Depuis quelques semaines, ma vie était totalement chamboulée. J’avais découvert il y avait quelques semaines que j’étais enceinte. Comment cela avait bien pu arriver ? Enfin, si je savais bien entendu comment mais je n’arrivais pas à le concevoir. Je ne savais pas encore quoi faire. Je m’étais posée la question de savoir si je devais le garder ou non. Après réflexion, j’avais fais le choix de ne pas avorter mais je ne savais pas encore si je le gardais ou non. Je réfléchissais à le mettre à l’adoption. Je me sentais totalement perdue, je devais bien le reconnaître. Je n’avais même pas tenu au courant le père de mon enfant. Enfin bref, vous l’avez compris, c’était totalement l’anarchie.

J’avais donc demandé à Carter pour que l’on se voit ; Depuis qu’elle avait accouché, je devais bien avouer que c’était assez difficile de se voir. Mais je ne pouvais pas lui en vouloir. En effet, je me doutais qu’un chamboulement dans la vie tel qu’un enfant pouvait être difficile à gérer. Cela me faisait d’ailleurs peur car je ne savais pas si j’étais capable de maitriser, de gérer ce genre de changement. Etais-je réellement prête pour cela ? Je ne savais pas du tout et cela me faisait peur. Oui, je paniquais un peu. Pour notre rendez-vous, on avait convenu pour se retrouver dans un starbucks, j’adorais cette franchise.

Après avoir passé ma matinée à supporter la nausée, j’avais fini par réussir de sortir de chez moi pour aller faire quelque course au marché qui se tenait non loin de chez moi. Ce n’est qu’en rentrant que j’avais finalement décidé de me faire une tête potable. Il ne fallait clairement pas trop m’en demander le matin. Et si je faisais des efforts ces derniers temps, ce n’était que pour mon amie. J’avais donc fait une tresse dans mes cheveux, et fait en sorte de ne pas ressembler à un cadavre avec des petites doses de maquillage. Pour ce qui était du reste de la tenue, j’avais fait simple avec des bottines, une paire de jean et un pull large blanc en grosses mailles. Sous une veste en jean et une grosse écharpe, j’arrivais sur le lieu de rendez-vous un peu en avance.

Une fois installée avec une grosse part de gâteau et un grand chocolat chaud, je jouais sur mon téléphone en attendant mon amie. J’entendis finalement mon nom, relevant mes yeux du téléphone et j’eu un sourire en voyant Carter. Je m’en voulais de la voir aussi galérer. Elle finit par arriver et je lui fis une bise en me levant avant de reprendre ma place. « C’est les vacances. » dis-je avec une légère moue, cela expliquait le grand monde. Elle s’excusa en me disant que son père l’avait retardé et je lui fis un signe de la main pour lui dire qu’il n’y avait pas de soucis. Je n’étais pas du genre à tenir de rigueur de ce genre de retard de quelques minutes. « Je vais bien. » répondis-je simplement. Je ne voulais pas commencer de but en blanc. Je fis un petit sourire au fils de Carter un peu maladroit. Je n’étais pas à l’aise avec les enfants de manière général. « Tu gères avec le petit monstre ? » dis-je avec un petit rire nerveux pour prendre de ses nouvelles à ma manière.

Je n’avais pas besoin de demander quels étaient les inconvénients de devenir mère. Je pouvais simplement assister à l’arrivée de Carter dans le café. Elle semblait sortir d’un champ de bataille et je mentirais si mon teint n’était pas devenue un instant livide sous mon maquillage en voyant l’état de mon ami. Allais-je devenir comme elle ? Cette idée me faisait assez peur je devais bien le reconnaître. C’était bien une chose à laquelle je n’avais pas envie. Je n’étais pas la fille la plus coquette du monde, mais mon côté perfectionniste me transformait ainsi.

Les vacances faisaient pas mal de monde dans le café ce qui rendait le tout bruyant. Cependant j’avais l’espoir que cela finisse par se calmer. Après tout, il y avait probablement des vagues de client plutôt que d’un flux continu. J’eu un sourire amusée à la réflexion de Carter. Mon regard c’était rapidement posé sur le fils de Carter. J’eu un sourire tendre en voyant qu’il faisait des bulles. Mais plus je le regardais plus je sentais mon estomac me nouer. J’étais entrain de faire une connerie en gardant cet enfant, c’était même sûre et certain. Le poids de la responsabilité d’un petit être me faisait vraiment, mais vraiment peur.

