Rien n’était finalement facile, j’avais beau en rêver, les réponses à certaine question ne me venait pas si facilement. Steve était né depuis plus d’un mois et j’avais beau regarder le mode d’emploi de la bassinette quatre en un que j’avais acheté, je n’arrivais toujours pas à la monter. Chaque matin en me levant, je portais mon regard azur sur celle-ci me faisant pousser un soupir lasse devant tant d’inaptitude. Pourquoi je ne demandais pas à un de mes frères, l’orgueil sûrement. Je voulais simplement ne pas me montrer faible. Pour l’instant, j’étais une mère monoparentale et je ne voulais pas montrer une certaine faiblesse. Je devais me montrer forte, surtout pour mon fils. Chose qui n’était pas forcément simple. Je poussais un soupire, allant chercher mon fils couché dans son landau. J’aurais pu m’acheter une bassinette plus facile à montrer, mais encore là, je n’osais pas piler sur mon orgueil. Steve dormait encore paisiblement dans son landau, en faisait il avait le sommeil plus dure que le mien. Un bruit, minuscule soit-il et je me réveillais en sursaut. À chaque fois, je croyais que c’était mon fils qui se réveillait. Portant mon regard sur une glace, je réalisais que j’avais des cernes monstrueuses sous les yeux, mes cheveux étaient en bataille et ma peau aussi blanche que la neige. En fait, j’avais assez mauvaise mine. Je caressais la tête légèrement châtaine de mon garçon. Ce fils qui malgré ma peur d’être une mauvaise mère, ne semblait pas tellement plaintif. Il n’avait pas porté plainte, c’était simplement moi la parano qui ne pouvait pas vivre normalement comme toute les autres. Peut-être que si je n’étais pas seule tout serait différent, mais encore. Je savais que mes sentiments à l’égard de Declan avaient changé, je les comprenais de mieux en mieux. Pourtant, je ne savais toujours pas quoi faire, une autre crainte que je ressentais de plus en plus. Et si je lui disais ce que je ressentais. Comment réagirait-il ? Le prendrait-il bien ? Ou au contraire, je me retrouverais encore plus seule ? J’avais peur de toutes ces réponses qui pouvaient découler de ces questions. Laissant dormir le petit ange, je me dirigeais vers le frigo au vu de l’heure je m’étais accordé une sieste beaucoup plus longue que prévu. Je me faisais un casse-croûte rapide et j’allais m’asseoir dans le canapé gardant à l’œil Steve qui prolongeait sa sieste. S’il continuait ainsi, il allait finir par devenir un géant. J’ouvrais le poste télé et tombait sur un épisode des feux de l’amour. J’ignorais si c’était une reprise ou autre, n’ayant jamais suivit cette série abracadabrante. Je croquais dans ma carotte coupé finement, mangeant tout en m’exclamant devant tant de stupidité. « Non, mais tu ne vois pas qu’il te joue dans le dos ! » m’emportais-je avec frénésie, alors qu’on sonnait à la porte. Je me levais tout en gardant mon regard rivé sur la télévision. Tournant la poignée j’ouvrais la porte. « Raaaah ! Quelle idiote ! » Je tournais la tête pour regarder la personne qui se trouvait derrière la porte. À la vue de Declan, je sentais mes joues roussirent à vitesse grand V. « Pardon… Je regarde une émission… » Je passais ma main dans mes cheveux. « Entre. » disais-je finalement en me poussant sur le côté pour qu’il puisse entrer. « Tu vas bien ? » demandais-je en refermant la porte, alors que j’entendais Steve pousser une plainte. Le coco il se réveillait, l’appel du paternel ? Peut-être, peut-être pas. Je me dirigeais vers lui, le prenant dans mes bras. Je me mettais aussitôt à fredonner, mais il ne me regardait pas. Non. Son regard était tourné sur Declan. Je me retournais à mon tour pour le regarder. Je prenais un instant pour réfléchir, fronçant mes sourcils. « Tu veux le prendre ? »

Declan était père. Alors oui, il avait eu 9 mois pour s’y préparer et canaliser son enthousiasme, mais rien ne comparait au fait de voir son fils en chair et en os, reposant dans toute sa gloire sur la poitrine de sa mère, quelques heures seulement après sa naissance. Pendant un instant, il avait pu oublier chacun de ses soucis, son monde se concentrant sur le petit être humain qu’il avait été à mettre au monde. Steve. Il lui était désormais impossible d’entendre ce prénom sans esquisser un sourire. Steve. Son bébé, son fils. C’était peut être niais, mais il avait l’impression que son monde avait littéralement pivoté sur son axe. Ce chamboulement n’avait rendu que plus clair ses sentiments changeant envers Carter. Enfin, changeant. Declan n’était plus en phrase de transition. Le pauvre était littéralement et indéniablement charmé par la jeune femme. Il pouvait encore essayer de se convaincre que tout cela n’était dû qu’à Steve et ce semblant de famille qui flottait autour d’eux trois. Pour être terriblement honnête, Declan était fatigué de se voiler la face. Cela ne voulait en revanche pas dire qu’il allait faire une déclaration émouvante et profonde. Nope. Il y avait trop en jeu. Si Carter ne retournait pas ses sentiments, elle chercherait sans doute à établir une distance entre eux dans une tentative ridicule d’épargner ses sentiments, ce qui réduirait son temps déjà partagé avec son fils. Non, c’était mieux de garder le status quo. Et en même temps, une