J'allais m'apprêter à manger quand je m'étais trouvé nez à nez avec le vide de mon placard et de mon frigo. Emrys avait encore vidé les réserves sans aller faire les courses. « Et merde. » Évidemment, quand on sort du cocon familial, l'indépendance ne vient pas d'elle-même, elle s'acquiert, j'en avais conscience, mais c'est plutôt long l'accoutumance non? Bon, je pourrais épiloguer sur l'indépendance, vous en faire une dissertation de philosophie. Mais voyez-vous, je n'avais que deux heures avant que la supérette ferme, du moins, c'est seulement ce que ma montre m'avait confié. Ni plus ni moins, je me dirigeais vers la porte de sortie de mon appartement, j'enfilais un blouson au passage et me précipitais vers l'extérieur en prenant soin de bien fermer à clé. Une fois arrivée sur les lieux, je me dépêchais de trouver de quoi nourrir mon appétit de loup. J'avais flâné quelques temps dans les rayons avant de trouver mon bonheur, quelques plats préparés qui semblaient à la hauteur de mon estomac. Mais pour en être bien sûr, j'en avais pris trois. Bah quoi? Vaut mieux prévenir que guérir et si je ne les engloutissais pas tous, ceux qui en resteraient me serviraient pour d'autres mésaventures similaires. Puis au fond, je savais que je ne grossissais pas, alors je profitais de ce métabolisme tant qu'il fonctionnait encore, je testais ses limites aussi. Voilà, on va dire que c'était à but purement expérimental, c'était pour la science. Bon, j'arrête de me perdre dans des multiples excuses, je ressemblais à une femelle en plein régime. Je me dirigeais vers la caisse, en jetant un coup d'oeil par-ci par là dans les étagères. La caissière n'était pas là. A vrai dire, je ne savais même pas si elle était là quand j'étais arrivé. Bon, bah, j'allais devoir attendre, même si la tentation de partir sans payer un rond commençait à venir. Au moins, ça leur apprendra à ne pas prêter attention à leur clientèle. Je m'adossais au rebord de la caisse sur laquelle je déposais mes articles, en écoutant la radio qui était diffusée dans le magasin. Il s'agissait d'une chanson de Tina Charles, « I Love to Love », il me semblait. C'était une chanson préférée de ma mère. Alors sachant pertinemment que j'étais seule, je me mis à la chantonner. « Oh I love to love, but my baby just loves to dance. He wants to dance, he loves to dance, he's got to dance . Oh I love to love ». Je m'arrêtais net, j'en avais marre d'attendre... Du coup, je décidais de refaire un tour dans le magasin et c'est à cet instant que je tombais nez à nez avec Nikki. Je ne l'avais jamais rencontré, mais Caleb m'en avait parlé et m'avait même montré des photos d'elle... Elle était la mère de son fils, Reed... Comment devais-je réagir face à elle ? Face à une femme capable d'abandonner son enfant ? Je ne savais pas quoi faire... Mais je ne l'aimais pas, elle avait fait souffrir l'homme que j'aimais... Mais dans un sens, si elle ne l'avait pas quitté, je ne l'aurais peut-être jamais connu. « Salut... » Lâchais-je tout simplement, parce que je ne savais pas quoi dire d'autre.

