La saint-valentin… je n’aimais pas cette fête, devenue commerciale. Mais la passer avec Summer venait de me la faire voir d’une autre manière. Je venais de passer une soirée mémorable et je pense que la brunette également. Il était tard et je n’avais plus de jambes, ni de pieds. Je pense que je préférais me rouler jusqu’à chez moi plutôt que de marcher encore trois pas en avant. Je m’assis sur un petit muret et sortis mon téléphone. J’avais annoncé à Summer que je rentrais en taxi, de son côté, elle avait décidé de finir la soirée chez elle. Ce qui n’était pas plus mal même si elle avait pu rentrer avec le jeune homme qui l’avait légèrement dragué durant cette soirée. A y repenser ça me fit plus que rire. Il était presque trois heures du matin et j’étais morte de rire. Si tard ? oui, bébé Montgomery m’avait laissé en paix jusqu’à présent et il manifestait qu’il était réveillé, donc pas question pour moi de dormir. Je n’en avais pas non plus l’intention. J’étais en forme et pourtant je n’avais bu que de l’eau ou alors des diabolos citron ou fraise. Ce qui fait que d’ici une bonne demi-heure j’allais avoir envie de faire pipi. J’allais composer le numéro du taxi quand me vint une idée. Si mes souvenirs étaient bons, Grant n’avait rien de prévu pour la saint-valentin. Un sourire malicieux passa sur mon visage. Oh oui, ça faisait très longtemps que je ne l’avais pas embêté de la sorte. Après tout c’était mon meilleur ami, il se devait d’être là pour moi dans les pires comme dans les bons moments. Ne prenez pas ceci comme une déclaration de mariage ! Je composai son numéro mais attendis avant de l’appeler. Il fallait que mon plan soit parfaitement joué. Du coup, je retournai dans le bar ambiancé que je venais de quitter et observai une jeune femme qui aurait pu être moi il y a quelques mois. Ok, appuis pas stables, cheveux ébouriffés, voix rauque –ceci allait être le plus dur à jouer-, gestes désarticulés, yeux vitreux. Ouais ok, j’avais le code en tête. Il suffisait de redevenir la Avery que j’étais devenue il y a quelques années et que j’étais il y a alors sept mois. Pas compliqué. Mais cela me laissa un arrière-goût d’amertume. Je n’aimais pas me rappeler cette période. Grant m’avait prévenu et j’étais tombée enceinte. Ah oui, voilà, j’allais jouer sur ça aussi. Oulalala, je sens que ça va être drôle. Ressortant, je me rassis sur mon petit muret et fis des essais de voix. Une fois que je sentis que j’avais tout bon, je recomposai le numéro de mon meilleur ami et vis sa tête s’afficher. Je souris puis attendis… et attendis… puis une voix se fit entendre. « Grant ? Graaaaaaaaaaaaaant ? C’est toiii ? » Je le laissai répondre, l’entendant parfaitement mais faisant la fille parfaitement bourrée. « J’ai fait une pitite bitise… J’ai… bu.  Roooh ! C’est pas bien Avy ! » Je parlais d’une voix aigüe comme toutes les filles qui sont totalement bourrées. Je n’avais pas perdue la main !  Où j’étais ? Je regardai autour de moi et trouvai l’adresse. « Euh… je suis entre deux arbres… pis il fait noir… Grant j’ai peur… J’aurais pas dû boire. » Je fis même semblant de pleurer. Franchement j’étais douée. Puis je me repris et articulai l’adresse de où je me trouvais et raccrochai en riant franchement comme une pétasse. Voilà, c’était fait et j’étais sûre que j’allais me faire engueuler. J’avais promis de ne pas toucher à l’alcool pendant ma grossesse en même temps seules les femmes inconscientes le font, moi j’étais parfaitement mature et consciente de mes actes. Mais je voulais jouer, je voulais lui faire peur et aussi m’amuser. Autant pimenter la saint-valentin comme on le pouvait non ? Je ne faisais qu’observer mon portable tout en caressant mon gros ventre. Franchement j’espérais qu’il allait vite arriver car j’avais tellement envie de faire pipi que j’aurais pu le faire dans les buissons d’à côté. « Ahlalala ! J’en fais voir de toutes les couleurs à Grant, tu ne trouves pas ? » Pour réponse, j’eus le droit à plusieurs coups de pieds, ou