Je grimaçais en regardant par la fenêtre de l’appartement, il ne faisait pas du tout beau. Il pleuvait déjà depuis ce matin et ça ne cessait de se calmer. Temps de merde. Du coup j’étais de mauvais poil, autant vous dire que tout le monde avait préféré quitter les lieux. Brandon avait emmené Thalia au cinéma pour ne pas me croiser. Je ne savais pas ce que j’avais, j’avais juste envie de râler, tout le temps et de rester seul. J’avais besoin d’être seul. J’allais dans ma chambre et sortis l’unique photo qu’il me restait de mon grand frère, je soupirais et me passais une main sur le visage. Cela faisait maintenant 26 ans qu’il était partit et pas une seule fois il n’avait quitté mon esprit. Je fermais les yeux et essayais de me calmer, sentant mes nerfs devenir plus que vifs. Je respirais lentement puis rangeais la photo avant d’aller ranger l’appartement. C’était mon tour de corvées et je ne voulais pas entendre ma petite sœur me dire que j’avais failli à ma tâche. Je m’activai donc à ranger toutes les affaires qui traînaient et passais aussi l’aspirateur. Une vraie femme de ménage et cela me soulagea un peu car ça m’évitai de penser à Ryan. Une fois terminée, je rangeais le tout dans le placard prévu à cet effet et allai m’affaler dans le canapé en compagnie d’une bière. C’était le parfait remède pour oublier et penser à autre chose et la première gorgée me fit un bien fou. J’adorais ce moment de la journée. J’allumai la télé, chose rare chez moi et regardai les informations. Ce temps m’inquiétait et j’avais plutôt raison, un bulletin météo annonçait un avis de tempête. J’espérais que Thalia et Brandon allaient rentrer plus tôt que prévu. Je me pinçai les lèvres et éteignis la télé ainsi que tout le reste. Je décidais d’aller les rejoindre au cinéma, ils n’étaient sans doute pas si loin que ça. Mon instinct me disait qu’il fallait que je me bouge. Je pris mes clés de voiture et partis en direction du cinéma le plus proche, la pluie ne cessait de battre mon pare-brise et je n’y voyais pas grand-chose. Super, le déluge, j’espérais que Noé ait construit une arche assez grande cette fois-ci. Je m’arrêtais devant le cinéma et allai me renseigner à l’accueil. Apparemment, ils étaient à une séance et qui venait juste de commencer. D’accord, au pire, elle était avec Brandon ? Donc il ne pouvait rien lui arriver. Je fis demi-tour et rentrai chez moi, laissant un texto à Thalia pour lui demander d’être prudente sur le retour. Je n’étais pas tranquille et je n’étais pas prêt à accepter un autre drame dans ma famille pour aujourd’hui. Une fois rentrée, je fermais la porte et allais dans la cuisine pour préparer de quoi manger pour ce soir. Je n’étais pas dans mon assiette et peut être que préparer un repas allait m’aider à me sentir mieux. J’allumais la télé pour écouter les dernières informations et me mis à la tâche, préparant un poulet farcis spécial Williams. Recette de ma grand-mère. D’accord ça faisait beaucoup pour une personne mais Brandon mangeait comme quatre alors il fallait bien nourrir les troupes. Je m’activai donc en chantonnant dans la cuisine, voilà qui me remontait le moral et me redonnait le sourire. Je continuai de me dandiner, connaissant la recette par cœur et enfournant le poulet pour trois bonnes heures maintenant. Me dirigeant vers la douche, je fis tomber mon t-shirt en plein milieu du couloir et mon jean aussi, ainsi que le reste de mes fringues. Ouais, j’aimais