Je ne suis qu’à quatre mois de grossesse et j’avoue que je commence à en avoir marre de ne pouvoir quasiment rien foutre ! En même temps, j’ai toujours eu l’habitude d’être très active et depuis le début de la grossesse me voilà à devoir rester presque enfermé chez moi. Heureusement que j’ai trouvé des cours à domicile et j’ai même le droit à une visite de mon professeur particulier à domicile deux voir trois fois par semaine. Cette fois c’est décidé, je me reconvertis et je n’ai pas envie de toucher à nouveau au monde de la mode ou même de reprendre mon travail en tant qu’escorte. Je suis bien plus heureuse comme je suis actuellement. Et je suis sûre que j’arriverais à trouver un travail bien payer et qui me fera plaisir. Et le professeur qui m’aide en ce moment à quelques idées pour mon avenir. Je ne sais pas comment il a fait mais, il a réussi à cibler mes points forts, de mes points faibles. Enfin bref, après une matinée à étudier avec lui, l’après-midi est déjà prédestiné à attendre dans une salle d’attente à l’hôpital. Je commence à avoir l’habitude de ce genre se rendez-vous mais, cette fois c’est pour une échographie. Je vais savoir si le bébé de ma tante grandit bien. Je sais que c’est vraiment bizarre comme situation car même moi, j’ai du mal à le dire aux gens autour de moi. Et même ma mère ne m’a pas adressé la parole depuis fin décembre. J’avais enfilé une tunique avec un legging, une bonne paire de chaussures avec un léger talon. Les cheveux attachés en queue de cheval revenu en petit chignon. Une coiffure à la mode en ce moment. Une fois prête, je partis en direction de l’hôpital. Dans ma voiture, je mis la radio ce fut la dernière chanson de Beyoncé. Je chantonnais dessus tranquillement. Bizarrement les paroles me firent penser à Kylian. Mais une fois arrivé sur le parking de l’hôpital, je sortis de ma voiture, je pris le soin de vérifier qu’elle soit bien fermée et je partis en direction de l’endroit on se fait les consultations. Avant, je m’arrête au distributeur de café et je m’en pris un. J’ai besoin de ma dose quotidienne de café ! Je finis par me présenter à l’accueil pour prévenir les secrétaires que je suis présente et comme je l’avais prévue, il va avoir un petit peu de retard sur les consultations. Je me dirigeai alors dans la zone destinée à attendre puis, je sortis mon téléphone portable de mon sac à main. Une femme était présente dans la pièce, je commençai à parler un peu avec elle pour passer le temps. Puis au bout d’un petit moment, le médecin vient pour la faire entrer dans la pièce de consultation. Visiblement il n’y aura peut-être pas trop de retard sur mon rendez-vous. Je finis mon café, et je sortis de la pièce dans l’espoir de trouver une poubelle. Mais lorsque je sortis, j’aperçus Kylian en tenue de travail. Je restai planté là pendant quelques secondes, pour le regarder. J’eus un petit sourire, je ne vais surement pas le déranger pendant son temps de travail. Ce ne serait pas terrible. Je jette mon gobelet puis, je jette un nouveau coup d’œil dans sa direction et je finis par reprendre mon chemin pour rejoindre la salle d’attente.