La vie est une série de destins et d'incidents croisés échappant à notre contrôle. Le fait que je croise Nikki ce jour-là au supermarché était-il un accident ou un tour du destin. Peut-être était-ce juste par hasard... Je n'en savais vraiment rien, mais je me le demandais. Enfin, je me demandais surtout quoi faire. Comment devais-je réagir face à elle ? Franchement, sur le coup j'avais envie de lui balancer mon point dans la figure et en même temps, je voulais la remercier du fond du coeur. La première chose, car tout au long de sa vie, elle avait en quelque sorte fait du mal à Caleb. Et je n'aimais pas que l'on s'en prenne à mon amoureux, même si cela remontait à un petit moment. De plus, elle avait abandonné son fils ? Comment une mère pouvait-elle être capable d'une telle chose ? Je ne comprenais pas du tout ce qui l'avait motivé ce jour-là. Car même si je le connaissais depuis peu, Reed était un blondinet super attachant, tellement mignon que l'on aurait envie de le manger. Quoi que non, ça faisait un peu pédophile là... Mais en tout cas, il était vraiment chou, c'était un ange et je ne comprenais pas comment elle avait fait pour ne pas vouloir de lui. Mais en même temps j'étais assez contente qu'elle les ait quittés, car sinon... Je n'aurais peut-être jamais rencontré Caleb. Certes, c'était égoïste de ma part de penser une telle chose, mais je ne pouvais m'empêcher de me dire que lorsque qu'elle l'avait quitté, elle avait réalisé un énorme service pour moi. Comme on dit, le malheur des un fait le bonheur des autres. Car grâce à son geste, j'avais pu rencontrer l'homme le plus génial de ma vie. Celui que j'aimais à présent et que j'aimerais sûrement jusqu'à la fin de mes jours... Oui, je rêvais un peu là... Mais c'était tellement beau de rêver alors qu'au fond on vivait dans un monde de brute. Bref, j'étais là pour faire les courses, pourtant j'étais incapable de changer de rayons maintenant que je l'avais vu. Car oui, je l'avais reconnue de suite. Je savais que c'était cette fille que Caleb m'avait montré en photo, je n'avais donc aucun doute sur son identité. J'étais sûr de moi, pour le coup. Et donc je lui balançais ce simple salut. Je pensais l'avoir dit sur un ton poli, mais je ne pouvais empêcher ma voix d'être tout de même un peu froide. Je lui souriais pour me rattraper en quelque sorte. « Ce n'est pas grave ! » La rassurais-je doucement. Elle n'avait pas l'air bine et sur le coup je culpabilisais un peu de l'avoir dérangé dans ses courses, surtout qu'elle semblait concentrée sur cette conserve... Mais mon sentiment de culpabilité disparus bien vite, balayé par ma curiosité. « Excusez-moi... Mais... Vous êtes bien Nikki ? Nikki Shields ? » Bah quoi ? Je préférais lui demander... J'étais curieuse, mais surtout je voulais la connaître un peu mieux. Elle m'intriguait... Je voulais en quelque sorte comprendre ce qui avait plus à Caleb chez elle... Ce qu'il lui avait trouvée ? Peut-être avions-nous quelques ressemblances ? Ce serait flippant, mais aussi tellement possible... Caleb avait-il un genre de femme très particulier ? J'aimerais bien le savoir... Des points communs ? Peut-être avait-il trouvé chez moi quelque chose qui lui faisait penser à elle et c'était pour cette raison qu'il s'était intéressé à moi... Je n'en savais vraiment rien. Mais cette histoire me perturbait. J'avais toujours du mal à me faire à l'idée qu'il avait vécue une partie décisive de sa vie avant de me rencontrer et que cette partie avait été tellement importante pour lui qu'il en était ressorti avec un fils. Et voir cette femme devant moi rendait les choses tellement plus réelles à mes yeux... Elle les rendait... Vivantes en quelque sorte.Car c'est ce qu'elle était vivante, réelle, en chère et en os devant moi. Je lui souris doucement comme une gentille fille. Restant aimable jusqu'au bout même si je n'avais pas forcement envie de l'être, je lui tendis la main en disant : « Moi c'est Cordelia... Cordelia O'Brady... La nouvelle petite amie de Caleb. » Et BIM... Comme ça, c'était fait. Je lui avais dis. J'attendais sa réaction, gardant toujours mon sourire poli aux lèvres. « Enchantée... » Enfin, pas tant que ça, mais j'avais été bien élevé donc...

