Ma priorité en ce moment n’est rien d’autre que l’amusement. Prendre le temps de faire des choses, avoir des occupations qui me permettant d’avoir les pensées ailleurs. Si je ne le fais pas, je vais sans doute être triste et je n’en ai pas envie. Je ne peux pas être dans un état comme ça alors que je vais pouvoir vivre mon rêve dans quelques semaines seulement. Je n’ai donc pas le temps de penser à des choses qui se passent mal en ce moment. J’ai participé il y a quelques semaines seulement à un concours sur les réseaux sociaux et j’ai pu avoir des places pour l’avant-première d’un film qui me semblait vraiment agréable à voir. Je n’aurais sans doute pas voulu jouer si ça ne m’intéressait pas de toute façon. J’ai longuement hésité ensuite, m’y rendre ou pas. Mais le soir est maintenant venu et j’ai décidé que j’allais y aller. Je n’ai rien d’autre à faire de toute façon donc autant allé au cinéma. C’est une chose que j’aime faire. J’ai apprécié le moment avec Andrew la dernière fois. Je rigole toujours quand je suis avec lui. J’espère que nous resterons amis malgré tout. Mais pas question de penser à ça plus longtemps. J’ai pris du temps pour me préparer. J’ai mis une simple combi-short, de couleur noire, des petites sandales et j’ai laissé mes cheveux pendre. Je n’allais pas faire de chichi de toute façon. Puis je ne pense pas que ma tenue soit choquante bien au contraire. Moi s’est ce j’aime, c’est ce qui compte. J’ai rempli mon sac de toutes les choses dont j’avais besoin. Puis je suis descendue. J’ai indiqué à mes parents que je sortais et je suis partie sans attendre. Ma voiture est très utile en tout cas, au vu des déplacements que je peux faire. Le chemin de chez moi au cinéma n’a pas été long. Comme d’habitude, le plus long, c’est de trouver la place pour pouvoir se garer. Je trouve toujours mais je trouve ça vraiment chiant. Je ne pense pas être la seule. Maintenant que c’est fait, je peux bouger pour aller dans le cinéma. Il semble y avoir assez bien de monde en tout cas. Le film aura du succès. J’avance pour pouvoir rejoindre l’intérieur. Je montre la place que j’ai pour pouvoir passer et j’avance suivant les autres. Beaucoup veulent des photos avec les acteurs. C’est vrai que ça donne envie. Surtout quand on les voit si proches. J’ai envie aussi mais je suis sans doute trop timide pour faire la demande. Je ne le suis pas habituellement mais avec des personnes importantes comme ça, je ne préfère pas déranger. J’ai donc continué la route, prenant de quoi manger. Quelque chose de léger qui correspond au fait que je sois végétarienne. J’ai payé puis je me suis rendu dans la chambre. J’ai pris place au siège indiqué sur le ticket même si dans le fond ça n’a pas beaucoup d’importance. Je me suis mis à regarder les personnes qui arrivaient petit à petit. Puis j’ai sorti mon téléphone pour lire les nouvelles qui se trouvent sur le net. Mon téléphone manquant de batterie, il s’est éteint quelques minutes après. J’ai soupiré et je l’ai rangé puisqu’il me servait plus à rien. J’ai dû patienter pendant plusieurs minutes avant que le film ne commence. J’ai regardé avec attention, appréciant les scènes et ce qui se passait. Puis l’entracte est finalement arrivé. Ayant une envie pressante, j’ai pris mon sac et j’ai quitté la salle pour pouvoir me rendre dans les toilettes, pour femme évidemment. J’ai pris le temps pour faire ce dont j’avais besoin de faire, sortant ensuite pour pouvoir m’essuyer les mains. J’étais d’ailleurs concentré dans ce que je fais quand tout d’un coup une alarme s’est mise à se faire entendre. Je n’avais aucune idée du pourquoi. « - Qu’est-ce qui se passe ? » Ais-je demandé en voyant qu’une jeune femme était au même endroit que moi. Elle en savait peut-être plus que moi après tout. Bien que j’en doute un peu. J’ai poussé la porte pour pouvoir sortir et voir mais une personne est passé à ce moment-là et m’a demandé de rester où j’étais. J’ai donc refermé la porte en soupirant ne sachant pas vraiment quoi faire sur le moment, surtout sans batterie sur le téléphone.