Ce doute m’envahissait alors qu’elle me disait être chanceuse d’avoir un enfant calme. J’eu un sourire nerveux avant de me plonger dans ma boisson. Elle me demanda alors si j’avais des nouveautés. Je voulais lui en parler, c’était mon objectif. J’avais besoin de me confier d’en parler avec quelqu’un et qui mieux que Carter pouvait me comprendre ? Personne. J’eu un tic de la tête avant de prendre une grande inspiration de manière assez bruyante. « Je ne sais pas vraiment comment le dire. » Et il était claire que je n’avais aucune idée de comment amener la chose.

« Je suis enceinte. » Je décidais de faire tomber la bombe de cette manière comme si j’arrachais un sparadra. Je n’avais cependant pas le courage de regarder mon ami dans les yeux. « Mais hum…. Je sais pas si je vais le garder ou non. » J’étais tellement perdue à ce niveau là, totalement perdue pour être capable de prendre une décision. Un coup c’était oui puis la minute d’après c’était non. Voir le visage du petit me disait oui, voir l’état de Carter me faisait dire non. L’idée d’avoir la responsabilité d’un enfant à vie me terrifiait. Mais je nevoulais pas me tromper, je voulais pas regretter mon choix dans l’avenir.

Depuis que je savais que j’étais enceinte, je me sentais perdue. Jusqu’à présent j’avais toujours été persuadé que je ne voulais pas d’enfant, du moins pas tout de suite. Et là je ne savais plus. Toutes mes certitudes étaient totalement bouleversées. Comment je pouvais être certaine de faire le bon choix ? Je n’étais pas stable financièrement, j’étais célibataire et plus que cela l’idée de la grossesse et notamment de l’accouchement m’avaient toujours terrifiée. Et maintenant, je me trouvais dans une période de doute. Je ne comprenais même pas pourquoi j’avais ce doute alors que j’avais été si certaine de moi pendant des années et des années.

Heureusement, je pouvais compter sur l’aide de Carter. Je savais que la jeune femme n’irait pas me juger. En même temps ce n’était pas pour rien mon ami. Je savais que je pouvais avoir confiance en elle. Elle m’avoua qu’elle avait voulu avorter. Je ne cachais pas ma surprise mais je m’abstenais de faire un commentaire. Je me trouvais plus ou moins dans les mêmes doutes qu’elle avait pu avoir mais je préférais écouter ce qu’elle à me dire. Ces paroles me rassuraient d’une certaine manière même si elles ne m’aidaient pas vraiment. Enfin si d’une certaine manière, mais c’était si difficile d’y voir claire.

Elle m’invita à lui poser des questions. Je fis une légère moue. Je devais bien avouer que je me sentais nerveuse, très nerveuse à l’idée de lui poser des questions qui me semblaient pour moi si intime. Cependant, je ne savais même pas si cela pouvait m’aider. Je bu une gorgée de ma boisson pour essayer de trouver une certaine contenance. Je ne savais pas comment formuler mes questions. J’avais l’impression d’en avoir tellement en même temps que cela me semblait totalement impossible. « Euh… »

J’eu un soupire avant de me prendre la tête dans les mains. Je me sentais tellement fragile à cet instant. « Je sais pas. Je sais plus. » Je me mordis la lèvre inférieure afin de réprimer un sanglot. « Tout me semble si compliquer maintenant. J’ai peur. » Je laissais finalement ma tête tomber sur la table. Essayant de me cacher mes mains dans ma nuque. Comment je pouvais réussir à y voir claire.

Le gens ne devrait pas se plaindre de ne pas avoir le choix. L’absence de choix enlève toute peur, toute inquiétude et crainte. Choisir est parfois si difficile. Se dire de devoir faire avec ce que l’on a, cela enlève beaucoup de soucis et je suis persuadée que cela serait vraiment beaucoup mieux pour la santé. Aujourd’hui, je faisais face à un choix digne de notre chère Sophie. Comment pouvais-je prendre une telle décision qui pouvait totalement modifier à jamais ma vie que cela soit dans un sens ou dans l’autre. J’étais sur un fil de funambule et le vent ne cessait de me faire vaciller d’un côté et de l’autre. Je savais que j’allais finir par tomber mais de quel côté ? la question était de quel côté. Après les gestes et les paroles réconfortantes de Carter, je me redressais avec un joli sourire. Est-ce que je me sentais mieux ? je ne pouvais pas vraiment le dire parce que je me sentais toujours aussi perdue. Mais je voulais me montrer forte pour mon ami. Je devais garder la tête sur les épaules.

