La trahison d’une galipette ? Cela m’amusait comme optique mais après tout ce qui était marrant c’est que moi aussi j’avais été trahie par une galipette mais pas vraiment enfin. N’en parlons pas. Je ne pouvais juste pas dire la même chose et c’était ça qui était amusant mais tristement amusant. Je n’arrivais pas à plaisanter de la grossesse que j’avais eue comme je devrais le faire alors que je le faisais maladroitement dans mon esprit et le faire qu’il en plaisante sans vraiment y mettre le cœur ou l’humour m’amusait doucement à mon tour. C’était frais et agréable que je lui souriais doucement en le regardant reprendre son sérieux avant de parler de mon histoire mais assez évasivement. Dans le fond, je ne voulais pas du tout trop en parler, c’était mieux ainsi. Je ne savais même pas comment l’annoncer à mon fils. Je ne savais même pas si je voulais lui annoncer. Ce n’est pas un truc qu’on dit entre « passes-moi le sel » ou « passes-moi la purée » ! Pas du tout. Je me contentais de lui sourire alors qu’il disait s’en douter. C’était un sourire un peu triste mais vitale dans le fond. Je lui disais donc que je pensais qu’il pourrait le faire et même devenir le papa dont on a tous envie. Je le taquinais un peu, certes. Et peut-être que ça lui irait bien le petit nœud papillon ? Je n’en savais rien, j’en riais quand il voulait que je le gifle s’il devenait cette personne et dans un sens, j’aurais kiffée que mon fils ait un père ainsi. Oui, un papa parfait pour lui. Un papa qui n’aurait pas été enfin soit. Je souriais doucement en secouant la tête. « Non, je trouve ça très sexy ! », disais-je alors avec sérieux mais j’avais juste envie de rire à ces mots. Oui, tellement. Je laissais nos verres se percuter en penchant la tête alors que je buvais une dernière gorgée de mon verre. Ce n’était pas bon pour moi, tellement pas. En fait, je me disais que ce n’était pas bon mais je n’en savais rien. Le vin pouvait peut-être faire je ne sais quoi qui répare tout ? Croire, c’est déjà bien mieux qu’espérer mais je m’en fichais ce soir. Je m’en foutais des conséquences que pourrait avoir une soirée de lâché prise. C’était exactement ça. Du lâché prise. Je soupirais doucement en relevant mon regard vers lui et lui souriant. « C’était tout de même bien plus simple quand on était jeune et lycéen ! », disais-je en laissant échapper un léger rire. « Et même si j’étais l’intello qui regardait ses sœurs tellement populaires alors que tout ce qu’elle avait de différent était qu’elle s’en fichait d’avoir le dernier jeans à la mode ou même de se maquiller comme un indien ! », continuais-je en prenant la bouteille pour remplir un peu plus mon verre avant de le regarder avec cette même bouteille et lui proposer d’un regard s’il en voulait encore. Parfois dans ce genre de situation, on a rarement besoin de le dire. C’était ce que j’aimais avec le vin. Je n’en buvais pas beaucoup mais j’avais pourtant l’habitude. J’attendais son aval et je le remplissais ou pas en fonction de lui. « Me faire renverser mes bouquins par quelques idiots par ce que je m’y plongeais même en marchant mais avoir pourtant une fine espérance d’un cavalier qui m’avait fichu un gros vent sans venir au bal enfin… une fille comme les autres ! », sifflais-je alors que non, le reste n’était pas comme les autres mais ne parlons pas de malheurs. Non. N’en parlons pas, un léger rire et ça suffisait à se chasser de mes esprits. Une autre gorgée de vin, bien plus grosse. « Tu avais tout de même plus de chances que moi et aussi une fille qui te mangeait du regard ! », disais-je en penchant la tête. « J’ai toujours sue qu’il se passerait un truc entre vous ! », bah oui, c’était le côté pratique d’avoir été au lycée en même temps. On regard tout et surtout moi. Je révisais même sur les autres et pas seulement sur mes cours après j’avais toujours été une éternelle romantique sans pour autant draguer. Cela aidait.

