Lundi soir – J’ai beau zapper, il ne semble rien y avoir de bon à la télévision. Je pourrais étudier, mais rien à faire, je n’en trouve pas l’envie. Jazz n’est pas à la maison, étant partie à Londres pour deux jours, voire plus. L’effet des petits gâteaux magique que je me suis enfilé, ne semble plus avoir d’effet. Je me sens épuisé, que dire lessivé. Pour prendre ça plus relax, je m’étais emmitouflé dans un plaid en regardant Pretty Little Liars. Ouais, bon c’était la seule chose que j’avais trouvé. Mais il ne me fallait qu’un instant pour sombrer dans le sommeil que j’accompagnais d’un long bâillement.

Mon réveil fut brutal, un choc si on peut dire. Assis dans mon canapé, je m’envolais traversant le mur pour survoler les montagnes d’un vert pâturage. Des lièvres bondissaient dans l’herbe, grignotant sans doute des pâquerettes. J’en apercevais un sortir d’un terrier, pondant un œuf d’où on sorti un petit panda comme celui dans Kung Fu truc ! Oui, mon réveil n’était pas comme d’habitude, ce monde qu’était chez semblait bien différent. Le canapé se posa avec fracas, alors que j’entendais un ballon se dégonfler. Je me levais pour regarder ces huit tentacules se tordre dans tous les sens, laissant tomber huit souliers d’un rouge rubis. Un POUF sonore se fit alors entendre et une pluie d’étincelle atterrit sur mes épaules. Je me retournais, vraiment soit je dormais soit j’étais complètement fou. Devant moi se tenait un Dingo en chair et en os. Y’a pas à dire, cette chose est étrange surtout vêtu d’une rose à crinoline et coiffé d’un diadème. « Eh bien notre sauveur est arrivé ! Il était temps, j’ai pas que ça à faire t’attendre en jupette dude ! » J’en restais sans voix, il faut dire que je ne m’attendais pas ça de ce personnage loufoque. « Euh. Sauver ? » Il se mit à taper de ses gros pieds tout en croisant ses bras. « Tu dois nous sauver du grand Sorcier Barner, il plonge le monde de Buzz dans le chaos depuis trop longtemps. Il bombarde les villageois de tampons usagés et il laisse la princesse Jazz se mourir ! » Mais what the fuck ? Je restais stoïque. Jazz ? Tampons ? J’avais trop abusé de gâteau finalement. « Sans offense, mais je vais rentrer chez moi. » Tout d’un coup, j’ignorais s’il souriait ou me menaçait avec ces grandes palettes séparés par le grand canyon. « Prend ces souliers qui appartiennent à la sorcière Ursula, ils te ramèneront chez toi le moment voulu. Bonne chance ! » Et Dingo s’envola en me laissant sans voix. Je regardais tout autour de moi, prenant finalement une paire de soulier rouge, quatre auraient été inutile. Je m’approchais du corps de la dite sorcière, regardant mon reflet dans l’eau. Non d’une quéquette ! Je plaquais mes mains sur mes cheveux, ou du moins où il y aurait dut en avoir, mais rien. J’avais la boule à zéro, j’étais vêtu d’un t-shirt jaune zigzagué d’une rayure noire avec une paire de short tout aussi noir. J’avais tout de Charlie Brown ! Mais c’était quoi ce badtrip ? Un bruit attira mon attention, sous le plaid semblait se cacher quelque chose. Je le retirais donc découvrant Princess, ou ce qui aurait pu l’être. Je restais sans voix. « Snoppy ? » Une montagne velu blanche était couchée sur le canapé et semblait ronfler. J’allais le pocker avec le talon du soulier, qui d’ailleurs je n’allais pas mettre si c’était pour me faire une entorse. La chose bougea et j’éclatais de rire en voyant le véritable visage de ce personnage d’animation. Je tombais par terre, me pliant en deux dans un rire sonore qui fit voler tous les oiseaux des environs. « Oh. My. God. Si tu voyais ta tête ! » J’étais incapable de m’arrêter, c’était plus fort que moi. Voir Noah dans ce costume de Snoppy c’était quelque chose d’inoubliable !