Je me passais une main dans les cheveux en finissant par me gratter la tête. Je réfléchissais sur ce que venais de dire mon amie. Elle avait raison, elle ne pouvait pas prendre la décision à ma place. Seule moi pouvais prendre une telle décision. Bien entendu, je n’étais pas la seule et je le savais mais comment ces mères avaient réussi à savoir si elle faisait le bon choix ? Je bu une longue gorgée de ma boisson pour essayer de retrouver les idées claires, mais cela me semblait impossible. Et dire qu’il y avait encore quelques semaines ma vie me semblait si claire pour moi. J’étais si certaine que mon choix serait l’avortement alors que maintenant prendre cette décision me semblait difficile voir impossible. Etait-ce un signe de mon réel désir ? Je ne pouvais pas le dire. J’avais la sensation que cela pouvait tout aussi bien être de la compassion, de la crainte à l’idée de mettre fin à la vie d’un être en devenir.

« Comment tu as su ? » fut finalement la seule question que j’eu envie de poser à la jeune femme. Je savais que Carter n’avait pas la bonne réponse pour moi, mais mon ami avait de l’expérience. Bien que nos histoire étaient différentes, notre situation était finalement la même. Elle avait elle aussi été confronté à cette prise de décision comme elle me l’avait avoué un peu plus tôt. Si elle avait fini par savoir de manière certaine, de ressentir la plénitude de savoir que l’on faisait la bonne chose, j’avais peut être une chance de comprendre ce sentiment si je m’y dirigeais ou si je m’en éloignais.

Il était assez frustrant de ne pas réussir à trouver une réponse, du moins, la réponse capable de nous soulager de nous satisfaire. Depuis toujours je ne me considérais pas apte à devenir une mère. Bien entendu, j’avais élevé un perroquet, mais c’était un perroquet et je faisais pas de moi une personne apte à éduquer un enfant. Cette incertitude ne m’aidait clairement pas à y voir plus claire. Cependant, je devais absolument prendre ma décision rapidement. La loi me permettait d’avorter, de mettre un terme à cette grossesse mais ce n’était pas de manière définitive. Cet être grandissait en moi et je devais prendre une décision sous peu en étant certaine de ne pas regretter et là était toute la difficulté. Comment être certaine de ne pas regretter ma décision ?

C’est pourquoi j’étais heureuse de pouvoir connaître ce qu’avait à me dire. Bien entendu, je savais parfaitement conscience de ce qu’elle ne pouvait pas répondre à ma place et ce n’était pas ce que je lui demandais. Cependant, j’avais parfaitement conscience que l’expérience des autres était une chose forcément bénéfique. Elle allait me forcer à me poser les bonnes questions. Car oui, la question était de se poser les bonnes questions. Elle m’expliqua alors largement comment elle avait choisi de garder son enfant. J’eu un sourire en coin en entendant son histoire. Ce qu’elle me disait m’aidait réellement. « Oui, tu m’aides vraiment. » dis-je avec un large sourire en attrapant la main de Carter pour la lui serrer. « C’est une question d’instinct je suppose. »

Je baissais un instant le regard avant de relever mon visage vers la jeune femme. « Je me pose sans doute trop de question. Il faut que j’écoute juste simplement mon instinct. La réponse est déjà au fond de moi je pense, il faut juste que je l’accepte. » Et surtout que je cesse d’en avoir peur que cela l’une ou l’autre des situations. J’étais sans doute trop peu sûr de moi. Je me devais d’apprendre à me faire confiance. J’avais après tout réussi à m’occuper d’un perroquet aujourd’hui encore en vie non ? Je m’amusais intérieurement à cette idée. Je posais finalement mon regard sur le fils de Carter avec un large sourire. « Il est tellement magnifique. Je comprend la fierté que tu dois ressentir. » Est-ce que je la comprenais ? je ne savais pas trop. Avais-je envie de la connaître ? d’une certaine manière, je commençais à accepter cette idée.