Le soleil rayonnait sur Pasadena, et l'envie de faire de la moto était omniprésente à chaque instant de ma vie. Je m'était promis de m'accorder un week-end de tranquillité tous les mois, et je m'y tenais. Alors pour une fois que le garage était fermé pour la journée, je me devais de me reposer corps et âme. Après un repas copieux, pour une fois fait-maison, et sans alcool ajouté -je me devais de lâcher un peu ce breuvage- je me préparais gentiment à nettoyer ma bécane et m'assurer que tout tournait rond. Cela me pris environ une demi-heure, et je finis par verrouiller maison et garage. Je fis signe à mon fidèle ami, Léo, de venir et il se blottit contre le réservoir. Il avait appris à rester calme en moto et à bien se positionner pour pas que je le perde en route. Il adorait se balader ainsi. Je démarre ma Dyna et sort de l'allée pour mordre le bitume de Pasadena. Je fais vrombir le moteur ça et là. J'avais fait faire un casque exprès pour mon chien, laissant un passage pour les oreilles, et recouvrant son crane. Et il avait bien évidemment son bandeau pour lui protéger le cou. Il redressait la tête de temps à autre, déployant sa langue après avoir aboyer dés la vue d'autres animaux. Au bout d'un moment, je décide de me stationner devant la boutique de comics de Sarah-Jane. Léo connaît bien cet endroit et bondit pour descendre de la moto une fois cette dernière arrêtée. Je fais de même, retirant son petit casque. Il s'assied devant la porte du magasin, attendant que j'ouvre cette dernière.

Je finis par franchir le pas de porte, et Léo file s'installer à sa place : sur le côté du comptoir, observant la salle et réclamant des caresses aux clients s'approchant de lui. Sarah n'était pas là. Je décide de retirer ma vestes en cuir et dépose mon casque, celui du chien et ma veste derrière le comptoir afin de ne pas déranger sa boutique. Je vois un comics posé en dessous de la caisse. Je le saisis et commence à le lire, tout en caressant ma barbe, accoudé au plan de travail. J'adorais les aventures des Road Force. Un Marvel en partenariat avec Harley Davidson. Ils roulaient souvent aux côtés de la veuve noire et de Cap' America. Sans compter Tony Stark, et son côté Rock'n'roll-mécano.

Absorbé dans ma lecture, un client s'approche de moi et me tends un jeu qu'il compte acheter sans doute. Je relève les yeux et regarde le client d'un air dépité.

_Tu es un client fidèle de la boutique ? Tu dois bien savoir que je ne travaille pas là. Je m'assure juste que personne ne pique rien ici en attendant que mon amie débarque, alors décampe, va faire un tour dans le magasin et fait comme moi, attends son retour! Sans broncher, le client laissant apparaître un air apeuré repris son jeu et file se poster devant un meuble de comics. Je marmonne à moi-même Non mais… J'ai une tête de geek franchement?

Puis je repris ma lecture un moment avant d'entendre la porte de l'arrière boutique grincer. Je lève de nouveau la tête et voit Sarah-Jane apparaître. Je souris, reposant ma bande dessinée et repasse de l'autre côté du comptoir. En lui tendant les bras

_Hey, p'tite sœur ! Comment vas-tu ? Je la serre un moment contre moi, content de la voir et la libère. Je me suis permis de surveiller la boutique en ton absence. Mais tes clients me prends pour l'un des vôtres. Je tourne la tête vers le jeune qui avait l'air traumatisé devant le râtelier de comics.

J'étais content de voir Sarah-Jane débarquer pour se charger de ses clients. Après tout, me considérer comme un geek, c'est presque une insulte pour un biker. Non pas qu'on se déteste, mais nos visions de la réalité sont différentes. Je respecte que des jeunes voient et imaginent le monde autrement. Après tout, sans le Motorcycle Club qui m'a volé tant d'année, je serai peut-être comme eux, qui sait… Mais en attendant, j'en étais pas un. Ces types rêvent de super-héros, moi j'en cauchemarde ! Pour sûr même ! Si un Superman venait sur terre, il me latterai sans doute la tête tant je respire la noirceur de par mes expériences passées. Et puis après tout, si je devais me comparer à l'un d'entre eux, je serai sans doute un deadpool ou deathstroke. Rien d'admirable dans le fait d'être un super-mercenaire ! Bref, voir Sarah me fis sourire.

