Quand je donne mon âge, je ne peux plus utiliser une seule main. Dans le fond, on s’y fait. Cela fait deux ans que je dois montrer l’autre en plus. C’est embêtant surtout quand il fait un peu froid. Imaginez que j’attrape un bobo à cause du vent ? Je vous jure. Heureusement je portais toujours des petits gants sympathiques en laine avec des yeux sur chaque doigt. Je les adorais même s’ils faisaient peur à Dylan. Il était toujours effrayé mais pas moi. Demain, c’était l’ouverture des cadeaux. J’aimais bien cette soirée. Maman préparait une dinde et on passait le 24 décembre à la maison. Parfois on faisait le sapin ce jour-là et parfois on le faisait un autre jour mais c’était toujours facile, toujours sympathique. J’adorais noël. Cette année, nous l’avions fait en avance. J’avais même cassée une boule en voulant aider maman et Lenaelle. Papa n’était pas là enfin il était peut-être sur le toit mais je ne l’avais pas entendu tomber donc je ne sais plus. Mais ce matin, je sentais tout simplement la bonne odeur du petit-déjeuner caresser mes narines. Papa et maman, ils travaillaient donc ils n’étaient pas là. J’étais toute seule avec Dylan, Lenaelle et les jumeaux qui faisaient sûrement dodo ou alors ils étaient chez papy ? Je ne sais pas mais en ce moment, maman avait un gros ventre. Papa m’avait dit qu’elle avait mangée mamie Jane mais bon. Je n’y crois trop pas. Je me réveillais alors, ouvrant un œil et je riais doucement. Ce rire cristallin. J’ouvrais le deuxième et je riais à nouveau mais pourquoi ? Maman avait encore mise une affiche à mon mur. C’était une photo d’un bonhomme de neige. Celui d’un dessin animé que j’adore regardé. Je frottais alors mes pieds l’un contre l’autre et je riais à nouveau. Mince, j’avais encore perdue mes chaussettes. Je me glissais donc sous la couette et j’allais au fond du lit. Mes fesses relevant le drap. Je cherchais mes chaussettes antidérapantes en tâtant le matelas et je souriais victorieusement. J’étais comme maman, savez-vous ? J’avais toujours froid aux pieds. Un vrai frigo. Je restais sous la couette pour enfiler mes chaussettes en chantonnant vive le vent. Mes chaussettes aussitôt à mon pieds… je retirais la couette de par-dessus ma tête. Les cheveux en pagaille à cause des draps mais je m’en fichais. Je descendais de mon lit en galopant sur le sol et me rendant en direction de la porte. Ma main se portant à la poignée alors que celle-ci était déjà ouverte, je la tournais par habitude en allant dans les couloirs. Je m’arrêtais devant la chambre des jumeaux et je regardais rapidement. Ils semblaient dormir. Ils avaient 1 an et demi… Ils savaient marcher mais ils dormaient beaucoup. Je marchais encore en direction de celle de Dylan. J’entrais de mes petits pieds calmement. Il ronflait encore comme un marteau piqueur et il avait la bouche grande ouverte. On voyait le peu de dent qu’il avait faire coucou. Je riais doucement, un rire qui se voulait silencieux et j’arquais un sourcil alors qu’il y avait une montagne sous la couette. Était-il malade ? C’était son zizi, non ? J’inspirais doucement, effrayée et inquiété d’un coup et je sortais de la chambre avant d’aller vers la cuisine. Je n’y allais pas trop rapidement. Je ne courrais pas mais je ne marchais pas trop lentement non plus. Je ne voulais pas faire de bruits. J’approchais alors en entendant la voit de Lenaelle. « Bonjour tatie Lenaelle ! », disais-je alors que j’avais cette habitude depuis un moment. Après tout… elle était aussi souvent avec moi que mes taties voir plus souvent. Je la regardais alors. « Moi, je vais bien sauf que j’ai encore perdue mes chaussettes mais je crois que Dylan y va pas bien ! », disais-je avec une moue alors que je secouais doucement la tête. « Non, pas bien du tout… », soufflais-je en faisant des gros yeux et un rictus. « Y a son zizi qui fait un chapiteau… », disais-je alors en mettant ma main devant ma bouche. « Désolée… je dois pas dire le mot zizi, c’est vrai… », disais-je en rougissant aussitôt. Maman disait qu’on ne pouvait pas mais j’avais entendu ce mot à l’école. Elle me disait de ne pas en parler tout court, j’étais trop jeune. Bah… les autres ont mon âge et ils peuvent. Ce n’est pas juste. « Il faudrait appeler le docteur non ? », disais-je avec les larmes aux yeux. « Je ne veux pas que mon frère y meure ! », je me frottais alors doucement mes yeux. Je savais que sur les adultes ce n'était pas grave car maman me l'avait dit que papa n'allait pas mourir une fois... je l'avais vu plusieurs fois mais Dylan n'était pas un adulte et il n'allait peut-être pas guérir.