Qu'est-ce qu'il me prenait? Pourquoi je restais là à lui faire la conversation ? Pourquoi je n'étais tout simplement pas partie en courant dans une autre direction ? Pourquoi j'étais encore là. Et encore mieux : pourquoi je lui disais tout ça ? Qui j'étais ne la regardais pas après tout. Tant de questions qui restaient suspend dans ma tête. Je ne savais pourquoi j'agissais ainsi. Enfin... Si je le savais, mais j'avais du mal à accepter cette partie de ma personnalité. J'étais tout simplement une énorme curieuse. Une stalkeuse, qui voulait tout savoir sur le passé de son homme, qui voulait toujours être au courant de tout, comme une harpie. Et qui était même prête à parler, voir à sympathiser, avec son ex pour arriver à ses fins. Oui, j'étais folle, j'étais dingue irrévocablement et irrémédiablement. Il me manquait une case dans le caillou, mais je m'en fichais après tout. Ce que je cherchais à faire avec Nikki ? Rien, rien de particulier, je ne voulais pas lui soutirer une information quelle qu'elle soit, je voulais juste la connaître un peu. Savoir qui elle était. Juste en apprendre plus sur cette femme qui restait tellement mystérieuse à mes yeux. Quoi que si... En fait, un truc me chiffonnait chez elle. Caleb avait été incapable de me répondre lorsque je lui avais posé la question : pourquoi ? Pourquoi était-elle partie ? C'était toujours la même question... Je devais vraiment avoir un souci dans ma tête, même mes pensées étaient répétitives. Bref, je voulais savoir pourquoi elle avait abandonné Caleb et Reed sans même dire au revoir. Car cela restait un acte particulièrement grave et une décision à ne pas prendre à la légère... Elle aussi avait peut-être un souci dans la tête... Peut-être que dans un sens, je voulais lui dire merci aussi... Mais ça, je n'allais pas le faire, car ce serait un poil cruel sur les bords. Comme on dit, le malheur des un fait le bonheur des autres, mais ce serait vache de part de lui balancer mon bonheur à la figure. Ça ne se faisait pas et je n'étais de toute façon pas comme ça. Je ne blessais jamais les gens qui ne m'avaient rien fait... Enfin, elle, elle avait touché à Caleb, mais cela remontait à bien trop longtemps pour que je lui reproche, surtout que je n'étais même pas encore dans sa vie à l'époque. Mais pour l'heure, j'étais là à la saluer et à lui dire que j'étais enchantée de la rencontrer. Même si ce n'était pas forcement vrai, je le disais quand même, car ma maman m'avait appris à être polie dans toutes les circonstances. Et ce même dans les plus étranges. Car oui, là ça l'était. Vraiment. Elle confirma son identité. Chouette ! Je ne m'étais pas trompé de personne. J'aurais eu l'air bien fine si elle avait été quelqu'un d'autre. Une simple inconnue m'aurait prise pour une folle, car c'est très rare que les gens s'adresse la parole dans les supermarchés... Pourquoi d'ailleurs ? Aucune idée et je m'en fichais.. ; Il fallait surtout que j'arrête de me demander pourquoi si et pour ça dans ma tête... Ça ne menait à rien... Au contraire, cela me frustrait plus qu'autre chose. Bref. Elle comprenait ? Oui.. Je ne lui demandais pas son avais de touche façon... Mais enfin, tant mieux. Nous nous serrâmes ensuite la main sans vraiment que cela soit amicale... Encore une fois avec politesse, mais sans plus. Je la regardais ensuite sans vraiment comprendre... Je comprenais quoi ? Elle me disait quelque chose, mais ce n'était pas clair. J'attendais simplement la suite. Oui, j'étais au courant, mais la façon qu'elle avait de le dire n'était pas... Des plus amicales... Je la regardais, levais un sourcil et alors que j'allais lui répondre, elle s'excusa. « Ne vous inquiétez pas... Je comprends. C'est juste que je vous ai reconnu et sur le coup je n'ai trouvé que ça à dire pour engager la conversation... » Je ne savais pas trop ce que j'aurais pu lui dire de plus. Salut, pourquoi avez-vous abandonné votre fils ? Non, ça ne se faisait pas... J'étais tout simplement incapable de raconter une chose pareille. Je lui souris lorsqu'elle proposait d'aller dans un autre rayon plus tranquille... Oui pourquoi pas ? Mais si elle pouvait lâcher mon bras ce serait sympa... « Heu... Oui si vous voulez. » Je la suivais donc jusqu'au rayon suivant... Fruits et légumes... Il n'y avait plus tellement de monde, c'était l'endroit idéal... Enfin, il y avait aussi étalage des tampons/couches qui était dessert, mais ce serait beaucoup plus gênant de discuter devant. « Donc... Hum... Il m'a raconté que vous étiez parti du jour au lendemain... Pourquoi ? » Voilà, c'était dit. Ça ne me regardait pas vraiment elle avait raison. Mais je voulais savoir, vraiment...