autre part de lui se disait qu’il ferait mieux de sauter le pas avant qu’un bouffon se pointe avec sa bouche en cœur et prenne sa place. Ugh. Célibataire frustré ou amoureux épanoui, le seul statut qui comptait pour le moment c’était celui de père. Il était tout naturel que Steve reste avec Carter. Et comme Declan ne s’était pas abaissé à squatter chez la jeune femme, le temps passé avec son fils était limité. Declan ne souhaitait pas non être lourdingue et se pointer tous les jours à l’aube pour réclamer des petits moments père/fils. Mais après avoir tourné en rond chez lui toute la matinée, il avait décidé qu’il allait faire un tour chez Carter. S’il ne voulait pas lui imposer sa présence, il ne voulait pas non plus lui donner l’impression de l’abandonner et de lui laisser tout le boulot. Alors voilà, il était devant la porte, la main levée prête à appuyer sur la sonnette, hésitant un instant en entendant les exclamations étouffées derrière la porte. Qu’est ce qu’il se passait là dedans ? Il espérait que Steve ne fasse pas des siennes au bout de faire péter un câble à sa mère. Il allait bientôt le savoir. Carter ouvrit la porte et un sourire en coin se dessina sur le visage du jeune homme. « Y’a pas de mal » répondit-il avant de suivre son invitation et d’entrer dans la maison. « La question est plutôt si tu vas bien vu l’état dans lequel tu te mets pour une émission » plaisanta-t-il. Sa tête pivota automatiquement en direction du son de son fils. Carter passa immédiatement à l’action et ne tarda pas à revenir avec le bambin dans les bras. Declan ne pouvait retenir l’expression adorée sur son visage. Que voulez-vous, il était complètement gaga. Il hocha la tête à la demande de Carter et pris son fils dans ses bras. « Hey, comment ça va mon bébé ? » ronronna-t-il en calant l’enfant contre son épaule avant de déposer un baiser sur son front. La plupart des gens qu’ils fréquentent se seraient sans doute tombés raides d’incrédulité en voyant le morose Declan agir de la sorte. Il s’en foutait royalement. Il avait fabriqué la plus belle créature au monde, alors fuck them.

Comment une simple émission un peu fantasque pouvait réussir à me mettre dans tous mes émois. Sérieusement. C’était absurde et pourtant, j’étais là avec mon assiette décorée de carottes que j’avais durement épluchées, regardant cette série inattendue. Je m’étais perdue dans le méandre de cette aventure, laissant Steve dormir, jusqu’à ce qu’on vienne cogner à ma porte. J’étais tellement captivé, que je me levais de peine et de misère, ne désirant pas perdre la moindre information. Mon attitude en voyant Declan sur le seuil de ma porte, ne changeait pratiquement pas. J’avais tellement été entraîné dans la série, que je continuais de la regarder du coin de l’œil même si je me poussais pour le laisser entrer. Je laissais un sourire planer sur mes lèvres. « Très drôle, mais tu serais surpris comment on devient vite prit dans le feu de l’action avec cette émission. » disais-je en affichant une moue boudeuse. C’était pourtant la première fois que je la regardais, mais voilà. Steve indiquait sa présence et je me dirigeais vers lui tout de suite interpelé. Il ne m’en fallait jamais bien plus. Le prenant dans mes bras, je frottais son dos fredonnant une mélodie improvisée. Seulement, mon fils n’avait d’yeux que pour son père. Devais-je mal le prendre ? Peut-être pas, même si ça me faisait un pincement au cœur. Certes j’avais de l’attachement pour Declan, mais mon fils restait pour le moment mon seul amour. Lui tendant cet être qu’on avait conçu avec un peu de mal, je le regardais prendre notre enfant. En fait, c’était assez étrange de me dire que j’étais mère monoparentale, mais que j’entretenais une certaine amitié avec son père. Je me sentais comme ces femmes qui coucheraient avec leur meilleur ami gay pour avoir un enfant. Mais notre relation était loin de ressembler à cela. Bien loin même. Je m’attardais quelques secondes à regarder le tableau qui s’offrait à moi. « Si on te voyait ainsi. » disais-je un petit sourire aux lèvres, alors que je me penchais au-dessus du canapé pour prendre la manette et éteindre la télévision qui montrait le générique de fin. Je savais aussi qu’il était dure pour Declan de ne pas voir son fils aussi souvent que si nous vivions ensemble. Je le me redressais, me dirigeant vers eux. Caressant le dos de Steve, je portais mon regard vers son père. Et dire que tout en moi avait changé à son égard. En le regardant je sentais mon cœur s’animer d’une magie inconnue. Mes joues s’empourprer et aussitôt je déviais le regard, me dirigeant vers l’espace cuisine. « Tu as faim ? Ou tu voudrais quelque chose à boire ? » lui demandais-je en ouvrant le frigo, regardant ce qui ci trouvait. Je savais aussi que je n’allais pas tarder à donner le sein à Steve, n’aimant pas tellement le tir lait, je préférais lui donner le sein. J’en sortais une boîte à pizza que je m’étais fait livré la veille par fatigue de cuisiner, préchauffant le four. Je me retournais vers eux, accoudant mes bras sur l’îlot. « Puisque tu es là, ça te dérangerait de regarder la bassinette de Steve dans ma chambre ? Je n’arrive pas à la monter. » disais-je avec un petit sourire suppliant.