En me retirant du projet sur lequel je travaillais précédemment et en m’isolant à Pasadena, j’avais pour espoir de ne plus être Breanna Hardy l’actrice pendant quelques jours, quelques semaines, voire quelques mois. Je ne l’avais pas décidé, j’avais pris la décision de prendre le temps qu’il fallait, parce que je n’avais toujours pas réussi à composer avec ce qui s’était passé, soit l’agression, puis l’annonce de ma grossesse qui bouleversait encore toute ma vie, et certainement pas pour le meilleur en ce moment. Au début, cette idée fonctionna plutôt bien, mais rapidement, la réalité me rattrapa. Mon manager me rappela que je devais prendre part à l’avant-première du dernier film que j’avais tourné, à New York et Los Angeles prioritairement. Rapidement, je lui avais dit que je n’en avais pas envie, bien loin de là. Pour sûr, je l’avais choqué par une telle révélation, parce que ce n’était pas moi qui se plaignait de ce genre de chose en temps normal, mais retourner sur le tapis rouge, me faire demander par les journalistes pourquoi je m’étais retirée de cette série, de ce rôle qui était parfait pour moi, n’était pas quelque chose à quoi j’étais prête. Finalement, j’avais réussi à négocier pour prendre part à une avant-première plus petite, ici à Pasadena, qu’ils allaient vendre sur le fait que j’étais née ici, et ce genre de chose dont je ne m’occupais pas. Ce n’était pas l’idéal non plus, mais je ferais avec. Le soir venu donc, j’avais grandement compté sur coiffeuse et maquilleur pour que je n’aie pas l’air d’une épave. Avec mes nausées matinales et ma fatigue constante, inutile de mentionner que je n’étais pas sous mon meilleur jour quand j’étais seule chez moi. Comme à leur habitude, ils firent un chef d’oeuvre, et combiné avec le fait que je n’avais pas encore pris de poids et que la robe qu’on avait mis à ma disposition m’allait encore comme un gant, je pourrais presqu’oublier pendant une soirée que j’étais enceinte. À l’arrivée au cinéma, en compagnie des amateurs qui avaient, pour la plupart, gagné leur place à cette avant première, ce fut ce qui arriva; je repris contact avec quelque chose qui me plaisait, remerciant intérieurement l’organisation de cette soirée qui, dans un premier temps, se déroula pour le mieux. Une fois à l’intérieur, j’allai prendre place dans la salle de cinéma, sur le siège qui m’avait été réservé, puis je regardai le film. Heureusement, je ne bronchai pas en me voyant apparaître à l’écran, à croire que j’avais l’habitude, jusqu’au moment où une scène survint où mon personnage - moi-même donc - devait en séduire un autre pour l’emmener dans son lit. Malheureusement, plutôt que de me rappeler les fous rires que nous avions eu à faire cette scène au moment du tournage, tout ce qui me vint en tête, ce fut ce que ce salaud m’avait dit, le lendemain de la soirée, quand il s’était vanté de ce qui s’était passé… Prise d’un violent haut-le-coeur, je me précipitai à la vitesse de l’éclair vers les toilettes les plus proches alors que les lumières s’étaient à peine allumées pour signifier la pause qui permettrait aux gens de se dégourdir les gens. J’entrai en trombe, ne fit même pas gaffe à la jeune femme qui, clairement, avait été plus rapide que moi pour se rendre aux toilettes et la bousculant légèrement alors qu’elle semblait vouloir dire quelque chose. À ce moment, la sirène qui avait retenti dans le bâtiment n’était même pas parvenue à mes oreilles. Aveuglée, assourdie, je cherchai qu’à atteindre la première cabine libre, m’y engouffrant avant de me jeter à genoux sur le sol et y laisser tout ce que j’avais mangé à mon arrivée au cinéma, voire même peut-être chez moi, à l’heure du déjeuner. Je ne cherchais plus à le savoir, cela survenait si souvent