9 ans, l’âge d’or ? Pas vraiment. Je n’étais que d’apparence une enfant épanouie mais seule dans ma chambre, je me laissais parfois égarer à des larmes de crocodiles en pensant à ma maman qui m’avait abandonnée. Pourquoi ? Papa était maintenant heureux avec Jane mais j’avais parfois encore du mal à me dire que c’était ma nouvelle maman même si je faisais avec. Je commençais un peu plus à m’y faire alors que deux petits frères et une petite sœur étaient arrivés mais aussi Kate. Ma vie était bien, elle était cool. Je trainais beaucoup avec Kyle, le petit garçon qui est couleur chocolat et alors que je le quittais assez tôt, je me disais que je voulais aller voir papa. Pourquoi ? J’avais envie de savoir comment il allait et je voulais un bisou. Bien sûr, je ne le trouvais pas mais une fois dans la cuisine, j’apercevais le grand gâteau posé sur la table. Jane avait le dos tournée vers le frigo alors que j’approchais à des pas silencieux. Pourquoi ? J’avais remarqué une chose : Kate n’avait jamais de gâteau. Je trouvais ça tellement triste mais je n’avais jamais eue l’occasion de faire en sorte qu’elle puisse en avoir. Jamais. Pourquoi je le voulais. Approchant, je prenais le couteau que je n’avais pas vraiment le droit d’utiliser. Je coupais alors une part du gâteau et je le mettais sur une serviette. Je pensais à une grosse part pour la partager à deux biens sûrs. C’est alors que Jane se retournait que ma serviette en main, je m’étais cachée derrière l’îlot pour aller vers la sortir à quatre pattes. Une fois dehors, je me relevais et j’allais en direction de Kate qui était sur la balançoire. Je l’entendais mais je me retournais vers la fenetre de la cuisine pour être sûre que l’on ne nous voit pas. Ouf, en fait, elle ne voyait rien. Je m’approchais en entendant Kate et je souriais. « C’est pas pour moi ! », disais-je alors en lui tendant mes mains avec le gâteau. « C’est pour nous deux ! », rajoutais-je avec un petit sourire espiègle. « T’as le droit, moi je dis qu’on a tous le droit… Le chocolat, c’est bon. Tu crois qu’on utilise des petits garçons comme Kyle pour faire du chocolat ? », murmurais-je alors. En 2014, Kyle est Cameron maintenant. Ce petit garçon qui dans un an allait mourir dans des flammes… C’était mon meilleur ami mais j’étais tout autant proche de Kate et même de Rhiannon mais j’avais cet instinct protecteur envers Kate qui était parfois toute seule.

Cette vie avec pleins de petits frères et de petites sœurs et une grande sœur ne me dérangeait pas du tout. En fait, j’aimais bien partager et être là pour eux. Le plus souvent, j’aimais bien jouer avec Andrew et Boby. Je le faisais voler par-dessus son lit et je lui chantais des berceuses. Parfois je jouais à chatouiller Kennedy et j’avais même pu chanter les couches de Grace par moment. En fait, j’aimais bien être une grande sœur. Venir apporter un morceau de gâteau à Kate était pour moi le moyen de m’occuper d’elle. Je ne pouvais pas changer sa couche, elle était trop grande et avait fait sur le pot comme les grands en même temps que moi à peu près donc je ne pouvais pas. Je pouvais juste enfreindre les règles. Je souriais doucement alors qu’elle me disait qu’elle n’avait pas le droit. « On ne met pas de lait dans ce gâteau, tu peux ! », disais-je en sachant qu’elle en était allergique et même par ce que j’en faisais parfois avec maman Jane. D’ailleurs je ne voulais encore pas totalement l’appeler maman car j’espérais encore que maman Joan, ma maman arrive à un moment pour venir avec moi prendre un avion avec nos vestes. J’hochais la tête quand elle demandait si on était d’accord pour ne rien dire à papa ou à maman. J’étais d’accord bien sûr et je souriais doucement en la regardant couper le gâteau en deux et la laissant manger. Je souriais en lâchant un petit rire innocent en l’entendant. Je ne pensais pourtant encore qu’à cette histoire de graines de cacao. C’était comme si je ne pensais qu’à ça. C’était un peu ma question existentielle et même si je m’en fichais des couleurs des gens, je me demandais juste comment ça se pouvait. Bien sûr, j’avais tendance à parfois regarder les papillons voler plus vite que d’écouter en classe même si on était dans la même. « Mais comment ça se fait qu’il est de la couleur du gâteau ? », demandais-je alors en souriant. « Sinon c’est pour ça que c’est encore plus bon… t’as jamais fait un truc alors que tu ne peux pas ? Quand papa veut pas que je monte dans la cabane au-dessus de l’arbre car c’est trop dangereux, je le fais quand même et je suis encore plus heureuse en arrivant au-dessus… », disais-je fièrement alors que j’étais la petite fille qui grimpait partout, sautait dans les flaques d’eau et n’avait pas vraiment la graine de l’obéissance développée. J’aimais bien faire ce que je ne pouvais justement pas faire. « Tu sais, je peux recommencer à chaque fois que maman fait un gâteau ou des sucreries ! », disais-je en affichant un grand sourire. « Après tout, on fait ça entre sœurs mais ça sera un secret, promis ? », demandais-je alors.