C’était une journée comme les autres de travail pour moi qui était en train de se dérouler. Enfin, aucune journée ne se ressemblait, puisqu’aucun patient ne se ressemblait, mais il n’en demeurait pas moins que c’était une journée de travail qui s’était commencé tôt ce matin et qui allait terminer en milieu d’après-midi. Je répondais aux appels, je me rendais là où on me disait d’aller et j’emmenais les gens en difficulté à l’hôpital, en tentant tant bien que mal de ne pas trop me casser la tête, parce que je ne voulais pas faire comme précédemment et paraître faible, puis finalement craquer. En ce moment, cela allait plutôt bien, ou plutôt, tout allait normalement, comme ça devrait l’être. Cependant, en cette fin de matinée, quelque chose ne tarda pas à me bouleverser quelque peu l’esprit. En effet, mon partenaire de travail et moi eûmes à aller chercher une femme qui avait appelé elle-même les secours pour qu’on aille la chercher à son domicile, puisqu’elle était sur le point d’accoucher et qu’elle n’avait personne pour l’emmener à l’hôpital. Évidemment, nous l’avions fait sans poser de questions, mais tandis que nous étions sur la route et que j’étais installé dans l’habitacle à l’arrière avec elle, puisqu’elle m’avoua qu’elle avait peur du fait qu’elle serait seule pour son accouchement, sans parler du fait qu’elle devrait vivre le terrible déchirement de voir son enfant lui être retiré sitôt né parce qu’elle ne le gardait pas, faute d’avoir les moyens de s’en occuper convenablement, je ne pus m’empêcher d’avoir une pensée pour Gemma, mon ex-fiancée, à présent enceinte de l’enfant qu’elle allait remettre à sa tante. Les moments où je pensais à elle étaient réguliers ces temps-ci, surtout depuis que je l’avais revue au marché de Noël, mais pour le coup, je ne pouvais pas m’empêcher de me demander si elle était seule dans ce processus, si quelqu’un serait là pour l’encourager, lui tenir la main lorsqu’elle mettrait l’enfant au monde. Sa tante allait-elle s’occuper d’elle par la suite, où allait-elle se contenter de s’occuper du bébé sans prendre soin de celle qui l’aurait porté ? Je n’en savais trop rien, mais inutile de mentionner que tout cela me chicotait grandement, même si je en pouvais pas y faire grand-chose. Ce n’était pas comme si je prenais beaucoup de place dans sa vie en ce moment, comme si j’avais ma place, justement. Impuissant, je me contentai donc de revenir à mon travail, et une fois arrivé aux urgences, j’emmenai la femme sur la civière vers la maternité. Je la laissai aux bons soins des gens du département en ne tardant pas à leur faire un rapport sur la progression de l’accouchement qui avait eu lieu dans l’ambulance. Cependant, je pris le temps de souhaiter bon courage à la femme avant de finalement me retirer, et me permettre de prendre une pause. Ce n’était pas interdit et il y avait d’autres véhicules ambulanciers sur la route, alors ce n’était pas comme si le monde allait s’arrêter pour cela. Enfin, je le disais sans penser que mon monde s’arrêterait subitement parce que tandis que je prenais un café de la machine, j’aperçus une tête blonde on ne peut plus familière: Gemma. Cependant, avant que je puisse lui faire ne serait-ce qu’un signe de la main, celle-ci était partie dans une autre direction, me laissant soudainement pantois, ne sachant quoi faire. N’écoutant que mon instinct au final, je décidai de la suivre là où elle se rendait, soit dans une salle d’attente non loin, dans le département de gynécologie. M’approchant timidement, je décidai de m’en tenir à la chose la plus simple que je pouvais lui demander, soit:  « Hey… Que fais-tu ici ? Tout va bien ? » en en sachant toutefois garder mon inquiétude pour moi-même malheureusement. Parce que oui, même si l’idée qu’elle porte un bébé pour une autre femme me perturbait beaucoup, il n’en demeurait pas moins que je m’en faisais pour elle, et que je pensais que lui demander si tout allait bien, pour le coup, était la moindre des choses.

La maternité a du bon mais, aussi du négatif. Cependant, je ne me plains pas d’avoir finalement l’option de reprendre des cours, même si je les prends à domicile. Par contre je ne sais pas comment Joan va réagir lorsqu’elle comprendra que ma décision de tout quitté, y compris le mannequinat est définitive. Puis, je ne suis pas stupide et j’apprends très rapidement donc, je ne vois pas vraiment pourquoi je n’y arriverais pas. Surtout que je suis bien motivé à mener une vie normale… Enfin… Je ne sais pas vraiment si j’aurais réellement une vie normale, rien qu’avec ma famille. Puis j’avoue que je ne sais pas bien si je vais finir par trouver une nouvelle personne à laisser entrer dans ma vie comme je l’avais faits par le passé avec Kylian. Je suis peut-être un peu trop difficile niveau homme après tout. Mais, est ce que dois mon vouloir à désirer un homme gentil en qui je pourrais réellement avoir confiance ? Bref, lorsque je sortis de la salle d’attente pour jeter mon gobelet, j’apperçu Kylian un peu plus loin. Je ne suis pas sûre que le rejoindre soit une bonne idée. En même temps, je ne sais pas vraiment s’il travaille ou