« Carter à deux mamans, elle est pas normale. » disait un gamin du nom de Jason dans la cour d'école, riant ouvertement avec ses amis. Je le regardais en fronçant les sourcils et en gonflant les joues. Leur propos me faisait mal, car pour moi il était normal que j'aime mes mères. Pourtant, je savais que ce n'était pas commun, j'avais beau avoir sept ans, je le comprenais parfaitement. Tout mes amis avaient un père et une mère, moi j'avais droit à trois parents. « Et alors ? », avais-je répliqué furieuse. Je ne pouvais pas rester là sans rien dire et surtout pas laisser passer cela. Je ne voulais pas être faible, je ne voulais pas être un fardeau pour elles. « Tu n'as pas le droit de jouer avec nous ! Tu pourrais nous contaminer ! Et ma maman à moi elle dit que ce n'est pas bien, que c'est mal. » Je n'avais pas pu retenir mon poing. Celui-ci était parti droit sur la joue gauche de mon compagnon de classe. Je savais que c'était mal, mais ça avait été plus fort que moi. Entendre ses paroles m'avait terriblement blessée. Je n'étais pas malade, alors pourquoi devait-on refuser de jouer avec moi. « Madame Carter a frappé Jason ! » J'avais regardé l'ami de ce dernier et le regardant d'un regard noir, j'avais croisé les bras et j'avais tiré la langue à Jason. C'était enfantin, mais après tout je n'avais que sept ans. Je ne comprenais pas pourquoi les gens s'acharnaient tant sur ma famille. Pour moi, elle était spéciale, mais pas étrange. J'avais deux mères, mais aussi un père, et alors ? J'aimais mes parents et j'étais prête à tout pour les protéger. « Mesdames Dawson, je comprends que votre fille puisse avoir quelque remarques qui ne lui font pas plaisir, mais elle ne devrait pas en arriver aux poings pour régler tout cela. » J'étais assise sur une chaise beaucoup trop grande pour moi. À mes côtés, mes mères regardaient la directrice alors qu'elles avaient été convoquées. J'étais toujours furieuse, furieuse qu'on dise ce genre de chose à propos de ma famille. « Il n'avait qu'à pas parler contre ma famille. », avais-je soufflé doucement entre mes lèvres. « Carter ! » J'avais relevée mon regard vers ma première mère, celle qui m'avait donnée naissance. Elle semblait furieuse, je me mordais la lèvre incertaine alors que la porte derrière nous s'ouvrait. Mon père entrait alors, m'adressant un sourire. « Qui êtes-vous ? » « Je suis le père de Carter. », disait-il alors que je sentais sa main caresser mes cheveux. La directrice semblait abasourdie. « Bien... Carter sera en retenue tout les soirs pendant les deux prochaines semaines. Et expliquer à votre fille que ce qu'elle a fait n'est pas bien. Vous pouvez partir. » Je regardais cette femme un peu trop guindée, étonnée d'avoir été punie alors que je trouvais que mon geste était tout à fait justifiable. Nous sortions du bureau et marchant je regardais le sol. « Carter, comment as-tu pu frapper un garçon ! Ce n'est pas parce que ce qu'il te dit ne te plait pas que tu dois agir ainsi. » Je la regardais alors qu'elle semblait perdre le peu de retenue qu'elle avait. Je voyais les larmes apparaître et je baisais la tête. « Je suis désolée maman. », avais-je soufflée alors qu'on me prenait la main. « Je crois qu'elle a comprit. Je la prend avec moi pour quelques heures et je vous la ramène pour le dîner. » Je savais que ça ne plairait pas à mes mères, mais je savais aussi que lui pouvait me comprendre à sa façon. Je le suivais donc en silence, alors qu'il m'amenait mangé une glace. Tenant mon cornet deux boules à saveur de fraise et bubble gum, je ne prenais pas la chance de regarder mon père. « Il n'y a vraiment que toi pour aimer la glace à la bubble gum... » Il me souriait. « Carter, il faut que tu apprennes à laisser parler les gens. Ce garçon ne serait pas le premier ni le dernier à faire ce genre de commentaire. Il faut que tu laisse couler et de toi à moi, ce n'est qu'un idiot. Il n'a pas la chance d'avoir trois parents comme toi et il est tout simplement jaloux. » Je le regardais, léchant la glace qui commençait à couler sur mon cornet. « Merci papa. »


