Un mâtiné à trainer dans les rues de la belle ville de Pasadena, quoi de plus cliché ? Le soleil brillait bas dans ce ciel de début de printemps, éclairant les jeunes feuilles des arbres. Je réarrangeais mon sac sur mon épaule pour résister au vent qui balayait les allées. Je portais un simple jean et un t-shirt, pourtant, je n'avais pas froid. Mon dieu, ce que je pouvais aimer la chaleur. Ne plus avoir besoin de porter des pulls ou des manteaux, c'était le pied. C'était un temps parfait pensais-je en souriant comme une abrutie au milieu de la rue. Je n'avais pas spécialement besoin de me rendre sur le plateau de tournage aujourd'hui et je m'en réjouissais. Pour une fois, je n'allais pas revêtir mon masque artificiel habituel. Je n'allais pas être obligé de courber l'échine comme je le faisais depuis quelque temps lorsque je travaillais. Je pouvais être la vraie Isoble Dashwood pour une fois et pas cette pimbèche perfide dont je ne supportais plus le reflet. Bref. Je n'avais pas besoin de penser à ça alors que justement, j'étais tranquille aujourd'hui. J'avais fait un petit détour pour acheter le meilleur café de la ville à ce petit kiosque insignifiant du quartier sud. Par gourmandise, j'avais aussi pris un petit gâteau au chocolat que je mangeais doucement. Pour tout avouer, je détestais cette partie de Pasadena, mais j'aurais probablement tout supporté, océan et désert, pour cet expresso en particulier. Il me rappelait celui qu'on trouvait à Londres. C'était idiot, j'en avais conscience, mais j'adorais l'odeur qu'il dégageait. L'Angleterre... J'avais l'impression que c'était dans une autre vie... Cette vie où je me promenais le long de la Tamise en chantonnant ou encore en courant, où j'avais perdu mon innocence, où je pouvais encore m'émerveiller devant Big Ben, tout ça me semblait comme dans un rêve, lointain. J'avais honte d'être parti... Enfin non, j'avais honte de ce que j'étais devenue depuis que j'avais quitté la ville de mon enfance. Des années-lumières semblaient s'être écoulées depuis et tant de choses s'étaient passées...
Je terminais mon café avec un sourire de satisfaction collé à mes lèvres colorées par mon rouge à lèvres. J'étais levé depuis cinq longues heures et pourtant, je n'étais pas fatiguée. J'avais passé une nuit horrible. Morphée n'avait pas voulu me prendre dans ses bras et pourtant, je continuais de marcher dans les rues de la ville, sans aucun but précis. Où j'allais ? Je n'en savais rien. Pourquoi ? Je l'ignorais aussi. Je me contentais de mettre un pied devant l'autre pour me dépenser, pour prendre l'air. De loin, je remarquais un groupe de fillettes qui poursuivaient des canards sous l'œil sévère d'une jeune femme. Je souriais. Aussi étonnant que ça puisse paraitre, ça me faisait plaisir de ne rien faire aujourd'hui. De ne rien faire du tout. D'errer comme, les yeux grands ouverts à là vue de chaque détail. C'est ainsi que je le croisais. "Wyatt !" Je n'y croyais pas ! Cela faisait si longtemps que je ne l'avais pas vu ! Il semblait tout aussi choqué que moi. Je voulais le prendre dans mes bras, mais il tenait déjà un petit garçon contre lui. Cela faisait plus de trois ans que je ne l'avais pas vus. Il était un de mes amis de longue date, mais nous nous étions perdus de vue depuis si longtemps... Pour être franche, je ne pensais pas le revoir un jour. Et pourtant, il était bel et bien devant moi, en chair et en os. Je me posais néanmoins des questions quant au petit gars qu'il avait dans les bras. Il traversait et je le laissais faire, m'arrêtant simplement pour le regarder se rapprocher. "Je vis ici maintenant ! Depuis longtemps ! " Je baissais la tête honteuse. Dans un sens, je me sentais coupable. J'aurais très bien pu le contacter lorsque, j'étais arrivée en ville pour emménager... Mais je ne l'avais pas fait... Allait-il me le reprocher ? Je me le demandais. "Je suis super contente de te voir aussi ! Tu vas bien ?" J'avais conscience que je posais des questions banales, mais je les aimais bien. Je me tournais vers le petit, toujours intriguée. "Et c'est qui ce petit bout de chou ?"