tête, je ne sais pas trop. « Tu trouves que je suis méchante, c’est ça ? » Je soupirai et faillis le rappeler pour ne pas se presser et lui dire que c’était une connerie. Mais ça allait être pire et il pourrait avoir un accident. Du coup je l’attendis patiemment et décidai de jouer le jeu encore un peu plus longtemps ou pas selon sa réaction. D'ailleurs j'attachai mes cheveux dans un chignon lâche, laissant trois quatre mèches dépasser exprès, pour ce qui était des yeux vitreux pas besoin. Ca suffirait, puis je sentais l'alcool et la fumée de toute façon. Le bar avait fait son travail sans le vouloir. Quand j’aperçus sa voiture au loin, je me mise debout tant bien que mal et gesticulais dans tous les sens les bras. « Ououuuh, Grantounet ! Suis là ! » Me tenant le bas du dos, je lui offris un grand sourire débile. « T’es venu… T’es trop mignon ! » Vraiment, si je n’étais pas actrice, je ne sais pas ce que j’aurais pu faire à la place ! Ce rôle m’allait à merveille et à en croire la réaction de Grant, je ne pense pas que de son côté, il allait m’offrir un magnifique oscar… Je souris bêtement et enlevai mes chaussures pour lui tendre. « J’ai mal aux pieds. » C’est tout ce que je trouvais à dire en plus. Est-ce qu’il allait exploser comme une cocotte-minute ? Je ne pouvais pas le dire, du coup je regardai mes pieds et sentis le sol frais me faire un bien fou. Je me retenais tellement de rire et de lui faire genre « hé c’était une caméra cachée ! » mais non, je ne pouvais pas. Pauvre Grant, ce n’était pas de bol d’avoir une meilleure amie comme moi. C'était sûr, il allait me détester...

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Je ne voulais pas faire ça au début mais je me dis que ça faisait vraiment longtemps que je ne lui en avais pas fait voir de toutes les couleurs. J’étais sage à présent, très sage à cause du ver de terre qui était en moi. Je prenais mes responsabilités malgré mon jeune âge. Je faisais avec et au final, cela m’avait fait grandir. J’allais devenir mère, plus tôt que prévu certes, mère célibataire. J’avoue que ça me faisait peur et plus la date fatidique arrivait, plus je flippais. C’est pour cela qu’il me fallait de la distraction, mon lot de fou rire et de conneries. Et celle-ci en était une parmi tant d’autres… Pauvre Grant, il allait en baver ce soir et pire, il allait me détester. J’allais devoir lui préparer une tonne de gâteaux pour pouvoir me faire pardonner… Tout sourire, j’avais donc préparé mon plan. Trafiquer ma voix était la chose que je faisais le mieux que ce soit pour le travail ou juste pour amuser la galerie. Si j’allais bien ? Oh oui parfaitement ! Mais lui, devait penser le contraire du coup je réfléchis avant de répondre. « Je crois. On va bien bébé Montgomery ? Oh oui oui oui ! » Voix niaise et hop le tour était joué. Franchement, Grant allait devoir m’offrir un oscar pour cette magnifique comédie après m’avoir sermonnée. Je savais que jouer avec le bébé ce n’était pas drôle mais là j’avais juste besoin de décompresser et de passer un peu de temps avec mon meilleur ami. J’avoue que j’aurais pu faire autrement mais autant qu’il rapplique le plus rapidement possible, non ? Je continuai mon blabla de fille complètement bourrée en lui précisant l’adresse, lui montrant que j’étais tout de même lucide de mes actes. Ca oui, je l’étais, pour lui j’étais juste défoncée encore une fois comme il y a quelques mois auparavant. Quand j’entendis son « j’arrive », je souris bêtement et raccrochai. Voilà, plus qu’à l’attendre. J’étais fière de moi pour ce coup, je fis même une petite danse de la victoire mais vraiment petite, genre un mouvement en l’air et voilà. Je me rassis sur le petit muret et me massai le bas du dos. Franchement, je détestais avoir mal aux reins. Je grinçai des dents et fermai les yeux en respirant l’air frais de la nuit. Cependant j’ouvris grand les yeux. Grant n’avait pas de voiture… Quelle conne j’étais ! Comment il allait faire. Merde. Il allait venir en trottinette deux