C'est étrange comment la vie peu basculée à tout moment, n'est-ce pas ? J'avais plus ou moins réussi à me réconcilier avec ma petite Lulu et voilà que maintenant, j'avais affaire à la colère de mon autre fille. J'avais l'impression que quoi je fasse, quoi je décide, quels qu'ils soient mes choix, je faisais toujours fausse route et pourtant, croyez-le ou non, je ne faisais pas exprès. J'avais le don de tout pourrir, d'anéantir tout ce que j'aimais, mais que voulez-vous ? C'était bien plus fort que moi. À mon âge, il est quasiment impossible de changer. Cela dit, même si on ne change pas les mauvaises habitudes, je ferais tout pour que Cordi me pardonne d'avoir ... accidentellement trébuché sur le pénis de son meilleur ami ? Non, pourquoi me voiler la face ? Je savais bien qu'en couchant avec lui, je provoquais la foudre alors, c'était tout ce que je récoltais en ce moment. Cordi avait le droit de m'en vouloir, mais j'espérais que cette colère en elle, ouvrira ses yeux sur le fait que je suis sa maman, et que j'avais le droit d'avoir une seconde chance.

Bref, malgré mes phares allumés, je ne voyais rien. La neige tombait tellement qu'il m'était impossible de voir à un kilomètre et en toute franchise, même avec mes années de conduites derrière moi, je me sentais encore mal à l'aise de conduire sous un temps pareil. Seulement même si je faisais attention à la route, et que j'avais hâte de rentrer chez moi au plus vite pour me préparer un bon chocolat chaud que j'entendais un énorme boum. J'avais touché quelque chose, mais quoi ? Un cerf ? Je n'espère pas, car j'aurais trop mal au coeur pour cette bête. Je me mettais sur le bas-côté de la route, et je coupais le contact. Ensuite, je prenais la lampe torche que j'avais dans ma boite à gants, et je sortais aussitôt.

JOAN _ « Oooooh purée qu'il caille » J'allumais la torche, et je m'avançais doucement vers l'avant de la voiture pour contempler le joli phare pété, et la belle bosse sur le pare-choc de ma maserati. « Merde » Seulement ce n'était pas tout, j'apercevais un vélo totalement bousillé sous le choc visiblement. Quant à la personne, où était-elle ? Je marchais jusqu'au fossé, et je la voyais allonger « Oh pitié, ne me dites pas qu'il est mort ? Seigneur pitié, qu'est-ce que je t'ai fait pour que tu me pourrisses la vie à ce point ? » dis-je en m'adressant au ciel tout en balançant mes bras en l'air. Prenant une grande inspiration, je descendais doucement vers le fossé. Arrivé à la hauteur du gars, je m'agenouillais tout en posant ma main sur son épaule « hey vous allez bien? Dites moi que vous êtes toujours vivants»

Il neigeait affreusement ce jour-là, mais Wayne avait stupidement préféré tout de même prendre son vélo, malgré le verglas. Que voulez-vous ? Quand on a peur de quelque chose, on l'évite au maximum, alors les véhicules à  quatre roues n'étaient pas souvent au programme. Et puis, qui dit qu'il serait plus en sécurité sous la taule d'une voiture ? Personne, surtout par ce temps. Il songea un instant à rentrer à pieds, dès lors qu'il se soit aperçu qu'il avait commencé à neiger. Mais cela lui prendrait trop de temps et il n'avait qu'un hâte : rejoindre sa chère famille au plus vite. Et le trajet à pieds n'étaient pas des plus agréables. Alors, à la sortie du bureau, il monta sur son vélo et entama sa route sans grand problème. Après tout, il avait l'habitude de rouler quotidiennement et en tous temps, malgré les réticences de son épouse qui s'évertuait à lui faire perdre cette facheuse habitude. C'était une sorte de casse-cou, en un sens, même s'il se plaisait à dire qu'il évitait tout risque inutile. Peut-être était-il juste un brin irresponsable et encore gamin dans son esprit. Allez savoir.
Pédalant, Wayne se concentrait sur la route avec grande prudence car c'est connu : c'est sur les chemins habituels qu'ont lieu les accidents mortels. Tout se passait très bien, même parfaitement bien jusqu'à ce qu'il aperçut deux phares un peu trop près de sa roue arrière. Une voiture un peu trop pressée ? Il eut à peine le temps de savourer cette lumière tranchante et de tenter de passer sur le côté qu'il se sentit projeté en avant.  Et badaboum, dans le fossé. Il lâcha un cri tandis que son corps heurtait le sol. Il n'y voyait presque rien et ne comprenait pas ce qui était en train de lui arriver. Jetant un œil sur le haut du fossé, il remarqua sa bicyclette, complètement défoncée, sa petite lampe à l'avant vacillante. « Mince... » souffla-t-il en tentant de se relever, mais il retomba aussitôt. Par réflexe, il avait mis ses mains en avant dans sa chute, et elles étaient complètement écorchées. Il eut un frisson, ce n'était franchement pas agréable de se retrouver comme cela dans ce froid abjecte. En plus, il y avait de fortes chances qu'il doive finir son trajet à pieds et que l'automobiliste pressé l'ait tout simplement abandonné à son triste sort en ayant pris la fuite. Une voix le fit sortir de ses pensées. Dieu soit loué, quelqu'un était présent et aurait peut-être la gentillesse de le raccompagner chez lui, ou à l'hôpital. Ou chez lui, c'est mieux. A vrai dire, Wayne ne savait pas dire s'il se sentait bien ou non, c'était très abstrait dans son esprit. « Oui.. Enfin je crois que je suis vivant, mais je ne sais pas encore pour combien de temps... » s'exclama-t-il en se relevant lourdement, titubant. Le choc avait tout de même été très violent, preuve en était de son vélo à jeter ! « Je veux bien un peu d'aide, s'il vous plaît... » affirma-t-il cependant d'une voix claire. Et alors que la personne s'approchait, il put la discerner. C'était une femme et son visage ne lui était pas inconnu. Elle avait braqué la lampe torche qu'elle tenait dans une main sur lui, si bien qu'il était un peu aveuglé, mais il lui semblait la reconnaître... Joan. Oui, on aurait dit Joan. Mais vues les circonstances et les années qui les avaient séparé, il n'en mettrait pas sa main à couper. Ce devait être son obsession de retrouver Cordy mêlée à un bon coup au crâne qui le poussait à s'imaginer que cette inconnue était cette femme avec qui il l'avait eue.

