Un père n'est pas celui qui donne la vie, ce serait trop facile. C'est celui qui donne l'amour.

Souvent dans ma jeunesse, je m’étais posée la question sur mon père, sans vraiment me dire qu’il était mon père mais plutôt dans le sens où je voulais savoir des choses comme des pourquoi il n’avait pas aidé ma mère, il n’avait même pas essayé de la soutenir vis-à-vis de ses parents. C’était des choses qui n’étaient pas forcément simple au niveau de l’adolescence. Pourtant j’avais les sœurs et les frères pour pouvoir m’aider et il était vrai que la vie Californienne me correspondait très certainement plus que la vie New-Yorkaise. J’avais voulu savoir juste, savoir en fait répondre à mes questions qui étaient restés sans réponses des pourquoi qui se voulaient vraiment légitime. Je n’avais jamais pu demander ça à Holden. J’avais eu beaucoup de mal à m’insérer dans cette famille, ne sachant pas trouver ma place, sachant qu’il y avait quelque chose qui n’était pas normal dans tout ça. Les premières questions sur mon père quand on m’avait parlé d’enfants de parents divorcés. Et puis les remarques des gamins quand on dit « Bah si t’es la fille du pasteur pourquoi toutes tes sœurs sont brunes et toi t’es la seule blonde ». Je faisais un peu tâche sur les photos de famille. Physiquement je ne ressemblais pas du tout à ma mère, alors forcément pour essayer de faire comprendre que j’avais un papa, mais que c’était pas mon papa qui « avait planté la graine » ça n’avait jamais été facile. Cette remise en question avait recommencé les jours précédents quand j’avais eu le décès en pleine face de Luke. Sans vraiment savoir si j’avais le droit d’être triste aussi. Oui j’avais le droit bien évidemment mais à quel niveau, est-ce que le demi sœur par alliance, voulait dire que j’avais le droit d’être qu’à demi triste ? Bien sur que non. Mais ce n’était jamais vraiment très simple à se positionner quand on est les fesses entre deux chaises comme dirait une de mes amies. Les mots de mon père, parce que oui, il n’y avait qu’un père pour comprendre ça, étaient vraiment touchants. S’il n’était pas un pasteur conventionnel il était au moins un pasteur qui savait se différencier mais écouter correctement et pour commencer ses enfants (et quand on en a autant que les Jones, il faut savoir les écouter sans faillir). « Oui, je sais bien. Mais j’ai toujours eu du mal à me positionner, même si maintenant je sais que ma famille c’est toi et les autres. Que tu es mon seul et unique père, l’autre n’est qu’un imbécile. Parce que c’est ce qu’il est. Je ne cesse de me poser des questions, j’ai toujours fait ça. Je ne m’entendrai jamais avec Rhiannon autant que je m’entends avec Lullaby, je ne sais pas pourquoi. Je me dis que c’est parce que dans des fratries on n’est jamais fait pour tous s’entendre ! Mais tu dois avoir raison, je ne dois pas m’accabler. Ce n’est pas positif et ça ne me fera pas avancer je suppose. Enfin j’en suis sure ». Je serai sa main comme pour le remercier. Je rangeai ensuite ma boite avec la moitié de mon repas encore dedans. Conservé dans mon Bento je savais que c’était bon encore pour quelques jours, et je sortais mes cookies. En proposant un à mon père « C’est Logan qui m’a fait découvrir la recette l’autre jour en m’en offrant, j’ai demandé à maman de m’en faire et même si je ne sais pas quel goût ont les vrais, je suppose que ça doit être vraiment, ça s’mange plutôt bien ! » dis-je avec un sourire. Je n’étais pas sans savoir qu’entre mon père et son frère ce n’est pas la grande joie non plus. J’avais bien vu que Logan n’était pas présent à l’enterrement de son neveu, et que forcément chacun avait pris son parti ou non. Bref, chacun s’était positionné. Une nouvelle fois j’avais fait la Suisse, en restant neutre, partant du principe qu’il n’était pas à blâmer non plus. Je ne pouvais pas prendre position, j’aurai tout fait pour être absente ce jour-là. Mais je n’avais pas eu d’autres choix vivant sous le même toit que mon père et ma mère, forcément.

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