que j’étais à ce point persuadée que je ne gardais plus rien à ce point. Rien du tout, sauf cette petite vie qui s’accrochait et qui me causait tant de tourments… Décidément, j’étais maudite. Une fois que je crus être arrivée au bout, je repris quelques instants pour retrouver mes esprits, puis en me tenant un peu plus mal sur les talons que je ne l’aurais voulu, je marchai plus ou moins droitement vers le lavabo le plus proche, faisant couler l’eau pendant un bref moment afin que celle-ci soit aussi froide que possible. C’est là que je me rendis compte que la demoiselle que j’avais légèrement bousculée plus tôt était encore là. Attendait-elle vraiment des excuses ou bien l’avais-je choquée à ce point ? Tentant tant bien que mal de ne pas me montrer énervée, même si au fond, elle n’y était pour rien, je lui dis:  « Quoi ? Qu’est-ce qui se passe ? » Dans ma tête, elle ne pouvait pas attendre pour une cabine libre, elles l’étaient toutes, donc elle ne pouvait pas y attendre quelqu’un non plus… Clairement, il devait y avoir quelque chose qui clochait, mais perturbée, je pensais que c’était avec moi. Je ne voulais pas être égoïste, mais dans le cas présent, je ne savais pas faire autrement.  

Il me fallut un petit moment avant de faire le rapprochement entre la jeune femme qui était dans les toilettes avec moi et la femme que j’ai vue sur l’écran il y a quelques minutes de cela. En même temps, le bruit de cette alarme était beaucoup plus fort dans mon esprit que les personnes qui se trouvent autour de moi, malgré que je lui aie adressé la parole pour savoir ce qui se passe dehors. Elle ne m’a pas répondu trop presser de passer pour aller dans une cabine. J’ai soupiré sans attendre en levant les yeux au ciel. C’est seulement à ce moment-là que je me suis rendu compte de la ressemblance et à mon avis, ça n’en était pas qu’une, c’était simplement la même personne. Je ne sais pas si je dois me dire chanceuse ou non. La jeune femme ne semble pas être de bonne humeur et nous nous retrouvons dans une situation délicate. Sans compter que j’ai pu entendre le bruit venant de sa cabine de toilette. J’ai posé les mains contre le rebord de l’un des éviers en soufflant un bon coup, espérant que la nervosité de la situation partirait mais ça n’est pas aussi simple visiblement. Quelques minutes plus tard, l’actrice sort finalement pour prendre place devant le lavabo qui se trouvait à mes côtés. Je hausse les sourcils alors qu’elle s’adresser à nouveau à moi sans que je ne puisse dire ou faire quoi que ce soit. « - Il se passe que nous sommes coincées dans les toilettes, car si vous ne l’avez pas encore remarqué, une alarme s’est déclenchée. » Dis-je sur la défensive. Ca n’est pas dans mes habitudes de l’être, sauf avec des personnes que je n’apprécie pas, mais le fait qu’elle me parle de la sorte n’arrange rien. Ça me met encore plus de nervosité. Mais finalement je secoue la tête. « - Désolée, ce sont les nerfs. » Dis-je pour ne pas qu’elle pense que j’ai une dent contre elle ou quoi que ce soit. Puis je n’ai pas envie de passer pour une fille complètement impolie. Une chose est certaine, ce qui se passe dehors n’est pas un incendie. Sinon, on nous aurait fait sortir plutôt que de nous interdire de sortir de la pièce. Ce n’est pas l’endroit le plus glamour qui soit en tout cas. J’ai déjà envie de sortir. Je pourrais le faire et ne pas écouter ce qu’on vient de me dire mais ça n’est pas prudent. Bon, j’essaie quand même une fois de plus, mais le policier qui était là avant l’est toujours et fait signe de fermer. Ce que je fais en soufflant longuement. « - Comme si les choses ne pouvaient pas aller bien pour une fois. Je crois que l’année 2016 est maudite ! » Je tourne un peu en rond, les mains