J'aimais bien me balader dans les rues de Pasadena sans but précis. Mais ce que j'aimais d'avantage encore, c'était de croiser des gens en tous genres. Il y avait les femmes qui poussaient des poussettes en couvant leur petit poussin d'un regard affectueux. Il y avait aussi les migrations d'élèves qui sortaient des écoles ou y entraient tout simplement. Bref dans tous les cas, je prenais un malin plaisir à observer tous ces individus alors je sirotais mon café. Je ne savais pas très bien où j'allais me laissant guider par la magie des lieux. C'est à cet instant que je croisais une vieille connaissance. Enfin, il n'était pas vieux, mais voilà, je me comprenais. Je ne m'attendais tellement pas à tomber sur Wyatt que je croyais qu'il s'agissait d'une farce au début. Cela relevait plus du miracle à vrai dire, car j'étais dans la ville depuis presque deux ans et demi maintenant et je ne l'avais encore jamais croisé. Il faut dire que je n'avais jamais vraiment cherché à la trouver, mais quand même... J'avais abandonné l'idée de le revoir un jour depuis un moment. Oui, j'aurais pu le recontacter, mais pour lui dire quoi ? Je suis à Pasadena, tu veux bien voir une boulette comme moi ? Non, je n'avais pas imaginé la chose une seule seconde. Mais j'étais tout de même contente de le voir, là devant moi après tout ce temps. Je le laissais traverser la rue tranquillement avant d'entamer notre petite conversation. Il me demandait d'abord ce que je faisais là. Je me sentais assez pitoyable pour être franche. Je ne l'avais pas prévu de mon emménagement en ville alors que je le connaissais depuis des lustres... J'étais incorrigible pour le coup, mais heureusement, il ne semblait pas se vexer. Je lui souriais en lui demandant s'il allait bien. C'était une question des plus banales, j'en avais conscience, mais je ne trouvais rien de plus à lui dire pour le coup. Il avait l'air en forme en tout cas. "Ça va ! Je me baladais simplement !" Lui répondis-je alors qu'il me retournait ma question. Je désignais la boisson qui me faisait office de petit-déjeuner. "Ils font de bons cafés dans le coin." Je haussais les épaules en passant la main dans mes cheveux blonds. Semblables à ceux de Raiponce, ils avaient poussé d'une manière phénoménale ces derniers temps. Et dire que je les avais court lorsque j'avais vu Wyatt pour la dernière fois. Enfin bref, là n'était pas le sujet. Je lui demandais ensuite qui était le petit garçon qu'il tenait dans ses bras. Je pendais qu'il s'agissait de son petit frère ou encore de son neveu, mais non... Il était son fils. Sous le choc, je le regardais avec de grands yeux. Ma réaction pouvait paraître excessive, mais sur le coup, je ne comprenais pas. Il était un adolescent et puis pouff trois ans après il avait un enfant. C'était une sacrée nouvelle pour moi. Et dire qu'il était plus jeune que moi... En fait, alors que je réfléchissais bien, je me rendais compte qu'il avait le même âge que moi lorsque j'étais tombé enceinte. Lui au moins, il avait encore son bébé... Je secouais la tête en chassant ces mauvais songes de mon esprit. Me reprenant, je souriais au petit Liam. " Coucou toi." Je levais de nouveau les yeux vers son père. "Et bien... T'en as fait de chemin depuis la dernière fois que je t'ai vu." Il me demandait ensuite ce que je devenais. "Moi... Bah rien d'aussi exceptionnel... Je suis à l'université du coin et j'ai bientôt mon diplôme. " Je ne voulais pas lui parler du film... Je ne voulais pas non plus qu'il sache que je n'étais devenue qu'une pauvre droguée, dépendante d'une merde sans pareil. Honteuse, je voulais changer de sujet. "Il a quel âge ?" Demandais-je au sujet du petit garçon. "Tu veux qu'on aille s'asseoir quelque part ?" Après tout, il ne devait pas être très à l'aise avec son fils dans les bras. "A moins que tu ne sois en retard chez tes parents..." Je en voulais tout de même pas le déranger.