Aaron ne pouvait que secouer la tête devant les propos de son ami, un sourire amusé aux lèvres. Non, il n’y avait rien de sexy dans un tel accoutrement! D’ailleurs, perdait-il son quota de sexytude en devenant papa ? Ou bien cela lui rajoutait-il un caché en plus ? Aaron ne savait franchement pas dans quelle direction partait son esprit. Ce n’est pas comme s’il était sur le marché de toute manière ! C’était sans doute l’alcool qui le punissait de maltraiter son foie. Leurs verres se percutèrent et comme prouver un point, Aaron avala une énième gorgée. Plus rien n’avait de goût à force, mais il pouvait toujours sentir le flot d’alcool couler le long dans sa gorge tel un baume réconfortant. Les sottises se turent en silence sous l’influence de la bouteille, et c’est un discours plus nostalgique qui prit place. Ariel se remémoraient leurs années de lycée et Aaron ne pu qu’hocher de la tête en signe d’approbation. « Ca c’est sur » ajouta-il. Le lycée. Tout était effectivement bien plus simple à cette école. Aaron n’avait aucuns doutes, aucuns soucis bien importants dans la perspective des choses. Son chemin était tracé, il savait qu’il allait joindre l’armée une fois ses études lycéennes finies. Il savait aussi qu’il était inutile de s’ancrer ici, alors il ne se prenait pas la tête et prenait du bon temps. Cette époque n’était qu’insouciance, filles et moments d’immaturité avec Aiden et leurs potes. Aaron laissa échapper un léger rire lorsqu’Ariel se mit à décrire la fille qu’elle était à l’époque. Des triplettes, ce n’était pas chose commune. Autant dire que les trois blondinettes ne passaient pas inaperçue ! Tout le monde connaissait les Steadworthy, mais il était vrai aussi qu’Ariel était plus discrète que ses sœurs. C’était tout de même elle qu’Aaron avait remarqué et cherché à séduire, pas ses sœurs plus populaires. Peut être était-ce justement ce coté un peu dorky et effacé qui avait attiré l’attention du jeune homme sur Ariel. Ariel lui reproposa du vin et il haussa une épaule avant de lui tendre son verre. Au point où il en était. « Il ne sait pas ce qu’il a manqué » répondit-il. Quel connard abandonne une fille à son bal de promo ? Franchement. « Tu étais bien plus intéressante que la plupart des filles, Ariel. Plongée dans tes bouquins ou pas » la taquina-t-il. Tout cela n’avait plus d’importance désormais. Ils étaient adultes et le lycée paraissait être à des années lumières, mais tout de même. Ce n’est pas du tout la manière dont il se souvenait d’elle, et cela n’avait rien à voir avec le fait qu’ils étaient brièvement sortis ensemble avant que cette relation ne s’arrête tout aussi brusquement. Il ne pouvait nier cependant que lui, avait été assez populaire. Il était en effet un peu hypocrite de parler de cela comme si ça n’avait pas eu d’importance à l’époque. Aaron haussa les épaules, nonchalant. Oui, Aaron n’avait pas eu de difficulté à se faire remarquer, ni à multiplier les conquêtes. Olivia avait été l’une d’entre elles, et pourtant jamais rien ne s’était fait. C’était peut être pour cela que ça avait marché sur la longueur. Quoique, leur relation marchait-elle aussi bien ? C’était Aaron qui n’était pas à la hauteur. « On s’est longtemps tourné autour, mais pour être honnête avec toi, je n’aurai jamais imaginé qu’on en arriverait là » dit-il. Là, dans une relation à tendance très sérieuse. Là, avec un bébé sur les bras. Mon Dieu. Qu’est-ce qu’il faisait là à ruminer ses problèmes dans l’alcool ? Pathétique. « Je devrais rentrer » avoua-t-il dans un long soupir. Il fallait qu’il arrête de se cacher et qu’il rentre auprès de sa compagne. Il vida son verre et se leva. « Merci de m’avoir supporté ce soir» continua-t-il en passant un bras autour de ses épaules pour l’enlacer. « Ça m’a fait plaisir de te voir », avoua-t-il. Ils devraient se voir plus souvent. « Prends soin de toi » dit-il en serrant brièvement sa main dans la sienne avant de partir.