Étendu dans mon lit, je ventre appuyé sur le matelas, je ronchonnais en rêve de crème chantilly et de jeunes demoiselles cornues. Je retroussais ma lèvre supérieure en entendant le réveil qui sonnait sur ma table de chevet. Qui pouvait bien être l’imbécile qui avait eu l’idée d’inventé cette chose ? Ronchon j’abattais mon poing sur celui-ci, on a toujours le droit à un snooze ! Pour être franc c’était déjà le second, mais j’avais besoin de me reposer. Ça faisait déjà plus de quarante-huit heures no-stop, que j’avais travaillées au boulot, urgence et deux accouchements. J’étais lessivé et je n’avais pas tenu un instant de plus en arrivant dans ma chambre. Je m’étais effondré, par chance j’avais trouvé le chemin jusque dans ma chambre. J’aurais tout aussi pu m’endormir sur le canapé ou bien dans celle de mon coloc. Je n’avais néanmoins pas le choix de me lever. Me retournant sur le dos, je regardais le plafond à la couleur blanche en poussant un soupire. Je détestais ces horaires, mais y faut bien payer son loyer et puis je n’avais rien à mieux à faire en ce moment. Un second soupire. J’allais avoir des cernes jusqu’aux pieds si je n’allais pas prendre une douche au plus vite. C’est donc ce que j’allais faire au plus vite, me réveillant par la même occasion, mais je m’aidais aussi en buvant pas moins de trois grand café surdosé d’expresso. J’allais avoir une journée active, tout du moins c’est ce que mon regard laissait voir, alors que je montais dans ma voiture pour me diriger vers l’hôpital. Comme toujours j’allais faire une stupidité ou une connerie en tout genre, mais ce n’avait rien de bien nouveau avec moi. Arrivant, je garais ma voiture dans le stationnement avec ma vignette d’employé. Je m’arrêtais au comptoir de la réception des urgences, saluant la jeune infirmière qui était assise. « Bonjour Baptist, tu travailles encore aujourd’hui ? » Je lui souriais me penchant par-dessus le comptoir pour prendre une pile de dossier et de papier dans mon cassier. Je ne travaillais pas toujours aux urgences, mais parfois c’était plus simple de me rejoindre à cette réception. « Pas le choix, faut bien payer les factures et je peux aussi gâter mes conquêtes ! », répondais-je en souriant, tandis qu’elle m’ébouriffait les cheveux. Je n’étais pas trop du genre à draguer les femmes d’un certain âge, mais je me montrais toujours charmant. Charmant, mais pas forcément sincère ! Je glissais les papiers sous mon bras, me dirigeant vers le vestiaire. En un clin d’œil je me changeais pour enfiler mon uniforme d’infirmier. Je me dirigeais vers le département de pédiatrie. Encore un accouchement ou tout du moins, une femme avait rendez-vous avec sa gynécologue et elle avait demandée à avoir une sage femme pour la durée de sa grossesse. On m’indiquait de la main la pièce où je devais me rendre. Je toquais à la porte, entrant tout en saluant la jeune femme dont le ventre grossissait presque à vu d’œil. « Bonjour, je suis Baptist la sage femme. », lui disais-je en tendant la main vers elle. Elle me regardait avec surprise. « Ne vous en faites je connais mon travail. » Je ne soulignais pas son rougissement aux niveaux de ses joues. Allant m’appuyer contre le comptoir de la pièce et sans dire un mot, j’écoutais les propos échangés. J’allais même jusqu’à froncer les sourcils en voyant que quelque chose semblait clocher. « Je reviens y me faut un avis externe. », disait la gynécologue avant de tourner les talons et de quitter la pièce. La femme me regardait avec étonnement et j’haussais les épaules. J’essayais de ne rien montrer, aucun signe d’incertitude. Elle revenait quelques minutes après avec une blondinette qui m’était inconnu. Je levais la main pour la saluer sans entretenir le genre de conversation inapproprié pour cette salle. Mais elle était pas mal. Je laissais les femmes discuter de la malformation cardiaque de l’enfant et abordant un faible sourire à cette pauvre future mère. Je sortais de la pièce, m’adossant au mur jusqu’au moment où la jeune Steadworthy. Je me redressais, courant un peu pour la rejoindre. « Salut ! Moi c’est Baptist ! Vous êtes nouvelle ? »