pas. Et je n’ai pas spécialement envie du dérangé sur son lieu de travail. Par contre, un truc me tiqua, que je réfléchis seulement une fois de retour dans la petite salle d’attente. Ce n’était pas une blouse de médecin qu’il avait sur lui mais, une tenue d’ambulancier. Pourquoi ? J’avoue que pour le coup j’ai un peu de mal à comprendre. Après je me trompe peut-être… Je me remis assise puis, j’entendis des bruits de pas entrer dans la pièce. Je relevai mon regard j’eus un léger sourire qui s’afficha sur le visage. C’était Kylian. J’eus un léger sourire et je répondis doucement à sa question : « tout va bien, j’ai juste un rendez-vous pour une échographie. Que j’attends depuis un bon petit moment maintenant. » Un petit rire s’échappa puis, je pose une nouvelle fois mon regard sur lui. Je me demande bien s’il s’inquiète pour moi ou pas. Mais, je ne vois rien sur son visage donc je préfère ne rien dire à ce sujet-là. Bon j’avoue que je suis un peu angoissé par cette échographie, car je n’ai pas envie qu’il y a les moindres soucis avec cet enfant. Surtout que je ne sais pas comment réagirait Joan si cet enfant avait le moindre problème. Je n’ai pas envie qu’elle me tienne pour responsable de quoi que ce soit. Surtout que je fais très attention à mon style de vie, depuis le début de ma grossesse. « Je t’ai aperçu il y a quelques minutes mais, je n’ai pas osé venir te voir. Je ne sais pas vraiment si tu es encore en service ou si tu as terminé ta journée. » Dis-je avec un léger sourire. La question que je me suis posé tout à l’heure n’arrête pas de me tourmenter et maintenant qu’il est en face de moi, je sais très bien que ce n’est pas une tenue de médecin car il y a le mot ambulancier inscrite dessus. « Tu as changé de vocation ? » Demandai-je alors tout simplement en pointant, l’inscription sur sa veste.

Sitôt que Gemma m’assura qu’elle était là que pour un contrôle de routine, je m’en montrai aussitôt soulagé. Pendant un instant, je me dis même que j’étais un peu idiot d’avoir cru quelque chose de grave tandis qu’elle attendait patiemment dans cette salle, comme n’importe quelle personne ayant un rendez-vous, mais il était trop tard pour m’apitoyer sur mon sort et me dire que j’avais mal fait, surtout qu’au fond, je savais que je l’avais fait parce que je tenais toujours à elle. Je le savais depuis longtemps ça, mais le fait de l’avoir revue l’avait confirmé, même si je savais bien que ce n’était pas la même chose, surtout pas compte tenu du fait qu’elle attendait ce bébé qu’elle devrait éventuellement remettre à sa tante, parce que c’était pour elle qu’elle le portait. Je devais avouer que j’avais encore du mal à me faire à cette idée, que tout ça me perturbait, mais je m’encourageais en me disant qu’elle ne m’avait pas complètement repoussée lors de nos retrouvailles pour autant, et qu’au moins, je pouvais encore lui parler, être courtois avec elle, et non pas lui faire la gueule ou un truc du genre. Plus encore, je pouvais même me permettre de mettre un peu de côté le boulot pour elle, comme je le prouvai en haussant les épaules quand elle me fit part de ses doutes à l’idée de m’aborder ou non, histoire de lui montrer que ça ne me gênait pas. Enfin, j’aurais bien voulu lui dire à la place que jamais, au grand jamais elle ne me dérangerait, mais je ne voulais pas exagérer pour le coup. Heureusement, cette hésitation ne fit pas tache dans la discussion, puisque rapidement, elle reprit la parole en me demandant si j’avais changé de vocation. Au début, je ne compris pas trop, raison étant que je commençais tout doucement à me faire à ce nouveau boulot, mais quand elle pointa mon insigne et que j’y vis le titre « Ambulancier », je compris l’allusion, comme je le fis savoir par un maigre:  « Ah… Oui. » Sachant que c’était là une bien maigre réponse, je me risquai à ajouter:  « J’avais besoin de changer d’air, sans toutefois complètement abandonner le domaine… » Une petite pause plus tard, j’ajoutais dans un petit rire à la fois nerveux et amusé:  « Tu me connais, l’adrénaline de l’urgence, j’ai toujours aimé ça… » Pour le coup, je devais admettre que mon élaboration n’était pas trop mal, même si, debout devant elle, je ne me voyais pas vraiment lui expliquer les raisons de mon changement soudain, lié à mon départ de New York, en grande partie. Je me doutais bien qu’à un moment ou un autre, elle voudrait tout savoir, mais ici et maintenant, je ne me voyais pas vraiment lui raconter tout ça, considérant le fait que je n’en étais pas fier, mais pas du tout. À la place, je déviai quelque peu le sujet, et je décidai de lui proposer, on ne peut plus candidement:  « Enfin… Pour le moment je suis en pause… SI tu veux, je peux te tenir compagnie jusqu’à l’heure de ton rendez-vous ? » Puisque je n’étais pas le père de ce bébé ou quoi que ce soit du genre, je me voyais très mal lui proposer de venir avec elle, même si une partie de moi voulait lui proposer tout le soutien dont elle avait besoin. Le souci était que je ne le connaissais pas, et que je savais les choses étranges, alors que devais-je faire ? En toute honnêteté, je n’en avais aucune idée.