posées sur mon sac, m’y accrochant d’ailleurs un peu. Je déteste être coincée dans un endroit. Je ne sais pas pourquoi mais ça a toujours été ainsi. Les endroits clos c’est horrible. Tu as l’impression que tu ne pourras jamais plus en sortir. C’est ridicule mais c’est ainsi. Le stress ne se calme pas quand un coup de feu se fait entendre. Je ne sais pas d’où il vient mais vu le bruit, je ne dirais pas si près que ça mais encore trop à mon goût. « - Est-ce que vous avez votre portable ? Vous avez une connexion internet peut-être ? Ca nous permettrait de savoir ce qui se passe ? Je suppose qu’ils doivent en parler dans les média non ? » J’aurais déjà regardé si mon téléphone n’était pas HS. Je ne sais même pas prendre des contacts avec mes parents. J’espère qu’ils ne sont au courant de rien. Je n’imagine pas comment ils seraient dans le cas contraire. Finalement je reviens vers la porte, collant mon oreille à celle-ci. Peut-être que je vais pouvoir entendre ce qui se dit. Peut-être que le policier à l’extérieur communique avec les autres. Sans doute oui. La prochaine fois que je vais dans un cinéma, j’éviterai sans doute de me rendre aux toilettes durant un film. Sauf si les choses se passent dans la salle qui sait ? Je n’ai pas envie de savoir. Je veux juste que ça se termine et plus rapidement que ça. « - J’espère que vous n’êtes pas trop malade ? Enfin de toute manière nous sommes au bon endroit. » Dis-je en levant les yeux au ciel. Je l’ai entendu être malade quelques minutes avant, je ne sais pas qu’elle est enceinte. Pour moi il s’agit juste d’une indigestion ou un truc dans le genre. Tant que ça n’est pas une gastro c’est le principal. Ce n’est pas le moment d’être encore plus malade à mon avis. Au contraire.

Je ne m’étais pas rendu compte de la rudesse de mon ton de voix jusqu’à ce que la demoiselle qui était restée plantée là me serve une réponse avec le même genre de ton et que soudainement, je me rende compte que c’était limite un écho de ma propre voix, que sans vraiment y songer, j’avais été quelque peu malpolie, ou plutôt, encore plus malpolie compte tenu que je l’avais déjà précédemment bousculée. Pour le coup, inutile de mentionner que je ne me sentis pas tout à fait confortable dans la situation, et je savais que la chose la plus sage serait de m’excuser, mais avant qu’au final, je sois en mesure de faire quoi que ce soit, la demoiselle rousse me devança, s’excusant elle-même en affirmant qu’elle était sur les nerfs. À cela, je ne fis que répondre par un hochement de tête et un minime sourire en coin, signifiant que j’acceptais ses excuses, sans présenter les miennes. Suite à l’annonce de cela, de l’alarme, du fait que nous étions coincées ici, il me fallait un petit moment pour composer avec tout ça, un moment où je ne serais pas obligée de réagir de quelconque façon. Déjà, je choisis de ne pas paniquer par rapport au fait que nous étions coincées ici. Franchement, je préférais être enfermée dans un endroit clos plutôt que d’être à exposition, avoir une mauvaise réaction que bien plus de gens pourraient voir, alors limite, cela m’arrangeait. Enfin, ce serait peut-être encore mieux si j’étais vraiment toute seule, mais je n’allais quand même pas faire tout un cas. Au moins, la demoiselle ne semblait pas m’en vouloir des masses de mon comportement, se contentant de simplement jurer sur la situation, d’une façon qui, malgré moi, me fit lâcher un :  « Je ne le vous fait pas dire. » dans un petit rire à la fois ironique et nerveux, sans toutefois m’étaler plus longtemps. Elle n’avait pas à savoir ce qui me taraudait, elle n’avait pas à savoir quoi que ce soit à mon sujet. De toute façon, cela aurait été difficile d’ajouter quoi que ce soit, puisque sitôt, nous