J'

avais déjà frappé des gens, poussé un homme à se tuer, manipuler les gens, être vache, mais jamais, j'avais écrasé une personne. Sur le coup, je me sentais super mal et j'avais la trouille d'avoir encore commis une grosse erreur. J'en avais marred'être appliquée dans des affaires qui me mettaient dans une situation très embarrassante et puis, je dois dire qu'avec la police, il fallait un peu que je calme mon comportement alors, ce n'était certainement pas en écrasant quelqu'un que j'allais réussir à m'éclipser.

« Oui.. Enfin je crois que je suis vivant, mais je ne sais pas encore pour combien de temps... » Pas pour longtemps visiblement. Alors que je lui avais foutu la lampe torche en plein visage que j'avais aperçu directement le fameux, Wayne... ouais ce fameux Wayne Rider Hester, le père de ma merveilleuse fille, l'un de mes ex-meilleurs amants. A cette époque, il n'était qu'un bête apprenti, autrement dit, un homme aux envies passagères. Je crois bien que je lui avais plus appris à faire des positions hors normes que lui apprendre les ficelles du boulot. Cela dit, qu'il ne me dise pas qu'il n'avait pas apprécié ces moments magiques qu'on avait vécus ensemble. Même si, cela n'avait pas duré longtemps, je ne regrettais pas et le fait qu'il m'avait mise enceinte, je ne lui en voulais pas pour autant. Il m'avait donné la chance d'aimer de nouveau et ça, même un merci n'était pas suffisant.M'avait-il reconnue ? Je ne sais pas, mais je priais le Bon Dieu pour qu'il ne me reconnaisse pas. Cependant, une chose m'intriguait, qu'est-ce qu'il foutait ici ? J'espérais qu'il n'était pas là pour Cordi sinon, je risquerais fortement de mordre.

JOAN _ « Tout dépendra du pourquoi tu es ici » Pourquoi tourner autour du pot ? Et pourquoi le vouvoyer aussi ? Je me voyais mal le vouvoyer surtout en ayant eu un enfant avec lui. Il voulait de l'aide ? Qu'il crève, je ne l'aiderais pas pour un sou, d'ailleurs, je le poussais légèrement et je me relevais. « T'es assez grand pour te débrouiller et puis quelle idée de rouler à vélo par un temps pareil ? » Je remontais la pente laissant ce vaux rien à terre. Je n'allais pas me salir plus que je ne l'étais déjà. Je regardais une seconde fois mon véhicule endommager. Ce n'était pas l'assurance que je craignais le plus, mais plutôt les policiers. Serait-il capable de les appeler, car j'avais quand même écrasé quelqu'un involontairement. Heureusement que j'étais sombre, hein ? Je me retournais vers lui et j'écriais « Tu n'es pas blessé, j'espère ?, » Je l'avais accueilli de façon assez brusque, mais, je n'étais pas non plus un monstre. Il était quand même le géniteur de ma fille.