J’ai vraiment hâte d’en avoir terminé avec cette attente mais, j’ai tout de même la sensation que je vais devoir attendre encore longtemps. Lorsque je vis Kylian un peu plus loin dans les couloirs de l’hôpital, j’hésitai un petit moment à venir à sa rencontre mais, finalement je retourne dans la salle d’attente. Je n’ai pas eu l’occasion de revoir Kylian depuis notre rencontre au centre commerciale qui fut vraiment très bizarre. En même temps, Kylian a eu beaucoup d’informations au très peu de temps mais, je crois que le pire fut d’apprendre ma grossesse. Surtout le but de cette grossesse qui je l’admets n’est pas vraiment très net. C’est bizarre de dire que vous êtes enceinte de l’enfant de votre tante. C’est assez malsain comme situation mais, je n’avais pas vraiment vu les choses à côtés. La première chose qui m’est venue à l’esprit c’est que je serais enfin tranquille par rapport à ma tante. Mais, je réalise aussi que je m’attache petit à petit à cet enfant et j’ai peur de ce qui va se dérouler après mon accouchement. Une fois à nouveau assise dans la salle d’attente avec un magazine dans les mains, j’essaie de me concentrer sur un article. Mais, savoir Kylian pas très loin de moi, me perturbe vraiment beaucoup. Mais, celui-ci a dû me voir car il est venu me rejoindre dans la petite pièce. Mais un truc me frappa à l’œil aussitôt, le titre qu’affiche sa tenue de travail qui par la même occasion lui va vraiment très bien ! Enfin je crois que n’importe ce qu’il peut avoir sur le dos, je trouverais toujours Kylian séduisant. Après voilà quoi… « Oui c’est vrai. En tout cas cette tenue te va vraiment très bien aussi. » Dis-je avec un léger sourire. Un petit compliment est toujours agréable à entendre n’est-ce pas ? Puis j’aimerais bien que notre relation reparte vraiment sur des bases au peu moins bizarre que la dernière fois. Je ne sais pas vraiment ce que je ressens encore pour Kylian mais, je sais parfaitement que je me sens bien avec lui. Comme s’il arrive à me rassurer que par sa présence. Je ne préfère pas lui poser plus de question sur son changement de métier. Après tout il me le dira bien un jour ou l’autre. Je n’ai pas envie d’être insistante avec lui. Je lui adresse alors un nouveau sourire lorsqu’il me propose de me tenir un peu compagnie pour mon rendez-vous. « Tu n’as pas peur que l’on te prenne une nouvelle fois pour le père du bébé ? » Dis-je avec un léger sourire taquin. Puis je finis par m’assoir à nouveau et je lui dis doucement : « si tu veux rester avec moi, c’est avec plaisir que j’accepte ta compagnie. » Je tapote sur la chaise à mes côtés avec toujours ce même petit sourire. Ça me fait plaisir qu’il le propose, surtout qu’il est en pause, il pourrait en profiter pour faire autre chose et finalement il préfère rester avec moi. Enfin visiblement. « Ma tante est partie je ne sais pas où, donc elle ne risque pas de venir pour la première échographie de son fils. » Dis-je en soupirant puis je rajoute : « au final, ce n’est peut-être pas plus mal car elle aurait fini par me stresser d’être ici à attendre avec moi. Surtout vu qu’il y a une n’attente pas possible.