_ça va, ça va. Je me suis accordé une journée de repos, alors je me suis dis que j'allais venir squatter et traumatiser tes clients. Je ris et lorsqu'elle me dit que j'étais derrière le comptoir, comics en main, c'est vrai que pour le commun des mortels, je paraissais être un employé lambda, ce qui me valu un petit mouvement de tête, acquiesçant cette vision des choses. Bon, soit, Mea Culpa ! J'irai m'excuser tout à l'heure. Par contre, si tu me force à lui faire la conversation sur le monde geek, je te préviens, je pars du magasin directement ! Dis-je en riant.

Je regarde alors son client quand elle me dit qu'elle le compare à Sheldon de Big Bang Theory. Il me fallu un moment pour me rappeler du soap qui passe à la télévision et j'eus de nouveau ce mouvement de tête. _Pour sûr. C'est moi où il est à deux doigts de tomber dans les pommes ? Je ne l'ai pas traumatisé à ce point, tout de même ! J'y suis pas allé aussi fort. Je commencer à me sentir coupable pour une parole. Qu'est-ce-qui dysfonctionnait chez moi ?! J'ai du sang sur les mains, j'ai fais une vraie vendetta en quittant Deadwood, et j'arrive à me sentir coupable pour des mots ! Soudain l'illumination arriva. D'habitudes, j'avais à faire à des truands comme moi. Mais là, il s'agissait d'un gamin dont l'élément le plus violent dans sa vie est de chopper des ampoules sur sa manette ! L'innocence incarnée ! J'élève ma voix et lance au jeune geek. Hey ! Gamin ! Excuse moi pour tout à l'heure ! J'y suis allé un peu fort. Continue de lire des comics ! T'es le gars le plus cool que je n'ai jamais croisé! Je lui fis un clin d’œil et vit à son visage qu'il était devenu fier du compliment, passant du blanc pâle au joues bien rosées. Au moins j'ai appris à m'excuser avec le temps. Peut-être qu'au final, Superman sera conciliant avec moi !

La remarque de SJ sur Léo me fit sourire et je porte le regard sur mon chien. _Je suis pas si sûr qu'il soit sensible aux odeurs. Crois moi, c'est un très mauvais chien de chasse. Non je pense plus qu'il est content de te voir ! Et la promenade, c'est sacré pour lui! J'eus un nouveau petit rire puis me recentre sur Sarah. Parlons peu, parlons bien. J'espère que Yann a prévu un truc pour vous deux à la Saint-Valentin, sinon je lui broies les genoux ! C'est pas parce que les espérances de vie de mes relations sont de plus en plus réduites, que tout doit dysfonctionner dans celles de mon entourage!! Je lui souris, bien décidé à respirer la joie de vivre aujourd'hui.

J'écoutais Sarah-Jane, comprenant un peu plus l'univers Geek et les respectant de plus en plus. Au fond, ils sont seuls, un peu comme moi, maintenant. Je suis un genre de geek dans mon domaine, renfermé sur la moto. Bon, un genre seulement. Je questionne ma sœur sur ses projets pour la saint-Valentin. Pour elle, il reste de l'espoir après tout. Et quand elle me parle de Yann, je me dis qu'en comparaison de ce type, je suis bien plus romantique -et Dieu sait que je suis loin d'être fleur bleue. C'est dommage qu'il ne prête pas plus attention à Sarah. Elle me parle de son concours. J'ai le sourire en coin et réponds

_Si tu veux, je pourrais mettre un affiche dans mon garage, dés fois que des célibataires décident de venir découvrir ta boutique. Ce sera toujours plus préférable pour eux de venir ici que de passer la soirée seuls. Je souris en songeant que pour ma part, je passerai peut-être la soirée à bricoler. Elle me parle d'une bière, j'acquièse et lui dis Avec plaisir. Et toi, tu veux quoi? partant en direction du mini-frigo, me saisissant une bière, et la boisson que Sarah désire. Je lui apporte et ouvre ma canette, pour en prendre une gorgée aussitôt.