Comment une simple balade en ville pouvait me mettre d'aussi bonne humeur ? Et bien pour la première fois de ma vie, je remerciais le hasard. Il avait remis sur mon chemin une personne à laquelle je n'avais pas parlé depuis des lustres et si j'avais pu, j'aurais pris ce type qui tirait les ficelles dans mes bras. C'était peut-être excessif comme réaction, mais j'étais juste trop contente de revoir Wyatt après tout ce temps. Même si je n'avais pas osé le recontacter depuis presque trois ans, je devais bien avouer qu'il m'avait manqué. Jamais je ne me serais imaginé le croiser en me levant ce matin-là. Et pourtant, c'était le cas pour notre plus grand plaisir, pour le mien en tout cas. J'avais le sourire collé aux lèvres et je ne pouvais m'empêcher de parler d'une voix enjouée. J'avais envie de lui poser tellement de questions ! Après tout non avions tout de même 1095 jours loin de l'un de l'autre à rattraper et ce n'était quand même pas rien. Seulement, on se contentait de se poser des questions banales, mais je savais que ce n'était que le début. J'étais tellement curieuse de savoir ce qu'il était devenu ! J'étais beaucoup moins enjouée à l'idée de lui raconter ma vie, mais ça, il ne devait pas le savoir. Ma curiosité s'était cependant portée sur le petit garçon qu'il tenait dans ces bras pour le coup. Et je n'en fus que plus choquée lorsque j'appris qu'il s'agissait de son fils. Je n'en revenais pas, il était papa. Waouh ! Là, on pouvait dire que c'était une nouvelle à en couper le souffle. Le pire, ce ne fut pas ma respiration, mais mes yeux qui s'agrandirent d'une façon presque surnaturelle. J'imaginais l'état presque pathétique de ma tête et pourtant, je n'arrivais pas à réaliser. Wyatt, papa... Je n'en revenais pas d'avoir raté un épisode pareil. C'est hallucinant. Il était si jeune ! Je tardais à reprendre mes esprits, mais lorsque ce fut fait, je saluais le petit bout de chou et en l'observant un peu plus attentivement la ressemblance avec son père me frappait. Je me sentais presque idiote de ne pas l'avoir compris avant, c'était pourtant tellement évidant quand on y regardait de plus près. Je lâchais un petit commentaire. Ouais... Il en avait fait du chemin, c'était le moins qu'on puisse dire sur ce coup-là. Il me demandait ensuite ce que je devenais et à côté de la sienne, je trouvais ma situation totalement banale et sans intérêt. Enfin... Si on excluait la partie honteuse bien évidemment. Je n'avais rien d'aussi intéressant à lui raconter si bien que je lui parlais juste de mes études. "Merci beaucoup ! Je l'espère aussi." Je me sentirais bien tout de même bien mal si je ne parvenais pas à l'avoir ce satané diplôme. J'étais tout de même assez confiance là-dessus. Je revenais sur le sujet de son fils en lui demandant quel âge il avait avant de lui demander s'il voulait aller s'asseoir quelque part. Je ne voulais cependant pas le mettre en retard pour son déjeuner avec ses parents. Si bien que mes joues se firent un peu rosissante. Je voulais continuer de lui parler encore un moment, mais ce serait égoïste de ma part de le retenir s'il devait y aller. Heureusement, il acceptait et on continuait de discuter tout en nous mettant à chercher un banc où nous poser. "Waw... Déjà, trois ans." Je n'en revenais pas qu'il ait eu un fils seulement quelque temps après notre dernière discussion. "Ouais, je comprends que tu ne m'en aies pas parlé à ce moment-là." Je