C’était toujours quelque peu gênant. Enfin, pas vraiment. Mais en même temps oui. Declan se maudissait mentalement de ne pas avoir l’audace et le courage de mettre carte sur table et d’avouer à Carter que la situation actuelle, bien que satisfaisante dans son état, n’était pas l’idéal. Oui, Declan voulait toutes les parts du gâteau : le fils, la femme, la vie bien rangée qu’il s’amusait à moquer dans tout son cynisme d’antan. Declan se répétait sans cesse que Carter n’était pas cruelle, qu’elle ménagerait son orgueil blessé si elle ne partageait pas ses sentiments, mais qu’elle ne l’empêcherais pas d’être un père pour Steve. Enfin bon. Ce n’était pas vraiment le moment. Declan ne savait pas vraiment ce qui constituait un moment opportun, mais sans doute était-ce l’une de ces choses que l’on réalise que sur le coup. « J’imagine » répondit-il dans un haussement d’épaule. Pour être terriblement honnête, sa télé ne captait que quelques chaînes dont la qualité n’était pas des plus exceptionnelles, et autant dire qu’il n’avait pas le budget pour la faire réparer. « Je suis pas très télé ». Le mensonge. Chez ses parents, il était la définition même d’une larve, à colmater sur le canapé devant un programme à la con pendant des heures. La définition même du succès. En parlant de succès, Steve en était véritablement un. Declan tripotait l’une des mains de son bébé qui se perdait dans le col de son t-shirt, s’étonnant éternellement de leur douceur et leur taille minime. Mon Dieu que c’était adorable. Et ça allait grandir un jour. Mais cela nécessitait que Declan imagine sa propre évolution et vieillesse et ce n’était franchement pas son délire. Il était tellement occupé par son fils qu’il fut presque surpris de la remarque de Carter. Il esquissa un sourire, amusé. « Je serais obligé de les tuer après. J’ai une réputation à tenir ». Tu parles. Declan n’en avait rien à cirer. Mais ce n’est pas non plus comme si Declan avait l’occasion de passer du temps avec son fils en publique. Leurs échanges se limitaient au confinement de leur domicile, et cela avait presque le goût amer d’un secret honteux que l’on cache. Pas de ballade dans le parc, pas de moments en famille tous ensemble, tant de choses naturelles et agréables que Declan et Carter pourraient faire s’ils étaient ensemble. En attendant, chacun ne s’amusait pas à décrire sur les toits la famille dysfonctionnelle qu’ils formaient. Et voilà, il n’en suffisait pas plus pour que Declan repense à son pire cauchemar : se voir remplacé. Honteusement, Declan se raccrochait au préjugé terrible de dire que les femmes célibataires avec un enfant ne sont pas les cibles les plus attractives pour les hommes. Mais Carter était charmante, et ce n’était qu’une question de temps avant qu’un autre ne le réalise. Declan serra Steve un peu plus contre lui, s’auto-réconfortant presque en sa présence alors que Carter s’approchait d’eux. Declan rencontra son regard un court instant, perturbé par l’intensité de l’échange. Ugh, Carter était impossible à lire. Declan avait parfois l’impression qu’elle n’était pas insensible à sa présence, mais il était possible qu’il imagine juste des choses. « Oui, si tu as des restes de quelque chose… » répondit-il, ne souhaitant pas la déranger. Declan et les restes, l’histoire de sa vie. Il observa la demoiselle sortir une pizza du frigo. Parfait. Puis Carter lui demanda un service et Declan se raidit perceptiblement. Et merde. La pauvre, si elle savait tous les défauts qu’accumulaient Declan. Bricoleur ? Meh, pas trop. Bidouiller était plus sa définition de la chose, et cela débouchait sur quelque chose quand il avait de la chance. « Hm, ouais ok », finit-il par répondre. Il s’approcha de Carter pour lui tendre Steve (non sans un dernier bisou), avant de la laisser le guider jusqu’à sa chambre. C’était d’ailleurs étrange de s’y trouver, presque trop intime, comme s’il n’avait aucun droit d’y entrer. Son regard ne pu s’empêcher de s’étendre sur le lit, sur les draps entre lesquels il pourrait se réveiller aux côtés de Carter dans un monde idéal. Les entrailles d’un lit pour bébé se trouvaient à côté. La joie du kit. Ok, ça n’avait pas l’air si compliqué. Il pouvait le faire. Il en était presque sur. Alors Declan s’agenouille près du lit et se mit au boulot en mode père modèle.

