Chaque jour était différent. Je ne pouvais pas dire que chaque jour devenait plus difficile. Mais au contraire, chaque jour me semblait plus supportable. Dans le sens où chaque jour je constatais que j’arrivais à vivre avec la douleur de la perte de mon fils. C’était une sensation étrange et mes journées se montraient mécaniques. Il fallait en finalité que je pense le moins souvent. Il n’était pas facile de se lever le matin, il ne m’était pas facile de m’endormir, mais j’essayais de me montrer forte. J’avais enfin trouvé le courage de donner les affaires de mon fils. Je gardais bien entendu la peluche qui lui appartenait mais après deux mois, j’avais trouvé le courage de donner les vêtements et bien même le landau. Cela n’avait pas été facile, on m’avait même conseillé de ne pas le faire. Mais j’avais fais ce choix. Cela n’avait pas été facile, je mettais totalement desséchée ce jour là mais je faisais le bon choix. Dans le sens où c’était ma manière à moi pour réussir à avancer. Et depuis que j’avais réussi à faire cela, cela me semblait possible.

Sortant de plus en plus, je me forçais à faire de choses. Je n’en avais pas envie. Si je m’écoutais, je n’avais envie de ne rien faire. Cependant, j’avais compris que je devais arrêter de m’écouter et tout simplement faire les choses. Je devais le faire c’était aussi simple. Toujours dans ma logique de ne pas réfléchir, c’était une évidence en finalité. Dans mon objectif de sortir un peu, j’avais décidé d’aller au parc avec une amie. Je n’étais pas réellement très proche d’elle mais elle avait voulu que nous nous voyons. Un peu surprise, je m’étais tout de même dit que c’était une bonne occasion pour sortir et me changer les idées.

Quittant mon appartement du centre ville, j’avais pris le chemin du parc à pied. Ma voiture était en panne et je ne supportais absolument pas de prendre les transports en commun. Voilà pourquoi je me retrouvais à marcher une bonne heure jusqu’au parc. Heureusement, que j’étais partie très en avance afin de pouvoir éviter de faire attendre mon ami. Je connaissais son caractère difficile et je reconnaissais préférer éviter l’agacer. Marchant à présent dans le parc, je finissais pas m’asseoir sur un banc en envoyant un sms à mon ami pour lui signifier le lieu du banc afin qu’elle ne me retrouve plus facilement. J’attendais finalement en fermant les yeux afin de profiter le soleil sur mon visage. Bien qu’il m’était difficile de ne pas penser à mon fils, j’essayais de travailler sur le fait de profiter simplement l’instant présent.

J’avais un sentiment de vide dans mon estomac. Cela arrivait assez souvent maintenant et je n’aimais pas cela. Elle se faisait de moins en moins présente mais elle restait toujours là par moment. Elle revenait, notamment lorsque je pensais trop souvent ou bien le soir quand je n’avais rien d’autre à faire que de penser malheureusement. C’était relativement désagréable car je savais à quoi c’était lié. C’était étrange de voir comment le corps réagissait à la perte de quelque chose. La réaction de la perte d’un enfant est tout à la fois psychologique que physique. Je recevais de l’aide psychologique d’un groupe de soutien et d’un psychologue, cependant il restait les symptômes physiques qui me faisaient réellement mal.

Je me forçais à souffrir malgré cette épreuve, malgré les douleurs, sentimentales ou non. Et je me forçais à me changer les idées. Les envies n’étaient pas là mais je savais qu’une fois dedans cela ne me faisait que du bien. Chaque jour je réussissais à garder la tête hors de l’eau un peu plus longtemps. L’idée de vivre pour mon enfant, pour le souvenir de mon enfant me rendait au final un peu plus fort chaque jour. Je vis finalement arriver Arizona et je lui dis une bise. Bien que le caractère d’Arizona n’était pas toujours facile, j’aimais passer du temps avec elle car elle était la pour les moments difficiles, elle était là lorsqu’une amie était là et cela avait une valeur immense et exceptionnelle à mes yeux. « Salut. » répondis-je avec un sourire que je voulais naturel mais qui était forcé.

Je ne répondis pas à sa question de savoir si cela allait. Je savais que c’était quelque chose d’habituelle suivant les salutations mais j’étais incapable de répondre à ce genre de question car je me refusais à me demander à moi-même si je suis ou non dans une bonne forme. Cela peut paraître étrange, je le conçois, mais cela faisait parti de mes petits trucs pour tenir. « Il fait beau aujourd’hui, on sent l’été s’approcher. » fut ma seule réponse. J’avais évité son regard quelque instant avant de regarder la jeune femme en essayant de me montrer la plus joyeuse possible.

« Tu racontes quoi de beau ? » demandais-je finalement. C’était un autre petit truc que j’avais appris à faire. En me concentrant sur d’autre pour éloignée mes pensées encore une fois de ma situation, sur mes sentiments, mes craintes, ma tristesse tout simplement. Cela pouvait paraître idiot, mais ce genre de petit truc me permettait de tenir et de me dire que demain, j’arriverais à nouveau à m’en sortir. Jour après jour, faire des petits projets puis oser faire de plus grand projet. C’était un long parcours, mais j’y arrivais grâce à mon entourage, grâce à des amies comme Arizona ou Jared, grâce à ma famille. Sans toutes ses personnes, il me serait tout simplement impossible d’avancer sans eux. « Je te remercie d’être venue. Je sais que je ne suis pas de bonne compagnie ces derniers temps. » Car je savais aussi que je ne faisais pas toujours allusion, parfois c’était juste trop dure.

Je savais que l’on pouvait bien souvent s’ennuyer avec les discussions banales. Mais il fallait bien souvent passé par là pour prendre des nouvelles de l’autre. Pour moi, c’était avant tout une manière d’éviter de répondre à des questions qui me semblaient pour l’instant bien trop difficile. Je voulais tenir bon, je ne voulais pas craquer face à mon amie. C’était avant tout un défit pour moi. Je voulais réussir à tenir bon une journée sans craquer. Cela n’était jusqu’à présent jamais arrivé mais aujourd’hui j’avais de l’espoir. Voir Arizona allait me permettre de me distraire. Elle me parla d’un vol à Madrid et de l’été déjà bien présent. « Wahou, j’aimerais pouvoir aller en Europe. » lui dis-je en écho. Je n’avais jamais eu la chance de pouvoir voyager mais je ne perdais pas espoir de pouvoir un jour aller dans chaque pays du monde. J’imaginais déjà quel enrichissement cela pouvait être de pouvoir voyager comme cela même pour une petite durée comme celui qu’offrait le job d’hôtesse de l’air.

Arizona m’informa que je pouvais lui parler. Je la trouvais adorable de venir me proposer cela alors que j’avais vraiment du mal à en parler. En étais-je capable ? je n’en savais rien du tout. « Je dois dire que je ne sais pas trop. » Je fis une pause avant de reprendre. « J’ai la sensation qu’une personne n’ayant pas vécu la même chose que moi ne peut tout simplement pas comprendre ma douleur. » Je fis une nouvelle pause ignorant totalement ce qu’avait pu vivre la jeune femme par le passé. Il fallait dire que nous n’avons jamais parlé du passé d’Arizona, elle s’était toujours montrée très secrète. Je ne pouvais pas lui en vouloir car je savais à présent à quel point il était difficile de pouvoir parler de cela. « Je crois en faite que personne ne peut comprendre si on a pas connu cela. C’est une chose trop douloureuse, trop anormale. Vivre après en devient insupportable. » Je commençais à parler et ce n’était pas une chose facile pour moi.

HS : désolé c'est une réponse toute pourrie