places et mettrait plus de deux heures à arriver. Sauf s’il était assez intelligent pour trouver une voiture ou prendre un taxi et de demander au chauffeur « suivez cette adresse ! » comme pour dire « suivez cette voiture, monsieur et vite ! ». Je me faisais des films mais ça me faisais rire en attendant que monsieur daigne arriver. Je me mordis la lèvre inférieure et me mis à marcher le long du muret. Comment allait-il réagir ? Je me grattai la tête et vis des phares m’éblouir. Le voilà, mon sauveur. Reprenant mon rôle d’actrice qui était une jeune femme bourrée et enceinte jusqu’aux yeux, j’agitai les bras pour lui montrer que la baleine se trouvait ici. Sa première phrase me fit sourire intérieurement et je parlai d’un voix un peu rauque et aigue à la fois. « J’sais pas t’aurais pu être avec … comment c’est son joli prénom déjà. Ah oui, Me-ga-ra ? » J’avais prononcé son prénom en détachant chaque syllabe pour accentuer encore plus mon jeu. Je pouffais et lui tendis mes chaussures. Là par contre, c’était vrai mes pieds me faisaient souffrir et j’avais l’impression de marcher sur des œufs. J’allais lui répondre quand il posa ses mains sur mes joues pour me forcer à le regarder. Et je perdis contenance… Je fermai les yeux savourant juste quelques instants ce moment et les ouvris. Je ne sais pas pourquoi mais ça me perturbai. J’ouvris la bouche et la refermai puis décidai de parler. « Meuh non, personne m’a fait du mal. J’avais envie de boire… alors j’ai bu… » Je me mordis l’intérieur de la joue et fis planer un blanc car je ne savais pas quoi faire. Lui dire ou continuer à rigoler. Je regardai le haut de son torse sans croiser son regard. Le problème c’est qu’avec Grant on a pas forcément besoin de parler pour se comprendre, c’est-à-dire qu’il peut savoir quand je mens et ça je l’avais oublié dans mon plan. Je secouai un peu la tête et posai mes mains sur les siennes et lui offris un grand sourire. « J’ai bu de l’eau Grant. Rien que de l’eau, bon un peu de diabolo citron. Bref, j’ai pas bu d’alcool. » Je fis un petit sourire en coin et lui déposai un bisou sur sa joue. « Je suis désolée mais bon, ça faisait tellement longtemps que je ne t’avais pas fait ce genre de blague. » Je rigolai et l’enlaçai tant bien que mal malgré mon gros ventre. « Tu m’en veux ?... Car en fait… j’ai envie de faire pipi maintenant alors si on pouvait rentrer tu vois… » Je ne le lâchai pas mais je me retenais de rigoler car bon, c’était tout de même une situation plutôt drôle ! Et le bébé, lui, se manifesta en donnant un coup et je me reculai donc malheureusement. « Aoutch… il n’aime pas ma blague. Il trouve que j’ai été injuste avec toi… » Je me mordis la lèvre inférieure et haussai les épaules genre l’air de rien. C’était ce qu’il y avait de mieux à faire. Car là, tout de suite, je ne savais pas ce qu’il en pensait et s’il allait me faire la fête ou bien simplement rigoler.

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Alors oui lui faire quoi que je sois bourrée c’était une mauvaise idée, mais bon je savais qu’il viendrait mais c’était surtout pour rigoler. Cela faisait bien longtemps que je ne lui avais pas fait ce genre de chose, mais si j’avais su comment il réagirait… je n’aurais jamais fait ça. Ah non. Mais valait mieux rigoler plutôt que ce soit vrai, non ? Quand il apparut j’étais toujours en mode actrice pour pouvoir lui faire croire que j’étais bien faite et que j’avais de l’alcool dans le sang. Etant enceinte, c’était déconseillé mais vu mes antécédents, ça ne le choquait même pas finalement. Et c’est ce qui me décevait, j’avais pourtant changé ces derniers temps depuis que j’attendais ce bébé. J’avais radicalement changé, devenant quelqu’un de plus raisonnable, arrêtant de sortir, arrêtant de boire de l’alcool à toutes les soirées qui se présentaient à moi, je ne fumais même plus de temps en temps lorsqu’on me proposait. Bref, j’avais changé et parfois j’avais l’impression que Grant ne le voyait pas. J’étais sa meilleure