Bien des années avaient passé et je n'étais plus seule désormais. Nous étions une fratrie de quatre enfants. Mon attitude avait quelque peu changé, je ne me bagarrais plus aussitôt qu'on parlait de ma famille. Je devais montrer l'exemple, mais je savais pertinemment qu'un faussé entre moi et presque tout les terriens s'était créé. J'en avais marre de toujours entendre leur moquerie ou bien leur jugement. Ce que j'ignorais c'est que de nouveaux ragots allaient s'abattre sur nous. J'étais arrivée à l'hôpital suite à un appel. Anxieuse, je marchais entre mes frères que j'avais amener avec moi. J'avais trouvé mes mères debout dans la salle d'attente, elles semblaient faire les cent pas. J'étais terrifiée. Oui, le simple fait de savoir Summer malade me paralysait. Assise sur une chaise de la salle d'attente, je regardais devant moi sans réellement regarder quelque chose de particulier. « Wendy ? » Je regardais l'ouverture de la porte de ma chambre. Une petite tête aux boucles cuivrés me regardait en se pinçant la lèvre. Elle était la seule à m'appeler ainsi, elle se refusait à m'appeler Carter et cela depuis qu'elle savait parler. Je lui adressais un large sourire. « Oui ma puce ? » Elle mettait un pied à l'intérieur de ma chambre, laissant flotter sa jaquette au gré de ses mouvements. Elle semblait timide et je souriais davantage en la voyant réagir ainsi. « Tu veux bien me lire une histoire ? » Je fermais mon livre, le mettant sur la table de chevet. Je n'allais pas lui lire les aventures de Bilbo à son âge. Une petite fille de six ans devait encore croire au prince charmant. Je tapais mes draps, l'invitant ainsi à me rejoindre. « N'oublis pas ton livre. », lui disais-je avec un large sourire amusé. Je savais qu'elle le tenait caché dans son dos, mais la voir me le brandir avec fierté était tout ce qu'il y avait de plus adorable. Elle grimpait sur mon lit avec toute la grâce du monde, en fait c'était plutôt amusant. Elle me tentait l'histoire qu'elle désirait entendre. Le livre avait eut une dure vie étant passer de mes mains avant d'arriver dans les siennes. Je regardais l'image du carrosse en citrouille et sourit. « Il était une fois... » Et je commençais à lire cette aventure. Cendrillon n'était pas mon conte favori, mais j'aimais bien prendre des voix farfelus pour jouer les animaux. Après trois relectures du livre, elle dormait à point fermé, entourant mon bras des siens. Je souriais, fermant la lumière et me blottissant au près d'elle. Ce temps était révolu, je regardais la salle d'attente ne sachant pas encore l'ampleur de tout ceci, mais la petite poupée qui me quémandait des histoires partait en fumée.


« Je t'aime. », avais-je dit les joues roussies par la gêne. C'était la première fois que ces mots sortaient de ma bouche. Tout du moins pour quelqu'un d'autre que ma famille. Chaque été nous passions nos vacances dans le nord de la Californie, dans la ville de Monterey. J'aimais bien ce chalet en bois rond au allure un peu rustique. Il n'y avait personne à l'horizon et c'était ce qui rendait l'endroit si relaxant. Chaque matin, je me levais avec le chant des oiseaux, puis dans les alentours d'une heure de l'après-midi je quittais le chalet pour me rendre près du lac. C'est là que j'attendais Alec un garçon de cinq ans mon cadet. Depuis mon adolescence que je passais mes été avec lui et il y avait environs deux ans nous nous étions embrasser sur la plage de galets. C'était un amour de vacances pour certain, mais pour moi c'était plus que cela. C'était dans une petite robe d'été que je l'attendais regardant l'eau valser avec la faible brise. J'avais maintenant vingt ans et je n'étais pas certaine que j'allais revenir ici. Je voulais entrer à l'université et pour cela j'avais besoin d'argent et je ne pouvais pas me permettre de vacances. L'été touchait à sa fin et je venais dire mes adieux. Un vent frai m'entourait faisant voler mes cheveux ainsi que ma jupe. J'entendais le bruit des branches bouger, glissant une mèche de mes cheveux derrière mon oreille, je me retournais pour l'accueillir avec un large sourire. Avec lui c'était simple, aucune prise de tête et je pouvais être moi-même. Malgré notre différence d'âge, nous ne faisions pas tâche. Pas mal la rime ! Eh oui, je restais quand même plus petite que lui. Je sentais ses lèvres se poser sur les miennes et j'en frémissais de plaisir. C'était devenu notre manière à nous de nous dire bonjour. J'entrelaçais mes doigts aux siens, un geste chaleureux qui me donnait l'impression d'être seule au monde avec lui. Pendant des heures durant nous pouvions rester enlacé sur cette plage. C'était devenu nos moments et puis je n'avais pas le courage de lui dire la vérité. Demain, je repartais chez moi. Je n'ai jamais été très douée pour les adieux, car ça en serait. Je regardais le lac jouant avec une petite fleur qu'il m'avait offerte. Le ciel commençait à s’obscurcir et une goutte tombait sur ma joue. Je regardais vers le ciel, alors que le tonnerre grondait. Il m'avait alors prit la main, riant de bon coeur, je le suivais jusqu'à ce qu'on arrive devant la porte d'un hangar à bateau. L'entretien laissait à désirer, mais au moins nous