Wayne devait se tromper, le hasard serait trop incroyable pour être vrai. Comment là, sur cette route, il aurait pu croiser Joan d'une telle façon ? Du moins, il espérait se tromper tandis qu'il plissait les yeux pour mieux discerner le visage de la femme lui faisant face, braquant toujours sa lampe-torche dans sa direction, presque avec hargne. Et lorsqu'il eut entendu sa voix, il se glaça. Oh bon sang, c'était elle ! Mais qu'avait-il fait pour mériter cet événement des plus désagréables. D'ailleurs, elle ne le ménagea pas, le tutoyant et lui aboyant dessus comme un chien avant de le pousser, lui qui avait eu tant de mal à se relever juste quelques secondes plus tôt. Il retomba en arrière, glissant sur l'humidité du sol. Il eut envie de crier une grossiereté à son encontre, mais aux vues de la situation, ce serait déplacé. Elle était la seule âme humaine à le savoir dans ce fossé et à pouvoir potentiellement le ramener ou il risquait de mourir d'hypothermie ou pire. Après tout, qui dit que ce choc violent n'allait pas lui provoquer une hémorragie interne ? Wayne n'était pas hypocondriaque, mais il avait promis prudence à son épouse. Il toussa, avant de se relever difficilement. Mais quelle terreur celle-là ! Au fil des années, il avait presque oublié la douceur dont elle avait toujours fait preuve. Comment avait-il pu aimer une femme comme celle-ci ? Il se le demanderait toujours. « Ce que je fais là ? » répéta-t-il en criant. « Bah je rentre chez moi, que veux-tu que je fasse ? Une course hippique ? » continua-t-il. « Et quelle idée de prendre la voiture par ce temps ! » en rajouta-t-il une couche, pour rire de la question stupide que son interlocutrice venait de lui balancer, avant de tenter de grimper vers le haut du fossé. On aurait dit un oiseau tombé de son nid. Ce n'était pas bien profond, mais il avait les doigts de pieds glacés et avec les mains toutes écorchées et encore sous le choc, il n'était pas prêt d'y arriver facilement. Il lâcha un petit rire face à la question de Joan. S'il s'était fait mal ? Elle en avait de bonnes celle-là ! « Tu rigoles ? Regarde un peu l'état dans lequel se trouve mon vélo ! Tu penses que je m'en suis sorti indemne, vraiment ? » Il poussa un large soupir. Quelle soirée de merde ! S'il avait su, il serait resté faire quelques heures supplémentaires. Il faisait tous les jours plein d'heures supplémentaires, étant l'un des patrons de la boîte, qui prenait encore et toujours de l'ampleur, il ne les comptait plus. Mais ce soir-là, il s'était juré de passer toute la soirée en famille, de pouvoir coucher sa fille. Mais décidément, c'était râté... Avec cette affaire, il prendrait sans doute encore plus de retard que s'il était resté le nez dans les documents. Poussant un nouveau soupir, il finit par déclarer forfait. « Sérieusement, Joan.... Aide-moi à sortir de ce trou... En souvenir du bon vieux temps... » commença-t-il. Il n'était pas vraiment en position de force et il savait quand baisser un peu la tête et cesser de faire le fier. D'autant qu'il avait mal partout. S'il finissait aux urgences au lieu de chez lui, elle allait l'entendre la Joan !
Ce n'est pas possible de conduire aussi mal ! Elle ne doit pas avoir son permis ou l'avoir perdu depuis longtemps... Quand même, il est un pro du vélo, l'accident ne peut-être que de la faute de cette..... On se passera d'adjectifs bien mignons pour la désigner.

L

e fait qu’il me gueulait dessus, et qu’il me prenait pour la première des idiotes, me donnait plus l’envie d’être vache avec lui. Et c’est ce que j’allais certainement faire. En plus cela m’amusait vachement d’être une sale garce alors autant continuée sur ma lancée non ? Bref, avec tout ceci, il rentrait chez lui ? Depuis quand, il habitait à Pasadena ? Depuis quand, il osait venir faire du vélo sur la chaussée que j’empruntais régulièrement ? Il n’était pas là pour l’emploi, car à Pasadena, il n’y a rien et aucun avenir pour une entreprise. Et dire que je venais seulement d’enterrer la hache de guerre avec Jane, voilà que je devais de nouveau me battre avec cet être infect.

