Je suis née à Washington, dans une famille aisée. Mon père est médecin et ma mère est une femme d'affaire, j'ai donc grandi sans manquer de rien. Cependant, j'avais toujours une étiquette à porter et aux yeux de mes parents je devais rester pure jusqu'au mariage. Oui, oui, mes parents sont très croyants mis à part cela je sais qu'ils font ça parce qu'ils m'aiment. Je ne me suis jamais opposée à eux. Je me souviens très bien, étant enfant, que mes parents n'aimaient pas que je joue avec certains enfants au parc. D'après eux et je cite : « Johanna, je te pris de ne pas te mêler à ces gens, ils ne sont pas comme nous... ». A cet âge là on obéit à ses parents sans trop rechigner même si au fond de moi je ne comprenais pas tellement cette distinction sociale. De ce fait, mes parents ne voulaient plus que j'aille au parc, je restais donc enfermée à la maison, à faire du jardinage, d'où ma passion pour les fleurs.

Mais à l'adolescence tout commença à changer. Je continuais toujours à aller dans des écoles privées, uniforme, notes excellentes et règlement strict étaient mon quotidien. A travers la grille je pouvais voir d'autres lycéens passer devant mon école, eux avaient la chance de s'habiller comme ils le voulaient et s'amuser. Je pense que mon esprit rebelle est partie de là mais je n'avais pas la force de contredire mes parents. Du coup, j'allais me rebeller autrement, je commençais à fréquenter les jeunes d'autres écoles, et même à avoir des petits amis. Je faisais également le mur ou inventé que j'allais dormir chez une amie, enfin dans tout les cas la gentille fifille à son papa était complètement bidon.

Plus les années passaient et plus je prenais goût à la vie, la vraie vie ; j'avais maintenant 20 ans et j'avais eu mon bac. Je sortais avec des amis que j'avais choisis, je faisais des fêtes, j'avais déjà goûté à l'alcool et même la drogue quelques fois mais rien de bien méchant. Voulant avoir un petit avant goût de liberté, je trouvais un emploi de fleuriste qui se trouvait au pied d'une maison d'édition. C'est ainsi que je rencontrais ma meilleure amie, Penny, qui était éditrice. Nous nous sommes liées rapidement d'amitié et depuis cela ne s'est dissipé. Elle n'était pas de Washington, elle venait d'une ville nommée Pasadena, elle ne me parlait pas énormément de cette ville mais je la comprenais ; nous avions d'autres sujets de conversations.

Un jour ou je travaillais, un beau jeune homme s'arrêta devant la vitrine du magasin et son regard resta un moment posé sur moi. Gênée, la seule chose que je lui fis c'est un léger sourire tout en détournant le regard du sien. Le jour suivant, je le vis à nouveau mais cette fois, il entra dans le magasin et vint m'aborder : « Je vous ai repéré hier à travers la vitrine, on vous a déjà dit que vous aviez un sourire magnifique. ». Ouais je sais c'est un peu cliché mais que voulez-vous, j'ai craqué. Le soir-même, je sortais boire un verre en sa compagnie, puis un second verre, puis un troisième,... Et la soirée se termina dans sa chambre d'hôtel. Le lendemain comme les jours qui suivirent avant son départ, nous sommes restés ensemble sans se promettre de se revoir.

Six mois depuis cette aventure, je découvre suite à un examen gynécologique que je suis enceinte...Quoi ?! Enceinte ?! Mais c'est pas possible ! Je demandais à mon gynécologue comment cela pouvait être possible ; je n'avais pas de ventre, pas de nausées, enfin tout les symptômes d'une grossesse normale : sa réponse fut simple « Vous avez fait un déni de grossesse mademoiselle mais vous êtes bien enceinte ». Sortie de là, je préférais marcher seule le temps d'avaler la nouvelle puis j'arrivais à composer le numéro de Penny pour lui demander de me rejoindre afin de lui annoncer la nouvelle. Comme je m'y attendais, Penny était là pour me soutenir mais comment faire quand on est une jeune femme seule, enceinte et qui plus est qui faisait partie d'une famille très stricte ? Deux jours passèrent sans que je ne veuille voir mes parents, mon ventre avait déjà prit forme ; je décidais de prendre un appartement seule afin de pouvoir cacher un maximum ma grossesse aux gens. Harcelée par des messages et des appels de mes parents, je pris l'initiative de leur annoncer mon état. J'allais devenir mère, je n'avais vraiment pas le choix et je devais l'assumer alors je m'invitais à manger chez eux.

A peine eus-je passé la porte que les yeux de mon père sortirent de leurs orbites. Je n'ai pas pu placer un seul mot, la main de ma mère m'avait déjà atterrie dans la figure. Par réflexe, je mis ma main à l'endroit ou je venais de recevoir le coup et des larmes coulaient sur mes joues. Je n'ai retenu que quelques mots de la leçon de morale qu'ils m'ont fait mais ils étaient très clair : « tu n'es plus notre fille », «  c'est une honte », « vas t-en ! ». Voilà comment je me suis retrouvée livrer à moi-même. Le jour de l'accouchement, comme je m'y attendais je n'avais aucun proches auprès de moi mis à part Penny. Je donnais naissance à un petit garçon en bonne santé, Maël, mon fils, ma nouvelle famille.

Pendant quatre ans j'ai élevé mon fils seule, à lui accorder tout mon temps au point d'arriver à un stade où je n'arrivait plus à garder mon calme ni même à supporter quoi que ce soit, mais il devenait de plus en plus difficile de garder un emploi également. Depuis un an, Penny était rentrée à Pasadena et je me retrouvais sans emploi, sans amis, sans attache... Le déclic de ma venue à Pasadena fut quand mon fils me posa de plus en plus de questions :  « maman, pourquoi je n'ai pas de papa ? », « Est-ce que mon papa viendra me voir un jour ? »,... Je savais d'où venait son père et son identité mais je préférai garder le silence plutôt que de gacher et la vie de Maël et la vie de cet homme, qui, a peut être actuellement sa propre famille. Je savais également que plus rien ne me rattachais à Washington alors, par un beau matin je contactais Penny pour lui annoncer mes résolutions et sachant que j'étais dans une situation financière compliquée, elle me proposa de m'installer avec mon fils dans sa villa.