fûmes assourdies par ce qui semblait être un coup de feu. Là, je dus admettre que je fus quelque peu plus paniquée par ce qui pouvait se passer, si bien que pour le coup, je ne sus comment réagir. Je tentai de me calmer légèrement en me disant que nous étions dans un endroit fermé et que finalement, ce n’était pas plus mal, même si clairement, il y avait bien mieux comme situation. Inspirant profondément, je regardai la jeune femme tandis que celle-ci me demandait si c’était possible de regarder sur mon téléphone si je ne pouvais pas trouver quoi que ce soit sur ce qui se passait. Tant qu’elle ne me demandait pas de prendre mon téléphone pour regarder elle-même, cela me convenait, donc je ne posai pas de questions, me contentant d’acquiescer en soupirant doucement. Je pris mon portable dans mon sac, puis tout en repoussant mes cheveux vers l’arrière, je l’allumai, voyant aussitôt un message de mon agent qui me demandait si j’étais en sécurité. Sitôt, je lui répondis que oui, j’étais dans les toilettes, recevant un autre message comme quoi un homme s’était incrusté pour faire un vol à main armée. Roulant les yeux au ciel, je lui dis que je ne bougeais pas des toilettes, puis je dis:  « Il y a un groupe de rigolos qui a voulu braquer le cinéma. » Clairement, il avait choisi le bon soir pour faire ça, parce que vu la première du film, les recettes devaient être plus que brillantes. À moins qu’il voulait juste entrer gratuitement ? J’en savais rien, mais une chose était certaine, c’était que ce n’était pas nécessaire, pas ce soir. Sitôt la nouvelle tombée, en quelques sortes, je vis la jeune femme s’approcher une nouvelle fois de la porte, comme si elle voulait écouter ce qui se passait. À mon tour, je décidai de faire quelques pas en cette direction, voyant soudainement un agent de sécurité à la porte, visiblement destiné à nous garder saines et sauves. Pourquoi ne pas intervenir pour arrêter le groupe de voleurs ? Au moment où cette question me vint à l’esprit, je fronçai les sourcils, mais je ne cherchai pas plus loin, me disant qu’ils devaient savoir ce qu’ils faisaient, et que j’étais en sécurité, pour le moment, donc je n’allais pas m’en plaindre, en gros. Me disant que ça ne valait pas le coup de rester plus près, parce que clairement, ce n’était pas moi qui allait chercher les ennuis, plus maintenant, j’étais en train d’appuyer mon dos sur le mur le plus près pour me laisser glisser au sol  - parce que j’avais décidé de dire merde au fait de rester élégante et garder ma robe impeccable - lorsque la jeune femme me demanda si j’allais être de nouveau malade. Une nouvelle fois, je soupirai, légèrement embêtée qu’elle m’ait entendue mais bon, je n’avais pas appris à vomir silencieusement, personne ne pouvait le faire à mon avis, donc je n’allais pas en faire un drame. Je me contentai de simplement dire:  « Ça devrait aller. » Avec sarcasme, je songeai au fait qu’à ce stade, mon estomac ne devait plus contenir grand-chose niveau nourriture, donc bon… Maintenant il me fallait juste chasser cette sensation dégoûtante dans ma bouche, ce que je fis d’abord en prenant un peu d’eau de la petite gourde que je trainais toujours avec moi maintenant, puis en attrapant un chewing-gum à la menthe. Ce n’était pas aussi bien que de se brosser les dents, mais pour le coup, ça ferait l’affaire. Puis, sachant que mâcher pouvait calmer les nerfs parfois, je tendis le paquet vers la demoiselle, lui demandant:  « Vous en voulez une ? » à tout hasard, l’air quelque peu détaché, même si au fond, cette attitude était surtout pour m’assurer que je n’allais pas commencer à stresser à mon tour, autrement je ne savais pas comment je réagirais, et je n’avais pas envie d’empirer mon état de quelconque façon.