bien faire ça quand j’étais seul. Liberté quoi. J’y restai pendant un petit moment et y je dus sortir car j’entendis la sonnette. Je mis une serviette autour de ma taille et regardai dans le petit trou de la porte pour y découvrir la plus belle des créatures tiens. J’ouvris, sans attendre lui offrant un beau sourire. « Salut ! Je t’en prie, entre. Voilà un rayon de soleil qui vient éclairer cette journée pluvieuse et merdique. » Je ne savais pas trop quoi faire, la prendre dans mes bras, lui faire la bise, lui sauter dessus… La dernière option m’allait plutôt bien. Je secouais la tête et enchaînai sur la conversation plutôt que de me poser ce genre de questions. Puis franchement, j’étais limite hasbeen à dire ce genre de compliment. Bon d’accord, c’était mignon, mais complètement débile ! « Alors, qu’est-ce qui t’amène ? Ah et fais comme chez toi, je reviens. » Je ramassai mes fringues au passage et laissai la porte de ma chambre ouverte pour l’entendre me répondre. Non, ce n’était pas une invitation… Enfin… Je ressortis avec un jean et un t-shirt simple pour aller lui déposer un baiser sur son front. Question d’habitude. « Comment tu vas, Gwen ? » Je lui souris et allais dans le frigo pour sortir deux bières, les posant sur le comptoir. Je ne savais pas quoi dire, pas quoi faire. La dernière fois qu’on s’était vraiment parlé, on avait fini au lit. On avait eu, certes, quelques envoies de texto et tout ça mais parler de ce qu’on avait fait… Non. Peut-être que c’était l’occasion ? En fait je ne savais pas et je n’avais pas envie d’en parler.

Depuis mon retour, je commençais à remonter la pente. Je ne savais toujours pas ce que je souhaitais faire entre rester ici ou retourner sur le terrain, mais je trouvais le moyen de m’occuper. Notamment en aidant à l’église et en profitant pour faire du bénévolat. C’était toujours mieux que de me morfondre dans ma chambre à relire pour la centième fois les mêmes livres. Je devais renouveler mon répertoire avant de ne plus savoir quoi faire. « Tu es bien jolie Gwen. » Je relevais mon regard du plateau d’échec pour regarder l’homme d’un certain âge. « Merci M. Ferguson. » Je lui adressais un sourire aimable. Ne pensant pas avoir le temps de rentrer chez moi avant mon rendez-vous, j’avais préféré me vêtir adéquatement. « C’est pour un jeune homme que tu t’es faite aussi belle ? » Je retenais un rire, pourquoi les hommes de l’âge d’or n’avait pas plus de retenu ? Mais avec leur petit minois de papi c’était dur de ne pas être attendrit. « Ça ce peut. » Ce mystère sembla l’émoustiller, ce qui me fit sourire d’avantage. « Être plus jeune et avoir une jeune femme comme toi qui se présenterait à moi, je ne la laisserais pas partir. » Ce fut plus fort que moi, je laissais un rire m’échapper le mettant par la même occasion échec et mat. « On verra bien. Je dois malheureusement y aller. On se revoit jeudi. » Je me levais de ma chaise, allant poser mes lèvres sur la joue de cet homme adorable. M. Ferguson je commençais à bien le connaître et je devais bien avouer qu’il me faisait penser à Oliver avec sa vie rempli de rebondissement et d’aventure. Je saluais quelques employés au passage, avant de quitter le centre pour me rendre à une libraire. J’avais décidé de faire un détour puisque de toute manière on s’était donné rendez-vous chez lui à vingt heure. Je pouvais bien profiter pour aller me prendre de la lecture avant de le