serions au sec. Je continuais à rire, en essayant de reprendre mon souffle. Ma robe était devenue transparente et me collait à la peau. Je relevais mon regard vers lui, entrouvrant mes lèvres. Je devais être horrible, mon maquillage avait sans doute couler me donnant des airs de raton laveur. Il s'approchait de moi, mais la pénombre de l'endroit m'empêchait de voir son visage. Je sentais ses mains sur ma peau, ses lèvres contre les miennes. Un éclair avait alors éclair l'endroit dans un bruit sourd, je sursautais légèrement avant de rire nerveusement. En fait, tout semblait trop beau, trop romantique et pourtant on se laissaient aller à ce moment unique. Étendu sur une bâche, je regardais son visage assoupit. J'étais devenue une femme, je souriais apposant mes lèvres sur les siennes. Puis je disais ces trois petits mots. J'ignorais s'il les avait entendu, mais je retirais doucement son bras qui me gardait près de lui et je me levais. Enfilant mes sous-vêtements ainsi que ma robe, je me dirigeais vers l'arche du hangar. J'avais un peu mal, mais je me sentais bien. J'observais la pluie tomber sur l'eau du lac. Je savais que je n'aurais pas dut faire cela avec lui, non pas parce que je ne l'aimais pas, mais seulement pour lui. Même si ça allait être dure, j'allais pouvoir m'en remettre, mais et lui ? Je sentais une main parcourir mon dos et je me retournais pour lui sourire. Il semblait heureux et ça me faisait encore plus mal. Il me prenait alors dans ses bras, nous faisant marcher comme des pingouins jusqu'au bord du quai. Nous passions le reste de la journée assis les pieds dans l'eau, enlacé à regarder ce paysage. Au moins, j'avais la chance de lui avoir donner une première fois magnifique. Lorsque la pluie avait cessé, nous nous étions quitté et je retournais au chalet. Le lendemain, je n'avais pas été à point de rendez-vous. Je bouclais mes valises et aidant mes frères nous rentions tout dans la voiture, j'avais mes écouteurs sur mes oreilles écoutant I don't miss a thing d'Aerosmith. Je portais un dernier regard au chalet avant de monter dans le Jeep. Assise à l'arrière, je regardais par la fenêtre et alors qu'on partait je le voyais arriver en courant. Posant ma main sur la fenêtre, je le regardais. J'avais alors souffler un simple mot sans son. « Pardon. »


« Tu sais, j'aime te voir sourire comme ça. » Je prenais le drap qui me recouvrait pour me cacher avec celui-ci. J'étais rouge et je le savais par cette bouffé de chaleur inexpliqué. Elle souriait avant de baisser celui-ci avec son doigt. « Ne me cache pas ton visage ! » Elle savait quoi dire, quoi faire pour me faire faire ce qu'elle voulait. Je retirais le drap et elle apposait ses lèvres contre les miennes. Elle était ma seule relation sérieuse depuis que j'avais quitté Alec. Comme mes mères je croyais en l'amour de deux femmes. Kaelee avait sut me le faire réaliser. Pourtant, je savais que notre histoire ne se limitait qu'à ce genre de matinée. Contrairement à ce qu'elle disait, je voyais comment elle regardait un des serveurs au travail lorsqu'elle venait me chercher. « Tu l'aimes n'est-ce pas ? », lui avais-je demandé alors que nous dînions. Elle relevais la tête de son assiette, fronçant ses sourcils. Je prenais une grande respiration, jouant avec un brocoli dans mon assiette. « De qui parles-tu ? Tu sais bien que c'est... » « Tu oublis que moi aussi je te regarde. », j'avais relever la tête après l'avoir interrompue. Elle semblait étonnée et détournait le regard. « Ce n'est pas parce que je suis moins démonstrative que toi, que je ne remarque pas les regards que tu lui lances. » Elle semblait gênée et je me levais de ma chaise. Je ne lui en voulais pas tout au contraire, on ne choisit pas qui l'on aime. Et puis, je lui étais redevable, elle m'avait montré que j'étais encore capable d'aimer. J'avais fait le tour de la table et s'assoyant en indien par terre, je la regardais. Un sourire chaleureux se forma sur mes lèvres. « Je ne t'en veux pas et ne te gêne pas pour moi. » Elle me souriait et pourtant son sourire n'était en rien comme à l'habitude. Trente minutes plus tard, elle quittait mon appartement. Je regardais la porte fermée et prenant une bonne respiration, je tournais sur moi-même pour aller débarrasser la table. J'étais de nouveau célibataire, mais je ne me sentais pas triste. Au contraire, j'avais se sentiment de plénitude qui m'avait envahie. Nous avions connu de bon moment pendant plus d'un an, mais son attention divergeait vers un autre. Je n'étais pas compétitive et je préférai la savoir heureuse avec un autre que la voir devenir malheureuse avec moi.