À ma grande surprise, un sourire à la fois gêné et complètement bête apparut sur mon visage au moment où Gemma me dit que la tenue d’ambulancier me faisait bien. Gêné parce que c’était la première fois qu’on me disait une chose pareille - il fallait dire que cela ne faisait pas longtemps que j’étais dans la profession, donc bon, l’occasion ne s’était peut-être pas juste présentée - et stupide parce que ce compliment venait probablement de la seule femme que je voulais entendre dire cela. Après, peut-être le disait-elle un peu à la blague, un truc du genre, mais je m’en moquais. Gemma, c’était la femme que je pourrais entendre parler pendant des heures sans me lasser, que je pourrais suivre jusqu’au bout du monde et ça, je lui avais dit maintes fois, même si en ce moment, je devais me faire violence parce que ce n’était pas du tout pareil. Par conséquent, inutile de faire un commentaire salace à ce sujet, même si c’était probablement ce que j’aurais fait si nous avions eu cette conversation il y a deux ans, et puis, le sourire était assez évident pour signifier que j’appréciais le propos, non ? Enfin, c’était là mon avis, surtout que je me doutais bien que le but n’était pas de simplement parler de ma tenue de travail, mais aussi la raison pourquoi elle, elle était là, à attendre seule, ce qui ne me plaisait pas vraiment, je n’allais pas le cacher. Par conséquent, il me fut tout naturel de lui proposer de rester avec elle, ne voulant toutefois pas la forcer en quoi que ce soit. C’est à ce moment qu’elle me fit une constatation à laquelle je n’avais pas nécessairement pensé, mais qui me laissa surpris un bref instant. Après une brève réflexion, je décidai, en guise de réponse, de simplement hausser les épaules. Évidemment, c’était un risque à prendre, mais pour elle, j’étais prête à le faire. Et puis, cela montrait que mine de rien, nous faisions un joli couple, n’est-ce pas ? Pour ne pas la mettre mal à l’aise, je décidai de ne pas partager cette pensée, me contentant d’attendre qu’elle m’invite « officiellement » à attendre avec elle, ce qui n’aurait pas pu me faire davantage plaisir. Je ne me fis donc pas prier pour prendre place sur la chaise à côté d’elle, sans toutefois faire quoi que ce soit qui pourrait être jugé comme étant déplacé, par exemple poser ma main sur sa cuisse ou bien passer mon bras autour de ses épaules, ou même seulement sur le dossier du fauteuil sur lequel elle était installée. Je ne fis que la regarder, l’écoutant m’expliquer que sa tante ne viendrait pas pour l’échographie. Pendant un instant, je ne pus m’empêcher de penser que ça ne se faisait pas de la laisser ainsi; elle lui rendait un service incroyable, admirable et elle ne daignait même pas se présenter pour un rendez-vous… Stressante ou pas, je trouvais que ça ne se faisait pas, et inévitablement, je me mis à repenser à cette femme que j’avais vue plus tôt dans la journée, seule pour mettre son enfant au monde. Sitôt, cette question qui m’avait taraudé au même moment me revint à l’esprit, et pas en guise de simple interrogation, mais en moyen de me faire limite paniquer. Je savais bien que cela ne me regardait pas, mais mine de rien, je tenais à elle, je tenais à son bien-être, et jamais je ne pourrais pardonner cette bonne-femme et moi-même si jamais elle était seule pour ce moment éprouvant, qu’importe son tempérament et sa façon d’être dans une telle situation. Décidant de ne pas commencer à angoisser trop longtemps sur la question, je pris mon courage à deux mains, inspirai profondément, et je demandai, en tentant que ce soit fait de façon aussi banale qui soit:  « A-t-elle l’intention d’être là à l’accouchement, au moins ? » Malgré moi, j’avais trahi le fait que je craignais qu’elle soit absente, qu’elle abandonne Gemma et prenne son du à la fin. Pour moi, ça ne se faisait pas, mais bon, c’était, pour le moment, hors de mon contrôle. Tout ce que je pouvais faire pour le coup, c’était attendre de voir ce que mon ex-fiancée allait me dire par rapport à ça.

