Je voulais être polie et ne pas causer une dispute de clôture qui aurait tôt fait d’alerter les voisins, ces mêmes voisins qui se seraient certainement fait un plaisir fou à sortir de leur demeure en peignoir et en pantoufles pour venir écouter ce qui se passait et commérer entre eux par la suite. J’adorais mon quartier, ma maison et tout ce qui venait avec, mais parfois, j’avais un peu de mal avec le voisinage, que ce soit parce qu’ils étaient un peu trop adeptes aux commérages à mon goût ou bien parce qu’ils faisaient du tapage jusqu’aux petites heures du matin dans le cas de mon voisin immédiat. Par contre, je devais admettre que j’étais quelque peu énervée par rapport à la veille, puis impatiente de récupérer mon animal de compagnie, alors pour sûr, je ne pensais pas être des plus délicates. En revanche, mes plans furent quelque peu perturbés au moment où je me rendis compte qu’il me fallait baisser la tête pour parler à la personne qui me répondit. Non pas parce que mon voisin était une personne de petite taille - quoique ça m’aurait bien amusée, je devais l’avouer - mais plutôt parce que ce ne fut même pas le propriétaire des lieux qui m’ouvrit, mais plutôt son enfant. Les enfants, la famille, voilà mon point faible. Sitôt, je souris doucement, puis je dis:  « Bonjour ! Dis-moi, est-ce que ton papa est là ? » Le gamin n’eut pas le temps d’aller le chercher que celui-ci apparut dans l’embrasure de la porte, me faisant soudainement perdre mon sourire et mon air ne serait-ce qu’un peu plus sympathique que précédemment. Par contre, je ne fis pas tout un plat, je demeurai plus courtoise et patiente que je ne l’aurais pensé dans un premier temps. Plus encore, je me permis de prendre un air courtois pour lui dire:  « Bonjour. » C’était un bon début, n’est-ce pas ? Au moins, je n’étais pas arrivée comme une furie en lui demandant de me rendre ma chienne. Après une petite pause, parce que quand même, je ne voulais pas passer une éternité en ces lieux, j’ajoutai donc:  « Ma chienne s’est tapée l’incruste dans votre cour et elle ne veut pas revenir. Je ne sais pas ce que vous lui avez fait, mais j’aimerais bien la récupérer. » Je me doutais bien que dans l’immédiat, je paraissais ridicule et je passais très certainement pour la maîtresse qui n’arrivait pas è garder l’emprise sur mon animal de compagnie, mais je m’en moquais. Je n’avais pas envie que Fidjï passe plus de temps dans cette cour arrière avec leur chien. Je savais bien qu’elle voulait peut-être sympathiser avec d’autres animaux, mais elle pouvait bien choisir d’autres chiens, non ? Nous en croisions une tonne lorsque nous allions faire nos promenades, je ne pouvais pas croire qu’elle ne pouvait pas se faire d’autres amis parmi ceux-ci. Enfin, il fallait dire que celui-ci était plus proche, mais bon, je n’avais pas envie de constamment la chercher comme je l’avais fait cette fois-ci, surtout que c’était d’autant plus embêtant considérant le fait qu’il me semblait qu’elle ne m’avait jamais fait ça jusqu’à il y a quelques temps et que je ne pouvais m’expliquer pourquoi, à mon plus grand désarroi.