Pendant longtemps j’avais imaginé un mariage comme en lit dans les livres ou qu’on entend parler, même mes mères avaient une vie plus qu’envieuse. Et moi dans tout cela, je me retrouvais avec un enfant, j’aimais un homme qui me détestait préalablement et dont j’ignorais si ces sentiments avaient changés à mon égard. J’avais une alliance que je n’arrivais pas à retirer, des rêves de romance. Malgré tout cela, je craignais d’aller plus loin. Je savais comment avait été notre relation depuis que l’on se connaissait et je ne savais pas comment jongler avec l’idée que ce n’était qu’une passade. Chassant ces idées, je me décidais à profiter de ce moment avec Steve et son père. Un échange de regard et je prenais bien vite la fuite à la sensation de mon cœur qui s’accélérait. Puis j’en profitais pour lui demander un petit service – pas si petit que cela en fait. Avoir un homme chez soi ça avait du bon. Il pouvait ne pas être manuel, mais c’était sans doute déjà mieux que moi. Et j’espérais ainsi en apprendre plus sur lui que simplement le voir regarder notre fils jusqu’à s’en aller. Je reprenais mon fils dans mes bras, avant de conduire Declan dans ma chambre. Elle n’avait rien de spéciale, des murs blancs où était affiché diverse dessins de ma création, un vieux poster d’E.T, sans parler de mes meubles modernes qui jurait par leur couleur gris charbon. Je n’aimais pas tant cette décoration, mais mon père avait insisté pour payer une décoratrice qui n’avait semble-t-il rien comprit à mes goûts. À même ma chambre se trouvait ma table de dessin dans un bordel pas possible. Le laissant prendre place près de mon lit où se trouvait le kit en question, j’en profitais pour m’assoir sur mon matelas tenant toujours Steve dans mes bras. Pinçant mes lèvres, je le regardais attendait de voir ce qu’il allait faire. « Tu penses y arriver ? » demandais-je en souriant. Un gazouillement se fit entendre et je tournais la tête pour voir mon garçon dans mes bras qui regardait toujours avec intensité celui qui était son père. « Regarde papa va… » Je me figeais sur place. Je n’avais jamais appelé Declan papa et ce simplement avait une douce résonnance, mais restait tout de même étrange. « Je veux dire… Ça te dérange si je dis papa en parlant de toi ? Je sais qu’on n’est que des… des connaissances… » Si je pouvais dire ainsi. « Mais j’aimerais que Steve comprenne qu’il a deux parents. »  avouais-je en caressant les cheveux du bambin. « Mais je souhaite pas te rendre mal à l’aise en disant cela. » Relevant mon regard, je croisais son regard et lui adressait un sourire incertaine. Tout était tellement compliqué. Toutefois, je désirais que mon fils ait un père tout comme j’avais eu le mien même s’il n’avait pas fait partie de ma vie intégrante. Je désirais plus que tout qu’il puisse parler avec cet homme qui se trouvait devant mon regard, qu’ils aient leur propre moment. Étais-ce trop demandé ? Secouant la tête, je ramenais mon regard vers Steve qui me regardait à présent. « Une chance que tu ne comprends pas les choses de grande personne. » J’apposais mes lèvres sur son front, reprenant sur moi. « Je te dérange plus ! Mais si tu as besoin de quoi que ce soit, je suis là. » ajoutais-je à l’égard de mon collègue. Reculant, j’appuyais mon dos contre la tête de lit. Je le regardais pendant un instant, avant de sentir mes paupières se fermer et que je m’endormais en tenant Steve contre moi.

Declan remettait sérieusement sa condition d’homme en question. Il ne s’était jamais sentit inconfortable dans sa masculinité, et n’avait jamais cherché à prouver quoique ce soit, mais perdu entre deux feuilles d’une notice d’utilisation, il se mettait quand même pas mal en doute. Une vis égarée lui rentra dans le genou douloureusement tendit qu’il titubait autour du berceau en kit devant lui. Les indications le perturbaient plus qu’autre chose, et Declan était à peu près convaincu qu’il allait manquer un écrou ou une autre pièce aléatoire du genre, vu sa chance. Ca ne devait pourtant pas être compliqué, il ne s’agissait pas d’une navette spatiale !!! Declan inspira un grand coup, sachant que laisser la frustration le gagner n’allait servir à rien ! Il pouvait néanmoins sentir le regard de Carter dans son dos, et cela suffisait à ajouter une certaine dose de stresse à la tache. Declan avait déjà l’impression de ne pas servir à grand-chose dans cette drôle de famille qu’ils incarnaient tout de même, alors s’il n’était même pas foutu de s’improviser bricoleur deux minutes, à quoi bon ?!! Declan ne souhaitait pas que Carter retarde encore la chose et qu’elle soit obligée de faire appel à un de ses frères, son père, ou pire un rencard potentiel, pour accomplir cette mission ! Declan se concentra et entama la procédure à la lettre. Il n’avait pas l’arrogance d’ignorer les instructions pour foncer dans le tas et monter la chose à sa sauce ! Après quelques minutes de travail, où Declan estimait que le début de son œuvre ressemait à ce qui était indiqué sur les dessins techniques, Carter s’interrogea sur sa capacité à mener à bout la chose. Declan ne pouvait lui en vouloir de douter ! Declan haussa une épaule. « Je pense…mais je préfère pas te donner de faux espoirs non plus » dit-il en toute honnêteté, tournant