« CARTER ! » Tenant entre mes mains les bâtons de golf que je venais d'accrocher par inadvertance, je me retournais pour regarder l’assistante-manager. Un sourire nerveux s'affichait illico presto sur mes lèvres. Ma maladresse aura un jour raison de moi. Seulement, je n'y pouvais rien j'avais toujours été ainsi. Un peu une sorte de vilain petit canard. « Où diable as-tu mis le sac de golf de Monsieur Campbell ? Il le cherche depuis tout à l'heure. » Je la regardais étonnée, j'avais cru qu'elle me chicanerait pour ma maladresse. Portant une main à ma tête pour gratter ma nuque et ainsi m'aider à réfléchir, j'entendais les fers, qui venaient de quitter mes mains, tomber au sol dans un fracas assourdissant. Je grimaçais tout en entendant ma supérieur soupirer. « Alors, il est où ce sac ? » Je regardais mon gâchis, dépitée, me maudissant d'être comme je suis. « Je l'ignore, il n'est pas rester dans la voiturette ? » Je n'avais plus la moindre idée d'où j'avais bien pu mettre ce sac. « Je vais voir et toi pensant ce temps nettoie moi ce bazar ! » Je lui répondais d'un signe de la tête, avant de me pencher pour prendre un à un chaque fer que j'avais fait tomber. J'avais tout ramasser, quand en me redressant un membre du club de golf me bouscula. Inutile de vous dire qu'en moins de deux je poussais un cri de surprise, échappant une nouvelle fois les fers et faisant tomber un panier rempli de balle. Décourager, je regardais l'homme qui semblait tout autant sous le choc de m'avoir heurté. « Est-ce que... » Je lui adressais un large sourire. Lorsqu'on est Carter Wendy Barrow c'est a tout les jours que ce genre d'événement arrive... « Ce n'est rien, je vais ramasser. » En fait j'avais plus envie de l'envoyer chier, mais j'avais besoin de mon travail. Poussant un soupire, j'avais entreprit de ramasser toute les balles. Et c'est lorsque je commençais à ramasser les bâtons de golf que je remarquais une paire de soulier devant moi. Je relevais le regard m'attendant à trouver le manager avec un air lasser de me voir faire autant de bêtise. Seulement, ce n'est pas lui que je vis. Non c'était une toute autre personne. Une personne que je ne sais pas supporter, j'en ai jamais été capable. « Qu'est-ce que tu fais... En fait non, ne dit rien. » Je regardais Declan prête à bondir, j'étais toujours sur la défensive avec lui. Pour être franche, si je ne prenais pas en considération son caractère et cette friction entre nous, il aurait sûrement du succès. Je ne suis pas pour nier qu'il a un certain charme et il doit avoir bien des filles à ses bottes. Pourtant chaque fois que je me trouves prêt de lui, j'ai l’irrésistible envie de lui en faire voir de toute les couleurs. Je le regardais m'aider, sachant qu'à un moment où à un autre il passerait un commentaire. Il le faisait toujours. Lorsque j'entendis sa voix, je le regardais avec un regard noir. Préférant ne rien dire, je serrais les clubs à leur place. Prenant sur moi, je laissais sortir un faible merci. « De rien, Wendy. » J'étais parcourru d'un frisson et serrant le poing je me retournais pour le regarder. « Ne m'appel pas ainsi ! » Je me mettais même à cracher comme un chat sauvage alors qu'il s'en retournait à ses occupations. Ce soir j'allais brûler son pantalon avec de la soupe !