Ce matin était comme les autres. Depuis le 27 juin, je ne savais pas réellement comment gérer les évènements. Les gens avaient souffert. Une adolescente enceinte de 23 ans (oui pour moi, elle est encore adolescente) avait perdu le papa de son bébé suite à l’attentat. Elle n’avait pas la joie pour sa grossesse mais c’était pareil pour ceux et celles qui avaient perdus une sœur, un frère ou même des parents. Je ne savais clairement pas comment gérer toute cette situation. Non, vraiment pas. Dans la vie, il y a souvent des millions de surprises et là, c’était une surprise mais pas une bonne surprise. Les mamans enceintes étaient tristes. Elles avaient aussi peur pour la remise de diplômes de leur enfant. Après tout, elles n’ont pas tort. Nous sommes des monstres en voulant les mettre dans cet enfer. Ce monde qui se dégrade de jour en jour. Je m’étais levée en sachant que j’allais recevoir cette jeune fille et tout ce que je pleurais après tout de la remise de diplôme était mon plombage. Elle, elle allait pleurer le papa de son fils pendant des années. Je m’étais vêtue d’une jupe grise et d’un chemisier blanc avec le blazer assorti à la jupe mais aussi des escarpins dignes de ceux de cendrillon sauf qu’ils n’étaient pas en verre mais assortis à ma tenue. Mes cheveux blonds étaient lâchés et ondulés pour donner un petit style sauvage à cette tenue qui pourrait paraitre bien trop sérieuse. Il fallait avouer que je ne portais ce genre d’ensemble que quand j’étais persuadée que je n’avais pas d’accouchement prévus et je n’avais pas vraiment de maman à terme ou presque en ce moment bien que nous ne pouvions jamais être à l’abri de surprise car mes confrères n’ont pas réellement la chance de dire ça mais pas toujours la chance d’être présent sauf que je n’étais pas de garde. Je n’avais qu’une quinzaine de rendez-vous. Une fois habillée, je m’étais hâtée à mon petit-déjeuner, rien de plus naturel et j’en avais profité royalement. J’en avais réellement besoin et après tout ? Cela n’allait sûrement pas mais sûrement pas me faire de mal. J’en étais intimement persuadée que le petit-déjeuner était le meilleur moment de la journée. Un petit jogging ? Non. Je n’avais tellement pas le temps. J’allais déjà enchainer les rendez-vous dès que j’allais arriver. Une part de moi était déjà éreintée à l’idée mais je n’avais guère pas le choix. Je soupirais doucement en posant mon regard vers l’horloge avant de me lever sans même débarrasser et de prendre la tangente vers le garage d’où je sortais ma voiture décapotable. Un joli coupé sport. Je m’en allais en direction de l’hôpital et je me garais dans le parking pour le personnel avant de courir. Oui, le voilà mon jogging. La course contre la montre presque comme si je voulais inverser le temps mais je n’étais point une méta-humaine donc non. Pas de chance. La prochaine fois peut-être. La course menant à son œuvre, j’entrais dans mon bureau avec la clé et j’allais aussitôt décrocher le téléphone qui sonnait en posant mon trousseau sur le bureau. Je reprenais mon souffle en entendant la sage-femme qui me disait qu’une grossesse de Perceval était là et qu’elle était seule avant une heure. Je lui donnais quelques conseils et explications avant tout car je savais ne pas avoir le temps d’aller là-bas puis il se débrouille. S’il voulait dormir une heure de plus, c’était son problème et pas le mien. Je m’extasiais un peu du moment. Non pas que je ne l’aime pas mais il était mon plus fidèle concurrent. Je m’avançais vers le porte-manteau après