Bien que ma supérieure avait été cherché une cancérologue au lieu d’un ou d’une cardiologue, il restait à mes yeux que cette femme était nouvelle ici. C’était même une évidence connaissant presque toute la gente féminine de la place. J’avais certes une assez mauvaise réputation pour certaine, mais je ne me laissais pas affecter par tous ces commérages. On pouvait me traiter d’étalon ou bien de coureur de jupon, que j’en restais tout de même de marbre. Je savais quand je devais garder mon sérieux et lorsque je pouvais jouer d’un feu ardent avec certaines infirmières ou médecins. Disons que je savais garder mes distances au moment opportun. Adossé près de la porte, j’attendais que la jolie blondinette sorte de la salle pour aller me présenter à elle. C’était de coutume de faire connaissance avec les nouveaux employés. Je n’allais pas déroger de cela tout même ! C’est donc en la voyant sortir de la pièce, que je me mettais à la suivre en m’accordant quelque pas de course pour la rattraper. Arrivé à sa hauteur, je me présentais sans artifice ni serpentin. Quelque chose de banale, mais bref. J’allais même jusqu’à pousser la chose en lui demandant si elle était nouvelle dans notre grand famille. Je savais d’ores et déjà la réponse, mais soit, c’était plus poli. Je découvrais finalement le prénom de cette anonyme cancérologue. D’ailleurs, je n’avais pas bien compris pourquoi on avait fait appel à elle. Ma supérieure devait avoir ses raisons que j’ignorais, mais j’allais bien le découvrir. Elle s’appelait Sophia, un prénom qui lui allait à ravir. Toutefois, pas autant que le sourire qu’elle m’accordait. Contrairement, à celui qu’elle m’avait fait dans la salle d’examen, celui-ci était plus franc, sincère et adorable surtout. Je me permettais de lui répondre, étirant mes lèvres dans un sourire presque chevalin. Il ne brillait pas comme ceux des Princes dans les contes de fée, mais il restait tout ce qui avait de plus franc. Je n’osais pas dire qu’elle n’avait pas tort, ici tout se savait quand même assez rapidement. On n’avait rien d’un petit hôpital, mais les rumeurs ou les potins circulaient à grande vitesse. Je continuais de l’écouter, passant mes bras dans mon dos. La cafétéria. Voilà un choix judicieux, je n’avais certes pas de papillon dans le ventre, mais il sifflet timidement sa fringale. Après tout, je n’avais rien avalé depuis un moment déjà. J’entamais mon second shift de travail et ce n’était pas le ventre vide que j’allais être productif. Il me fallait donc un café format x-large et une bonne assiette de nouilles. J’étais prêt à me transformer en hippopotame et cela dans le seul but de me nourrir et de lui montrer la cafétéria. Car bien entendu, je n’allais pas la laisser là toute seule pour chercher la cantine. « Y’a pas de mal ! Moi aussi à mes débuts ici, je me suis souvent perdu. », lui répondais-je avec ce sourire qui continuait de planer sur mes lèvres. Je prenais donc la direction de son désir, lui montrant certain recoin de l’hôpital. On passait près de la pédiatrie, où on entendait les rires des enfants qui recevaient la visite d’un clown et les pleures provenant de la pouponnière. Une petite fille sortait de sa chambre, et tel un mime, elle me fit signe d’approcher. « Désolé, j’en ai pour un instant. », disais-je à Sophia, avant de la quitter pour me diriger vers la gamine. « Baptist. », me disait-elle en accompagnant mon nom d’une forte toux. « Tu vas venir regarder Titanic avec moi tout à l’heure. » Elle ne devait pas avoir plus de huit ans, et ses goûts cinématographiques m’étonnaient encore. Elle serrait sa peluche Winnie l’ourson attendant ma réponse. Je lui adressais un large sourire, avant que mon doigt vienne taquiner le bout de son minuscule petit nez. « Tu sais bien que je ne manquerais jamais nous soirée film Cassie ! » Sans méchanceté, je passais ma main dans ses cheveux la décoiffant par la même occasion. Je l’entendais rouspéter, mais j’étais déjà entrain de revenir vers la nouvelle. Je lui adressais à nouveau un sourire, mais cette fois une sorte de tristesse planait sur celui-ci. Je continuais mon chemin, reprenant la direction que nous avions entreprit. « Vous n’êtes pas cancérologue ni gynécologue… Alors c’est quoi votre spécialité ? », osais-je lui demander, alors qu’on débouchait sur un escalier qui nous mènerait un étage plus bas où se trouvait la cantine. On sentait déjà le fumait des plats de la journée. Contrairement, à ce qu’on pouvait croire ou dire, le menu de cet hôpital n’était pas si terrible. — Tiens, je vais me payer une petite gâterie. De la guacamole. Pensais-je en descendant les marches tout en regardant Sophia. 