J’étais contente que Kylian soit venu me rejoindre dans la salle d’attente, je ne m’y suis pas vraiment attendue mais, ce n’est plutôt agréable de l’avoir avec moi. Même si la situation peut porter à confusion encore une fois et qu’une infirmière puisse prendre mon ex fiance pour le père de ce futur enfant qui ne sera finalement pas le mien mais, celui de ma tante. Par moments je me demande vraiment pourquoi j’avais accepté de porter son bébé. Surtout que je dois mettre ma vie de côté pour le coup et je ne sais pas vraiment comme je vais être lorsque je vais devoir me séparer du futur mini Joan. Où même lorsque je le croiserais avec elle. Ce n’est pas un rien non plus, car j’aurais toujours ce lien avec lui après sa naissance et voir un enfant que nous avons porté pendant neuf mois… Je ne sais pas vraiment quel pourrait être l’effet que cela aura sur moi. Je suis vraiment idiote d’avoir accepté pour mettre en contrepartie un terme à mes contrats avec Joan. Surtout que je n’ai pas vraiment de soutien que ce soit de la part de ma famille ou même de mes proches. Et je peux les comprendre. C’est tordu comme situation mais, je sais que Joan pourra être une bonne mère pour ce bébé. Enfin bref, avoir Kylian avec moi pour le coup me rassure tout de même un peu et ça me fera vraiment du bien d’être un peu avec lui pour discuter un peu. Je lui explique alors que ma tante n’est pas là pour l’échographie de son fils mais, lorsque Kylian me posa la question, la seule question dont je ne suis pas certaine d’avoir une réponse… Je me pince l’intérieur de la joue et je hausse les épaules sans vraiment savoir que répondre à sa question qui pourtant n’est pas tellement difficile. « Honnêtement j’en ai aucune idée. » Dis-je finalement. Joan m’a expliqué les soucis qu’elle a en ce moment et le pourquoi elle ne sera pas la pendant quelque temps. Et bien entendue je ne vais pas en parler à Kylian, cela doit rester vraiment dans le silence. « Soit elle pourra être de retour un peu avant la naissance de son fils, soit elle reviendra le jour même. Et après cela vas aussi dépendre de comment tout va se passer pour l’accouchement. Mais, si Joan n’est pas là… Je serais toute seule pour l’arrivée de cet enfant sur terre. » Dis-je avec un petit sourire forcé. Puis finalement, je finis par regarder à nouveau Kylian avec un petit sourire : « D’ailleurs, je prends des cours à domicile. Joan m’a officiellement annoncé que je n’ai pu aucun contrat avec elle. Donc je profite de cette grossesse pour apprendre de nouvelle chose. Et j’ai quelques idées pour mon avenir… Et je vais surement changer vraiment du tout au tout niveau métier. J’ai pensé à un métier comme infirmière. » Dis-je doucement. J’avais envie de changer de sujet et je pense que mon avenir dans le monde du travail est plutôt une bonne idée.

Il me fallut faire un effort surhumain pour ne pas laisser mon visage se décomposer lorsque Gemma m’annonça qu’elle n’était même pas certaine que sa tante, la même adoptive de cet enfant, serait présente pour l’accouchement et que si jamais elle ne l’était pas, alors elle serait complètement seule pour ce moment qui serait très certainement difficile pour elle. Non pas parce que je pensais mon ex-fiancée faible, elle était probablement une des femmes les plus fortes que je connaissais et je l’admirais entre autres pour cela, mais parce que je savais qu’il y avait quelque chose de peu naturel dans le processus. Enfin, j’étais conscient que le principe des mères porteuses existait depuis un bon moment, mais disons que pour moi, à ce moment précis, c’était bouleversant, compte tenu de ce que je venais de vivre, et du fait qu’il était question de quelqu’un que je connaissais, que j’appréciais et à qui je tenais. Et le pire dans tout cela, c’était que même si je me refusais de la laisser seule, je n’arrivais juste pas à lui dire que je voulais être là pour elle, qu’elle me prévienne si jamais elle se retrouvait sans personne, parce que je savais que compte tenu de notre situation, ça ne se faisait juste pas. Qui étais-je, moi, dans tout cela ? J’avais limite l’impression que par le simple fait de lui tenir compagnie tandis qu’elle attendait son rendez-vous, je m’incrustais déjà trop dans tout cela, dans ce « contrat » que je n’avais pas demandé et au milieu duquel j’étais débarqué, obligé d’accepter la situation si je voulais garder contact avec Gemma. Je commençais à mieux l’accepter, certes, mais il y avait quand même des limites que je ne me voyais pas franchir, et qui me laissaient impuissant et surtout frustré. Gardant donc le silence, je me contentai d’acquiescer, et je me montrai conséquemment pas mal soulagé que la