avoir déposée le téléphone et je retirais mon blazer pour enfiler aussitôt ma blouse avec mon petit badge et tout. Je me tournais alors vers l’horloge en inspirant. Je n’étais pas du tout en avance mais ma cliente quant à elle était en retard. C’est quand elle arrivait que la journée commençait. Un, deux, trois, quatre… six… huit patiente que je consultais. Huit minous à regarder et je pouvais vous avouer que j’en avais marre de voir des tickets de métro par ici et par là. Je me reposais tranquillement alors que LA patiente arrivait. Celle qui me broyait le cœur et elle semblait tellement triste. Je n’avais pas vraiment aimée ce moment car je me sentais mal pour elle. Je le ressentais qu’elle n’était pas heureuse et une femme enceinte devrait être heureuse surtout à 23 ans alors que c’est l’âge plus ou moins correctes. Je ne pouvais pas imaginer à l’époque comment j’aurais réagi si c’était Todd qui était mort ravagé par une bombe. Non. Je ne pourrais clairement pas l’imaginer et j’inspirais doucement en passant une main dans mes cheveux blonds alors qu’elle venait de quitter le bureau. Je m’adossais contre la porte en inspirant doucement. Je secouais aussitôt la tête car je n’avais clairement pas le droit de me morfondre mais je n’y pouvais rien. J’avais encore une bonne dizaine de minutes avant mon prochain rendez-vous. Le bébé de cette jeune femme allait bien. Je savais que c’était une petite fille mais elle ne voulait pas le savoir. Elle ne voulait plus. Avant, elle le voulait. Je me souvenais de sa dispute avec le papa avant qu’il ne meure. Elle voulait le savoir le 28 juin, le jour de sa consultation mais elle n’était jamais venue. Trop triste. Elle m’avait téléphonée en larme et… c’était affreux. J’inspirais doucement en entendant alors frapper à la porte. Cela peut être stupide mais je priais pour que cela ne soit pas cette jeune femme. Cette jeune diplômée en journalisme qui voulait juste devenir une maman et quelqu’un ou une femme aimée par un homme qu’elle chérissait. L’amour se lisait dans leurs yeux. Je soupirais doucement en donnant une enjambée pour aller vers la porte que j’ouvrais aussitôt mais ce n’était pas cette femme enceinte. Ce n’était pas un cœur brisé. C’était lui. C’était Todd. Enfin c’était quand même un cœur brisé mais bon. Prise d’une incompréhension, je penchais la tête. « Bonjour ! », disais-je en accentuant d’un sourire mais ça se voyait que je n’étais pas des plus joyeuses.

Et oui, je pouvais me montrer bien trop sensible. Après tout cœur rebelle donne cœur triste comme beaucoup pourraient le penser. C’est comme les femmes à lunettes qui sont des cochonnes après tout. C’est souvent généralisé, souvent faux. Je devais bien admettre que je ne savais pas vraiment comment réagir quand j’avais cette patiente devant moi. Je ne voulais même pas y penser. Comment le faire ? En fait, il fallait rester moi-même. Je ne m’attendais sûrement pas à avoir une consolation en voyant Todd. C’était tellement tendu dans le fond car j’avais peur de nuire à ses relations avec notre fils tout simplement si nous nous voyons. Je devais avouer ne pas savoir si je devais rire, pleurer ou sourire en le voyant car j’étais dans une palette d’émissions assez diverses tandis qu’il me saluait d’un petit mot bien trouvé. Peut-être trop bien trouvé. Je n’avais pas encore répondue et même pas encore vue ce chat dans ses bras. Je ne savais même pas qu’il avait un chat pour tout avouer. C’était d’autant plus perturbant. Je lui avais dit bonjour. Un mot simple, non ? Me