Je souriais doucement en l’entendant parler de sa maladie et du sucre. En fait, je n’y comprenais rien que pour moi, la maladie… c’était ce qui nous donnait de la fièvre et nous faisais tousser. J’étais apte à dire qu’on pouvait mourir à cause d’une maladie mais je ne pourrais pas vous donner les autres symptômes. Il n’existe que la grippe et oui. « Non, jamais, j’aime trop ça ! », disais-je alors en lui souriant doucement en fait ce qui était beau dans la gâteau au chocolat c’était que je pouvais en manger tant que je voulais car y en avait toujours. Parfois même que j’en mangeais tellement que j’en avais mal au ventre pendant toute la journée. Ma maman, elle n’en préparait pas vraiment quand j’étais plus petite comme Andrew. Non en fait, papa en ramenait parfois et c’était trop bon. Je pense que j’étais née avec un gâteau au chocolat dans la bouche et oui. Ce n’était pas possible autrement. Alors que je me posais des questions sur la couleur de peau de Kyle, je souriais doucement alors qu’elle me disait qu’il venait d’Afrique. « Il vient de là ou on voit des lions ! », disais-je alors dans un rictus un peu choquée d’en apprendre son origine. Mais non, c’est vrai ? Peut-être pourrait-il me présenter à un lion ? J’adorais tellement les fauves. Je souriais doucement. « Il a meilleur gout quand on n’a pas le droit, tu crois ? », lui demandais-je alors bah oui, un chocolat avec encore un meilleur gout mais ça doit être géant ! Amusée, je riais doucement en parlant alors du fait que nous sommes sœurs et l’écoutant alors attentivement du haut de mes 9 ans. J’haussais doucement les épaules en l’entendant et la laissant terminer avant de prendre une bonne grosse bouchée du gâteau et la mâchant avant de sourire. « Bah je crois qu’on devient sœur par ce qu’on veut l’être ! », disais-je alors d’un ton neutre tout comme si j’avais trouvé la réponse de l’année. « En fait… regardes Rhiannon, elle dit que t’es pas sa sœur et elle ne veut pas… mais moi, je dis que t’es ma sœur donc je veux. Ce n’est pas un papier, les papiers ça brulent et on jette quand on a dessiné dessus… », disais-je alors en levant les yeux. « Maman elle dit des bêtises, c’est le cœur qui décide qui est sœur… c’est pour ça que ça se ressemble et y a qu’une lettre de différences ! », disais-je, en souriant. « Moi je dis, je m’en fous des papiers, t’es ma sœur et c’est tout même si mon papa, c’est pas vraiment ton papa et que ta maman ce n’est pas vraiment ma maman ! », disais-je en haussant les épaules. « C’est comme ça et pas autrement ! Voila. », rajoutais-je en prenant une nouvelle bouchée du gâteau, fière de ma petite argumentation. J’avalais ma bouchée à nouveau. « Et si les gens te font chier et disent que t’es pas ma sœur, tu dis… moi je suis sa sœur mais toi, t’es con et voila ! », et bing dans vos dents les vilains.