La curiosité est un vilain défaut. C'était même peu dire en fait. La curiosité est capable de faire faire n'importe quoi à n'importe qui. Elle peut pousser un mari à espionner sa femme, car il pense qu'elle le trombe. Elle peut pousser un enfant de quatre ans à s'approcher un peu trop près d'un chien méchant. Plus que tout au monde la curiosité est une chose dangereuse et il faut apprendre à la contrôler. Rare sont les gens qui ne sont pas curieux. Rare sont ceux qui n'ont pas irrésistiblement envie de tout savoir sur tout. Et je ne faisais clairement pas partie de ce genre de personne. Moi, il fallait toujours que je mette mon nez dans les affaires des autres, même si elle ne me regardait en aucun cas. Je voulais tout connaître. C'était peut-être complètement dingue, mais c'était comme ça. Et contrairement à la plupart des gens, j'avais du mal à contrôler cette curiosité. En même temps... Personne ne m'avait appris comment il fallait le faire ou ne ce serait-ce que me dire qu'il fallait le faire. Car la seule personne qui m'avait toujours élevée, c'était Joan, ma mère, et elle était bien pire que moi. De ce côté-là, je devais tenir d'elle. Elle était trois fois plus curieuse que moi et elle s'en fichait complètement. Elle ne m'avait jamais empêché de l'être, pire, elle me poussait à l'être. Mais après tout ce n'était pas plus mal... Il valait mieux ça que d'être de ce genre de personne qui garde toutes leurs questions pour eux et finissent par les emporter dans la tombe. Et puis, être franche, comme je l'étais, permettait de gagner un temps considérable, que les autres passaient à tourner autour du pot. Moi quand je voulais savoir quelque chose, je le demandais, je ne passais pas par quatre chemins. Enfin bref, pour l'heure je regardais cette femme, Nikki, l'ex de Caleb et tentais de rattraper le départ désastreux qu'avait pris le début de notre conversation. Après tout ce n'était pas de ma faute ! C'était elle qui m'agressait, moi je n'avais fait que me présenter. Aussi véridiquement et simplement, j'avais résumé la situation et tout ce qu'elle avait trouvé à faire, c'était de me répondre méchamment. Enfin, ce n'était peut-être pas intentionnel, mais je l'avais pris comme ça. « Heu... Oui. » Oui, je l'avais reconnue, mais cela avait l'air de la surprendre. Et soudain cela fit tilt dans ma tête. Elle ne devait pas comprendre d'où... Après tout c'était bel et bien la première fois que nous nous rencontrions. « Caleb m'a montré des photos de Reed bébé et vous étiez dessus. » Expliquais-je. Je mentais ? Oui et alors ? Elle n'avait pas besoin de savoir que j'avais douté de Caleb au point de lui demander des preuves de l'existence de cette ex qu'il avait mis en cloque quelques années auparavant. Je lui avais donné une version épurée des fait, mais c'était en partie vrai. Enfin bref. Continuons... Suivant son conseil, nous changeâmes de rayon pour finalement nous arrêter au milieu des fruits et légumes, plus précisément entre les patates d'un côté et les melons de l'autre. Au moins, là nous serions moins susceptibles d'être observées par des spectateurs indésirables. Je souris à la jeune femme alors que notre conversation continuait tout simplement. Enfin... Alors que je posais LA question. Si, si avec des majuscules. Car cette question, elle mourrait d'envie de franchir mes lèvres depuis un petit, énorme, bout de temps déjà. J'avais conscience