dire de ralentir la cadence alors que mon cœur voulait le contraire et pas seulement mon cœur pour le bien de leur attachement m’était difficile. C’était stupide mais plus nous nous voyons en coup de vent et plus j’avais envie de poser ces yeux amoureux sur lui ou même… non… pas de baisers. Je ne pouvais pas, je ne devais pas. Je me l’interdisais en me disant que cela serait plus simple pour Nathanael mais dans le fond ? Devais-je me priver au lieu de prouver que j’étais bien là ? Une part de moi voulait éviter que mon fils, notre fils ne pense que je sois revenue seulement pour Todd si j’allais tout droit dans ses bras. Je me ralentissais donc malgré moi. Je le laissais entrer sans vraiment lui interdire de le faire. Je le laissais fermer la porte et j’allais vers le meuble d’un un coin. Je prenais alors ma tablette de chocolat et j’en attrapais un morceau pour me détendre avant de le mettre en bouche. Je dessinais un doux sourire en secouant la tête. « Je suis surprise mais pas dérangée ! », disais-je alors que le voir c’était comme une bonne attraction d’émotion mais aussi comme une avalanche de frustration. Oui. Ne pas pouvoir faire ce dont j’ai envie commençais à me frustrer quand il était là. C’était tout en étant heureuse qu’il soit là. L’entendre parler m’amusait. « Je pense que tu as réussi à me surprendre alors ! », disais-je donc d’une logique inébranlable. C’est à ce moment-là que j’apercevais la cage et je penchais la tête en arquant un sourcil. « Uh ! », murmurais-je doucement aussitôt en penchant la tête mais j’écoutais ce qu’il me disait. Il avait peur de déranger apparemment. C’était touchant mais je devais avouer ne pas savoir quoi dire même si j’étais heureuse qu’il soit là. Je me retrouvais à buguer doucement alors que je reculais d’un pas maladroit. Ma main frôlant alors une sorte de mannequin en plastique qui n’était l’effigie d’un système de reproduction féminin. Il se bousculait en tombant au sol. Je me sentais stupide tout d’un coup et je me penchais pour le ramasser. « Désolée… je suis un peu maladroite, attends… je ramasse ! », disais-je alors qu’un des ovaires glissait sous le bureau en allant sous sa chaise. En ramassant une partie, je marchais en dessous du bureau pour tenter d’attraper ce fameux ovaire qui n’était pas loin du chat qui me surprenait à me regarder. Sur le coup, je sursautais mais me prenant le bureau sur la tête. Je restais sonnée quelques secondes avant de me relever après avoir reculée loin du bureau. Je priais quand même qu’il n’a pas regardé mes fesses pendant ce temps. Ça serait con. « Je crois que ce n’est pas ma journée… tu ne déranges pas, c’est juste que… », je commençais à parler et je me pinçais aussitôt les lèvres en secouant doucement la tête. Non. N’en dis pas plus, Maiwenn. Cela faisait mine de rien quelques bonnes semaines que Nathanael savait que j’étais là. J’avais beau vouloir le voir mais je n’y arrivais pas donc rester à l’écart me semblait tellement plus simple sans pour autant les éviter en attendant que je trouve le remède miracle. S’il existe. Je soupirais aussitôt en passant une main dans mes cheveux lâchés et je me posais sur la chaise. Je n’avais pas terminée ma phrase. « Tu es venu avec un chat ? », demandais-je alors perplexe. « Pour ? », rajoutais-je en me demandant réellement si je devais avoir peur ou non de sa réponse. Peut-être ? Je n’en savais rien mais je ne savais pas ce qui lui était clairement passé par la tête. Réellement pas. Je me contentais d’attendre la réponse à la question.

