Je ne voulais plus rien entendre, non, simplement rien. J’étais au volant la tête contre celui-ci et sans même penser à essuyer mes larmes. Je ne voulais plus revenir sur ce sujet, je ne voulais plus en parler. J’avais l’impression que cela ne servait à rien sauf brasser du vent et blesser l’une ou l’autre. J’inspirais doucement alors qu’elle montait et je me redressais pour essuyer mes larmes sans même ciller à sa question. Je me contentais d’inspirer et d’ignorer… Pourquoi ne pas l’avoir dit ? Simplement par ce que je ne suis pas comme ça, pas pour des sujets qui me touchent autant. J’avais toujours eue la manière pour guérir mes plaies en ne disant rien et me refermant comme une huitre mais avant… on le voyait et maintenant plus. Enfin avant ce n’était pas toujours. Disons que j’avais ce virus en moi qui me faisait tout garder au lieu de sortir. C’est peut-être pour ça que j’arrivais facilement, trop facilement à exploser quand j’étais en trop plein. C’est comme quand le verre est plein, il déborde qu’il ne le veuille ou pas. Cela arrive car c’est normal. C’est ce moment où vous faites un burn out ? L’avais-je fais ? Oh non, c’était loin d’être mon pétage de plomb même s’il n’en était pas loin. J’inspirais doucement alors qu’elle continuant de parler mais je m’apprêtais à conduire pour quitter le parking. Les yeux qui s’arrêtaient de pleurer surtout par ce qu’ils en avaient marrent. Non mais ils étaient déjà assez mouillés comme ça. Je soupirais doucement. Devais-je garder le silence ? Une part de moi me disait que c’était mieux ainsi mais une autre était tellement fatiguée de la descente aux enfers de la famille. Je tentais de rester sur terre et ne pas plonger comme certains mais pas comme d’autres. Pourquoi tellement de décadence. J’en devenais dingue, tellement. Je savais que Luke n’aurait vraiment pas aimé ça. Il était tellement médiateur mais il n’aimait pas non plus les conflits et toutes les façons dont on s’y mène. Il était l’un des seuls à avoir pardonné à Joan et même dans l’ombre. Dans un sens, je le comprenais. Oui enfin disons qu’il était bébé et ne l’avait jamais connu… Il voulait sûrement simplement retrouver ses racines ? Je ne lui en voulais pas même si je lui en avais voulu. Sans vraiment retourner mon attention vers elle, pas du tout même. Je ne l’avais pas regardée depuis qu’elle était dans la voiture, je n’en pouvais plus et j’étais fatiguée. Je voulais juste rentrer chez moi et retrouver mon cocoon pour m’y enfermer quelques jours et peut-être continuer à préparer mon mariage ? Bientôt cela allait être le festival de la fraise et il fallait aussi que j’y pense. C’était vraiment dans pas longtemps et j’avais comme toujours un stand là-bas. Il fallait aussi que je trouve le déguisement de Nora et que je m’organise. Je ne voulais pas vraiment rester sur ce moment négatif. « Le passé est le passé… il est temps d’accepter le présent et faire honneur à la mémoire de Luke ! », lâchais-je alors tout simplement en continuant de conduire. Il fallait bien que je le dise. Luke ne voudrait pas ça, c’était un fait. Il ne voudrait pas que la famille se décompose. Je soupirais doucement, restant attentive à la route et conduisant dans le plus grand des silences du moins de ma part. Je ne voulais tout simplement rien rajouter, je n’en voyais même pas la peine.

