Loin d’être l’exemple idéal à suivre, j’étais aussi loin d’être le genre de personne à forcer quelqu’un à faire quelque chose dont il n’avait pas envie. C’est pourquoi je n’avais pas proposé à Jade de fumer avec moi, après tout si elle désirait essayer, elle pouvait toujours me demander. Tout comme je faisais bien attention à ne pas lui envoyer ma fumée vers elle. C’était selon moi le minimum de respect que je pouvais lui faire. Joint aux lèvres, je l’écoutais me parler de ses études. J’acquiesçais d’un signe de tête, je n’avais jamais eu à parler à mes parents de mon choix de carrière. Avec un père en prison et une mère décédée, c’était un peu compliqué, mais j’avais ma tante. Mais contrairement à Jade, j’avais une facilité à parler avec elle et je savais qu’elle n’aurait aucun mal à accepter mes choix. Tout du moins, si je ne finissais pas dealer ou strip-teaseur, ce qui n’était pas dans mes plans, même si je dealais comme ce soir. « N’attend pas trop, sinon ça deviendra encore plus dure de leur parler. » Bien que je ne pouvais pas me fier à mon expérience, je me disais qu’être à leur place je préférais le savoir le plus tôt possible. Bon, en même temps, je n’étais pas eux non plus. Je laissais un sourire prendre place sur mon visage. « Je te ferai un bon prix. » L’idée de lui faire une maison m’amusait, même si je savais que j’avais sans doute un emploi qui m’attendait dans la compagnie de ma tante. Elle se spécialisait dans la déco intérieur, mais j’étais le seul à me spécialiser dans un domaine s’en rapprochant. Je ne me voyais pas trop faire de la déco, mais d’un autre côté ce n’était pas rare que j’aille l’aider lorsqu’elle en avait besoin. À croire qu’elle cherchait plus à afficher mon corps pour ses clientes qu’à me faire réellement travailler. Puis, j’accompagnais Jade en riant à mon tour, reprenant mon sérieux à la suite de sa question. Je ne savais pas trop ce que j’avais dit ou fait pour qu’elle croit qu’elle m’ennuyait peut-être. Généralement, ce n’était pas dans mon habitude de rester avec une personne pour qui je n’avais pas d’intérêt. Ce n’était pas parce que plusieurs personnes me connaissaient que je restais près d’eux. Agir par pitié, non sans façon. Je privilégiais mes amis bien avant ce genre de personne, donc non elle ne m’ennuyait pas et je m’assurais de lui faire comprendre. Non pas avec méchanceté, après tout on pouvait tous avoir des doutes à un moment ou l’autre. Je clarifiais plus précisément. Ajoutant une plaisanterie pour détendre l’atmosphère. « Merci, mais je suis bien un fêtard populaire. Après tout, on a tous des étiquettes, moi j’assume juste la mienne. Donner ce que les autres veulent voire c’est souvent plus facile qu’être qui l’on est. » En disant cela, je fronçais mes sourcils. C’était vrai, je préférais qu’on me perçoit comme un mec « cool » que comme le loser que j’étais avant d’arriver ici. J’avais peut-être profité d’un fait que j’étais nouveau dans le bahut au lycée pour changer mon image, mais dans tous les cas ça m’avait très bien réussi. Et maintenant, il était hors de question que je redevienne ce loser. Je ne voulais plus subir les ragots ou recevoir des coups. Non, cette période était désormais finie ! De toute façon, je ne m’en laissais pas imposer, simplement par ma carrure on oserait moins m’en mettre une. C’était tant mieux selon moi. « Je crois qu’elles survivront. » J’accompagnais ces mots d’un clin d’œil amusé. Prenant une taff, je posais mon regard sur le ciel. Mon sourire revenant, je regardais un hélicoptère passer. Les étoiles de la ville… « En fait, je devrais peut-être faire comme toi et abandonner mes études pour me lancer dans l’humour. » J’allais la pousser doucement avec mon épaule, avant de ramener mon regard vers elle. Un sourire et je tournais mon regard vers mon joint, il n’en restait plus grand-chose. Je le laissais tomber sur le sol, l’écrasant avec ma chaussure. Un tohubohu attira vite mon attention, alors que quelqu’un sortait de la maison. « Les poulets ! » Merde. Je me tournais vers Jade. « Je crois que la fête est finie. »