JOAN _ «  Tu rentres chez toi ? Depuis quand tu vis ici, Wayne ? » Quelle idée de prendre mon véhicule ? Mais alors là, je l’emmerde profondément. Pour info, niveau sécurité, c'était mieux de prendre sa voiture qu’un vélo en pleine tempête. Et puis, mine de rien, nous étions plus protégés dans une carrosserie que sur un vélo à deux roues. Effectivement, je suis indemne contrairement à cet homme. «  Tu m’excuses, mais je ne suis loin d’être aussi écolo que toi »

Je m'en fichais bien de quel état était son vélo se trouvait, car tout ce qu'il me tracassait pour le moment, c'était lui... et la belle note que j'aurais pour mes réparations de ma Maserati qui contrairement à son vélo à deux balles, il m'a coûté plus de cent cinquante mille dollars, alors, qu'il ne vienne pas se plaindre que son fichu vélo.

Dommage que je n'avais pas su plus tôt que c'était lui, sinon, croyez-le, j'aurais accéléré. Et au pire, pour être sûr de l'avoir bien amoché, j'aurais fait une marche à arrière. Sadique, hein ? Mais bon, je ne souhaitais quand même pas sa mort, car, même si, je l'avais largué comme un déchet puant, il avait compté énormément pour moi. Peut-être que j'en étais même amoureuse ? Humm qui dit.

JOAN _ « C'est de ta faute, tu n'avais pas qu'à être sur ma route » Ben quoi ? J'allais ni jeter la faute sur moi tout de même. « As-tu vu l'état de ma voiture ? D'ailleurs, ne soit pas étonné, si je t'envoie la facture »Je ne me gênerais pas pour un sou de lui envoyer la note des réparations. Pourquoi devrais-je payer les dégâts que je n'ai pas commis ? Car en toute logique, c'est lui qui a bousillé ma caisse. Il demandait mon aide ? Que c'est adorable, mais il faisait pitié. Je croisais mes bras sur ma poitrine et j'ajoutais :

JOAN _ « Tu es revenue pour Cordi, n'est-ce pas ? » Autant poser les questions que je veux savoir, non ? Il était venu ici pour elle, j'en étais convaincue. Je m'avançais doucement au bord du fossé « C'est mon enfant, et je ne laisserais jamais personne me la prendre, tu as compris » Malgré que je le menaçais, je culpabilisais de le voir aussi faible. Je lâchais un soupire, sachant bien que je ne pouvais pas le laisser là - même si le petit diable me disait de le laisser. « Attrape ma main » je lui tendais ma main ....

Décidément, ces derniers temps, Wayne n'avait pas beaucoup de chance. Pour une fois qu'il aurait pu passer la soirée tranquilement installé devant un dessin-animé avec sa fille, il devait avoir cet accident. Ce ne serait pas grand chose,si seulement quelqu'un d'autre avait tenté de l'écraser. Joan était bien la dernière personne qu'il voulait voir, surtout depuis qu'il avait entrepris de retrouver Cordélia et de tout lui avouer un jour. Il savait que sa mère ne le laisserait pas faire et pour l'avoir plutôt bien connue, il savait aussi ce dont elle était capable.
Il poussa un large soupir à la dernière question posée par son interlocutrice. « Depuis des années. » répondit-il simplement, sans donner trop de détails car notre brave homme jugeait que cela n'était aucunement nécessaire. Et c'était la vérité, c'était ici qu'il avait créé son entreprise, d'abord spécialisée dans les logiciels comptables avant de prendre l'essor du web en plein vol et de devenir cette marque renommée. « C'est vrai, j'avais oublié que t'étais plutôt du genre à écraser les fleurs... » rétorqua-t-il avec une grimace face à la réplique de son ex. Ce qu'elle était farouche. Il tenta encore une fois de remonter seul le fossé, tandis que la voix de joan résonna de nouveau dans l'atmosphère et c'était encore une fois pour lui dire des gentillesses. « Quoi ?! Non mais t'abuses ! Je respecte le code de la route moi ! Pas ma faute si madame est surpressée et n'a que de la merde dans les yeux... Avoue au moins tes erreurs... Je vois que tu n'as vraiment pas changé, ma belle... Toujours aussi … aussi... exaspérante ! » continua-t-il, avant de se taire. Ce ne serait pas en lui tenant tête qu'il allait s'en sortir de cette situation. Bien au contraire, il imaginait bien que Joan n'avait qu'une seule idée en tête sur le moment, lui envoyer une bombe en pleine gueule ou remonter dans sa voiture pour le renverser encore un millier de fois avant de prendre la fuite en roulant sur son cadavre encore chaud. Pourquoi ? Parce qu'il n'avait jamais été qu'un jouet sans valeur à ses yeux et qu'en ce moment, à Pasadena, il risquait de mettre en péril sa zone de confort. Il poussa un nouveau soupire. Wayne se débattait, mais il s'avoua finalement vaincu par cette adversité et demanda de l'aide. C'était le genre d'hommes qui n'avait pas peur de paraître faible, mais qui, bien entendu, souhaitait retarder ce moment au plus loin. Surtout si c'était pour demander l'aide de Joan, cette véritable chippie. Mais que voulez-vous, il valait mieux cela que de rester dans ce trou toute la nuit durant et mourir de froid. Il ne répondit pas à sa question, réitérant sa demande de secours, et finalement, le miracle se produisit, elle lui tendit la main. Il l'attrapa et cette aide lui permit de sortir -enfin!- du fossé. « Merci.. » déclara-t-il en offrant un sourire très franc à son interlocutrice, croisant son regard avec sincérité. « Je... Non, je ne suis pas ici pour Cordy. » déclara-t-il, avant de détourner le regard. Ce n'était pas un mensonge, il vivait ici, il s'était marié, il avait une fille de 9 ans, Sky, toute sa vie à Pasadena n'était pas orchestrée autour du fait de retrouver Cordélia. Mais c'était indéniablement un de ses buts premiers. Il ne savait pas s'il devait en parler à Joan... Il comprenait qu'elle allait mal réagir. Elle l'avait déjà jarté de sa vie des années plus tôt... Alors pourquoi l'accepterait-elle maintenant ? « Et je n'ai aucune intention de te l'enlever... » souffla-t-il cependant. Et c'était la stricte vérité. Il voulait voir Cordy, tenter de trouver une complicité père-fille qui n'avait jamais existé puisqu'ils ne se connaissaient pas, malgré les tentatives de Wayne de rester en contact éloigné, mais jamais il n'avait eu dans l'optique de la retourner contre sa mère, jamais il n'oserait faire une chose pareille.