Pour le coup, Jane se sentit comme la plus horrible des mamans. Ne pas être là pour aider et réconforter sa fille dans les moments difficiles de la vie, c'est impardonnable. Lullaby est douée pour cacher ce qu'elle ressent mais ce n'est pas une raison valable. Si Jane n'aurait pas été autant tournée sur sa propre peine, elle aurait vu celle de sa fille. Maintenant elle culpabilisait, ce qui n'arrangeait pas son cas. Mais au moins, ça eut le privilège de la calmer. L'ambiance n'était pas au mieux dans la voiture, mais ça ne criait plus. Le silence en était devenu pesant et lourd à supporter. Jane observait le paysage défiler en se perdant dans ses pensées.
Les dernières paroles de sa fille avait été clair. Jane n'avait plus dit un mot. Tout comme avec Holden, elle ne pouvait pas non plus se confier à Lulla. Elle n'essayera pas avec un autre. Si c'était prendre le risque de perdre l'amour et la confiance de ses enfants, ce n'est pas la peine. Les deux aînées la détestent déjà, autant garder les petits derniers proches. Bien que Kennedy, elle ne le voit plus vraiment depuis qu'il est partit vivre avec sa femme. Et Rhia ne donne pas vraiment signe de vie ces derniers temps. Ne reste plus que Grace et Andrew. Ces deux-là, elle va les préserver de tout. Au risque de les surprotéger ou de trop les gâter. Elle a merdé en tant qu'épouse. Elle a merdé en tant que belle-maman. Alors elle va tout faire pour être une bonne mère.
Elle pensait à tout ça sur la route jusqu'à ce que la maison soit dans son champ de vision. Elle regarda un peu la belle bâtisse avant de détacher sa ceinture de sécurité et regarder Lullaby qui semblait s'être fermée comme une huître.

_ Merci de m'avoir ramené.

Autre chose à dire ? Ça ne servirait pas à grand chose. Elle se contenta donc de descendre de la voiture et attraper son sac. Elle porta une main à ses cotes douloureuse et elle se risqua à se pencher un peu pour lui parler à la vitre de la voiture.

_ Je t'aime Lulla.

Elle n'attendit pas de réponse. Elle savait qu'elle n'en aurait pas. Triste et désorientée, elle rejoignit la maison qui devait probablement être vide.

Le voyage le plus long de ma vie, c’est peut dire en fait. J’avais simplement conduit sans plus vraiment ouvrir la bouche sauf pour respirer. Oui, je vous jure que je respire en fait. Enfin bref, oui, je vous assure que je suis un être humain. Alors que j’arrivais presque à la maison des Jones, je sentais une bizarre impression qui allait me rester. L’impression du changement. Oui, la vie change et les gens évoluent. Les gens passent d’une émotion à l’autre. Je commençais à être fatiguée des nouveautés et de la vie qui se remue dans ma tête. J’inspirais doucement une fois garée et la laissant sortir après qu’elle ne me remercier. J’hochais doucement la tête tout simplement en guise de remerciement et penchant la tête. En fait, j’étais perdue. Tellement perdue. Je ne savais pas trop quoi dire ou quoi faire. Je préférais clairement m’enfuir et partir vivre en Guadeloupe aussi vite que j’y étais arrivée. Une fois là-bas, je ferais ma vie loin des soucis avec mon futur mari et ma fille. Et peut-être que je prendrais mon papa entre deux bagages contre sa volonté. Ligoté dans une valise ? Ouais, voilà avec une chaussette ou un boxer à Aiden dans la bouche pour qu’il ne crie pas au kidnapping. Je pendrais peut-être aussi Kate ligotée aussi entre deux soutiens à gorge avec une sucette à Nora dans la bouche. Elle serait tellement mignonne comme ça. Fin bref, je suis cinglée et bonne à enfermer. Je me contentais de la regarder se pencher à la fenêtre pour me dire ses mots. J’haussais doucement les épaules. « Ne me trompes pas alors ! », soufflais-je avec une sorte de sarcasme. Oui, j’ai du cœur mais je n’étais pas du tout apte à parler avec celui-ci car il était blessé. Il n’était pas en état pour de la sentimentalité. Je n’en revenais pas. Comment on pouvait aimer et être infidèle ? L’alcool n’était pas vraiment une bonne raison à mes yeux. Pas du tout même. Ce n’était pas logique. L’alcool ne sert à rien qu’à être une bonne excuse pour faire ce qu’on veut faire. En gros, non, je ne comprenais tellement pas son geste, son acte mais si seulement c’était tout. Je soupirais doucement en la regardant. « Bonne soirée ! », disais-je en fermant alors la vitre et pas à son nez. J’attendais réellement qu’elle se pousse. Je rentrais alors tout simplement chez moi pour m’occuper de mon mari qui avait été poignardé et qui était toujours blessé de notre agression car lui, il ne me décevait pas. Je l’aime.