Le roi de la surprise me perturbait en réveillant ma maladresse. Le pauvre. En plus, je ne sais pas comment il avait fait pour trouver un sein dans l’utérus d’une femme en pastique mais il était fort. L’effigie n’était qu’un bout d’utérus et il n’y avait pas le reste du corps mais au moins, il m’amusait à tenir un fœtus dans la main. C’était intéressant. Un fœtus encore au format rond et pas encore bébé mais voilà quand même. Il disait revenir en arrière et je souriais. « Je me souviens d’ailleurs que tu n’étais pas très doué et regardait toujours ce que j’écrivais ! », disais-je alors que je voulais le taquiner un peu plus mais c’était plus fort que moi. Je n’avais pas encore un mannequin grandeur nature posé debout sur mon bureau. Cela serait un peu trop encombrant et un peu trop haut pour moi. Comment je lui touche le nez ? En me mettant sur la pointe de mes pieds ? Je ne pensais même pas que je pourrais l’atteindre ainsi mais cet homme me faisait rire de ses bouleteries amusantes. Je recherchais toujours mon petit truc qui avait roulé. L’ovaire. Mais c’est en l’attrapait que venait de me faire souffrir le haut de la tête en fonçant pile sur le bois du bureau. Il me demandait comment ça allait alors que je sortais de là et je me remettais debout sans répondre à la question. Pas encore. Je roulais des yeux à ses mots et le tuant du regard. « Ne te moques pas mais oui, ça va ! », disais-je simplement avant de répondre à ses inquiétudes. Non. Il ne me dérangeait pas. C’était moi qui me dérangeait de sa présence simplement par ce que ? Oui, tellement de choses et cela ne servait à rien d’entrer dans les détails, je préférais couper court à ma lancée. Je ne voulais pas en dire plus. Je ne devais pas en dire plus. C’était une mauvaise idée. Non. Je ne devais pas lui dire que tout ce que je voulais c’était qu’il m’embrasse à nouveau comme dans ce magasin mais tout avait changé. Tout. Il était arrivé, lui. Notre fils. Je ne réagissais pas quand il voulait savoir ce dont je parlais, je préférais simplement dévier sur le chat en faisant comme si je n’avais rien entendue. En l’écoutant, je sentais de plus en plus que mon nez chatouillait. Je savais pourquoi mais je n’osais pas lui dire en pensant qu’il s’en souviendrait sûrement ? Je me sentais bête tout de même. Quand il riait, je faisais de même. « T’aurais pu l’épiler quand même ! », disais-je alors pour plaisanter mais ce nez me gênant de plus en plus, je n’en riais pas. Et ? Un cadeau pour moi ? Je me figeais un peu tandis que je m’étais assise sur ma chaise pour dire de… enfin ne pas tomber dans les pommes à cette annonce car bon. Je suis allergique aux chats, Todd. Voyons. Je restais silencieuse sans vraiment savoir quoi dire. Je ne voulais pas lui vexer et pourtant j’en avais tellement peur que je préférais ne rien dire. Je l’écoutais jusqu’au bout et je tournais doucement le doigt vers la bête pour la pointer en le regardant. C’est là que j’atchoumais. Je tendais alors la main vers les mouchoirs jetables. J’en prenais un et je me mouchais rapidement le nez avant de me lever pour aller prendre un petit cachet contre les allergies. Je le mettais en bouche en allant verser de l’eau dans un gobelet. « T’es adorable, réellement… ne te vexes surtout pas mais tu n’aurais pas oublié un petit détail mais vraiment petit ? », demandais-je alors en lui souriant tandis que… je mettais le mouchoir à mon nez à nouveau pour atchoumer de plus belle. Ça commençait et ça n’allais pas s’arranger. J’allais même peut-être avoir des traces sur la peau si je le touchais. « C’est… euh gentil mais je suis allergique, Todd ! », lui annonçais-je en étant persuadée qu’il le savait. Il devait le savoir, non ? « C’est mignon mais je les adore seulement de très loin ou en photo… », lui disais-je en riant doucement. « Mais c’est un petit cadeau empoisonné quand même… je ne sais pas comment je dois le prendre mais ça m’amuse pour l’instant ! », disais-je en fronçant le nez alors qu’il me chatouillait toujours et c’était insupportable. Le pire c’est que les poils allaient rester mêmes quand le chat serait loin de moi pendant quelques heures enfin le temps qu’on aère et tout donc j’étais dans la merde. « Pour faire des cadeaux, les bijoux, les fleurs et les chocolats ! », disais-je comme un conseil. Il devait être rouillé. Sûrement. Je me mettais à rire doucement mais atchoumant à nouveau alors que je le regardais. J’approchais un peu pour déposer un baiser sur sa joue et j’atchoumais de plus belle. Il sentait le chat. Il en avait partout des petits poils.