amie, j’étais Avery Montgomery l’actrice qui commençait à bien se faire connaître, celle qu’il avait connu à l’internat et avec qui il n’avait pas de difficulté à parler à une fille. J’étais sa meilleure amie et rien de plus en fait. Je l’avais vu lorsque j’avais regardé ses commentaires sur facebook avec cette Megara et encore grâce à Dear Mom. Bref… Si j’avais fait cela c’était juste pour l’embêter pas pour me recevoir une claque en pleine tronche, de sentir sa froideur envers moi et de le voir me hurler dessus. Je le sentis lorsqu’il se recula quand je lui avouais que je le menais en bateau. Voilà j’aurais dû ne pas lui dire que c’était un fake mais que j’étais bel et bien bourrée. J’aurais dû le faire un vrai en fait. Je serrais les poings en le regardant et l’entendant me hurler dessus. Et c’était bien la première fois et ça me faisait l’effet d’une douche froide. Je retenais les larmes qui arrivaient, je serrais et desserrais les poings pour ne pas flancher. Il voulait que je lui dise quoi au juste ? Je ne parlais même pas tellement il était en colère et qu’il était en train de me la refiler cette colère. J’essuyais ma joue d’un geste rageur et soupirais pour ne pas exploser. J’étais en train de devenir une cocote minute et je n’allais pas tarder à tout lui avouer s’il continuait comme cela. Rentrer à pied parfait. J’allais le faire. J’étais prête à détourner les talons, chaussures en mains pour rentrer à la maison à pied, ça me ferait du bien et me permettrait de respirer l’air pur de cette soirée merdique. Je l’écoutais me parler comme une merde, accusant le coup. Oui c’était de ma faute mais merde il pouvait ouvrir les yeux aussi. Je pointais mon doigt vers lui, allant jusqu’à lui toucher le torse, m’approchant et levant ma tête vers lui. « C’est bon t’as fini de me parler comme une merde ? » Je continuais sentant la colère monter encore d’un cran. « Et tu ne t’es pas dit que depuis que j’étais enceinte j’avais changé ? Que je n’étais plus la même qu’avant ? Que j’avais arrêté ces putains de soirées ? Que j’avais arrêté de boire et de faire la conne ? Tu ne t’es pas dit une seule fois que j’étais différente ? » Je m’arrêtais, les larmes coulant à flot sur mes joues puis je repris quelques secondes après. « Je voulais juste passer du temps avec mon meilleur ami, bordel ! Je voulais juste te voir toi ! Et ne me dis pas que ta saint valentin était exceptionnelle. Ouais j’aurais pas dû faire ça mais putain t’aurais dû savoir que je n’aurais jamais fait ça. Pas dans cet état ! » Lui dis-je en montrant mon ventre arrondi. Je secouais la tête en soupirant et me reculais pour aller m’asseoir sur le petit muret. Je continuais de serrer les poings me mordant la joue intérieure, je levais ensuite mon regard vers Grant tout en remettant mes chaussures. « Mais je t’en prie ! Rentre en voiture, j’vais rentrer à pied comme tu me l’as si bien suggérer. Désolée d’avoir foutu en l’air ta soirée. En fait non pas désolée. Pourquoi je m’excuserai alors que je t’ai probablement sauvé d’une soirée de merde en perspective d’être dans un endroit que tu n’aimes pas tant. Désolée d’être une amie misérable et pas drôle et tout ce que tu veux. » Je soupirais et me levais à nouveau. Je le connaissais tellement bien que quand il m’avait dit où est-ce qu’il passait sa soirée de saint valentin, je m’étais dit que ça n’allait pas tellement l’enchanter. Je savais également que ce genre d’émotion n’était pas tellement une bonne idée pour le bébé mais là ça avait été trop loin. Ne pas voir que j’avais changé ça m’énervait et surtout qu’il s’emporte comme ça, ça me saoulait. Je partais donc à pieds pour rentrer, même si j’avais vraiment mal aux pieds à l’heure actuelle, je ne pouvais pas me retourner pour ne pas craquer entièrement et lui dire le vrai pourquoi du comment. Ce n’était pas envisageable même si ça m’avait traversé l’esprit plus d’une fois quand je parlais. Et franchement, j’irais sûrement plus vite en me roulant, qu’en marchant. Stupide bébé.