jeune femme change de sujet sans que je ne demande rien, me faisant part du fait qu’elle était en train de suivre des cours pour changer de carrière… Changer complètement de carrière. Je dus admettre que dans l’immédiat de la nouvelle, je fus quelque peu surpris, parce que je ne m’y en attendais pas vraiment, je ne me souvenais pas que Gemma m’ait dit qu’elle s’intéressait à ce domaine, mais qui étais-je pour la juger ? Je n’avais pas effectué un changement radical de carrière parce que le milieu me plaisait encore, mais j’avais quand même fait un changement, et je me rendais compte que ça pouvait être rafraichissant, surtout dans le cas de Gemma où cela signifiait, je le croyais, une rupture complète avec toutes les histoires de sa tante. Au final, je ne sus que lui montrer mon approbation par un sourire et en lui disant: « Écoute… Si c’est quelque chose qui te plait vraiment… Je ne peux que te souhaiter du succès. » Je me rendis compte une fraction de seconde trop tard que mon propos s’avérait quelque peu… formel pour la situation, même si pour le coup, c’était la chose la plus raisonnable que j’avais trouvé à dire. Mais ça ne me convenait pas, clairement pas, alors je décidai de céder quelque peu à mes pulsions et je finis par lui dire: « Si jamais tu as besoin d’aide… Ne te gêne pas… » Mon propos, je le savais, pouvait laisser sous-entendre de l’aide pour ses fameux cours, compte tenu que je connaissais un truc ou deux sur le milieu hospitalier, mais au fond, je voulais également lui dire que si elle avait besoin d’aide pour n’importe quoi, je serais là pour elle. Ça pouvait pour changer une ampoule, aller à un rendez-vous… À ce point, je m’en moquais. Je ne me voyais pas rester indifférent comme ça, je n’y arrivais juste pas.

J’avoue que je ne sais pas vraiment dans quoi je me lance exactement. J’ai toujours connu le milieu de la mode et aussi d’autre chose moins cool... Et dont je n’aime put vraiment trop parler pour le moment. Enfin j’ai vraiment de repartir à zéro et pourquoi pas dans un métier un peu plus proche des gens ? Je ne sais pas vraiment ce que cela va donner mais, je me sais capable d’y arriver sinon, j’aurais surement de bonnes choses à faire d’autre qu’infirmière. Après tout, avec la petite fortune que j’ai de côté sur mes comptes, je peux vivre encore tranquillement pendant plusieurs années. J’avoue que j’ai longtemps bien gagnée ma vie en tant que mannequin mais surtout en tant qu’escorte. Un renouveau pour moi, un nouveau départ… J’en suis heureuse mais, cela me fait vraiment très peur dans le fond. Je ne me suis jamais mise face au danger comme cela. Enfin je vais bien voir comment cela se passe. J’eus un petit sourire lorsque j’entendis Kylian m’encourager dans mon choix. En même temps, cela veut dire beaucoup de choses en soi Comme passer à une nouvelle étape de ma vie sans ma taie Joan à mes côtés. « Merci. J’espère que cela va bien se passer… Car je t’avoue que tout cela est inconnu pour moi… J’ai peur de me planter ou alors que mon passé ne soit pas vraiment toléré dans le milieu hospitalier. Enfin… Voilà… » Dis-je avec un léger sourire. Puis j’eus un nouveau sourire lorsqu’il me propose son aide. D’instinct je viens poser ma main sur la sienne. Et j’eus une petite idée, peut-être que s’il le peut, il pourrait venir m’aider pour terminer de sortir les cartons du grenier. Surtout que cela fait un moment que je cherche une personne pour me filer un coup de main. Je pose mon regard sur Kylian : « C’est gentil, merci. » Dis-je avec un léger sourire. Puis après quelques secondes de silence je finis par lui dire : « si tu n’as rien de prévue ce week-end, peut-être que tu pourrais venir chez moi pour m’aider à sortir les derniers cartons de mon grenier. Puis après tu pourras rester manger à la maison et on verra si on fait quelques choses en soirée ou pas. » Dis-je avec un léger sourire : « puis, j’ai des épisodes des feux de l’amour à rattraper. Doc si tu veux me tenir compagnie avec un bon pot de glace… » Dis-je avec un léger sourire. Puis à ce moment une infirmière arriva dans la pièce, elle regarda Kylian d’un air surpris, ce qui me fils sourire puis elle s’adressa à moi : « Mademoiselle, le gynécologue va bientôt vous recevoir. Il ne reste seulement pas quelques minutes à attendre et voilà. » Puis elle repartit, je viens poser mon regard sur Kylian et pour le taquiner, je lui dis sous un ton plaisantin : « Je suis sure que si tu cherches un peu avec elle, tu pourrais lui faire fondre le cœur. Si cela n’est pas encore fait car vu son regard… » J’ai toujours ce petit taquin. Kylian me connais et il sait très bien que je suis un peu taquineuse lorsque j’ai envie.

