S'entendre dire des remarques c'est une chose, mais se sentir coupable en est une autre. La culpabilité c'est un sentiment que je connaissais que trop bien depuis des années. La culpabilité de ne pas avoir dit à ma famille que j'étais désolée de ne pas avoir été là. Pour voir grandir mes petits frères et mes petites soeurs. M'en vouloir tous les jours que Leah ne connaisse que mes beaux-parents, et pas mes parents. Tout ça pourquoi ? Parce que dix ans auparavant j'avais voulu connaitre mon père biologique et me heurtais à un sans coeur. Quoi de pire pour une jeune femme de vingt deux ans ? J'imaginais déjà des retrouvailles pleines de bonheur et de joie. Mais non, juste me prendre des billets dans la gueule du genre, tiens et me fais pas chier. Tu n'es rien qu'en emmerdement. J'avais très mal vécu cette histoire. Bon bien évidemment ça n'excusait en rien mon comportement envers ma famille qui m'avait élevé. Mais malgré les excuses je restais sceptique, voyant le regard de Lullaby je comprenais parfaitement qu'il ne fallait pas en rajouter une couche. Pas grave. Je commence à être habituée à m'en prendre pour mon grade et quand c'était pas moi, c'était Kenny. Forcément, on avait fait fort, mais on avait pas tous les deux les mêmes raisons. J'écoutais le long monologue de mon père, sur la fierté leur place et tout. Et avant d'approuver l'idée du gouter. Je répondais Et je pense que je parle au nom de tous, pour te dire qu'on est fier d'être tes enfants. En tout cas je suis très fière d'être ta fille, c'est juste que j'avais besoin de respirer et ce n'est pas pour autant que je vous ai oublié avec maman, je vous aime, on vous aime tous. On grandit, et on fait nos erreurs, et même si Kenny et moi on a fait des grosses erreurs j'ose espérer pouvoir me marier un jour dans ton Eglise et effacer tout cela. Et Lullaby va le faire prochainement. dis-je avec un sourire comme pour apaiser les choses. Ah dans ces moments là Luke était bien quand même. Oh oui des gâteaux !!!

Il n'était pas difficile de voir à quel point je pouvais être têtue, j'étais peut-être la plus bornée de tous les enfants Jones réunis. Quand j'avais cinq ans et que j'avais décidé que je voulais jouer avec bébé Luke qu'il était, autant vous dire que j'allais au bout de mon idée. Surtout qu'à cinq ans, l'idée de partager était à des milliers de lieux de moi-même. Et quand j'avais une idée, c'était fini tout le monde le savait dans la famille. Quand j'étais partie à Los Angeles à 17 ans, la veille de mes dix huit. Même Lullaby avait essayé de me raisonner pendant des jours avant de renoncer. Et puis, elle avait eu raison, c'était celle qui avait compris comment je fonctionnais. Même si j'allais droit dans le mur, il fallait me laisser y aller avant de pouvoir me dire quelque chose.

Nous allions jusqu'à la cuisine, ah des gâteaux. Enfin, sans maman dans les pattes je pouvais manger un peu de sucreries. Quand maman était là je me sentais bridée. C'est vrai que j'avais un régime à faire attention, mais parfois on peut un peu faire des entorses à la règle. Ananas. Je souris en voyant ma fille super à l'aise dans la maison de sa tante. Oh oui, ne dites rien je vous en supplie. J'ai l'impression d'avoir huit ans quand elle me dispute sur ça ! dis-je en plaidoirie. La seule chose que j'espérais c'était que ma fille n'est pas cette merde. C'était tout ce que je savais et ce que je voulais pour elle, déjà qu'elle avait écopé de mon allergie au lait. Le salon ? Qu'est ce qui s'est passé ? Que me cachez vous ? demandais-je surprise de la gène de mon père d'un coup.

Je savais que Logan avait merdé avec l’enterrement de Luke et si je devais bien être la seule à tenter de le comprendre dans ma famille. Bien que son comportement était innacceptable, je n’avais eu toute la fin mot de l’histoire et je ne souhaitais pas réellement le savoir, je savais juste que papa ne souhaitait plus lui parler, Lulla non plus. Bref, non plusieurs personnes en voulaient à Logan. Je restais stoïque face à ça, n’adressant qu’un petit sourire à ma sœur, j’étais au courant de plusieurs choses même si l’ensemble n’était pas à ma disposition quand même. Je laissais en suspens sa phrase ne répondant ni à mon père, ni à ma sœur au final. Laissant la suite de la conversation beaucoup plus intéressante prendre sa place. Je le savais que ce qui s’était passé dans le salon un soir devant Kennedy, Zeppelin et Lullaby. Je récupérais ma part de gâteau et mon jus d’ananas avec un sourire pour ma sœur. J’en voulais à la terre entière quand j’étais petite et que je n’avais pas le droit de manger de sucre. C’était injuste un peu comme si on disait à un bébé qu’il n’avait pas le droit de lait. Oui, c’était à peu près comparable niveau punition.

Et puis enfin Laby’ dit ce qui s’était passé, je tombais des nues, donc enfin. Ils avaient enfin retrouvé le moyen de se retrouver on y croyait plus ; je ne fus pas plus choquer que ça pour être honnête. Il était normal qu’il se retrouve avec ma mère à faire des trucs peut etre pas très catholique mais nécessaire dans un couple. On devait bien faire ça pour se retrouver, c’était ce qui s’était passé entre Dylan et moi au final. Enfin je pense en parti. Je me précipitais rapidement devant la porte avant que mon père n’ait eu le temps de l’atteindre. « Papa. Ne nous abandonnes pas, il est normal que vous ayez une vie active sexuellement parlant, pas forcément au milieu du salon, ou de la cuisine. C’est juste que Grace et Andrew vivent encore chez vous, moi je ne sais pas encore pour combien de temps, j’espère que je vais finir par prendre mon indépendance un jour. Mais bref, je m’évade mais c’est normal. C'est juste que bref, maman et toi vous ne devez pas avoir honte c'est juste pas de bol. »

Je m’étais précipitée contre la porte pour l’empêcher de fuir, abandonnant gâteau et ananas au passage. Oui je venais d’avouer à demi-mot que j’étais peut être enfin prête à retourner à ma vie d’adulte. Peut être, enfin pas sure.