Les mois, les jours, les semaines passaient et se ressemblaient pour être honnête. A croire que le temps s'arrêtait dans ces moments là. Pourtant je me relevais chaque fois un peu plus, je respirai un bon coup. J'étais chez moi désormais, chez mon beau-père. J'avais récupéré ma chambre et mon lit pour avancer un petit peu, et pour aider mes deux petites soeurs. Lindsey et Maéva retournaient à l'école depuis à peu près deux mois. J'étais heureuse de constater qu'elles retrouvaient toutes les deux une vie à peu près stable même si ce n'était pas simple. Parfois elles me posaient des questions sur maman sans que je ne trouve de réponses. Apprendre le fait qu'elle tapait sur Peyton, qu'elle le battait m'avait ouvert les yeux sur le fait que je ne connaissais absolument pas ma mère. Du moins pas, celle qui avait épousé Peyton. Je ne pouvais pas penser que ma mère soit cette personne, et pourtant les preuves l'accablaient réellement. J'avais du ouvrir les yeux sur la réalité en plus de la mort.

Mais, ce soir. Je voulais oublier. Je voulais penser à autre chose. Et ça tombait bien, j'avais reçu un charmant un SMS m'invitant à venir boire un verre dans le nouveau café qui venait de s'installer en ville. Les années 50 étaient à l'honneur. Ma foi pourquoi pas. Au moins on se donnait une chance de s'ouvrir un peu aux autres. Je pénétrais donc dans le café, puis allait m'installer à une table. J'attendais donc Jonah. A mon avis ce ne serait pas là que je trouverai mon bonheur. Une serveuse débarquait en patins à roulettes. C'était tellement étrange, un peu comme si on se dénaturait un peu par rapport aux habitudes un bon dans Grease d'un coup. Grease ! A quelle belle comédie musicale d'ailleurs. Que c'était étrange de penser à tout cela. J'attendais donc pensive un peu transportée par ces décors du passé.

Puis une voix me fit sortir de ma rêverie. Ah. Bonsoir, Jonah, je ne me trompe pas ? Vous... Tu vas bien ? J'étais un peu déstabilisée. Le jeune homme blond foncé face à moi, je l'avais rencontré à l'hôpital dans un état second. Il n'était pas en très grande forme. Il semblait aller un peu mieux d'ailleurs. Ca me réchauffait un peu le coeur de se dire que l'on reprend peut être un peu goût à la vie après des épreuves.

Les patins à roulette des serveuses me faisaient un peu bizarre. Oui un autre temps, comme si je venais d'entrer dans une autre dimension temporelle. Un peu étrange comme sensation mais plutôt sympathique. Dépaysante. Un peu étrange. Mais pas pour le moins déplaisant. Bref, en poussant la porte de ce café des années 50 je ne m'étais pas non extasiée devant le style retro, mais plutôt devant les couleurs. J'avais du mal à croire que ce genre de café avait existé avant. Et que c'était là qu'on se donnait rendez vous pour un moment galant. Nés au début des années 90, ce monde n'existait pas pour nous. C'était autre chose. Tout de suite plongés dans Internet, les portables. Et pourtant nos premiers portables ne ressemblaient en rien à un iPhone ou un Samsung Galaxy comme beaucoup ont désormais. Non bien au contraire. Mais au moins, il ne tombait pour s'exploser en des milliers de petits morceaux en quelques secondes. Mon Dieu, je regardais l'écran et l'éclat qu'il y avait au milieu de mon iPhone. J'avais renoncé à le faire changer depuis bien longtemps dans le sens que dans tous les cas avec deux soeurs de 5 ans je n'étais pas à l'abri d'une chute dans l'escalier de mon moyen de communication premier avant mon téléphone fixe.

Un signe de la main du jeune homme qui m'avait invité à ce fameux café, je me dirigeais vers lui. Du bien, je me sentais incroyablement bien. Comme si les soucis étaient restés à l'extérieur, comme si tous les soucis n'avaient pas pu rentrer dans ce café. Mieux, je vais mieux que la dernière fois. dis-je avec ce sourire qu'il avait réussi à me décrocher avec sa deuxième phrase. En effet, je ne m'attendais pas à recevoir un texto de ta part mais ça me fait plaisir de te revoir. Un peu plus d'assurance dans ma voix, ça allait un peu mieux maintenant. Je m'installais face à lui. Trois mois déjà. Tu as l'air mieux toi aussi que la dernière fois que je t'ai vu non ? demandai-je avec un sourire. Une façon détournée que de prendre des nouvelles.

Quand on fait une rencontre à l'hôpital on ne s'attend pas forcément à recevoir de ses nouvelles. Je n'avais pas oublié Jonah bien au contraire. Disons que quand on est avec quelqu'un à l'hôpital au moins on se sent un peu moins seul dans notre détresse. Heureusement d'une certaine manière, sinon j'aurai vraiment une vie de merde. Vous imaginez un peu ? Physiquement il semblait aller mieux mais je me doutais que vu la rééducation qu'il avait eu ce n'était pas non plus ce qu'il y avait de plus simple. Les petits sourires qu'il me donnait en retour de mes réponses en disaient long sur son état d'esprit et de santé. Quand on recommence à sourire, soit on se cache envers une image, ou sinon on commence réellement à aller mieux. Je songeais plutôt pour la deuxième solution avec Jonah. Oh je ne le connaissais pas depuis longtemps, mais au moins on discutait à peu près normalement sans arrière pensée sans rien. Juste le bonheur de pouvoir discuter de tout et de rien avec quelqu'un qui avait également vécu des épreuves. Il n'avait pas eu la vie facile non plus. Il n'avait pas eu toujours la chance que l'on peut souhaiter à quelqu'un ça ne l'empêchait pas d'avancer.

"C'est une bonne nouvelle déjà, un boulot aide souvent aussi à penser à autre chose." En tout cas c'était vrai pour ma situation personnelle. Quand j'étais au boulot j'étais une autre personne, je laissais mes problèmes de l'autre côté de la porte et je les retrouvais malheureusement une fois que je passais la porte. Non ce n'était jamais l'idéal. Mais que voulez-vous ? Un décès, on met quelques temps pour s'en remettre, mais les cicatrices restent à jamais. Graver dans la roche comme dirait un rappeur français. Oui ma culture française laisse un peu à désirer mais bon que voulez-vous on ne serait jamais parfait, et puis les goûts et les couleurs vous savez ce qu'on dit, ça ne se discute pas ! "Oh là ! Bah pas grand chose, j'ai repris le boulot, ça avance doucement. Je m'occupe de Lindsy et Maeva sans vraiment savoir comment m'y prendre, et mon beau-père débloque total. Autant te dire que sortir un peu de tout ça ça me fait un bien fou. Et toi à part à la recherche d'un futur nouveau job ?"