retrouver. Halant un taxi, je montais dans celui-ci évitant ainsi le torrent de pluie. J’indiquais l’adresse au chauffeur, descendant je me couvrais avec mon sac à main courant pour aller jusqu’à la porte. Alors que j’arrivais devant celle-ci, le vendeur mettait la pancarte « close ». Ce n’était pas vrai. J’implorais, mais il me faisait signe qu’il ne pouvait pas m’ouvrir. Pas le choix, j’arriverais plus tôt chez Oliver. Me tournant, je voyais le taxi repartir et je courais derrière celui-ci pour le rattraper, mais trop tard. « MERDE ! » hurlais-je alors je laissais mon sac glisser le long de mon corps. La pluie ne prit qu’un temps pour m’inonder de la tête au pied. Ma robe cintrée était imbibée, mes pieds flottaient dans une mare d’eau. Je poussais un soupir, regardant à droite puis à gauche et c’est sous l’averse que je me rendais chez mon ex, mon meilleur ami devrais-je dire. L’eau était glaciale et au bout de plusieurs rue, je retirais mes escarpins qui me gênait dans ma marche. Moi qui avait fait l’effort que me faire belle, le rendu devait être épouvantable. Je ne voulais même pas voir l’état de mon mascara, en fait de tout mon maquillage ! Je n’avais envie que d’une chose, me retrouver dans un endroit chaud et sec. J’étais à une rue de chez Oliver, quand je me mis à éternuer. Ah bien voilà, manquait plus que ça ! Frigorifié, je gravissais les marches jusque chez lui sonnant. J’essayais de me réchauffer du mieux que je le pouvais avec mes bras. Mes cheveux me collant au visage et ruisselante d’eau, je le regardais ouvrir la porte. Il semblait sortir de la douche ou du moins il n’était pas mouillé comme je l’étais. J’entrais à son invitation, soufflant un coup. « Je ne sais pas où tu vois un rayon de soleil. » Je laissais un rire m’échapper. Je déposais mes chaussures à l’entré, passant une main dans mes cheveux pour les lisser vers l’arrière. Je n’avais qu’une envie tordre ma robe ou bien la retirer, mais n’étant pas chez moi j’allais tout de même rester civilisé. Surtout que je ne savais pas s’il était seul ou non. « Tu as oublié ? On devait se voir ce soir. » Je n’avais pas pu m’empêcher de zieuter la croupe de son fessier mouler par sa serviette, posant mon regard dans l’embrasure de la porte entrouverte. Seulement, ce n’était pas une bonne idée. Je sortais mon portable pour vérifier que je ne m’étais pas trompé de jour, parce qu’il semblait avoir bel et bien oublier. Je trouvais mon portable tout aussi mouillé que moi. Je poussais une forme de grognement, tentant de l’essuyer avec ma robe. Chose qui ne servait strictement à rien comme ma robe était rien de plus qu’un vulgaire torchon imbibé d’eau de pluie. Je sortais de ma réflexion en sentant ses lèvres sur mon front. Il s’était changer et je devais bien dire que je l’enviais. Rester dans cette tenue moulante et pratiquement transparente n’avait rien de plaisant. « Ça va, enfin si j’oublie que je suis trempé jusqu’aux os. Je peux t’emprunté une serviette ? Et toi ? » Je me mordais la lèvre tout en prenant la bière qu’il me tendait, puis regardais pour la première fois autour de moi. Je remarquais même l’odeur de nourriture. Levant mon portable dégoulinant, je souriais. « J’ignore si je me suis trompé de jour et aucun moyen de voir. Mais si tu as déjà quelque chose, je ferais mieux d’y aller. » Je ne voulais pas le déranger, même si l’envie de me retrouver sous une nouvelle douche froide ne me tentait guère.