_Tu sais ce qu'il manque dans ta boutique ? Un coin musique. Ça serait cool ! Avec des disques de musiques de jeux, ou alors du bon vieux rock. Et ça manque de Harley aussi. Mais ça, c'est mon avis, hein ! Oh d'ailleurs, je ne t'ai pas dis, j'ai retrouvé une knucklehead fl de 1946. La même qu'avait mon père, selon ce que j'ai pu voir sur les photos. Je pense que je vais l'acheter, la rénover et l'exposer dans mon garage. Une véritable pièce de collection. J'eus un sourire en pensant à cette moto. Puis travailler sur des bécanes me manquaient. La dernière commande que j'avais eu était pour Siriam.

Je regardais le Geek qui semblait avoir trouvé son bonheur niveau comics. Je me décale pour le laisser payer ses articles, observant le silence pour que Sarah et lui puissent s'entendre. Il nous regarde et dit timidement au revoir. Je souris et lui réponds Au revoir gamin. Lorsqu'il fut dehors, je me remets à ma place et dit à Sarah-Jane

_Tu vas sûrement m'engueuler mais… J'ai fais un genre de « rechute ». Enfin si on peut dire ainsi. Dirons nous qu'un mauvais client n'a pas voulu payer. Je suis allé avec Abel lui rendre une petite visite et on l'a quelque peu traumatisé. Quoiqu'il en soit, dés le lendemain, il est venu effacer ses dettes. Le genre de boulot bien fait en somme. Bref, au moins, c'est devenu un bon payeur maintenant! Je me mis à rire quelque peu et bu une autre gorgée de ma bière. Faudrait que tu passe un de ces jours à la maison, d'ailleurs ! J'ai retrouvé des photos datant du début où je venais à Pasadena. Il y en a quelques-unes où tu es dessus. Ton père et ton frère aussi d'ailleurs!

Une bouteille d'eau ? Cela m'étonnait de sa part. Dire qu'elle et moi avions l'habitude de descendre des bouteilles de whisky certaines soirées. Mais je respecte et lui fournis sa boisson fade. Je l'écoute parler de sa taille et lève les yeux au ciel en riant légèrement. Sacré Sarah-Jane. Parfois je me demande sur quelle planète elle vit. Pour l'affiche, je me contente d'un signe de tête. Pas besoin de s’éterniser là dessus. Je suis pas du genre à stagner sur un sujet après-tout. Le projet de coin musique l'enchante, ce qui me fait plaisir. Après tout, la musique, c'est sacré. Je conçois d'un signe de tête que pour les Harley ce n'est pas la même chose. Mais une proposition me vint en tête.

Si tu as besoin d'un investissement pour le coin musique, je suis pour. Tu pourrais peut-être faire une scène, où des types jouant à guitare héro serait aux côtés de vrais musiciens ! Quoiqu'il en soit, je suis prêt à m'associer avec toi pour que le projet aboutisse. Puis je suis pas vraiment chiant. Tu géreras tout. Je regardais la salle d'un coin de l'oeil. Et compte sur moi pour les « gros bras ». Depuis quand je te laisserai tout faire, petite femme fragile! Je pris mon air de taquin. Ce dernier point, sur sa fragilité, je ne le pensais pas. Elle était le symbole de la femme forte par excellence. Elle était apte à tout encaissé. Puis avec un père comme le sien, elle n'avait pas réellement le choix.

J'en viens à parler d'une bécane particulière. Le soutien de SJ est important à mes yeux. Je m'imaginais la réstaurer, prendre mon temps, réussir à en faire une bécane comme neuve. J'en viens à parler du mauvais client. Sarah en ris même si elle ne cautionne pas je suppose. Je me mets à rire à mon tour. Non, il s'est pissé dessus, c'est guère mieux! Elle me demande si il s'agit bien d'Abel le boxeur. Je fais un signe de tête affirmatif. Bien sûr, ce même Abel.

Je lui propose de passer à la maison un de ces jours, en ce qui concerne les photos que j'ai retrouvé. Elle fait un constat au préalable, s'imaginant nos têtes. J'affirme et lui dit Tu peux même pas imaginer la choucroute que tu avais à l'époque sur la tête! Je ris de nouveau. Elle me dit qu'elle n'a pas vu son père depuis un moment. Je grimace puis elle se rassure aussitôt. C'est vrai que le père Hillsdone a toujours eu la bougeotte. En quelques sortes, il a été un peu mon mentor, à mon arrivée sur Pasadena. Léo se relève et fait le tour de la pièce, puis revins avec une peluche de Dark Vador dans la bouche. Je lève les yeux au ciel.

