Les circonstances étant plus que spéciales, voire même inhabituelles, je me doutais bien que Summer aurait peut-être quelques questions concernant mes liens avec sa famille, des trucs comme cela. Toutefois, je ne m’attendais certainement pas à ce qu’elle me fasse passer ce qui semblait être un véritable interrogatoire. Perturbée dans un premier temps par ses questions sur la raison de mon retour à Pasadena, sur ce qui expliquait pourquoi j’avais décidé de frapper à la porte de la demeure familiale ce matin plus qu’un autre, je ne sus même pas quoi répondre, étant d’abord étonnée par celle-ci, puis certainement pas prête à répondre du tac au tac comme cela. Tendue dans un premier temps, je me montrai particulièrement soulagée quand je me rendis compte, au sourire de la demoiselle, que tout cela n’était qu’une blague. Un rire nerveux s’échappa alors de ma bouche, sans que je puisse dire quoi que ce soit d’autre. Je devais passer pour une vraie empotée, c’était sûr et certain. Heureusement, je sus quand même me rattraper quelque peu au moment où la jeune femme sembla proposer que nous recommencions de nouveau, ce à quoi je ne pouvais clairement pas m’opposer. Lui souriant doucement, parce que j’avais décidé de prendre pour acquis qu’elle était sincère et qu’elle ne se jouait pas de moi – ce qu’elle aurait pu faire après tout, mais je préférais ne pas le voir ainsi – je vins ensuite à lui répondre :  « Ravie de te connaître, Summer. » ravie de me rendre compte que ce n’était pas si désagréable que cela, ce retour en arrière. En effet, je me sentais de plus en plus à l’aise, si bien qu’aux nouvelles questions de la demoiselle, je n’eus aucun mal à répondre :  « Je connais Carter depuis longtemps, Noah aussi depuis peu. » Un nouveau sourire se forma sur mes lèvres, marquant ainsi une pause dans mon discours. Puis, je me remémorai les questions qu’elle avait posées précédemment, me disant qu’au final, celles-ci n’étaient pas si intimidantes que ça. Enfin, je ne disais pas que je serais du genre à lui raconter mon histoire du début à la fin, mais je pus quand même me permettre de lui dire :  « Et pour te répondre, je suis venue retrouver la famille de mon père, essayer de reconnecter surtout. », J’avais fait exprès de faire fi de toute cette histoire de nouveau départ, de seconde chance, parce que je me doutais bien que ce n’était pas ce qu’elle voulait entendre. À la place, je décidai de prendre un chemin similaire au sien dans la discussion, puis lui demander à mon tour :  « Piper t’a déjà parlé de son frère ? », me surprenant à être curieuse sur la question, même si, pour tout dire, je ne me l’étais jamais demandée. Il fallait dire que j’avais totalement perdu l’habitude de parler de mon paternel, même si celui-ci me manquait chaque jour, encore plus depuis que j’étais revenue ici. Peut-être était-ce un signe comme quoi je faisais encore plus la paix avec moi-même ? Peut-être bien, seul la suite des choses pourra me le confirmer.

Toute cette situation était étrange, je ne pouvais pas le nier, mais maintenant que Summer avait manifesté son désir de recommencer à neuf et tenter de faire connaissance une bonne fois pour toutes, sans se montrer méfiantes, j’étais prête à en faire fi. Cela signifiait que je devais oublier tant bien que mal le fait que Carter ou Noah n’avaient pas parlé de moi à Summer. Ça, ce ne fut pas vraiment difficile, compte tenu que cela ne faisait pas si longtemps que j’avais revu Carter et que mon introduction avec Noah était récente. Par conséquent, je pouvais comprendre qu’ils n’avaient pas abordé la question avant aujourd’hui, moi-même je ne l’avais pas fait. Enfin, il fallait dire que ma famille, ce n’était pas une entité très proche de moi aujourd’hui, alors parler de ma journée, ce n’était pas quelque chose que je faisais régulièrement. D’accord, une fois de temps en temps quand on me demandait des nouvelles, mais autrement, je n’en faisais pas plus. Les deux jeunes gens devaient aussi avoir leur vie bien à eux, faisant en sorte que ce genre de détail pouvait échapper dans les discussions. De plus, j’étais là pour rectifier le tir, et cela ne me gêna donc pas de répondre à la première de question de Summer en disant, dans un haussement d’épaules:  « J’ai croisé Carter au magasin. Une véritable coïncidence ! » me disant que même si je voulais jouer cartes sur tables pour gagner la confiance de ma cousine, je ne me voyais pas vraiment lui expliquer d’emblée comment Carter m’avait aspergée de ketchup avant de me reconnaître. Je ne pensais pas que c’était le moment de raconter cela, même si je ne niais pas que ça pourrait être une bonne histoire à raconter plus tard, lors d’un repas. Parce que là, je me rendis compte que nous avions des choses un tantinet plus importantes à aborder au moment où Summer m’avoua ne pas savoir que Piper avait un frère, et donc encore moins une fille. Encore une fois, je ne m’en fis pas trop, parce que voilà longtemps que mon père avait disparu, donc en parler n’était certainement pas une priorité, encore une fois. Bien sûr, une partie de moi aurait voulu que ce soit autrement, mais pour le coup, je ne pouvais pas faire grand-chose, sauf répondre à la demande de ma cousine en traitant du sujet moi-même. Je pris quand même quelques secondes pour réfléchir à ce que j’allais dire exactement, et quand je crus que mes idées étaient en place, je finis par affirmer:  « Eh bien, je crois que j’ai déjà dit la base; Piper avait un frère, Edward, qui était mon paternel. Cependant, il est décédé d’un cancer il y a vingt ans de cela. C’est fort probablement pour ça que tu n’en as pas entendu parler. » Et en ce qui me concernait moi ? Je crus quand même bon de faire la précision, sans toutefois raconter ma vie en entier, et je le fis en concluant mon propos par:  « Après son décès, je suis déménagée, et je suis revenue qu’il y a un an. Je commence donc tout juste à reprendre contact avec la famille. » Un petit sourire vint à signifier que pour répondre à la question, j’avais terminé, mais que si jamais Summer voulait avoir plus de détails, je serais plus que ravie de lui fournir, dans la mesure du raisonnable, évidemment.