«

Depuis des années. » Est-ce que j'avais bien entendu, mais venait-il de dire depuis des années ? Qu'est-ce qu'il foutait ici ? Il n'y avait rien de bon à Pasadena, à part des jeunots assoiffés de vagin. Cela allait faire plus de neuf mois que j'habitais ici et jamais, je l'avais croisé... Sur le moment même, je me demandais bien si Cordi était au courant que son géniteur se trouvait ici. Si c'était le cas, c'est qu'elle me mentait depuis tellement longtemps.

JOAN _ « Ha et c'est seulement maintenant que je t'écrase ? » ajoutais-je pour taquiner et apaiser un peu la mauvaise ambiance. J'étais plutôt du genre à écraser les fleurs ? Si cela tenait qu'à moi, je l'aurais bien insulté de connard, mais, il fallait que je garde ma belle image de femme parfaite. Je croisais les bras sur ma poitrine et je le regardais sans bouger le petit doigt. « Non, j'écrase seulement les parasites de ton genre, qui n'ont rien à faire sur mon chemin » soit c'était lui, soit c'était le froid qui faisait ressortir de nouveau toute ma méchanceté, mais je devais l'admettre qu'il me provoquait, surtout qu'il en rajoutait sans cesse une nouvelle couche.

Est-ce que j'abusais ? Oh si, il voulait que j'abuse de son corps, il fallait me le dire tout de suite. Ouais même si, j'avais failli le tuer, je le trouvais quand même mignon et encore plus en voyant l'arcade ouverte. Oui, la vue du sang m'excitait que voulez-vous!! Et quant au respect du code de la route, comment voulez-vous que je la respecte, si je ne respectais déjà pas la loi en lui-même.

JOAN _ « Mon petit doigt me dit que tu as envie de crever, toi, non ? » Par colère, j'avais fait une boule de neige que je lui envoyais en pleine poire. « Mes erreurs ? Tu te fous de moi ma parole ? » Je lui relançais une deuxième boule de neige et je rajoutais « Les écolos t'ont jamais dit qu'il fallait enfiler des vêtements réflecteurs et que si la visibilité est inférieure à 100 mètres, qu'on devait allumer les néons à l'arrière du vélo afin d'être ... Je ne sais pas quoi ... visible...espèce d'idiot ... » J'étais exaspérante ? ET bien, merci, il n'était pas le premier à me le dire et je m'en fichais bien... Je suis comme je suis et je n'allais pas changer pour ses beaux yeux.

Même si, il m'énervait au plus haut point, je ne pouvais pas le laisser là, alors, la gentille Joan que j'étais, j'avais tendu ma main pour qu'il la prenne. J'aurais pu le lâcher au moment où il était presque arrivé au bord du fossé, mais mon côté ange me disait de ne pas le faire. Une fois qu'il se trouvait en face de moi, je le regardais sans un mot.

Alors ainsi, il n'était pas ici pour Cordi ? Bah, il aurait du mal, non?  vu qu'en toute logique, il était là avant nous deux donc, techniquement, il n'y était pour rien. Je lui tournais le dos et je me dirigeais vers ma voiture. J'ouvrais la portière passagère pour pouvoir prendre dans la boite à gant ma trousse de secours.