Il était marrant à se défendre pour le fait qu’il copiait sur mon épaule. Cela m’amusait et je me contentais de lever les yeux avant de lui dire de ne pas se moquer de moi quand j’étais apte à me cogner. Jamais ? Ahah et en plus, il voit des ovules près du foie. Mauvais excuse. J’arquais un sourcil sans relever. Non. Non. Non. J’allais lui tirer la langue si je relevais et ce n’était guère très mature. C’était puérile à souhait. Non. Je me contentais de laisser la conversation avancer et ainsi de venir sur le sujet du chat après avoir ignorée une simple question pour une phrase pas du tout simple évitée. Oui, c’était le cas. J’avais clairement évitée et je n’étais pas une criminelle pour autant cependant passer au détecteur de mensonge serait une mauvaise idée s’il savait poser les bonnes questions. Les bonnes ? Lesquels ? Est-ce que tu m’aimes ? Ah non, pas elle. Je tomberais dans la poubelle avec la tête en avant sans même répondre à la question mais je n’avais pas de poubelles pour l’instant enfin si mais trop petite pour moi. Alors qu’il me disait qu’un chat sans poil n’était pas joli, je riais doucement mais en fait c’était mieux pour moi mais j’étais cependant trop occupée à atchoumer dans mon coin en lui disant le souci de son cadeau. Le détail pour lui était une laisse mais promener un chat en laisse me semblai tellement étrange. J’arquais un sourcil avant d’aller droit au but. Il se sentait con d’après ce qu’il disait et je pouvais le comprendre. Je m’en voulais presque. Oui, presque. Réellement presque. Il disait tout foirer et là, je m’en voulais encore plus car j’avais moi-même l’impression de tout foirer. C’était un petit cercle vicieux dans un sens car personne ne foire rien mais je pense que nous étions… juste trop stressé enfin je crois. Je n’en savais rien. Je ne savais rien du tout. Je ne voulais pas le mettre mal à l’aise car je l’étais bien assez avant et puis j’aurais dû m’en douter. Il ne viendrait pas avec un chat juste comme ça sans raisons. Je me sentais bête. Réellement bête. Je ne savais pas quoi dire mais je me rapprochais tout de même pour ce baiser sur la joue. Le rassurer. Voilà tout. Je voulais juste le rassurer. J’atchoumais aussitôt, peut-être presque sur lui. Je le regardais alors prendre la cage et se lever. Je ne savais pas ce qu’il faisait et peut-être que je ne lui en demandais pas autant sauf que j’aimais bien le geste mine de rien. Cela allait aussi me permettre de reprendre mes esprits ? Oui, peut-être. Quand il partait, je me demandais tout de même s’il allait revenir. Je me posais contre le bureau. Les fesses bien posées. Je regardais alors la porte en comptant les crocodiles. C’est quand il revenait que je m’en voyais rassurée. J’avais peur qu’il ne s’en aille vexé ou en se sentant trop stupide. Je ne le pensais pas stupide mais… ça arrive, non ? J’en étais persuadée que ça pourrait arriver. Je lui souriais doucement en le regardant s’installer sur la chaise. Je réprimais mon envie d’aller m’assoir sur ses genoux. C’est pour dire. Non. Je ne devais pas. Pourquoi ? Nous n’avons pas vraiment ce genre de relation même si j’en avais envie. « Ce n’est rien ! », disais-je en restant appuyée presque face à lui. Je croisais doucement les jambes nues et je penchais la tête quand il me demandait ce qui n’allait pas. Je ne savais pas trop quoi dire. Je me contentais d’hausser les épaules en fermant rapidement les yeux et les rouvrant aussitôt. « Une patiente qui a perdu le papa de son bébé pendant la remise de diplôme, mort sur le coup me retourne un peu les émotions ! », disais-je