Voir le monde avec les yeux d’un enfant ? Cela peut parfois être à risque, nous pensons avec tellement d’innocence. Les yeux qui brillent et pétillent alors que nous croyons réellement et vraiment que les rennes volent. On tombe en amour sous Rudolph ou cupidon et on s’amuse à faire de la luge en imaginant que c’est le moment ou les elfes atterrissent. Bien sûr, je ne faisais pas de luge, je ne connaissais pas la neige. Ils disent toujours les adultes qu’il ne neige pas à Pasadena car nous sommes en Californie et qu’il fait chaud mais pourquoi dans les films il fait soleil et il y a de la neige pourtant ? C’était à ne rien y comprendre et je n’y comprenais tout simplement rien. J’aimais bien la neige pour en avoir vue à plusieurs reprises pendant des voyages aussi court soit-il. Une année, j’avais été au ski même avec papa mais c’était il y a longtemps et j’étais encore plus petite. Je ne m’en souvenais que grâce à des vidéos ou je faisais l’ange. Enfin bien sûr, la conversation n’était pas du tout là. Nous ne parlions même pas de noël mais simplement de notre innocence enfin non. Enfin oui. Nous ne voyons pas tout avec la logique d’un adulte mais la logique bien plus simple d’un enfant. La logique de Kate était que manger quand nous n’avons pas le droit rend ça encore mieux. Avait-elle raison ? Sans nul doute car j’aimais tout autant cette sensation. J’aimais réellement manger quand je ne pouvais pas et encore et encore. Je voulais manger et j’adorais ça comme tous les enfants même si je savais me modérer. Je n’avais pas trop le choix de me modérer. En hiver après noël, je commençais toujours à avoir mes joues rondouillette. Il ne faut pas abuser du lait de poule… même si je soupçonne papa de le remplacer par du lait de vache. On n’a pas assez de poules à Pasadena et puis les poules ça fait du lait ?  Je me posais toujours la question. Peu à peu, j’exposais ma science sur la famille. Qui est papa, qui est petite sœur ? Mais on s’en fout tant que dans nos cœurs, on décide d’être sœur. Les adultes se prennent tellement trop la tête. Tellement et puis même pourquoi ils tombent amoureux ? On tombe toujours dans un trou quand on aime. Enfin non, au fond du trou ? Je sais plus comment papa dit. Je vous jure. Mais bon, on s’en fiche, j’écoutais alors Kate me dire que ma maman était loin, perdant mon sourire à ses mots et baissant un peu mon visage. Je le relevais quand elle finissait sa phrase. Je la voyais aller prendre une pierre et la serrer. « Mais attention, tu vas te faire mal ! », disais-je avec une moue surtout que je ne voulais pas qu’elle se fasse mal. Non mais oui, je ne voulais pas. Je l’écoutais alors parler de sang et le mélanger. Je faisais un rictus. « Mais ce n’est pas dangereux ? », disais-je alors un peu effrayée. « Papa y dit que ça donne des maladies et qui faut faire attention. », disais-je alors tout de même un peu effrayée même si l’idée était bien plus intéressante que de tomber malade. « Roh, je prendrais du sirop et je tousserais juste la nuit ! », murmurais-je en me disant que papa et maman Jane s’occuperaient de nous. Je prenais alors la pierre qu’elle tendant et serrant fort aussi, un peu plus fort qu’elle car ma peau était moins fragile. J’y pensais un peu mais bon. « Aie… », disais-je comme une petite fayotte alors que la douleur se faisait bien trop sentir. Je sentais même les larmes monter mais je les retenais assez facilement à force d’entrainement. Bah à chaque fois qu’on me parlait de ma maman, je voulais pleurer du coup bah oui que je retenais mes larmes facilement car je n’aimais pas pleurer. Ce sont les bébés qui pleurent et je ne suis plus un bébé, nan. Je faisais une petite moue. « Ça fait mal quand même un peu ! », disais-je en posant la pierre sur la table pas trop loin de la serviette mais pas dessus et je rapprochais ma main de la sienne. « T’es sûre qu’on va être des sœurs alors maintenant ? Car je n’ai pas besoin de ça pour savoir qu’on est sœur ! », un petit sourire mélangé à la douleur de ma peau un peu blessée se dessinait sur mes lèvres tandis que je mettais ma paume contre la sienne. « Ce n’est pas comme ça qu’elles font les sorcières ? », soufflais-je alors. « On est des sorcières maintenant ? », rajoutais-je aussitôt avec un petit brin de joie.