JOAN _ « Mais tu aimerais bien la voir, n'est-ce pas ? » Je claquais la portière, tenant dans l'autre main la boite. « Viens, je ne vais pas te manger, tu sais » ajoutais-je en le voyant se tenir loin de moi. « oh celui qui ose enlever ma fille, je le tue...  c'est suffisamment clair non ? » Je déposais la trousse sur le capot et je l'ouvrais pour y prendre un pansement. « Désolé, je n'ai que ça en attendant » sans même lui laisser le temps d'agir, je lui collais cela sur sa blessure. « J'habite à dix minutes d'ici, je pourrais mieux te désinfecter les plaies sauf si tu préfères aller à l'hôpital ? A toi de voir!! » Qu'il se rassure, je n'allais pas le violer.

Joan était vraiment fidèle à elle-même. Elle retournait la situation, le voilà fautif de l'acciden à présent ! Il préféra ne pas répondre. De toute façon, la seule chose importante était qu'il allait bien, malgré ses mains écorchés, son arcade sourcilière ouverte et cette sensation qu'il allait péter un plomb d'ici quelques minutes si la situation persistait dans le sens qu'elle venait de commencer. Il ne gagnerait pas face à la mauvaise foi de cette femme et surtout, il ne jouerait plus son jeu en reprenant encore du poil de la bête et en la taquinant à son tour. Ce n'était plus un jeu et ils n'étaient plus amants depuis longtemps. Un instant, Wayne se perdit dans ses pensées, songeant au fait qu'ils auraient pu rester ensemble, se marier, faire d'autres enfants. Auraient-ils été heureux ensemble dans un univers parrallèle ? Il n'en savait rien. Wayne sortit de ses pensées en sentant une boule de neige lui atterrir en plein visage. A peine s'était-il essuyé qu'il y en avait une autre. « Mais merde ! Arrête ça tu veux ?! C'est bon!» s'exclama-t-il. C'était si désagréable. Mais en soi, c'était mignon... Oui c'était mignon qu'elle ne veuille lui jeter que de la neige en pleine tête et pas son poing. Il leva les yeux au ciel. « Ce n'est pas par écologie que je prends le vélo et tu le sais très bien... » déclara-t-il en s'écartant un peu. Dans toute sa vie, Wayne n'avait raconté son tragique accident, survenu alors qu'il n'était qu'un enfant sans défense, qu'à deux personnes : Joan, puis Elizabeth. Et il ne savait pas exactement pourquoi il avait eu besoin de le rappeler à son interlocutrice. Après tout, il ne désirait pas sa pitié. Il se tut donc, tenté de prendre les armes à son tour. Il lui suffirait de se pencher et de ramasser de la neige à son tour, pour en faire une bonne boule et rabattre le claquet de Joan. Mais finalement, il se calma. C'était la meilleure option pour sortir de ce trou, sinon il y moisirait. Et de toute façon, il était déjà assez puéril comme cela, il ferait mieux de ne pas en rajouter un couche. Le quadragénaire ne fut pas surpris de la question que venait de lui poser son interlocutrice à propos de Cordélia, sortant par la même occasion de quoi le soigner. Il s'avança. « Tu sais, avec toi et tes crocs asserrés, on est jamais sûr de rien... » Encore une taquinerie qu'il n'avait pas pu s'empêcher de lui lancer. Il se rapprocha tout de même d'elle, mais n'osa pas s'adosser au capot, bien qu'il en aurait besoin, aux vues de son état. Il eut un petit sourire à l'attention de Joan. « Evidemment que j'aimerais la voir... » déclara-t-il doucement. Il était hors de question de lui raconter qu'il l'avait vue déjà de nombreuses fois, sans pour autant l'approcher et qu'il avait même réussi à lui parler une fois, dans un Starbuck's, sans pour autant qu'elle n'apprenne qui il était vraiment. Wayne avait prévu de tout lui raconter, mais maintenant que sa mère le savait en ville, ce ne serait peut-être plus si simple. « Elle est une femme à présent et... » Et quoi ? Il ne savait pas vraiment quoi dire. Mis-à-part peut-être qu'elle était assez grande pour faire ses propres choix, même en ce qui s'agissait de trouver un père dans sa vie. Wayne regrettait tellement de n'être qu'un funeste inconnu à ses yeux, un nom dont elle devait se foutre complètement. « Aie ! Non mais ça va pas?!» s'exclama-t-il lorsque Joan, avec la délicatesse qu'on lui connaissait tous lui plaqua le pansement sur sa plaie. Puis, elle lui fit une proposition qui l'étonna. Se rendre chez elle ? Il était vrai que cela valait mieux, d'autant qu'il n'était pas prêt de rentrer. Et puis, il se sentait assez bien, du moins en apparence, pour éviter un tour aux urgences. Cependant, il prit un peu de temps pour répondre. Il ne savait pas si c'était une sage décision d'accepter... Après tout, c'était la nuit, il était censé se rendre chez lui retrouver sa fille et il faisait un détour par chez son ex.... « Ok...ok. » déclara-t-il néanmoins, un peu inquiet de la suite des événements. Voilà comme le destin peut-être drôle : deux personnes qui ne se voient plus depuis des années et l'une percute l'autre en voiture et finit par l'inviter chez elle. Drôle de vie.