que cela ne me regardait pas, mais je m'en fichais complètement. Comme de ce type auquel j'avais piqué sa place de parking. Ils n'étaient pas contents ? Et bien c'était pareil. Je n'allais pas m'empêcher de demander ce que je voulais savoir pour ses beaux yeux tout de même. Je n'étais pas comme ça. Mais alors pas du tout. Comme je m'y attendais, elle refusa de me répondre... C'était prévisible. Mais tant pis, j'aurais tout de même essayé. Je m'apprêtais à prendre congé, acceptant ma défaite, lorsqu'elle reprit. Là, elle m'expliquait que c'était, en gros, la plus grosse erreur de sa vie. « Ok... » Lâchais-je, car au fond, je ne savais pas quoi dire d'autre. Moi, j'étais contente qu'elle ait commis cette erreur, car sinon je n'aurais jamais rencontré mon Caleb et ça, cela aurait été une terrible erreur, pour moi en tout cas... Pour elle, c'était une autre histoire. Elle avait alors un melon dans les mains et cela me faisait un peu peur. Si elle me lançait dessus ? Comme dans les épreuves de lancer de poids, de toutes ses forces ? Et ce n'était pas un petit pois... Petit poids ? Saisissez la vanne que je me faisais dans ma tête. Oui c'était pourri ? Ok, je sors... Enfin! La madame continuait de parler et je l'écoutais. Je devais ajouter quoi moi ? Et pourquoi pas ce que je pensais tout simplement ? « En fait... Je ne sais pas trop quoi vous dire... Car cette erreur, c'est la plus belle chose qui me soit arrivé. Sans elle, je ne serais pas là aujourd'hui. Je n'aurais jamais connu Caleb, ni ce magnifique petit Reed... » J'attrapais distraitement une patate de ma main droite. Ce que j'allais faire avec ? Aucune idée. J'avais juste besoin de faire quelque chose avec mes mains... « Je crois que je devrais vous dire merci... En quelque sorte... » C'est alors que ma patate me glissa des mains et par je ne savais quel hasard elle vient s'écraser sur le décolleté de Nikki. « Oups ! » Lâchais-je.

Elle comprenait... Elle comprenait réellement ce que je venais de lui dire ? Car franchement, même moi j'avais du mal à comprendre ce qui venait de sortir de ma propre bouche. C'était peut-être idiot, mais parfois j'avais des pensées tellement complexes et tordus que lorsque je tentais de les exposer à quelqu'un c'était complètement incompréhensible. Encore, cette fois c'était plutôt simple. Enfin, si on arrivait à intégrer le fait qu'une erreur puisse être une bonne chose. Ou du moins, que l'erreur de cette femme là, Nikki, soit la plus belle chose qui me soit arrivé à moi. Oui, je me répétais sûrement dans mon esprit, mais je le pensais tellement ! Que serais-je devenue si je n'avais pas connu Caleb ? Aucune idée... Je me le demandais sérieusement. Rien. Je serai peut-être tombé amoureuse d'un autre homme. D'un abruti qui aurait joué avec moi et qui finalement ne m'aurait rien apporté. Alors que lui c'était l'homme en or, mon homme à moi. Il m'avait soutenu dans de nombreuses épreuves, comme la mort de mon frère et j'avais été là pour lui aussi... Mais c'était une autre histoire. Qui n'avait d'ailleurs pas lieux d'être raconté dans cet endroit et encore moi à elle. À cette femme qui l'avait abandonné tout seul avec son fils en bas âge en plus. Enfin bref, je ne savais pas quoi lui dire de plus. Qu'ajouter à ça ? Elle m'avait dit ce que je voulais savoir, ou du moins, tout ce qu'il y avait à dire sur le sujet. J'étais satisfaite et je n'avais plus aucune