***

Parfois, on se dit que la réalité et les rêves sont des choses qui se ressemblent, si je rêvais il était loin de ma réalité ! Plier en deux, je riais en regardant Noah affublé de cette apparence caricatural d’un chien clownesque. À sa réaction, je riais de plus belle. « Au moins tu sais que tu en as une maintenant ! », disais-je dans un éclat de rire qui se transformait en quelque rire de cochon. C’était plus fort que moi, je me relevais et alors, qu’il touchait ma boule presque à zéro, je reprenais mon sérieux, en fait j’essayais. Dans mon fort intérieur, je me disais que Charlie Brown c’était toujours mieux que Caillou. « Ris pas d’un mec sans cheveux veux-tu ! Et puis ta les pattes vachement douces bro’. » Je souriais bêtement. L’ambiance avait quelque chose de flippant en y pensant bien, mais pour y penser le plus clair de mon temps lorsque je suis stone, autant dire que ce n’était pas un canular. En fait, ce n’était pas si terrible, une chimère comme ça, ça se prend quand même assez bien. Bien que rêver de vierge au paradis avec des physiques aussi que ma coloc, n’aurait pas été un mal non plus. Mon cerveau m’avait surtout envoyé mon meilleur ami avec une truffe proéminente. Restait à savoir si le revers de la médaille était aussi terrible. Après dans un monde comme celui-ci, ça ne pouvait pas être si terrible, pas de chance de croiser le Croque Mitaine. Je regardais mon chien à la queue branlante. « Paraît qu’on doit sauver le monde de Buzz, c’est Goofy qui me l’a dit. » Crédibilité cent un… En fait, ça paressait complètement absurde dit ainsi, mais quand on voyait nos gueules autant dire que tout était possible. Je voyais alors ce lapin plus vêtu que nous qui nous regardait. J’haussais un sourcil – Par chance j’avais encore des poils là ! – cette bête et fatidique phrase. « Rendez-vous ? », répétais-je alors que Noah se penchait pour ramasser ce qui n’avait rien d’une montre à gousset en la regardant bien. Je regardais mon ami, il me semble que j’avais oublié de mentionner un détail. Détail qui me revient en mémoire lorsque ce dernier reçu un tampon en pleine gueule. Je frappais le creux de ma main de mon point. « Ah oui, c’est ça que j’avais oublié ! » Puis je regardais Noah version Snoopy. « Tu aurais voulu que je trouve ça où, entre mes cuisses ? C’est pas moi ! » Mes dires furent prouvés alors qu’un rire jouvenceau résonnait autour de nous. Je regardais autour de nous cherchant la provenance de ce rire. Ce rire balourd, des bruits d’étincelles et une pluie de tampons arrivait droit sur nous. « Ewww ! » Il n’était pas question que ça me tombe dessus. J’allais vite me transformer en Scaramouche si ça continuait ainsi, prendre la fuite était la chose qui me paressait la plus évidente. Puis un Barney arriva sur un aspirateur volant, à croire que le balai c’était trop frêle pour lui. Il chantonnait le générique de son émission. « Oh oh ! C’est donc vous qui avez été envoyé pour sauver la princesse. » J’haussais les sourcils. « Non mais y commence à me faire chier avec leur histoire à la con ! », disais-je avec animosité. Puis, je remarquais le regard que posais le dinosaure violet et vert sur mon canapé, et enfin sur mes mains qui tenaient une paire d’escarpin rouge. « Ursula… Ils sont à Ursula ces escarpins ! » Sa voix avait grondée. « Euh… Vous parlez de la pieuvre qui s’est transformé en marre d’eau ? » J’y comprenais vraiment rien, en même temps c’était quand même assez compréhensible devant un tel tableau. « Je crois que le plus étrange, c’est quand même un dino radioactif sœur avec une pieuvre. », soufflais-je à Noah avant de pouffer de rire. N’importe quoi, que ce soit un badtrip ou bien un rêve c’était n’importe quoi ! Barney nous regardait changeant de couleur et grossissant, je commençais même à avoir peur pour l’aspirateur. Ce genre de changement n’augure jamais rien de bon ! Il ouvrait finalement sa gueule dépourvu de dent et nous lança une avalanche de tampons usagés. Je comprends pourquoi il n’avait pas de dent, l’horreur si ça restait coincé entre ! « C’est répugnant ! », disais-je en le pointant avec l’un des escarpins qui se cogna avec le second. Aussitôt, je fus enveloppé dans un tourbillon d’étoile, d’arc-en-ciel et de petit cœur. Une fois la pluie kitch envolée, je me regardais m’attendant au pire. Et là j’avais touché le fond du baril, j’étais rendu vêtu en fille. Je voyais une longue chevelure blonde, une jupe beaucoup trop courte pour être descente. « C’est quoi ce truc ? » Ma voix n’avait plus rien de masculin, elle était même trop mielleuse avec un accent de mauvaise traduction. Bordel j’étais devenu Sailor Moon. Faisant une pirouette sur moi-même et avec le sceptre magique que j’avais entre les mains, je repoussais l’attaque. Je gloussais à un point tel que je me faisais peur. Et sans rien dire, je retrouvais mon apparence de Charlie Brown, alors que je voyais pester s’éloignant en volant. « Jamais tu devras parler de ça ! », disais-je à Noah, avant de remarquer que je portais désormais les souliers rouges. « Si c’est ça qu’on doit affronter, j’aimerais mieux être dans Spy-Kid. » Je poussais un soupire, alors qu’un chemin de brique jaune apparaissait devant nos pieds.