Mon regard se pose sur la jeune femme avant que je ne secoue la tête. Finalement, je ne pense pas qu’être enfermé avec elle soit quelque chose qui me rassure. Pas qu’elle me fait peur, loin de là, simplement elle ne semble pas vouloir de moi dans la pièce. Peut-être qu’elle ne m’apprécie pas car elle n’aime pas, ou alors c’est autre chose. Je n’en sais rien mais ce n’est certainement pas le moment d’essayer de savoir ce genre de chose. Je m’en fiche dans le fond. Je ne la connais pas non plus, enfin pas personnellement en tout cas. N’importe qu’elle personne serait en train de devenir dingue d’être coincée avec une actrice. Ce n’est pas vraiment mon cas. Je crois que j’ai un souci avec les actrices que je rencontre. Pourtant, j’apprécie leur travail. Mais je ne suis pas sympathique quand on ne l’est pas avec moi. Je saisis une mèche de mes cheveux pour pouvoir jouer avec celle-ci. L’enroulant et la déroulant autour de mon index. C’est un geste nerveux, j’essaie de me concentrer sur quelque chose d’autre. Je suis déjà impatiente de pouvoir sortir, pour être certaine que je peux être chez moi en un seul morceau. Je racle doucement ma gorge et la laisse regarder sur son portable comme je le lui ai demandé. Elle regarde ça ou non je n’en sais trop rien. Je l’espère en tout cas. Puis quand elle m’indique qu’il s’agit en fait d’un braquage je lève les yeux au ciel directement. « - Comme s’ils ne savaient pas choisir un autre jour. » Dis-je en soupirant longuement. En plus ils sont armés visiblement puisqu’ils utilisent des armes. Je doute qu’ils viennent dans les toilettes, donc nous sommes à l’abri de ce qui se passe, pour le moment. A moins qu’il recherche l’actrice ? Après tout dans les caisses il n’y a rien puisque c’est une soirée gratuite. J’espère que ça n’est pas le cas. Pour le moment ce qui ne me rassure pas c’est d’être enfermé. Il n’y a même pas de fenêtre dans ces toilettes. C’est totalement clos. J’essaie encore d’écouter ce qui se passe dans le couloir. Le moindre pas peut être utile de toute manière. Mais je m’en détache finalement. Ça n’est pas pour me rassurer tout ça. Je relève les yeux sur la jeune femme lorsqu’elle s’adresse à moi. « - Je veux bien merci. » J’en prends un pour finalement le glisser dans ma bouche. Ca aidera sans doute pour le stress. Je mâche calmement en bougeant doucement dans la pièce regardant ici et là. Les bras croisés contre ma poitrine. « - Je suppose que vous n’avez pas de chargeur Iphone6 sur vous. » Dis-je en haussant les épaules directement. Ca serait peu probable. Je regarde s’il y a des prises. Je ne sais même pas si cet endroit fonctionne correctement enfin de compte. En tout cas, elle ne sera plus malade, c’est déjà une bonne chose. Enfin pour elle. Bien que je lui souhaite d’être bien. Je continue de faire des allées et retours avant de souffler un bon coup. Je m’installe sur le sol m’asseyant simplement. Je fais tourner le bracelet que je porte à mon poignet avant de relever les yeux sur la jeune femme. « - Donc, vous êtes la star de ce film ? Ca doit être génial, de paraître sur les grands écrans. En tout cas, vous avez un bon jeu. » Je repense au film, que je n’ai pas encore pu voir entièrement finalement. Ca ne doit pas toujours être simple d’être acteur. Surtout pour les scènes un peu plus… Osées. Enfin, si la personne ne te plaît pas, tu n’as pas forcément envie d’être obligé de coller ton corps au siens. Je n’aimerais pas moi. « - J’ai l’impression que vous n’en êtes pas si heureuse que ça par contre. » Après ce n’est peut-être qu’une simple impression. Elle me dira quoi. J’essaie de parler, ça m’évite de penser. Je reprends mon jeu avec mes cheveux ensuite en regardant devant moi. Je me demande si j’aurais pu être actrice. Je ne pense pas. Puis ça n’est pas quelque chose qui m’a donné envie. Nous ne pouvons pas tous être les mêmes et heureusement de toute façon.