J’étais tellement obnubilé par ce que je faisais, enfin par ma colère et mes souvenirs que j’avais oublié mon programme de la journée. J’avais, oui, malheureusement, oublié la femme la plus sexy de tout Pasadena. Les souvenirs de mon frère ne cessaient de venir dans mon esprit et pourtant j’étais jeune quand cela s’est passé. Mais ce qui m’a le plus marqué est le fait que ma mère veuille un autre enfant pour combler son vide, et ça, en regardant Thalia, je me sentais mal, surtout qu’aujourd’hui était une date importante. Je me rongeais les sangs depuis un moment, peut être que venir ici n’est pas vraiment une bonne idée, que reconquérir la femme que je désire tant n’est pas une bonne idée. Rien n’est une bonne idée en fait. Alors quand j’ouvris la porte, serviette autour de ma taille, mon sourire revint instantanément, c’était ainsi quand je voyais la belle blonde, ça me faisait sourire car c’était ce qui pouvait le plus me réchauffer le cœur ces derniers temps. Cependant, je remarquais que trop tard qu’elle était trempée et qu’elle avait eu le droit à la pluie en venant me voir. « Bon, d’accord, un rayon de soleil humide. » J’aimais bien la taquiner mais surtout parce qu’elle restait le soleil qui me réchauffait de l’intérieur. La suite me prit de cours, je regarde autour de moi et me mords la lèvre, ouvrant et fermant la bouche à deux reprises avant de lui répondre, légèrement honteux de l’admettre. « Euh… je crois que oui, j’ai oublié. » Je passe ma main derrière ma nuque et décidai d’aller enfiler quelque chose pour poursuivre la conversation car sinon Dieu seul sait où est-ce qu’on pourrait la finir cette discussion. Je secouai la tête, mettant enfin des vêtements et rangeant au passage la photo de mon frère qui trainait dans mon tiroir à boxer, là où Thalia n’irait jamais fouiller pour sûr, ni Brandon. Je soupire, me frottant le visage de mes deux mains et essaie de reprendre contenance en revenant dans le salon pour parler avec Gwen. J’avais complètement oublié que c’était aujourd’hui qu’elle venait mais au final j’avais bien calculé mon coup car j’avais préparé du poulet, comme si au fond ma conscience s’était rappelé que la jolie blonde venait ce soir. Je bois une gorgée de ma bière avant de la reposer et de faire les grands yeux en la détaillant vraiment du regard. Elle est trempée, jusqu’aux os, faisant apparaître chacune de ses courbes, de ses sous-vêtements aussi car elle avait sa robe blanche. Je secoue la tête et ferme les yeux avant de les rouvrir avec un petit sourire sur le visage. « Oui, fais comme chez toi, prends même une douche si tu veux, je dois bien avoir quelque chose à te prêter en attendant que je mette ta robe à sécher ! » Je ne voulais pas qu’à la fin de la soirée elle me quitte, tombe malade et qu’elle soit atteinte d’une maladie quelconque, non. Je soupire et me penche sur le plan de travaille en me massant les tempes pour regarder avec honnêteté, les jolis yeux de la blonde en face de moi. « Je n’ai rien de prévu à part passer la soirée avec toi et tu ne t’es pas trompée, j’ai oublié. » Je bois une gorgée de ma bière et hausse les épaules, essayant de paraître le plus normal possible. « Je suis vraiment désolé… Disons que j’ai pas mal de trucs dans la tête qui m’ont fait oublier ce dîner. Mais estime-toi heureuse, j’ai quand même cuisiné un sacré poulet ! Qui est en train de cuire, donc au final, tout n’est pas tombé à l’eau. Pas comme toi. » Je lui tire la langue et souris à nouveau, retrouvant peu à peu mes esprits. Peut-être que je devrais lui en parler ? Peut-être qu’en fait c’est parce que je ne me suis jamais confié à quelqu’un que je ressasse sans cesse mon passé ? Je fronce les sourcils et ouvre la bouche avant de la refermer. Non, je ne peux pas, je n’y arrive tout simplement pas et à cause de cela j’ai envoyé balader ma sœur et Brandon pour la soirée. « Disons que le temps me rend aussi maussade que lui.» Voilà tout ce que je peux lui répondre, je n’arrive pas à mettre des mots sur ce que je ressens et ni comment expliquer tout cela, j’ai tellement terré ce secret depuis longtemps que le faire ressortir détruirait tout ce que j’ai construit pour ne pas être atteint de cette histoire. Je finis ma bière plus vite que prévu et rigole doucement avant d’arquer un sourcil. « Vraiment va prendre une douche. Puis tu es dans une tenue des plus sexys pour me faire tourner la tête et faire ce que tu veux de moi. » Je lui fais un sourire en coin et me redresse pour aller vérifier mon poulet et aussi le tourner pour que la cuisson soit égale partout. D’accord, j’agis bizarrement et je sais que ce n’est pas passé inaperçu aux yeux de Gwen.