Est-ce qu’un peu de sang mélangé suffit à dire qu’on est sœur de sang ? Je n’en savais rien. Je ne comprenais tellement pas tout ça pour moi, ce que je disais était ce que je pensais. Si elle était ma sœur, je m’en fichais des autres c’est qu’elle était ma sœur tout comme Pingui était en ce moment mon doudou. Oui, c’est un nounours en forme de pingouin que j’affectionne depuis quelques mois même si en vrai, j’ai un doudou mais j’avais décidée d’en changer et je dormais avec mon pingouin mais bon. Ce n’est pourtant pas la même chose. Un doudou et une sœur ? C’est totalement différent. Je l’écoutais tandis qu’elle me disait que Tania et Kim n’étaient pas tombées malade. J’hochais la tête en haussant les épaules avant de lui dire que nous étions des sorcières. Je l’avais vu déjà faire par des sorcières et ça m’amusait de me dire que j’avais des pouvoirs mais je riais aussitôt en l’entendant me dire qu’on était des soeurcières. Un rictus se dessinait sur mon visage alors que je mettais aussitôt la main devant ma bouche. Je riais doucement en gloussant à son jeu de mot. Cette main non blessée sur ma bouche. Alors qu’elle nettoyait sa plaie, je me levais alors pour aller près de la piscine. Elle me tendait un mouchoir que je prenais aussitôt en la remerciant d’un petit signe de tête mais j’avais envie d’un peu d’eau aussi. Je souriais doucement en m’abaissant doucement. Je tendais ma main dans l’eau pour qu’elle se mouille et je la sortais aussitôt alors qu’elle disait que c’était notre secret. Des secrets, oh oui. J’entendais souvent parler des secrets des adultes. Etais-ce un secret d’adulte ? Les secrets des enfants étaient tellement différents mais je n’arrivais jamais à savoir la différence. Après tout, ils disent toujours : ce sont des trucs d’adultes. Je ne savais pas où ils voulaient en venir. « Un truc d’adulte ? », demandais-je alors en souriant. Quand on me disait ça, cela me mettait toujours tellement en colère par ce que je voulais savoir pourquoi les gens sont tristes et pourtant maman elle est partie aussi. Je voulais ma maman. Je voulais qu’elle revienne tous les noëls pour me redonner des chaussons et une boule de neige en cachette mais elle ne l’avait fait qu’une fois. Je me relevais une fois ma main trempée et je la nettoyais rapidement avec le mouchoir avant de redevenir vers Kate en lui souriant doucement. « C’est marrant, soeurciére… », disais-je en riant doucement, un rire cristallin d’enfant. Tellement innocente. « C’est comme sœur, si on change le S par un c, ça fait cœur ! », disais-je en levant alors mes deux mains vers la région de mon cœur et dessinant un cœur avec mes doigts. Je mimais alors un boum boum comme un cœur qui bat mais ma logique est là. « C’est presque pareil ! », chuchotais-je alors en laissant un doux sourire se dessiner sur mes lèvres. Il en fallait peu pour être persuadée d’une chose. « Donc je décrète que tu es mon cœur ! », disais-je en levant fièrement mon bras au ciel comme dans le film que j’avais vu l’an dernier et que je n’arrêtais pas de regarder depuis. C’était devenu mon film favoris et le premier film qui ne soit pas un dessin animé. Je comprenais pourtant au départ… rien du tout du film mais bon, j’avais posée des questions pour le comprendre et j’avais compris que celle qui prenait des trucs pas bon, c’était une droguée. Je ne savais pas ce que ça voulait dire mais j’avais compris que ce n’était pas bien. Au fur et à mesure, j’avais commencée à comprendre mais je regardais quand même. Et c’est alors que je me mettais à danser comme la fille dans le film. Je tournais sur moi-même et je déhanchais mes fesses en riant de bon cœur, je chantais un peu la chanson de ce film, je la connaissais presque par cœur. « Hey, hey, hey, hey, oh oh oh… », chantais-je en dansant toujours. « Don't you forget about me… », je riais doucement en tendant alors les mains vers Kate et l’invitant à danser avec moi. Je voulais danser, oui. Il fallait fêter ça. Il fallait fêter que nous étions des cœurs. C’est encore mieux que des sœurs. Et des soeurciéres aussi. « On va faire de la magie… », disais-je en tournant en rond les bras écartés et droit, je tournais en fermant les yeux le visage vers le ciel alors que mes yeux étaient fermés. Je sentais le froid de l’automne assez léger sur ma peau. Mes joues rougissaient doucement et je tournais. Je tournais pour simplement sentir mes cheveux voler. Je sautillais à quelques tours. C’était la liberté.