 « Je ne crois pas que tu dois t’en faire pour ça. Si tu leur montres ce que tu sais faire, et je me doute déjà que tu le feras très bien, ça devrait aller. » fut ce que je répondis à Gemma au moment où elle me fit brièvement part de ses craintes concernant le mélange entre son passé et son présent. Je ne disais pas cela simplement pour lui faire plaisir - même si évidemment, je ne me serais pas vu lui dire quoi que ce soit susceptible de la stresser ou la démotiver - mais aussi parce que je pensais que c’était également chose réaliste. Je savais bien que ma situation ne pouvait pas exactement se comparer, mais il n’en demeurait pas moins que lors de mes débuts, je n’avais rien d’une personne capable de travailler dans le domaine médical. Je venais d’un milieu complètement défavorisé, j'avais payé mes études à force d’avoir fait de nombreuses heures dans un milieu de travail minable. Puis, lors de mon arrivée à Pasadena, j’aurais pu être jugé sur mon passé, sur le fait que j’avais perdu un patient sans aucune raison valable, quelque chose comme cela, mais ce n’était pas arrivé. En effet. la performance passait avant tout, à mon avis. Quoiqu’il en soit, si jamais Gemma le voulait bien, pour sûr je me ferais plaisir de l’aider avec ses cours, rien ne me ferait plus plaisir pour le coup. Par contre, parce que je refusais de m’imposer de quelconque façon, je gardai mon propos plutôt vague. D’abord satisfait qu’elle accepte, je fis un sourire, mais celui-ci s’estompa quelque peu au moment où je me rendis compte que le fait d’être demeuré vague lui permettait d’avoir plusieurs idées concernant ce que je pourrais faire pour elle. En tout cas, une chose était certaine, c’était que je ne m’attendais certainement pas à ce qu’elle me demande de déplacer des cartons. Déjà, j’ignorais complètement qu’elle avait des cartons à déplacer mais de plus, je ne pensais pas qu’elle songerait à moi pour le faire. En revanche, je ne demeurai pas surpris bien longtemps, raison étant que je me rendis compte bien rapidement que cela ne me gênait pas. Je n’avais peut-être pas l’étoffe du déménageur parfait, mais si cela pouvait lui donner un coup de main, pourquoi pas ? J’espérais juste que ces cartons ne seraient pas trop lourds, autrement mon orgueil masculin allait en prendre un coup, mais bon, je verrais bien en temps et lieux, je supposais. Parce que oui, je commençais à songer sérieusement à accepter la proposition. Je n'avais pas encore accepté, mais peu de temps après, je compris que je ne pouvais pas refuser, vu ce que Gemma ajouta à cette suggestion. Riant de bon coeur en me rendant compte qu’elle n’avait pas oublié ce qu’était mon plaisir coupable quand il était question de séries télévisées, je finis par lui dire, une fois que je me fus calmé:  « Tu sais bien que je ne saurais pas te dire non pour le coup… » Évidemment, je tentais de me montrer un peu plaisantin à mon tour, mais peu de temps après, je crus bon de lui faire comprendre que ma réponse était sincère, alors je lui dis:  « Sérieusement, il n’y a rien qui me ferait plus plaisir. » Sur ces mots, je lui souris franchement, mais je n’ajoutai rien. De toute façon, même si j’avais voulu lui dire quelque chose, cela aurait été difficile, compte tenu qu’une dame vint à la rencontre de Gemma pour la prévenir que son rendez-vous aurait lieu sous peu. Pour être honnête, je n'y fis pas vraiment attention, faisant en sorte que si mon ex-fiancée ne m’avait pas dit que la fille m’avait porté un regard particulier, je ne l’aurais probablement jamais soulevé. Sans que je ne réfléchisse trop, je lui répondis:  « Mais ce n’est pas son coeur que je voudrais faire fondre… » Ce fut quand je fus sur le point de lui lancer un regard un peu charmeur, mais je me ravisai quand je me rendis compte que le dire ainsi était quelque peu gênant. Histoire de rattraper le coup, je me râclai furtivement la gorge, puis je demandai, en espérant avoir pleinement repris ma contenance:  « Voudrais-tu que je t’accompagne à ton rendez-vous, ou bien tu préfères y aller seule ? »