Bon, eh bien je crois que mon chien à choisis le jouet qu'il voulait. Tu me diras combien je te dois pour la peluche. Lorsqu'il mordille son ventre, une voix grave retentit, émanant du jouet. Je suis ton père, Luke! Je me mets à éclater de rire.

Je souris lorsqu'elle me refuse l'investissement. A vrai dire, si je lui proposais de l'aide, c'était d'un esprit d'entrepreneur à un autre. Quand on a sa société, c'est important d'aider les autres, car avec toutes les taxes qui tombaient chaque année, ça n'était jamais aisé. Pour ma part, je vivais encore sur ce qu'il me restait de Deadwood, et les bénéfices engendrés par mon garage. Si je souriais ça n'était pas le côté « patron » qui surgissait, mais l'ami. J'étais content de savoir qu'elle était auto-suffisante en terme de dépenses. C'est que ça roulait niveau boulot pour elle. Un autre patron aurait été mécontent, voyant ses chances de devenir actionnaire majoritaire se réduire à néant. Je t'aiderai pour la déco, mais garde ton magasin pour toi, frangine. C'est ton territoire. Je ris de sa réaction à mon « petite femme fragile ». Elle savait se montrer forte. J'aurai été idiot de le nier. Elle comprenait la taquinerie. Même si sa mésaventure avec les étagères me fit sourire, elle était capable de beaucoup. C'était une Hillsdone après tout ! J'en viens à avouer pour le mauvais client et je sens que si Sarah-Jane ne me connaissait pas aussi bien, elle m'aurait disputé. J'aurai vraiment voulu, je l'aurai laissé dans un bien pire état. Ouaip, c'était un mec. Qui puait la pisse et suintait la sueur de peur, mais avant que je lui mette ce coup de pression, il jouait les bonhommes!

Je sentis la jeune femme quelque peu gêné lorsque je parlais du passé. Il ne fallait pas que je m'attarde sur ce sujet sensible non plus. J'allais finir par déterrer de mauvais souvenirs. Fort heureusement, Léo fit irruption, un Dark-Vador parlant en peluche dans la bouche. Les « Je suis ton père, Luke » ou « rejoins le côté obscur » résonnait dans le magasin au rythme des machouillement que Léo assénait à son nouveau jouet. Lorsque Sarah-Jane finit par dire qu'il allait appréciait l'univers geek je ne pus m'empêcher de rire. Tant qu'il ne passe pas toute sa vie devant les jeux vidéos, ça me va. Je riais de nouveau imaginant Léo, une manette dans les pattes. Ce serait un carnage, sans doute. Mais je te rassure, il a tendance à être cleptomane. A cause de lui, j'ai dû racheter une « Reine des Neiges » à Chloé, la fille d'Abel. Il l'avait complètement dévoré ! Enfin… Je l'ai remercié quand même… Elle chantait en boucle « libéré délivré »… Je ne pus m'empêcher de regarder mon chien d'un air complice. Puis elle me dit que celui de Yann en faisait autant. Elle me propose d'aller fumer. J'accepte d'un signe de tête. Dés que je me recule du comptoir, Léo se lève, sa peluche toujours dans la bouche. J'ouvre la porte, il sort, et j'attends que Sarah-Jane en fasse autant. Un peu de galanterie dans ce monde de brut, tout de même.

Je m'appuies contre le muret inférieur sous sa vitrine, et sort une clope de mon paquet. Je lui tends ce dernier pour qu'elle se serve et j'allume nos cigarettes. Dis voir, je me demandais, un de ces jours, j'aimerai partir en vadrouille avec Abel. Ça te dérangerai pas si je te confiais Léo ? Ce serait le temps d'une semaine, mais à part Abel et toi, je ne connais personne qui sache se faire obéir du cabot. Il nous regarde en redressant les oreilles, sachant qu'on parle de lui. Puis il sait se faire comprendre, lorsqu'il a besoin de sortir, ou s'il a faim. Je me rends compte que je ne lui laissait pas vraiment le choix, d'apparence. Je me rattrape en disant Si tu peux pas, c'est pas grave, ce ne serait pas la première fois qu'il part en virée moto avec moi.