Comme à mon habitude, j’avais une approche facile pour les gens. C’est pourquoi parler avec Sophia me semblait facile. En plus, être nouvelle n’est jamais bien simple. On a peur d’aller vers les autres et certains ne prennent même pas la peine de vous regarder. Surtout dans un hôpital, tout le monde est surchargé de travail. Je la regardais en souriant, une chose qui m’était aussi facile que d’aborder une personne pour lui parler de tout et de rien. « Je suis ici depuis trois ans environs. » En faisant le compte, je réalisais que finalement j’étais ici depuis plus longtemps que je ne l’aurais cru. Le temps peu parfois passé si vite. Je m’étais arrêté lorsque Cassandra, que j’appelais Cassie m’avait fait signe. C’était une routine qui ne changeait jamais depuis que j’avais connu la jeune enfant. Revenant vers Sophia, je commettais une erreur dans mes mots. Bon, avec toutes ces heures de travail, je me sentais légèrement épuisé, je n’avais fait qu’une petite sieste au courant des dernières heures. Bien que je tente de ne pas laisser paraître le tout, ça pouvait sortir malgré moi. Au lieu de dire cardiologue, j’avais dit cancérologue, un lapsus qui c’était avérer juste. Je ne pouvais pas m’empêcher de rire surtout en voyant ses sourcils froncer. « Oups, il semblerait que je sois devin. » C’était une sorte d’humour, mais elle n’allait très certainement pas comprendre pourquoi je riais ainsi. « Désolé, je ne voulais pas rire de vous. Mais j’ai simplement fait un lapsus, je voulais dire cardiologue, mais il faut croire que vous avez un petit quelque chose qui m’a ait fourché ma langue. Ou bien c’est simplement le manque de sommeil qui m’a fait dire cela. » Un petit quoi ? Je n’en avais pas la moindre idée, dire à quelqu’un qu’elle ressemble à une cancérologue, est-ce vraiment un compliment ? J’en doute. Je passais ma main sur ma nuque. « Alors vous êtes cancérologue en pédiatrie ! Ça ne doit pas être facile. », disais-je en repensant à Cassie, qui n’avait peut-être pas un cancer, mais qui avait une vie tout autant difficile. S’occuper d’enfant c’était toujours aussi dur. Je descendais les marches menant à la cantine, le brouhaha des internes comme des patients et des invités montrait une atmosphère quand même chaleureuse sachant qu’un hôpital pouvait parfois être glacial. Pourtant, l’endroit restait vaste. Je regardais du coin de l’œil la jeune blonde, qui devait être un peu plus âgé que moi, mais bon avec ma gueule de gamin c’était dure à dire. Elle n’avait pas les traits tirés par l’âge, mais elle ne dégageait pas non plus ce que les finissants en médecine pouvaient dégager. Je ne sentais pas de nervosité outre peut-être son arrivé parmi nous. « Et ce n’est pas si terrible. » Autant être franc, ce n’était pas mauvais contrairement à d’autre endroit. « Faut juste éviter le poulet parmesan, il a un drôle de goût. » Je me dirigeais vers la file pour choisir ce que j’allais prendre. J’étais tout de même déçu de voir qu’il n’y avait plus guacamole. Une fois mon plateau plein de tout ce que je me sentais capable d’avaler, je payais et allais prendre place à une table peu occupé. Je voyais alors Sophia et lui faisait signe de la main pour qu’elle me rejoigne. Curieux, je regardais ce qu’elle avait pris. « Hum. Bon appétit. », disais-je finalement avec un large sourire. « Si je peux me permettre, vous venez de finir vos études ou vous avez été transféré ? » Bin oui, j’étais curieux et puis c’était une bonne façon d’apprendre un peu plus sur elle.