la tête un instant pour croiser son regard. C’était presque surréaliste. Declan, Carter avec leur fils sur les genoux, tous les deux dans la chambre de la demoiselle et partageant un moment assez domestique. Ils en avaient fait du chemin. Declan retourna à sa tâche, tournant ce qui était cense être le pied du berceau entre ses doigts, à la recherche de l’entaille censée accueillir une vis. Carter commença à s’adresser à leur fils et Declan se figea sous ses mots. Elle aussi s’était stoppée net dans sa phrase et Declan se surprenait à retenir son souffle. C’était si bête. Declan avait maintes et maintes fois référé à lui-même en tant que « papa » lorsqu’il parlait à Steve, mais il n’avait jamais entendu Carter l’appeler ainsi. La demoiselle semblait essayer de se justifier, et Declan devenait de plus en plus confus. Et un tantinet blessé également. C’est son père, non ? Pourquoi cela le générait-il que l’on mette un nom affectueux sur ce statut qui lui revenait de droit ? Et, des connaissances ? Ok. Declan baissa le regard un instant, désemparé. Ok. Voilà qui répondait à sa question quant à la direction dans laquelle allait leur relation. Declan balaya sa remarque d’un geste de la main. « Ca ne me rend pas mal à l’aise » répondit-il, la conviction lourde dans sa voix. « Je suis son père ». Et personne d’autre. Declan ne savait pas qui il cherchait à convaincre étant donné que tous ceux présents dans la pièce étaient terriblement au courant de ce fait. Malgré la confusion, entendre Carter l’appeler ainsi avait provoqué la propagation d’une vague de chaleur dans sa poitrine. En l’espace d’une seconde, ils avaient ressemblé à une vraie famille. Declan ne laisserait personne lui prendre son intitulé. Carter n’avait pas besoin de s’inquiéter, Steve allait être parfaitement au courant de l’existence de ses deux parents. « Et je ne vais nulle part » lâcha-t-il après quelques secondes de silence, avant de reporter son regard à ses mains, légèrement gêné de son intervention. C’était sorti tout seul. Declan se rendait malade à chercher à comprendre ce qui se passait dans le crâne de Carter, mais il avait besoin d’elle comprendre qu’il n’était pas de passage. Il était investi dans la vie de son fils jusqu’à la fin de ses jours, et que Carter se trouve quelqu’un d’autre avec qui passer le reste de sa vie n’allait pas changer ce fait. La conversation rencontra un plat naturel et Declan commença à monter le berceau tandis qu’il entendait Carter parler doucement à Steve. Il hocha la tête lorsqu’elle indiqua qu’elle était là s’il avait besoin d’elle, et se concentra sur sa mission. Il perdit un peu la notion du temps, mais quelques minutes ou bien une heure plus tard, Declan se tourna pour apercevoir Carte endormie. Steve était toujours lové contre elle, mais le sommeil ne l’avait pas gagné ! Le bambin le regardait avec de grands yeux, mâchouillant ses doigts. Cette vision arracha un sourire à Declan et il se redressa après un rapide coup d’œil à son œuvre. Pas trop mal pour un mec avec zéro expérience de bricolage ! Il s’approcha de son fils et de Carter, faisant attention à ne pas faire trop de bruit. La demoiselle méritait de se reposer. Délicatement, Declan délogea Steve de sa poitrine et le déposa sur ses genoux alors qu’il s’asseyait au bord du lit. Il observa quelques secondes le visage paisible de Carter, ne résistant pas à l’impulsion de replacer une mèche rebelle derrière son oreille. Il soupira légèrement. « Je crois qu’on se complique la vie…» chuchota-t-il pour lui-même plus qu’autre chose. C’était gonflé de sa part, lui qui était trop lâche pour changer le status quo. Et pourtant, qu’est ce qu’il en avait envie.

Ce meuble était un enfer, j’avais essayé de le monter avec Summer, mais rien à faire. Cette fois-ci, c’était au tour de Declan et je redoutais qu’il arrive à affronter la bête. Il semblait si incertain, que le voir lire et relire la notice me fit sourire. J’allais tout de même lui poser la question concernant sa tâche. De faux espoir, s’il ne réussissait pas ce n’était pas plus grave que cela. Je n’allais pas en faire une montagne, loin de là cette idée. C’était déjà bien assez aimable de sa part d’essayer de monter le berceau de Steve, que je n’allais pas lui passer un savon s’il n’y parvenait pas tout comme moi. J’allais simplement demander à Lesty de m’en acheter un déjà montrer et je ferais don de celui-ci à une garderie. Observant toujours Declan, je laissais Steve jouer avec une mèche de mes cheveux, puis le malaise. J’avais trop parlé ou du moins, j’avais tenté de justifier ce que j’essayais de dire, m’enfonçant d’avantage à chaque mot. Je sentais cette boule se créer dans mon bas ventre, alors que je voyais bien que mes mots n’avaient rien à voir avec ce que je pensais. J’avais simplement été prise de panique en m’entendant dire « papa ». J’avais perdu le contrôle, les mots sortaient malgré moi et lorsque Declan tournait sa tête vers moi, je n’avais qu’une envie me cacher derrière Steve. Un sourire malhabile prenait place sur mes lèvres. J’étais certaine d’avoir gaffé. Mais lorsqu’il me confiait n’aller nulle part, une vague de chaleur monta jusqu’à mes joues. C’était quelque chose d’évident, mais qui me faisait plaisir. Embrassant