alors que ce n’était pas tellement grave après tout mais ça me peinait tout de même pour elle. C’était plus fort que moi dans un sens. Réellement plus fort que moi. Je regardais le jeune homme attentivement et je faisais une petite moue. « Du coup j’avais envie d’un câlin mais bon… j’ai atchoumée à la place ! », murmurais-je alors en me demandant s’il allait me faire un câlin mais je savais tout autant que c’était peut-être un jeu dangereux auquel je ne devrais pas jouer. Non. Je ne devrais pas. Je tournais nerveusement mes doigts entre eux alors que je baissais mon regard avant de le relever vers lui. « Et toi comment tu vas ? », lui demandais-je alors soudainement comme pour changer de sujet sans même lui laisser le temps de rebondir. Non. Je ne devais pas le laisser rebondir car je n’avais pas confiance en moi-même. Je n’avais pas confiance en ma retenue. Cela pourrait paraitre étrange mais je ne devais pas. Le jeu entre nous avait commencé dès notre rendez-vous au restaurant et… je devais le calmer si je voulais que tout se passe mieux entre lui et mon fils même si je savais que c’était mieux pour ma relation aussi avec mon fils. C’était mieux, oui. J’étais juste perdue après tout. Totalement perdue mais perdue. « Je me demandais, tu as des nouvelles pour ton hôtel ? Tu voulais agrandir, non ? », demandais-je aussitôt. Oui, voilà parlons de son hôtel.

Je devais avouer prendre à cœur le fait qu’il dise qu’aucuns enfants ne devraient vivre sans parents. Je le prenais pour moi, j’étais parti mais j’étais déjà assez stupide pour l’avoir fait donc à quoi bon retourner dans le passé. Il se rattrapait mais je voulais simplement et bêtement faire comme s’il n’avait rien dit. On a le futur pour culpabiliser et le présent pour en profiter. Une devise que je n’employais pas vraiment. Soyons francs, c’est plus facile à dire qu’à faire. Quand il se rattrapait, je me contentais d’un léger sourire. « Ne t’en fais pas ! », avais-je simplement murmurée avant de passer une main sur mes cheveux blonds. J’hochais doucement la tête. Tout fini par s’arranger un jour mais c’était compliqué, réellement dans mon cas de rester au stade d’une amitié et même si ce n’était clairement pas mon problème… c’était dur de rester une professionnelle avec mes clientes également qui étaient toutes attachantes, toutes vivantes. Je n’arrivais que rarement à m’identifier à elle. Intimement persuadée que tous les êtres humains sont faits des mêmes ingrédients mais tous différents. J’avais toujours eue cette passion pour eux. J’aurais presque pu être psychologue. Je lui posais alors ces questions à peu de cents mais qui pourtant valent de l’argent. J’avais besoin de simplement savoir tellement de choses. Vraiment. Je voulais savoir comment il allait et c’était une façon pour moi d’oublier mes envies. Qu’est-ce que je raconte quand même ? Je n’y arrivais pas. J’étais bien trop accaparée par toutes ces choses qui réveillent des sensations que l’on voudrait éteindre. J’avais enchainée comme un moulin. Je ne savais même pas comment il avait réussi à en placer une tellement j’enchainais. Quand il disait bien aller et qu’il continuait pour Nate. En fait, je n’en savais rien. Je n’y avais même pas pensée. Je voulais juste me sauver de ce que j’avais dit. J’attendais alors la réponse quant à ma seconde question sur son hôtel, je l’écoutais en étant un peu surprise alors qu’il me demandait si je m’en souvenais. Bien sûr que je m’en souvenais. Je buvais chacune de ses paroles comme un bon vin. Je ne notais rien pourtant mais je l’écoutais tout simplement. Peut-être