J’ai dix ans, bientôt 11 ans enfin dans deux mois mais j’ai onze ans. C’est toujours ce que maman me dit… pour deux mois. C’était comme ça pour elle, je grandissais trop vite mais elle me donnait gratuitement une année de plus. La pauvre, une fois elle a pleurée car j’étais vieille. Les plus jeunes de la famille jouaient alors que j’aidais tout simplement mon père à monter le sapin. Comme souvent, on avait trop de retards pour ça, beaucoup trop mais je m’en fichais. Maman était absente, au travail alors que j’étais en train d’accrocher une boule. Depuis ce matin, j’avais affreusement mal au ventre mais comme toujours, je ne me plaignais pas. Je tiens ça de maman car papa, on dirait qu’il meurt s’il se coupe le petit doigt. Je vous jure. Enfin soit, c’est après quelques boules d’accrocher que Riley le plus jeune venait coucher autour de moi, prenant quelques boules pour les casser et les faire tomber par terre. Le fracas se faisant entendre, j’allais ramasser les morceaux en digne fille à son papa et les amenant à la poubelle pour le laisser s’occuper des trucs d’hommes. A 10 ans, j’étais petite mais débrouillarde. Riley allait à côté de papa et le regardait faire en mode : que c’est joli… sauf qu’il regardait la guirlande qui pendait juste de la poche de son jeans. Soit il regarde ses fesses ou la guirlande, je ne suis pas sûre. Riley est un peu bizarre. Il commence tout juste à parler donc. Pauvre petit. « Cuit, cuit, cuit… », disait-il alors en insistant. Il voulait juste un biscuit et il s’évertuait à dire cuit… enfin pauvre petit. Je souriais doucement en m’éclipsant faire pipi… oui bah c’est tout simple. C’est aller faire pipi. Mais alors là, j’hurlais en panique. « Pappppppppppppppa…. », criais-je alors comme si on allait me tuer mais toute gênée aussi car mince, j’appelais mon papa alors que je saignais dans ma culotte. Mais mon dieu, l’horreur. Je me sentais mal et je me rhabillais le plus possible pour aller fermer la porte et la verrouiller à clé. « Papa, je suis blessée mais je ne veux pas que tu vois… faut appeler le docteur… », criais-je aussitôt toujours mais j’en pleurais même. « Je suis malade, je crois ! », j’en pleurais totalement d’ailleurs. J’étais gênée tout simplement parce que maman me disait que je ne devais plus retirer ma culotte dans les garçons et papa est un garçon. En sanglot, je me laissais tomber sur le sol… en repensant à ça, j’étais blessée, j’allais mourir, j’étais malade…

Noël voilà quelque chose de récurant et pourtant je me lassais jamais de cette fête. Mes enfants grandissaient, mais les plus jeunes s’émerveillaient toujours autant. Seul Aaron avait la joie de jouer le père Noël pour ma part j’étais démasqué aussitôt, trop maladroit et chétif. Je ne m’en plaignais pas le rouge et la barbe blanche ne m’allait pas du tout, même si Lullaby pouvait faire une très sexy mère Noël. L’heure des festivités en famille étaient loin d’être arrivé, j’aidais plutôt les enfants à monter le sapin alors que ma femme était au café. Nora déposait les boules dans l’arbre, tandis que je m’occupais des guirlandes avec Dylan. Je remarquais que ce dernier semblait ennuyé à mettre la guirlande de pop-corn. Je devais bien admettre qu’avec les années les décorations étaient souvent made in home. Les enfants en faisaient tellement à l’école qu’on ne pouvait pas s’empêcher de les mettre dans l’arbre. Si l’un en avait fait une l’autre chialait si on ne mettait pas la sienne aussi dans l’arbre. Ça avait une certaine élégance et je trouvais que malgré tout, c’était plus personnel, plus MacCallister. J’entendais les boules se briser sur le sol et je regardais Riley dans sa layette jaune banane décoré d’une girafe, s’amuser avec les dernières boules de valeur. Je poussais un soupire les mains au sommet du sapin. « Dylan tu veux bien prendre ton frère pour pas qu’il se coupe. » Je l’entendais rouspéter, mais à neuf ans c’était normal. Le boutchou à peine remit au sol plus loin, reprenait sa quête s’arrêtant à mes pieds. « Merci Nora. », disais-je en la voyant ramasser les débris. Je finissais de disposer les guirlandes, alors que la voix de Nora résonnait dans la maison. Je laissais le tout tomber, enjambant Riley qui émit un rot. « Surveille-les ! », disais-je à Dylan en l’agrippant par la bretelle de sa salopette. Accélérant le pas, j’arrivais devant la porte de la salle de bain. « Nora qu’est-ce qu’il y a ? »Ma voix était calme, mais elle se changea rapidement en l’entendant dire qu’elle était blessée. Je n’allais très certainement pas laisser ma fille dans cette pièce parce qu’elle ne voulait pas me voir. Un docteur ! Et puis quoi encore. Bon, j’avais mon diplôme et le fait de savoir qu’elle désirait voir un étranger me donnait le tournis. Si on peut dire… « Comment ça malade ? Dis-moi ce que tu as ! » Je tentais de faire tourner la poignée. J’étais impulsif et surtout protecteur, je n’allais pas laisser ma fille ainsi dans la salle de bain. Non, je devais savoir. « Ouvre-moi cette porte ! Si tu as besoin de voir un docteur, je vais t’amener à l’hôpital, mais laisse-moi voir avant ! » Ma voix avait haussé d’un ton, non pas de rage, mais d’inquiétude. J’étais pris de panique et la savoir là, seule, ne me disait rien de bon. « NORA OUVRE-MOI ! Je ne dirai rien à maman si c’est ce qui te fait peur. Mais laisse-moi voir ! Tu m’inquiètes. Tu es ma fille et je ne veux pas te laisser seule ainsi. » Je tournais à nouveau la poignée. « Ça va p’pa ? » Je me tournais vers Dylan qui était apparu l’air surpris de me voir ainsi en train de chercher un moyen pour ouvre cette porte. L’idée de la défoncer me traversait l’esprit. Même retirer les pentures ne me semblait pas impossible et j’allais le faire si elle ne m’ouvrait pas. « Appel ton oncle, si elle ne m’ouvre pas… On aura besoin de lui. » Je me tournais vers la porte. Collant mon oreille à celle-ci. « Nora, Dylan va appeler Jensen pour qu’il vienne voir. Alors ouvre-moi ! Je t’en pris ! » Je commençais à en avoir marre de supplier, mais que pouvais-je faire d’autre ? Démolir la maison, ça n’allait pas ravir Lullaby si je faisais cela. D’ailleurs devais-je la prévenir ? Sûrement. Mais avant je devais savoir ce que ma fille avait ! Je ne voulais pas l’inquiéter si elle n’avait qu’une petite égratignure causé par l’une des boules de Noël que Riley avait malencontreusement brisé. Bon, ça avait l’air plus grave, mais tant qu’elle ne me disait rien de plus je ne pouvais rien faire à part m’imaginer le pire !