le crâne de Steve, je décidais de laisser Declan travailler sans distraction possible. Je ne m’attendais tout de même pas à m’endormir. Au bout d’un moment, je sentais une caresse qui me décrocha un sourire. Ce simple geste dont j’ignorais s’il était réel ou non, fit parcourir un frisson le long de mon échine. C’était une sensation tellement agréable que je souhaitais la revivre encore et encore. Quelques minutes s’écoulèrent encore, puis j’ouvrais les yeux, papillonnant mes cils pour me réveiller. Ayant l’habitude de dormir avec Steve, je sentis mon cœur s’arrêter de battre en voyant qu’il ne se trouvait plus dans mes bras. « Steve ! » disais-je en me tournant pour voir mon bout de choux dans les bras de son père. Déposant une main sur ma poitrine, je poussais un soupir de soulagement. J’avais pendant un instant cru au pire. Et si j’étais une mauvaise mère ? Il n’y a pas de mode d’emploi qui vient avec la naissance d’un enfant. Me redressant, je m’assoyais en tailleur sur le lit, souriant en regard mon fils. Puis, je m’approchais des deux hommes, appuyant mon menton sur l’épaule de Declan pour regarder notre fils. Il avait la chance de ne pas se compliquer la vie, d’être aussi insouciant et naïf. Je portais ma main sur son front replaçant une mèche de ses cheveux blonds. « J’ai vraiment cru qu’il avait disparu. » confiais-je en tournant mon visage vers Declan. Nous n’avions jamais été aussi proche, enfin peut-être à Vegas, mais ça je n’en avais aucune souvenir. Je regardais ses traits, parcourant la ligne de chacun du regard, avant de pencher la tête pour voir le berceau se tenant au pied de mon lit. « Tu l’as monté ! » disais-je avec un large sourire, retirant ma tête de sur son épaule, je passais à quatre pattes dans son dos pour aller voir sa réussite. M’approchant, je laissais la joie m’envahir. Je déposais mes mains sur la rempare, regardant ce petit chef d’œuvre. Je me tournais pour les regarder. « Merci Declan. Merci mille fois. » disais-je avant de revenir vers eux, m’assoyant à leur côté et déposant ma main sur la joue de celui qui était mon époux aux yeux de la loi. Tournant son visage vers moi, j’apposais mes lèvres sur sa joue pour lui donner un baiser de remerciement. Ça ne durait que quelques secondes et pourtant mon cœur accéléra, mais je tournais la tête pour regarder Steve cachant ainsi mes joues surement rouge. « Steve, papa a réussi. Il m’impressionne. » soufflais-je dans un rire qui ne se voulait pas méchant.

Declan n’aurait su dire combien de temps il passa à regarder Carter. Si paisible, si calme, c’est comme si elle s’offrait à sa contemplation. Declan réalisa qu’il n’avait jamais eu l’occasion de la regarder aussi longtemps, sans craindre de croiser son regard ou que son intense fixation soit remarquée par autrui. Peut-être était même un peu glauque de rester là silencieux à la regarder, mais Declan se trouvait dans un étrange moment de mélancolie où le temps semblait s’être arrêté. Pourtant, son fils se dandinait sur ses genoux, peu enclin à faire oublier sa présence. Declan le stabilisa en passant un bras autour de sa taille, tandis qu’il débattait sur quoi faire ensuite. Quitter la pièce et laisser Carter se reposer, où la réveiller pour lui présenter son œuvre ? Finalement, Carter pris la décision pour lui puisqu’elle se réveilla un instant plus tard, calmement puis hystériquement lorsque qu’elle cria le nom de leur fils dans une exclamation de panique. Declan sursauta presque de surprise. La peur ancrée sur le visage de la jeune femme était si intense, qu’elle réussit même à le faire douter du fait que son fils était bien là dans ses bras. Il baissa les yeux, confirma bêtement que oui en effet Steve n’avait pas disparu, avant de reporter son regard sur Carter. La jeune femme localisa bien vite son bambin. On aurait dit une marionnette à qui l’on venait de couper les fils, ses épaules s’affaissant presque comiquement et son corps se détendant sous le coup du soulagement. L’instinct parental, il n’y a rien de tel. Peut être cela trahissait une lacune certaine dans son rôle de père, mais Declan n’avait pas encore ressenti la terreur profonde et sourde que l’on ressent pour la sécurité de son enfant. Sans doute cela était-il dû au fait qu’il ne profitait de Steve que ponctuellement, dans des contextes peu hostiles. Declan hésita à lui tendre Steve mais Carter bougea avant qu’il n’en prenne la décision. Puis Declan se figea le temps d’une seconde, au moment même où le menton de Carter entra en contact avec son épaule. C’était franchement idiot. Cela devait être la chose la plus innocente que deux adultes du sexe opposé pouvaient faire entre eux, et bien que leurs peaux ne se touchaient même pas, Declan trouva la chose extrêmement intime. Depuis cette fameuse nuit où ils avaient presque conçu Steve aveuglement, et sans aucun souvenir de la chose, Carter et Declan n’étais pas le moins du monde tactile entre eux. Quelques gestes par-ci par-là, mais le tout dans les limites des interactions sociales acceptables entre deux individus qui ne sont pas en couple. Et pourtant ils étaient mariés. Declan ne s’en remettait toujours pas de celle-ci ! Il esquissa un sourire. « Tu penses que je l’avais perdu ? Ou kidnappé ? » dit-il s’aventurant