien. C’était une façon pour moi de ne pas souffrir. « Non je ne le pense pas sans faille, Holden est un homme. Il a des failles, comme tous. Cependant ce que je sais c’est que s’il devait te tromper je peux t’assurer que ce ne serait pas avec cette folle. Je ne jure pas devant pas Dieu, mais je peux t’assurer que jamais ô grand jamais il ne retomberait dans ses bras. Elle l’a trop fait souffrir en le laissant tout seul avec 3 enfants à charge et en se barrant sans donner signe de vie à ses gosses. En tout cas c’est comme ça que je le vois, et je ne te parle pas de la voix de la fille, ta fille, ou sa fille, mais de la mère qui a abandonné sa petite fille à son ex-mari. A la différence que Joan est complètement psychopathe, menteuse et manipulatrice. » dis-je simplement un peu énervée contre ma mère une nouvelle fois, je voulais juste qu’elle ouvre les yeux.

L'abandon est quelque chose que je ne supportais pas, tout comme les disputes. Je ne savais pas encore pourquoi cette peur était là. De l'insconscient ? Je ne pensais pas. Quand j'avais été enfant au contraire, j'avais peur de ce bonhomme qui était venu s'inscruster dans ma vie avec maman. Mais sans lui, je n'en serais pas là aujourd'hui, sans lui, sans Holden à mon avis, nous serions encore en train de galérer le nez par terre avec ma mère. Je n'aurai jamais pu faire mes études ou quoi. Intérieurement c'était grace à leur rencontre qu'on avait réussi à s'en sortir et que ma mère avait trouvé une place stable. Ce qui 'était pas plus mal. Nous ne pouvions pas revenir sur le passe. Toute façon, le jour où l'on me verra bourré moi... dis-je en roulant les yeux, l'air de dire c'est pas à moi les leçons sur l'alcool. Sur tous les enfants j'étais la seule qui n'avait jamais du prendre une seule cuite et pour cause. Commencer à calculer la dose d'insuline qu'il faut se mettre pour compenser les 10g que t'as le sang, complètement pété, je sais pas vous, mais perso, ça me semble compliqué. Même si à mon avis c'est faisable. Mais pas pour mes deux neurones connectés en mode fonctionnaire de la SNCF sisi oui j'ai des références françaises.


Puis revint le fameux sujet que tout le monde déteste, je me rebalançais sur mon hamac ne répondant rien pendant quelques instants. Je me compare, je note juste qu'il y a des comportements héréditaires, des manquements aux engagements, juste à cause du bêtises. Même si j'aime ma fille, je ne suis pas une mère comme il faut. C'est tout, et je le reconnais. Oui j'allais la voir, mais tout comme maman resterait bloqué sur le fait que Joan et Holden recouche ensemble, je resterai bloquée sur l'idée que je suis une mauvaise mère qui abandonne sa fille, et rien ne changera le fait que Dylan soit raide dingue de moi ou non. Peut être. Oh et puis merde, pense ce que tu veux, je t'ai dit ce que je pensais d'elle. Et que s'il retourne avec, ça a beau être sa première femme et son premier amour, ça a été sa plus belle connerie. La seule chose bien qu'elle ait faite, c'est de me donner une grande soeur, une petite soeur et un petit frère. Point. Moi énervée ? Si peu.