«

Mais merde ! Arrête ça tu veux ?! C'est bon!» Pourquoi devrais-je m'arrêter ? Il n'avait qu'à cesser de me provoquer et tout ceci n'aurait pas eu lieu. De toute façon, avec la chute qu'il avait subir, rien de tel que de recevoir du froid dans sa tronche pour le rafraichir de la frayeur qu'il avait subi et éviter des hématomes. Alors au lieu de râler, il devrait me merci étant donné que je ne faisais que l'aider .... À ma façon, bien évidemment. Cela dit, je n''arrêtais pas parce qu'il me le disait, mais parce que j'avais les mains glacées. J'étais pétrifiée sous cette neige qui tombait toujours autant et j'avais hâte de retourner chez moi au chaud.

Bref, j'avais donc arrêté de lui balancer à la tronche de la neige et celui-ci me rappelait le pourquoi, il se déplaçait qu'à vélo. J'avais oublié ce petit détail de sa vie et son traumatisme vécu durant son enfant. Mais bon, après tant d'années, ne devrait-il pas tourner la page, et continuer sa route sans se retourner ? Se détacher du passé et le laisser derrière nous est la chose la plus difficile qu'un être humain pouvait faire, mais ce n'était pas impossible. Rien n' »tait impossible. J'étais partie de Pasadena en ayant presque rien et regardez où j'en étais aujourd'hui... Je suis devenue l'une des femmes les plus puissantes sur le marché cosmétique et ça, je me le devais uniquement à moi et à personne d'autre. Je me suis battue pour obtenir tout cela, alors ne devrait-il pas vaincre sa peur une fois pour toutes ? J'avais peur de l'inconnue, j'avais peur de me lancer seule dans des affaires, et pourtant, j'avais réussi...

JOAN _ « Et tu crois qu'à vélo, tu es plus en sécurité qu'en voiture ? Je viens de t'écraser là, je te fais remarquer. »

Je ne disais pas cela pour le rabaisser ou pour être méchante mais, un accident, cela arrive à tout le monde... ET des cadavres et bien, on en voyait souvent, non ? Dans les films. La vie est loin d'être comme dans le monde des bisounours où tout le monde est happy.. Nous vivons dans un monde de merde et nous finirons tout autant. Wayne était peut-être qu'un gars que je considérais comme un jouet sexuel ambulant, mais il était aussi mon ami. Non seulement il se confiait à moi, mais je faisais tout autant jusqu'au jour où il avait préféré prendre son envol seul, me laissant...

Genre, je ne l'avais - dans mes souvenirs les plus lointains - jamais frapper.. Fouetter peut-être, mais frapper, jamais, à part les fesses. Ouais , je n'étais pas aussi méchante à cette époque quand je l'avais rencontré. Cependant, j'étais déjà une petite garce ambulante.

JOAN _ « Est-ce que j'ai le droit de t'insulter ? » Ben quoi autant demander la permission non ? Il s'approchait de moi tout en m'avouant qu''il aimerait bien la voir.... Je lâchais un soupir rien qu'à l'idée que ma fille pourrait fréquenter son père et j'avais peur qu'elle m'en veuille ... en toute logique, elle pourrait m'en vouloir étant donné qu'à l'époque, Wayne était revenu et je l'avais tout simplement rayé de ma vie et celle de mon enfant ... de notre enfant. Mais je lui en voulais tellement ... tellement de m'avoir trahi et penser que je ne voyais que du sexe entre nous. Il aurait dû voir que je l'avais aimé. « Ne me prends pas pour une idiote, Wayne. Je te connais ... » Je le regardais droit dans les yeux et j'ajoutais « Tu l'as déjà rencontré depuis ce temps, non ? » Oui ma fille était devenue une belle et ravissante jeune femme. J'en étais fière d'avoir créé cette merveille. Quand je disais que mes ovules étaient parfaits, c'était la pure vérité. « Et ? Elle est magnifique, n''est-ce pas ? Que veux-tu c'est mon petit bébé. » Rien qu'à l'idée qu'il s'était approché de ma fille sans ma permission, cela me mettait hors de moi et ce qui expliquait toute la délicatesse que j'avais employée pour coller ce pansement. D'ailleurs, je prenais bien la peine d'appuyer dessus. « T'es devenue une gonzesse ou quoi » ? Ajoutais-je en le plantant là. ; Je n'allais pas éternellement rester dehors. Au passage, j'avais repris la trousse de secours et je la balançais sur le bas côté de la chaussée. Il fallait que je m'en rachète une nouvelle alors autant la balancer, non ? « Bien... Allons-y. Et si tu dois mourir, ne meurs pas dans ma voiture, d'accord? » J'allumais le contact et je démarrais en trombe faisant ainsi patiné mes pneus sur la neige, histoire de bien martyriser mon copilote.