dans un humour moyen avant de tourner le visage vers elle. Grosse erreur. Ils étaient si proches. Les yeux de Declan ne purent s’empêcher de faire l’aller-retour entre les lèvres de Carter et la prunelle de ses yeux. C’était un de ces moments du cinéma, où les deux protagonistes sont comme attirés et ne peuvent s’empêcher tous deux de se pencher en avant jusqu’à ce que leurs lèvres se rencontrent. Niais ou pas, Declan était franchement prêt à sauter à pied joint dans le cliché et à miser le tout pour le tout, mais son hésitation tarde un instant de trop. Carter se décala au même moment, pour voir l’œuvre achevée. On aurait dit que Declan lui avait confectionné une structure en or massif tant elle semblait enjouée. Declan haussa une épaule, maladroit devant l’effusion de reconnaissance. « C’était pas grand-chose » bafouilla-t-il, avant de stopper toute tentative de conversation puisque Carter posa une main sur sa joue. Ok, étape numéro 2. Décidément, c’était la journée des franchissements de frontière ! Puis un baiser. Sur la joue, innocent et furtif, mais Declan n’enregistra même pas la remarque de Carter à leur fils. Plus tard, il mettra cela sur le coup de la situation : tous les trois dans la chambre de Carter, à côté du berceau fraîchement monté par ce papa dont on ne cesse de mentionner le nom, et des gestes d’affection à répétition ? Peut-être était-ce un court-circuit dans les neurones de Declan ou un élan de courage venu de nulle part, mais Declan ôta toute prétention et embrassa celle qui était sa femme aux yeux de la loi. Ça passe ou ça casse.

Une vraie maman poule, sans voir Steve je pouvais vite perdre le contrôle. J’avais secrètement tellement peur d’être une mauvaise mère que je redoublais tous mes efforts. C’est pourquoi j’eus une peur bleu en ne trouvant pas mon gamin lorsque j’ouvrais les yeux après une sieste. Longue ou petite, je n’en avais pas la moindre idée, mais lorsque mon regard se posait sur Declan puis Steve, je me détendis aussitôt. Je m’approchais des deux hommes, brisant la barrière de proximité entre Declan et moi. Je souriais à mon petit bébé qui gazouillait dans les bras de son père. Je riais en l’entendant plaisanter. « Mais non, je ne suis juste pas habitué d’avoir quelqu’un à la maison. J’ai cru qu’il lui était arrivé quelque chose. » J’étirais la main caressant la joue de Steve. « J’ai souvent peur d’être une mauvaise mère. » avouais-je, après il était sans doute la meilleure personne pour comprendre mon sentiment. On s’était retrouvé marié et parent en une nuit. Rien n’avait été planifié et on avait tous les deux chacun des plans. Enfin, moi j’en avais, plan qui était tombé à l’eau maintenant. Aller à l’université avec un bébé ce n’était pas ce que je souhaitais, mais mon père m’avait trouvé un contrat d’illustration pour un label de musique. C’était un bon début. Je tournais finalement mon regard vers le brun, croisant son regard. Jamais nous n’avions été si proche, tout du moins dans ce que je me souvenais. Car pour concevoir notre fils ou lier notre union lors de notre mariage, bien sûr qu’on avait dû être proche. Je ne lui portais qu’un faible moment d’attention, réalisant qu’il avait fini le berceau. En fait, ce ne m’était même pas venu à l’esprit et pourtant, pourquoi aurait-il été assis près de moi sinon ? Reconnaissante pour cet effort fourni, je revenais vers lui déposant ma main sur sa joue. J’embrassais sa joue délicatement en guise de remerciement. Si j’avais pu m’y attendre. Ouvrant grand les yeux, j’écarquillais ceux-ci en sentant ses lèvres sur les miennes. Je sentais mon cœur manquer un battement. J’aurais normalement être heureuse, mais la surprise me fit réagir autrement. Le repoussant, je le regardais avant de me lever. « Mais… » Glissant l’ongle de mon pouce entre mes lèvres, je le regardais avant de détourner le regard. Je fronçais les sourcils. Qu’est-ce qui me prenait pourquoi je ne profitais pas de ce moment ? « C’est l’heure du biberon de Steve. » Prenant mon fils, je le serrais contre moi, me dirigeant prestement vers la cuisine. Dos à lui, je fermais les yeux un instant avant d’aller déposer Steve sur sa chaise haute. Je regardais Steve qui m’observait sans comprendre. Mais qu’est-ce que je fais ?, me demandais-je en fermant les yeux. Ça fait des mois que tu le regardes discrètement, que tu l’observes en attendant ce moment ! Je n’étais vraiment qu’une idiote, posant mes lèvres sur le front de mon bout de choux, je le laissais pour retourner vers ma chambre. Arrivant devant Declan, je le regardais un instant. Souriant malhabilement. « Tu m’as surprise. » avouais-je en sentant mes joues devenir chaude. Je m’approchais de lui, glissant mes bras autour de son cou. « Vraiment surprise. » Après tout, qui aurait cru possible qu’il ressente, si c’était le cas, la même chose que moi. Peut-être que ce n’était qu’éphémère, un sentiment éprouvé simplement dans ce moment. « Je pensais être la seule de nous deux… » Je ne finissais pas ma phrase, j’aurais surement l’air idiote mais tant pis. Reprenant pour une seconde fois, je me levais sur la pointe des pieds, puis je déposais mes lèvres sur les siennes. Seulement cette fois, je fermais les yeux glissant mes doigts dans les cheveux de sa nuque.

