La vie, des événements sans fins. Dans le fond, j’étais toujours cette petite fille. Telle une Peter Pan au féminin. J’avais refusée de grandir car l’image des adultes, de l’amour et j’en passe m’avait un peu donnée l’idée que tout était souffrance et complication. Quand on est en deuil, on a plus facile de voir les choses en étant un enfant. On nous dit que la personne est au ciel et nous surveilles ou qu’elle fait un shopping très long dans les nuages. Futilement, on pense que c’est de très longs soldes et on s’attend à ce qu’un jour, la personne vienne avec une robe magnifique de princesse. Enfin pour moi, c’était plus une maison dans un arbre car j’étais loin d’être une des petites filles qui rêvait plus de robes que de baskets pour grimper dans les arbres. Heureusement, j’avais rapidement changée et j’étais devenue plus féminine au lycée. Je m’étais plus ouverte au shopping. Me retrouver ici, était comme retomber en enfance, une habitude que j’avais parfois perdue en 6 années de couples. Depuis que je ne vivais plus à la maison avec mes frères, mes sœurs et mes parents… et bien cela semblait tellement triste et maussade de ne plus avoir ce genre de moment. Des moments futiles après une crise de larmes qui vous redonnent le sourire d’un petit jeu de bisous magiques. Et dire qu’il y a même pas une demi-heure et encore le temps passe vite, on était en larme à bout de tristesse mais aussi de rage pour diverses choses. Comme quoi c’est ça la famille, surpasser ça, se soutenir. J’étais venue pour voir comment il allait réellement et pour finir on avait vu comment j’allais réellement. Nous savions comment nous allions réellement. Allions-nous bien ? JE ne saurais le dire car la rapidité dont nous avons fait preuve pour effacer le mal n’était pas vraiment rassurante dans le fond. Pas du tout même. Je souriais doucement, oubliant toujours les idées noires avec magie pour même venir de le taquiner sur le fait qu’il soit un super héros. Oui, c’était l’image que j’avais toujours eue de lui. Il s’occupait de ses paroissiens avec un art dont je savais ne pouvoir jamais faire preuve. Je n’étais pas toujours capables de savoir comment aider les autres, trouver les mots magiques. Parfois j’y arrivais parfois je n’y arrivais pas. J’étais plus comme l’héroïne qui agit mais ne parle pas. Je sors du feu et puis hop car j’ai peur de devoir aider par la parole. Voir des gens pleurer n’avait jamais été facile pour moi et surtout des hommes, cela surprend tellement. Le premier homme que j’avais vue pleurer était mon père et le dernier en date aussi. Autant dire que cela choque. On ne veut pas voir nos parents tristes, c’est normal mais on veut les voir sourire et plaisanter comme là. Je riais quand il parlait de son poids, le regardant, un peu surprise. « Toi ? », disais-je en levant les yeux et prenant la part de gâteau, l’entendant alors s’inquiéter pour mon épaule, je souriais doucement en penchant la tête, le regardant attentivement. « C’est vrai, je vois ton ventre un peu plus en ce moment il passe dire bonjour. Fais attention au bouton de ta chemise ! », disais-je en baissant le regard vers son ventre. Oui, dans le fond, je changeais un peu techniquement de sujets mais on dira que ce n’est pas fait exprès ? On peut y croire. Je souriais doucement. « Ne te fais pas de soucis pour mon épaule ! Au pire, je demanderais à Aiden de me masser et tout ira bien, je serais très détendue ! », disais-je en mangeant alors une bouchée de ma part et penchant la tête. « D’ailleurs, il faudrait peut-être que j’aille voir comment il va… avant qu’il ne se prenne 3 murs, 5 meubles et tombe dans les pommes partout dans Pasadena. », disais-je d’un ton légèrement moqueur. « Profites, je le taquine. », je me rapprochais alors chuchotant comme un secret. « Ça n’arrive pas tous les jours ! », murmurais-je en regardant rapidement l’heure de l’horloge pas loin. « Il faut plus vite que j’aille voir Nora ! », soufflais-je en souriant. « Tu veux venir ? », demandais-je tout simplement.

La journée avait été riche en émotion. Le soleil s’était levé comme chaque jour et le rythme quotidien s’était déroulé sans soucis. Holden n’aurait pu anticiper l’avalanche de sentiment qu’une simple discussion avec sa fille aînée avait pu déclencher. Animée par la bonté dans son cœur et cette détermination que Lulla avait toujours eu enfoui dans son regard, cette dernière avait fait ce que les autres n’avaient pas encore osés : attaquer à coup de marteau le mur qu’Holden avait érigé autour de lui suite à la mort de Luke. Brutalement et sans finesse, Lullaby l’avait mené jusqu’au cœur du problème contre son gré. Si l’expérience avait été difficile, Holden savait reconnaître que la chose ne pouvait lui faire que du bien par la suite. Outre ses propres soucis, c’est également ceux de la demoiselle qui avaient été percés à jour, et c’est ceux-ci qui intéressaient d’avantage le pasteur. Il est facile de remarquer la tristesse dans le regard d’un enfant, ou l’implosion imminente provoquée par une longue série de jours pénibles. Mais les enfants grandissent, et avec eux se fortifie la faculté de dissimuler au monde nos faiblesses. Holden faisait de son mieux pour être là pour ses enfants, mais ce n’est pas évident quand ceux-ci quittent le nid familial et font de leur mieux pour prétendre que tout va bien. Holden avait toujours considéré que son bonheur était tributaire de celui du plus triste de ses enfants, et voir Lullaby craquer avait été une vision insupportable. Heureusement, l’ambiance était devenue plus légère, animée par le caractère pétillant de Lullaby. Cette dernière plaisantait sur son poids, et juste comme ça, ils étaient revenus sur un terrain familier et sans risques. L’expression utilisée par sa fille le fit rire tandis qu’il se coupait lui aussi une part de gâteau. « C’est pas sympa de te moquer de ton vieux père ! » rétorqua-t-il dans une fausse mine boudeuse.  Pour appuyer son argument, il croqua avec enthousiaste la délicieuse pâtisserie. Holden avait pensé que sa fille allait ignorer sa question, mais non, elle lui répondit sur l’état de son épaule. Elle aurait pu s’arrêter là. A l’inverse, Holden étouffa un grognement et glissa un regard noir sur son interlocutrice. « Nora est une preuve suffisante que toi et Aiden faites des choses que je ne veux même pas imaginer, alors épargne moi tout autre détail ! »  grommela-t-il avec toute la mauvaise foi du monde. Ce qui était bien, c’est que Lulla n’épargnait pas  Aiden dans ses plaisanteries, et Holden sentit le coin de sa bouche s’étirer en un sourire en imaginant son le jeune Maccallister faire plus ample connaissance avec tous les angles de la maison. « Je savoure cet instant, ne t’inquiète pas » répondit-il, amusé. La proposition qui suivie eu pour effet de le faire engloutir le reste de son gâteau. Incapable de parler sur le moment, il hocha la tête avec enthousiaste. Passer un moment avec sa petite fille ? Il ne refuserait jamais !