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D’accord j’avais été excessif mais me crier dessus comme il venait de le faire… non, ça ne pouvait pas en être une raison. Et puis ça faisait surtout une éternité qu’il ne m’avait pas parlé comme ça. En fait je pense que c’est ce qui m’énervait le plus dans cette histoire et qu’il n’ait pas remarqué tous les changements que j’avais pu faire depuis cette grossesse. Mais comme il venait de le dire, apparemment je ne comprenais rien… Je serrais la mâchoire tentant de garder ma colère pour moi. C’était de ma faute si on s’engueulait et il était préférable que je garde ma bouche fermée pour l’instant, pour l’écouter parler à son tour. « Et tu voudrais qu’il me soit arrivé quoi ? Qui s’intéresse à une femme enceinte qui peut même plus regarder ses pieds en marchant ? Personne. Crois-moi, j’essaie depuis des mois. » Et même toi, meilleur ami, tu ne le voyais pas que c’était pour toi. Je secouais la tête en soupirant, ça ne servait plus à rien de crier de toute façon, il avait raison, j’avais tort, ce que j’avais fait était puéril. Mais tout de même, s’emporter pour ça… il y a plus grave dans la vie… Le voyant retourné à la voiture, je parlais à nouveau mais je ne m’attendais pas à cette réflexion de sa part. « Très bien… » Vrai il ne l’avait pas demandé, mais je pensais bien faire. J’aurais pu faire mieux que ça en ne jouant pas la conne peut être qu’il aurait apprécié mais pour le coup, tout tombait à l’eau. Et comme il venait de me le dire, que je rentre à pied, j’allais le faire même si je mettais la nuit pour rentrer, je rentrerais à pied ! Marcher allait me permettre de me changer les idées, de penser à autre chose et de réfléchir à ce qui se passait dans ma vie ces derniers temps. C’était une catastrophe. A deux mois de l’accouchement, tout partait en vrille et me mettre à dos mon meilleur ami était bien la dernière chose que j’avais de mieux à faire. J’entendis la portière claquer et étais prête à voir la voiture passer devant moi, me laissant vraiment sur le trottoir, mais non, c’est sa voix qui me fit tourner la tête. Il me ramenait, après ce que je venais de lui faire. Alors ouais, j’avais le cul entre deux chaises, l’ignorer et prendre mot pour mot ce qu’il venait de me dire ou bien le serrer dans mes bras et lui dire à quel point j’étais désolée pour tout ça et que je ne voulais pas en arriver là. Mon choix fut vite fait… même si ce que j’entendis me fit l’effet d’un coup de poignard dans le cœur et … pour tout vous dire, ça faisait extrêmement mal… Je le regardais, je regardais ses lèvres boucher pour me parler, je le regardais sans vraiment écouter ce qu’il me disait, j’avais les oreilles distraites… J’étais distraite, je m’étais bloquée sur la seule chose qui m’avait touchée : je suis sa meilleure amie. Oui, Avery, tu es sa meilleure amie, rien que sa meilleure amie… Tu t’attendais à quoi ? Cependant, je faisais comme si j’écoutais attentivement ce qu’il me disait, ce qui n’était pas vraiment faux à vrai dire. Et l’autre chose que je retenus c’est le fait qu’Andrew avait vu Grant nu, sous la douche. Je ne pus m’empêcher de grimacer d’ailleurs en entendant cette phrase-là. Même moi qui connaissais Grant depuis longtemps, je ne l’avais pas vu nu. Ah. Non, je ne pouvais pas, quoi que sûrement avec de l’alcool dans le sang, je l’avais déjà imaginé mais bon. Bref. Ce n’était pas le sujet. Je soupirais quand il eut fini de parler et essuyais les larmes qui s’étaient mises à couler seules. Bande de traitresses. Comment je pouvais continuer à lui en vouloir après ce qu’il venait de me dire, même si je n’étais que sa meilleure amie. C’était beaucoup plus que je ne pouvais me l’imaginer déjà. Je reniflais, non élégamment, et haussais les épaules. « Du moment qu’il n’y ait pas un clown. » Disais-je en tournant les talons pour aller vers la voiture, me remémorant tout ce qu’il avait pu me dire. « Je tiens à toi aussi et ma réaction était stupide, tout était stupide et je suis désolée. Et comme tu l’as dit, t’es mon meilleur ami et on est Grant et Avery ! » Criais-je en levant le poing vers le ciel puis le laissant retomber par la suite en souriant doucement au beau brun qui se trouvait à mes côtés. « Andrew t’as vu nu sous la douche ? » Demandais-je en montant dans le vieux tacos qu’avait pris Grant pour venir me chercher. Rien que l’odeur, ce n’était pas agréable, j’éternuais et ouvris les fenêtres même s’il ne faisait pas si chaud que ça. « En parlant d’Andrew… est-ce que tu sais… Ah non, je ne peux pas te le dire, elle va me tuer… Mais bon c’est la saint-valentin on s’en fout non ? » Je me questionnais moi-même en attachant ma ceinture et tournais la tête vers Grant en parlant tout bas comme si le CIA allait débarquer à l’improviste. « Aelita aime Andrew ! » Et même en le disant à mon meilleur ami je n’arrivais toujours pas à y croire que mon amie était sur le meilleur ami de mon meilleur ami depuis un moment. Incroyable ! Mais je pouvais compter sur le beau brun, il ne dirait rien. Je lui faisais assez confiance pour lui raconter toute ma vie privée. Et comme il l’avait dit, pas besoin de parler pour se comprendre. « Merci… Merci de m’avoir remis les pendules à l’heure et d’être tout de même venu me chercher. » Car oui, je lui devais au moins ça, au moins ces quelques mots et ce sourire pour lui faire comprendre que je ne le remercierai jamais assez pour tout ce qu’il faisait pour moi. Car non seulement il venait de me faire comprendre que je resterai à jamais sa meilleure amie mais que je l’aimais vraiment pour ce qu’il était.

