Les deux jeunes hommes avec nous étaient charmants et avaient pour mission dans ma tête de me changer les idées. Franchement cela marchait plutôt bien. Pendant quelques heures de partage et de rire, je me sentais comme une jeune adolescente de vingt ans en oubliant la majorité des soucis auxquels on est confronté dans notre vie d'adulte. Malheureusement la jeunesse grandit désormais bien trop vite. Nous sommes plutôt au proie du désarroi et perdu à chaque fois pour savoir ce qui est bon ou mauvais. Je ne savais plus vraiment. Ma tête m'emmenait dans de drôle e théorie depuis quelques temps. Serais-je en train de péter un boulon, ceci n'en est moins sur. Pour autant j'essayais de me reconcentrer un minimum en écoutant Cordélia et en l'écoutant parler. Ah mais oui, il est journaliste je suis bête. La tête vraiment ailleurs. Même si je ne travaillais pas directement, le monde du journalisme est petit et on connait vite les noms. Surtout quand sa mère est relativement dans le milieu. C'était peut-être le plus dur, perdre sa mère et recevoir des messages de plusieurs dizaines de collègues que je ne connaissais pas mais qui me demandait d'être forte. Sans blague ? Non mais franchement. Ils veulent pas jouer aux babysitters de temps en temps de beau-père ça serait plus cool que leurs messages stupides. Quand j'étais plus petite, ma mère était souvent en voyage aussi, elle était journaliste. Mais ce qui était cool c'était qu'elle me ramenait toujours un cadeau de là où elle allait, une carte, un porte clé. C'était cool. Et je voyageais en même temps qu'elle quand elle nous laissait à notre nourrice avec Gavin puis après ce fut Gavin qui me gardait et on s'gardait seul à la fin. Est ce que ça me faisait du bien de parler de ma mère ? Un petit peu.

J'approuvais ses paroles. C'est un peu comme s'il fallait être gentil avec les femmes que le 8 mars, ou aimer nos parents seulement lors de la fête des pères et des mères. Franchement c'est un peu stupide. Mais ça fait vendre des fleurs, des chocolats et de la lingerie fine ! dis-je en rigolant. Je jetai un coup d'oeil à mon portable rapidement.. On peut se rapprocher de la sortie à moins que tu veuilles voir d'autre chose ? dis-je avec un sourire. Il est déjà dix-huit heures en fait. Mais si tu veux rester, je reste avec toi.

Le décès de ma mère était un fait, mais ça ne m'empêchait pas d'y penser tout le temps. J'eus une petite pointe au coeur quand je prononçais le temps du passé, comme si, elle n'était plus. Non elle n'était plus. Mais c'était plus compliqué que tout. Quand on perd un être cher il n'y a rien de facile, à gérer ce qu'il y avait autour. On pense que le deuil est le seul à faire, mais non. Il y a aussi toute une question administrative qui fait que l'on est pas du tout serein. Rien n'est facile quand on perd un être cher, rien n'est simple dans tous les cas. Se retrouver orpheline non plus, que l'on est 4 - 12 - 25 ou bien 40 ans. Mais que les pensées négatives n'étaient pas bonnes pour les rides, je gardais donc le sourire vers la jeune demoiselle. Ca ne me faisait pas rien, disons qu'avec le temps, la douleur se diminue, et elle sera toujours moins forte qu'hier. Pour autant, quand on en parle, quand mes enfants demandront pourquoi je n'ai plus de parents contrairement à leur papa, j'aurai certainement ce petit noeud dans l'estomac avant de leur répondre. Ce qui me semble pratiquement normal. "Souvent du côté de New York, parfois Canada et quelques fois Europe lors des envoyés spéciaux. Puis après elle s'est mise plus calme pour s'occuper de mes deux soeurs toutes petites. Disons qu'elle voyageait plutôt en Californie, c'est grâce à elle que j'ai le goût du voyage je pense." dis-je avec un sourire. C'était le moins que l'on puisse dire. Voyager était une seconde nature pour moi, et je n'avais qu'une envie c'était de repartir. Mais ce n'était pas possible. Du moins pas dans l'immédiat.

Le temps passait à une vitesse folle, j'avais du mal à m'en rendre compte et pourtant nous étions déjà dans la première partie de la soirée. "Gilderoy Lockart ? Harry Potter ! Mon Dieu ça fait tellement longtemps que je n'ai pas regardé ce film !" dis-je avec un sourire à Cordelia. Harry Potter était un peu mon film préféré. Enfin l'un parmi tant d'autres. Mais Harry Potter, je pouvais regarder les 8 films en une journée avec mon pot d'Haägen Daas. Bref, je vous laisse un peu imaginer le moment de solitude que je pouvais avoir parfois en racontant ce genre d'histoire. Ce n'était pas évident certes, mais en même temps, ma génération beaucoup d'entre nous avaient grandi avec ce film. Nous avions entre 9 et 12 ans quand Harry Potter est sorti pour la première fois au cinéma, et ça nous avait suivi encore et encore des années suivantes. Pendant près de 11 ans. C'est un peu comme une longue histoire d'amour qu'on n'oublie jamais. Au final on prit la décision de partir et de se rendre à l'extérieur. Les deux lapins nous laissaient donc avec un sourire. On revoyait encore le soleil à l'extérieur. Cela faisait bizarre mais ça faisait plaisir, une petite journée entre filles comme ça. "Spécial, mais oui ! C'était pas trop mal, je n'imaginais pas qu'on finirait au salon de l'érotisme." dis-je avec un sourire. Cordelia était une bonne amie certes, mais bon ce n'était pas le genre d'endroit où l'on se dit d'aller comme ça sur un coup de tête, je me rendais à ma voiture en compagnie de Cordelia. "En tout cas c'était sympa de passer la journée avec toi !"