avais-je simplement une bonne mémoire ? J’y mettais peut-être seulement le cœur. J’y mettais tout mon cœur. Le tout change la donne. Je vous le dis. J’étais heureuse pour lui et ça se voyait à mon sourire qui se dessinait avec tendresse. Je tournais mon regard rapidement vers le frigo que je m’étais installé et le blender. Je savais qu’il y avait une seule chose qui pouvait me changer les idées. Oui, me changer les idées tout naturellement avec la magie d’un smoothie. Pourquoi pas. Je l’écoutais me parler et je me redressais pour ouvrir le frigo. Je tournais mon regard vers lui et je sortais la barquette de fruit rouge avec une main puis la brique de jus de fruit de l’autre. Je fermais le frigo en les posant dessus avant de les mettre dans le blender. Pas tout, juste une poignée et un peu de jus. Je rouvrais le frigo et je mettais ce qu’il reste ensuite je prenais du lait et je faisais pareil avant de mettre le blender en route. Les fruits n’étaient pas congelés, juste froid donc ça allait relativement vite. « Ca va enfin… ça fait bizarre et Yann… mon cousin y vient de temps à autres pour s’occuper de sa fille dont la garde est alternée et c’est assez troublant ! », disais-je alors que je souriais. « Sinon je n’ai pas vraiment terminée, je suis mieux équipée ici que là-bas par exemple et je pense que ça serait plus pratique avec une poêle, je ne peux même pas me préparer des œufs ! », je riais doucement alors qu’il me manquait tellement de choses car je ne prenais surtout pas le temps d’aller me les procurer. J’avais encore seulement 3 assiettes et quelques verres. Je voulais chercher les services complets qui pourraient me plaire mais ce n’était pas comme à New York. « Parfois je me dis que je devrais tout aller chercher à New York, je connais tellement mieux la ville sûrement par ce que j’y ai vécue plus mon indépendance ici ! », disais-je en laissant un léger sourire se dessiner. Je laissais un léger sourire s’afficher et je me tournais vers le blender pour l’éteindre avant de soupirer doucement. Je prenais un verre et deux pailles en plastique. Je n’avais qu’un seul verre et c’était dommage. « Je ne peux même pas t’en proposer, je n’ai qu’un verre au bureau mais je peux te proposer une paille ! », disais-je alors que je prenais le verseur et que la boisson bien fruitée, mousseuse et onctueuse dans les tons roses comme un milkshake Barbie coulait dans le verre d’une bonne taille. Une sorte de jar ! « C’est parfois mieux qu’un calin et surtout qu’on n’a pas deux secondes paires de bras ! », soufflais-je en souriant aussitôt alors que je me rapprochais en mettant les deux pailles dans le verre. Je me reposais sur le bord du bureau et je lui tendais. « Goute ! », proposais-je alors d’une simple initiative. « Depuis 4 ans, je ne jure que par les smoothies. », annonçais-je alors que j’avais toujours aimée les boissons fruitées ou simplement les milkshakes. Ce n’était pas seulement une histoire de vitamines mais une histoire d’amour simplement. Tout ce qui était frais même en été passait comme une lettre à la poste. J’adorais ça. J’attendais cependant qu’il goute. Je voulais juste savoir ce qu’il pensait de mon mélange et l’idée même de partager un verre avec lui m’effrayait donc je gardais mes distances. Peut-être étais-je stupide. Oui, peut-être mais je ne savais pas quelle serait ma limite d’approches. Croiser son regard ? Ok, je peux le verre mais en imaginant ou sentant son souffle contre ma peau ? Là, sûrement pas. J’étais persuadée ne même pas réussir à tenir plus de 3 secondes à 1 centimètres de lui.