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Bon, cette histoire allait vite être derrière nous, après tout c’est pour cela qu’on était des meilleurs amis. Je lui offris un sourire et rigolais avec lui par rapport au clown, je passais mes mains sous mes yeux, regardant le noir qui avait coulé. Super. « Tu n’as pas tort, oui. » Je haussais les épaules et réfléchissais à sa question. Oui, depuis le temps qu’on se connaissait il y a bien des choses qu’on avait faites et qui avait été stupides, vraiment débiles même. « Oui, t’as raison. On devrait plutôt compter le nombre de fois où on a rien fait de stupide. » Je rigolais en prenant place dans la voiture, du côté passager. Je bouclais ma ceinture et tournais la tête vers lui en ayant un sourire en coin. « Fallait pas me dire un truc comme ça, tu sais très bien que je retiens jamais ce qu’il faut. » En tout cas, j’allais garder cette information pour un jour où ça me serait utile. On ne savait jamais après-tout, si jamais j’avais besoin d’une arme contre, soit Andrew, soit Grant. Je fronçais les sourcils par rapport au fait qu’il savait pour Aelita. « Mince alors, faut qu’on prévoit un plan d’attaque. On doit sauver Andrew ! J’ai rien contre Aelita mais… elle n’est pas faite pour lui. » Je me mordais l’intérieur de la joue, un peu coupable de ce que je venais de dire mais bon, maintenant que j’avais dit ce genre de choses, je n’allais pas revenir sur mes paroles. Cependant, je pinçais tout de même les lèvres après avoir dit ces choses, ça sortait tout seul et je n’y pouvais rien. Je lui tapotais sur l’épaule et le regardais en papillonnant des yeux. « Il serait temps oui, je peux t’aider si tu veux. » Je rigolais bien sûr, il fallait qu’il trouve qui le poursuivait tous les jours, tout seul. Puis j’allais me cramer si je l’aidais. Et il n’avait pas besoin de moi, il ouvrirait les yeux assez vite. Enfin je l’espérais. Je regardais devant moi et regardais ma tête dans le petit miroir qui se trouvait sur le pare-soleil, j’étais horrible. Je fermais le truc et évitai de croiser mon regard dans les rétroviseurs. Je me faisais moi-même peur. Je l’écoutais avec un sourire sur le visage et secouai la tête. « Non, bien sûr que non, j’étais avec Summer. Soirées entre filles et elle a trouvé un mec pour la fin de la nuit. Enfin je ne sais pas ce qu’ils feront mais ce ne sont pas mes affaires. » Je fermais les yeux et posais mes pieds sur le tableau de bord en grimaçant. « Je te l’ai dit, enceinte, personne ne m’approche. Sauf toi, enfin je pense que tu vas finir par t’éloigner aussi vu l’odeur de mes pieds. » Je rigolais à nouveau et posais la tête contre la vitre. Je préférais cette ambiance plutôt que celle de tout à l’heure. Les hormones travaillaient tellement que je passais d’une humeur à une autre sans trop de difficulté. « Heureuse de t’avoir sauvée alors. » Au final, tout est bien qui finissait bien et j’allais pouvoir passer le reste de la soirée avec Grant, si je ne m’endormais pas sur le trajet du retour. Voilà, j’avais mon meilleur ami avec moi et c’est tout ce qui me fallait pour être heureuse. Pas mal pour une saint valentin.

SUJET TERMINE

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