Enchaînant les heures de travail, il m’arrivait parfois de faire quelques lapsus, ce n’était pas si grave. Du moins, tant que je ne laissais pas la fatigue empiéter sur mon travail. Je n’étais peut-être pas infirmier aux urgences, mais tout comme mes collègues je surfais sur les heures de travail, allant jusqu’à l’épuisement complet, mais je tentais de garder tout de même la forme. Il me servait à rien de ruminer, je devais garder cet éternel sourire et montrer que tout allait pour le mieux. Généralement, c’était chose simple, mais on pouvait en ressentir quelques effets dans mes propos. Comme cette fois-ci où j’avais cancérologue au lieu de cardiologue. Ce n’était pas un désastre, mais ça suffisait à me faire rire. Un rire simple sans prise de tête, quelque chose qui venait du fond du cœur. Je poursuivais notre chemin, essayant de garder une conversation tourné vers elle. De toute, j’avais toujours plus de facilité à parler des autres plutôt que de moi. Ça me montrait attentionné, non pas que je ne le suis pas, mais c’était simplement plus simple pour éviter certain sujet gênant. J’acceptais ma vie, mais certaine chose, je préférais les garder pour moi. Je m’enquérais sur son travail en pédiatrie. Pour servir de sage-femme, je savais que travailler avec des enfants ce n’était pas toujours simple. Glissant mes mains dans mes poches, je l’écoutais parler. Mon sourire omniprésent s’atténuait, non pas que je me sentais triste ou autre, mais je n’allais pas non plus en rire. Il faut savoir quand être sérieux et quand s’amuser. « Vos victoires. », répétais-je songeur avant de prendre la direction de la cantine. Je mourais de faim, à un point tel que j’aurais pu finir comateux si je ne prenais pas cette pause pour manger. J’avais opté pour une lasagne aux mollusques, un grand café au lait – bon c’était surtout du lait au café, ainsi qu’un muffin à la myrtille et une pointe de tarte à la rhubarbe. Laissant mon portefeuille sur mon plateau, je m’étais dirigé vers une table plutôt libre. J’avais rangé celui-ci tout en faisant signe à Sophia de me rejoindre. Être dans un nouvel endroit n’est pas forcément facile, autant être un visage amical à ses yeux. Je souriais, m’autorisant un coup d’œil à ce qu’elle avait choisi. Après tout la nourriture peut en dire long sur quelqu’un. Elle ne semblait pas porter une attention particulière aux glucides ni aux calories, ce qui avait un bon avantage. Même si beaucoup de gens cherche à bien se nourrir, ne pas grossir, mangé à sa volonté est aussi quelque chose de bien. Et on pourra dire ce qu’on veut, mais faire des galipettes avec une fille rachitique n’a rien d’érotique. Je lui souhaitais un bon appétit et décrochais une nouvelle fois mon sourire en guise de remerciement. Elle me tendait une bouteille de gel antibactérien et je prenais celui-ci en versant une noisette dans la paume de ma main avant de frotter passant entre mes doigts, la paume comme le dessus de ma main. Je lui rendais le flacon. « Merci. » L’odeur du citron montait jusqu’à ma voie nasal, alors que j’empoignais ma fourchette pour commencer à manger. Je laissais finalement ma curiosité prendre le dessus. Après tout, c’est en discutant qu’on apprend à connaître les autres. Bon, je ne désirais pas forcément qu’on en sache tant sur moi, mais l’inverse ne me dérangeait pas tout au contraire. New York. C’était impressionnant pour un mec comme moi qui n’était jamais sorti de la Californie. Je prenais une bouché et on en arrivait à ce moment, où les gens retourne la question. C’est normal et je devais bien m’y attendre, ce qui ne me dérangeait pas plus que ça. « Oui tu peux me tutoyer. », disais-je poliment, avant de prendre une petite inspiration. « C’est mon premier job depuis que j’ai fini mes études. Enfin, maintenant je me suis spécialiser en « sage-femme », mais oui je n’ai travaillé qu’ici. » J’avais accentué mes paroles sur les mots sage-femme en faisant des guillemets avec mes doigts. Je n’étais pas à temps plein, mais ma supérieure essayait que je sois présent le plus possible avec les mères et surtout pour les grossesses qui commençaient, ainsi je tissais des liens avant. Sachant qu’on m’avait déjà demandé de sortir de la salle d’accouchement en découvrant que j’étais un mec. Maintenant, je ne m’en faisais pas pour si peu. « Tu es de Pasadena ? », demandais-je pour revenir à ses sources. « Enfin, c’est ce que j’en déduis avec ce que tu viens de me dire. Pourquoi revenir ? » Je la regardais, puis secouait la tête. « Te sens pas obligé de répondre. Je suis simplement curieux de nature ! »