Une mauvaise mère. L’incrédulité devait être parfaitement lisible sur le visage de Declan suite à cet aveu. Personne ne peut vraiment se préparer à être parents, mais ce qui compte c’est de faire de son mieux et d’aimer son enfant. C’est avec cette certitude que Declan avait accepté son rôle de père, si bien qu’il ne s’était jamais handicapé d’une peur paralysante quant à sa performance en tant que parent. Il allait donner le meilleur de lui-même en espérant que cela allait suffisant. Mais ce qui l’avait le plus rassuré dans tout cela, c’était de savoir qu’il allait traverser cette épreuve avec Carter et qu’à deux ils allaient pouvoir espérer faire du bon travail. Et Carter avait été parfaite. C’est bien évidemment elle qui s’occupait le plus de Steve, donc évidemment qu’elle était plus encline à fauter et à mettre en doute ses compétences, mais de ce que Declan pouvait en témoignait, elle était une très bonne mère. « Tu es une très bonne mère, Carter » dit-il avec conviction. «Steve à de la chance de t’avoir » dit-il avec un petit sourire. Dans un monde parallèle où Carter aurait été au bout de sa grossesse mais n’aurait pas voulu élever l’enfant, le pauvre bébé se serait retrouver dans un environnement tout de suite moins stable. Au lieu de ça, le petit garçon avait une mère dévouée et aimante à ses côtés, et il n’y avait pas meilleur moyen de commencer une vie. Et c’est peut-être parce qu’il se sentait bercé par cette ambiance intime et domestique que Declan perdit toute raison et embrassa Carter. L’adrénaline et l’audace l’avaient poussé à commettre le geste, mais une fois leurs lèvres éloignées et un silence pesant installé, l’appréhension et le regret refirent vite surface. Mais l’espoir aussi. Celui d’avoir fait la chose qu’il fallait, d’avoir fait le pas qui les mènerait dans une vraie relation. Car Declan n’avaient décemment pas pu tout s’imaginer dans sa tête. Loin de penser que Carter était folle de lui, il y avait des gestes et des mots qui permettaient de penser qu’il y avait quelque chose de plus. Bien sûr, tout cela c’était avant que Carter se lève, une expression ahurie au visage, et quitte la pièce avec une excuse toute faite. L’humiliation. Declan était comme figé, le regard fixé sur un pan du mur, horriblement conscient de l’erreur qu’il avait commise et du silence de la pièce, comme si l’univers le jugeait pour avoir été aussi stupide. Quel con, se répétait-il hystériquement dans sa tête. Il avait tout gâché. Un baiser et Carter n’avait pas perdu un instant avant de prendre Steve et de mettre les voiles. Super. Encore un grand moment dans la vie de Declan Gardner. Voilà pourquoi il adoptait plutôt avec apathie le monde, pourquoi il préférait ne pas trop s’impliquer dans les choses et dans les gens. Pour ne pas se retrouver dans ce genre de situation. Cela fit mal un instant, avant qu’il ne réalise que ça avait fini exactement comme il l’avait anticipé, alors pourquoi faire le surpris et se morfondre. Retourner dans la sécurité de la carapace qu’il s’était forgé semblait bien plus simple que d’essayer de sauver la situation. Carter allait avoir besoin de distance, et Declan espérait juste qu’elle ne le punisse pas en réduisant les visites de Steve. Il se leva, prêt à foutre le camp rapidement et discrètement, quand Carter fit de nouveau irruption dans la pièce. Declan se prépara mentalement pour un moment très gênant. Sans doute un petit discours très poli sur comment elle ne le voyait pas du tout comme ça, et que ça n’était pas lui mais elle, bref la base quoi. Declan rencontra son regard, il lui devait au moins bien ça. Il ne réagit pas lorsqu’elle lui annonça avoir été surprise. Tu parles d’un euphémisme. Et puisqu’apparemment il n’était pas assez confus comme ça, Carter s’approcha de lui, enroulant ses bras autour de son cou, et Declan ne comprenait plus rien. Il ne comprenait pas ce qu’elle venait de dire et il comprenait encore moins le baiser qui suivit. Il resta immobile quelques secondes, retournant à peine la pression contre ses lèvres, avant qu’il réalise ce qu’il se passe et devienne un peu plus actif. Il était horriblement conscient des doigts de Carter s’entremêlant dans ses cheveux et de à quel point cela était agréable. Lorsque le baiser s’acheva, il laissa échapper un soupir, un rire nerveux coincé dans la gorge. « Non, tu n’es pas la seule… » répondit-il, avant d’ajouter après un battement. « Tu m’as bien fait flipper là, pendant un moment » avoua-t-il, se sentant un peu déboussolé après toutes ces péripéties émotionnelles.