Les patates... Des féculents dangereux. Capables de vous déformer les fessiers en quelques bouchées. Non, je n'exagérais pas du tout, ce n'est pas vrai. Mais aussi d'accentuer la cellulite dans les jolies cuisses de certaines. Mais avait tout c'est un instrument de guerre. Enfin. Ce n'est pas son utilité première, mais ce tubercule se révélait être un remarquable projectile. Un bon projectile, certes, mais s'il pouvait éviter de se projeter tout seul, ce serait particulièrement plus pratique à l'avenir. Car si cette patate ne m'avait pas échappée des mains grâce à sa seule petite force, nous n'en serions pas arrivé là avec Nikki. Et bah oui, loin de moi l'idée de lever la main sur elle. Enfin, à la base. Car là, je n'avais plus aucun scrupule. Au départ, je n'avais vraiment pas l'intention de lui balancer ce truc sur la poitrine, mais c'était arrivé. Je n'y pouvais rien, j'étais incapable de revenir en arrière après tout... Et puis même si j'en étais capable, je ne gâcherais pas mon super pouvoir pour cette petite histoire. Ce qui est fait est fait, comme on dit. Seulement, elle aurait pu s'empêcher de se venger quand même ! Je venais de lui dire que je n'avais pas fait exprès et pourtant elle me lançait tout de même cette patate dessus. Ce n'était pas juste ! Je n'avais rien demandé moi... Si j'avais su... Peut-être que je ne serais jamais allée vers elle en entrant dans ce magasin. Oui, ça nous aurait considérablement facilité la vie. Mais je tenais absolument à la connaître... Et je la connaissais maintenant. Elle était redoutable, surtout en lancé de poids. Comme le prouvait la douleur que j'éprouvais dans le ventre, elle était douée, très douée même. Si les circonstances n'avaient pas été les mêmes, je lui aurais conseillé de s'inscrire dans un club ou même de faire de la compétition. Car là, elle avait du potentiel. Mais bon, là j'avais mal et elle m'avait vraiment énervée cette fois-ci. Du coup, j'avais répliqué avec une autre patate. Si elle croyait que j'allais me laisser faire. Il se mettait le doigt dans l'oeil. Cette fois, je lui balançais ce tubercule intentionnellement, en visant même une de ses jambes. Je les trouvais trop belles ses jambes... Longues, fines... Tout ce que les miennes n'étaient pas, en fait. Ce qui me rendait un peu jalouse sur les bords. Alors je voulais les abîmer, mais ce n'était pas avec une patate que j'allais y arriver. Mais bon... Ça ne faisait tout de même pas de mal d'essayer. Je levais ensuite les yeux vers son visage. Mon ventre était encore un peu crispé, je n'osais pas rester trop droite, mais je la défiais du regard au moment où elle me disait que c'était moi qui avais lancée la première patate. Mais oui ! Bien sûr ! De mon point de vue, c'était elle qui avait commencé. Car la mienne ne comptait : je n'avais pas fait exprès. Mais elle ne semblait pas le comprendre. Oui elle avait sûrement quelques petits problèmes de compréhensions. De toute façon, c'était trop tard pour savoir à qui revenait la faute, les hostilités étaient déjà bien lancées. Je jetais un petit regard autour de nous. Les autres consommateurs qui était dans le coin s'étaient rassemblés autour de nous... Je les fixais d'un air voulant dire : Bah quoi ? Vous n'avez jamais vu deux femmes se crêper le chignon ? Nous n'étions tout de même pas des phénomènes de foire, il n'y avait rien à voir. Mais c'est à ce moment-là que je reçus un chou sur l'épaule. Un chou? Sérieusement ? C'était de pire en pire. Et je plaignais vraiment celui qui allait devoir nettoyer tout notre bazar. Avant que je n'ai eu le temps de lui lancer quelque chose à mon tour, elle s'avançait vers moi pour m'épousseter l'épaule... Ok... C'était quoi son délire là ? Je ne voulais pas qu'elle me touche. Je reculais sans rien dire. Elle arrêtait... Ok. Tant pis. Moi j'aurais bien continué toute la journée comme ça. Mais elle avait raison, il fallait qu'on arrête. Nous étions ridicules. Et pas qu'un peu. Elle avait raison. « Oui. On est même plus que ridicules. » Répondis-je tout simplement ? Que dire de plus ? On ne pouvait pas s'entendre, c'était aussi simple que ça. On n'allait pas essayer de devenir les meilleures amies du monde non plus. Donc je ne voyais pas ce que j'avais à lui dire de plus. Je me tournais vers l'assemblée générale qui nous regardait. « Quoi ? Vous allez rester planter là toute la journée ? Circulez, le spectacle est fini. » A moins, ils pouvaient être contents, ils avaient eu de l'animation pour rendre leurs courses moins terne. Je me reconcentrais sur Nikki. « Je crois que l'on ferait mieux de filer avant que le responsable du magasin nous tombe dessus. » Oui, je ne voulais pas avoir à payer pour les dégâts que nous avions causés. Du coup, je partais d'un côté avec mon chariot laissant le loisir à Nikki de partir de l'autre, mais l'abandonnait finalement dans le coin d'un rayon adjacent. Je n'étais pas à un jeton près de toute façon. Puis je m'empressais de quitter le supermarché au plus vite. Je reviendrais faire mes courses plus tard.