Wayne leva les yeux vers le ciel lorsque Joan lui rappela qu'il venait de manquer de se faire écraser et que, de ce fait, il n'était nullement en sécurité en vélo. « Ce n'est pas une question de sécurité ! » marmonna-t-il assez fort pour qu'elle l'entende. Il était vrai que personne ne le comprenait. Pour les gens, c'était du passé. Son accident avait eu lieu dans sa petite enfance et il n'avait plus à le ressasser sans cesse. Pour les autres, c'était simple de dire d'aller de l'avant et d'oublier cet accident. Mais le problème était justement dans le fait qu'il n'avait même pas encore atteint un âge où il était capable de juger à l'époque. Il était resté des heures durant dans une voiture, la ceinture attaché avec le pare-brise cassé, des morceaux de verre partout, à attendre dans le noir, le cadavre du cousin de l'un de ses parents quelques mètres plus loin après qu'il soit passé à travers la vitre, sous le choc. C'était une image qu'il avait bien tenté d'ôter de son esprit de très très nombreuses fois et il avait d'ailleurs participé à de très nombreuses thérapies, mais il ne s'était jamais rien passé qui avait pu le « guérir » complètement. Trente-cinq ans plus tard, il avait toujours peur des voitures, en son fort intérieur et bien qu'il soit très souvent obligé d'en emprunter pour ses déplacements, il détestait cela. Non pas car il avait peur d'avoir un accident, mais parce que cela réveillait toujours le pauvre petit garçon traumatisé enfoui quelque part dans son esprit.

Finalement, il était sortie de la fosse, avec l'aide de Joan, qui prenait soin de lui à sa manière. Son interlocutrice n'était pas bête et elle avait bel et bien compris quels étaient les plans de notre cher quadragénaire dès lors qu'il formula l'envie de revoir leur fille. Oui, leur fille, même si Wayne n'avait jamais participé à sa vie, il l'avait suivie de loin. Il regrettait de ne pas s'être imposé des années plus tôt. Mais sa vie aurait été très différente. Il n'aurait peut-être pas Elizabeth, ni Sky !
« Comme si t'avais besoin de ma permission pour m'insulter ! » s'exclama-t-il en laissant échapper un rire. « je ne te savais pas si prévenante ! » Il rit de nouveau, tout en s'approchant. Certes, il continuait à la provoquer, mais c'était si tentant lorsqu'elle se laissait aller à ses paroles pleine de mauvais sens!Wayne sourit ensuite face à ses questions, en pensant à Cordélia. « Oui, elle est magnifique. Elle a beaucoup pris de toi.. » déclara-t-il en se tournant vers Joan, ancrant quelques secondes son regard dans le sien. Le fait qu'ils ne s'entendaient plus comme avant ne lui interdisait pas de la complimenter. Malgré les années ayant passé et fait leur œuvre, Joan restait une très belle femme.
« Et je pourrais te retourner la question ! Depuis quand t'es devenue un mec pour bourriner comme ça les gens avec un pansement ? » demanda-t-il, un petit sourire sur les lèvres, face à la nouvelle provocation de son interlocutrice et cette hargne qu'elle avait arborré pour lui plaquer le pansement sur l'arcade sourcilière. « Je ne suis pas un morceau de viande ! » continua-t-il. Ce n'était peut-être pas la comparaison la plus adéquate cependant.

Ils montèrent finalement en voiture pour un trajet qui se voulait assez complexe avec ce drôle de regard qu'ils s'échangeaient de temps en temps. « Je ne mourrais pas, promis... » déclara-t-il. « Mais je peux avoir la nausée... » continua-t-il. Et bien oui, il venait d'entrer dans une voiture et, de plus, il n'était pas vraiment en forme, il attendait avec impatience leur arrivée. « Tu... Tu pourrais me parler un peu de Cordy ? » demanda-t-il ensuite. Oui, il voulait des petites anecdotes... Il rêvait d'en savoir plus sur elle, pour se rassurer, se sentir moins inconnu avant de lui parler un jour. Il voulait en savoir plus que ce qu'il avait pu observer.