question à lui poser. Elle ne semblait pas avoir quelque chose à me demander non plus... Au moins, j'avais pu comprendre autre chose. Que nous nous ressemblions un peu physiquement, mais que nous étions tout de même complètement différentes. Je n'avais donc aucun souci à me faire, Caleb ne s'était pas rapproché de moi parce que je lui faisais penser à son ex petite -amie. Oui, car même si nous avions à peu près la même couleur de cheveux, d'yeux et que notre morphologique était presque similaire, de ce que j'en voyais, mentalement parlant nous étions complètement différentes. Jamais je n'aurais été capable d'agir comme elle l'avait fait et, et et... Elle n'était pas comme moi, tout simplement. Je serai sûrement parti sans plus si cette fichue patate ne m'avait pas glissée des mains. En fait, une pomme de terre, c'est un légume très fourbe. En plus d'être un des légumes les plus gras, il est capable de vous jouer des tours avant même d'être cuit. Si, si, ces trucs sont redoutables. Car moi, je ne voulais pas lui lancer cette patate dans le décolleté. Je n'avais vraiment pas fait exprès. Je n'étais pas de ce genre de fille. Je n'étais pas violente et balancer des choses sur des inconnues ce n'était pas vraiment dans mes habitudes. Pas du tout même. Mais là elle avait glissé ! Saleté de tubercule ! Par contre, je devais bien avouer que la tête qu'avait fait Nikki lorsqu'elle avait pris conscience de mon geste me donnait envie de rire. Elle avait les yeux grands ouverts et fixait tours à tours la patate par terre et son décolleté. Beau décolleté soit disant passant. Elle semblait si surprise, ahurie, c'était presque hilarant ! Presque, car je me retenais de rire, ce ne serait pas polie et même si je ne l'avais pas fait volontairement, mon geste risquait de se retourner contre moi. En revanche, je ne parvenais pas à faire disparaître ce petit sourire sur mon visage au moment où elle me demanda pourquoi j'avais fait ça. Très bonne question, pourquoi ? Pour rien, car la patate avait agi d'elle-même. « Ce n'était pas volontaire, je n'ai pas fait exprès. Elle m'a tout simplement glissée des mains ! » Répondis-je tout de même amusée sur les bords. Et c'était la pure vérité, je ne lui mentais pas. Seulement, elle ne semblait pas me croire. A un tel point qu'elle attrapa une pomme de terre à son tour. Oh mon dieu... Cette histoire allait mal finir. Mais je m'en fichais en fait. Si elle voulait jouer à ça, elle allait voir de bois je me chauffe. Et elle ne manqua pas son coup la garce ! Elle avait visé mon ventre si bien que je me suis courbée en deux sur le coup. Non, elle ne l'avait pas lancé très fort, mais c'était tout de même désagréable ! Je me relevais, laissant tombé le truc rond sur le sol sans y prêter la moindre attention. Je la fixais dans les yeux. « Ça ne va pas la tête ! Je viens de vous dire que je n'avais pas fait exprès, ce n'était pas la peine de vous venger ! » Lâchais-je avant d'attraper une nouvelle pomme de terre dans le bac à légume non loin de nous deux. Cette fois, je lui lançais volontairement dessus. Sur la jambe. Pourquoi la jambe ? Tout simplement, car les siennes étaient magnifiques et qu'elles me rendaient un peu jalouse sur les bords. En parlant de jalousie... « Je ne vous ai rien fait ! Ce n'est pas parce que je suis avec Caleb que vous avez le droit de m'agresser. » Puérile ? Oui je l'étais, presque autant qu'elle.