ne pouvais pas lui reprocher après tout, si j'avais été à sa place, j'aurais surement fait la même chose. Je lui fis une petite pichenette sur l'épaule. "Hey ! Ne te moques pas de moi ! J'ai très bien le droit d'écarquiller les yeux comme ça me chante." Je riais doucement. "Surtout vu la nouvelle que tu viens de m'annoncer. " Je haussais ensuite les épaules. "Mets-toi un peu à ma place. Je quitte un adolescent et boum ! Je le recroise et il est papa d'un petit garçon tout mignon de trois ans." Je souriais doucement trouvant ma réaction tout à fait appropriée. On trouvait finalement un banc où nous asseoir et je posais mes fesses non loin de Wyatt tandis que Liam allait faire, je ne savais trop quoi un peu plus loin. Comme son père, je gardais les yeux sur lui tout en continuant de discuter. Je souriais, il avait remarqué pour mes cheveux. "Toi aussi, t'as changé !" Il avait pris trois ans de plus, comme moi. On avait juste grandi, mûri aussi certainement. Il me demandait où je vivais. "J'habite dans le centre de Pasadena, dans un petit appartement toute seule." Mon indépendance... C'était tellement le pied. "Ne t'inquiète pas, si je ne retenais pas un petit peu, tu serais noyé sous toutes mes questions aussi. Et toi ?" Je me demandais si... "Tu vis avec sa maman ?" Demandais-je en désignant le petit garçon. J'avais peur d'avoir dit quelque chose qu'il ne fallait pas après tout, il ne m'avait pas parlé d'elle, mais j'étais curieuse. "Et tu fais quoi dans la vie ? Tu travailles ?"

J'étais tellement contente d'avoir croisé Wyatt. Même si je ne m'y attendais pas du tout, le revoir après tout ce temps me réjouissait. Je ne lui avais pas parlé depuis trois ans, ce n'était pas rien. On avait tellement de choses à rattraper que j'avais des tonnes de questions à lui poser. Seulement, je ne voulais tout de même pas avoir l'air trop curieuse et je me retenais. Surtout que je venais de me prendre une claque en apprenant que le petit garçon qu'il tenait dans ses bras était son fils. Enfin pas vraiment une claque au sens propre du terme, mais j'étais profondément surprise. J'avais vraiment du mal à m'en remettre, il était papa et pour une nouvelle celle-ci était plutôt énorme. Déjà que je ne m'imaginais pas le revoir un jour dans ma vie alors en plus le revoir et apprendre qu'il était papa ? C'était vraiment un truc de dingue. Dans un sens, je me disais que c'était un peu ma faute si on ne s'était pas revu avant... Je veux dire, j'étais à Pasadena depuis plus de deux ans maintenant et jamais je n'avais eu le courage de le recontacter. C'était idiot, j'en avais conscience, mais c'était comme ça... Heureusement, le hasard avait bien fait les choses en nous remettant sur notre route l'un et l'autre. Mais tellement de choses s'étaient produites depuis la dernière fois où on s'était parlé puff, on ne savait pas vraiment par où commencer. C'est pour cette raison qu'on discutait tout d'abord de chose parfaitement banal, comme de mes études ou encore de son repas chez ses parents. Pour mon plus grand plaisir, il acceptait d'arriver chez eux avec un peu de retard et rester un petit moment avec moi. Je lui proposais d'aller nous asseoir quelque part. Après tout, je me disais que ça ne devait pas être super agréable de rester planter au milieu du trottoir avec le petit Liam dans ses bras. Rapidement, on trouvait un banc où nous poser tout en continuant de papoter. J'appris que son fils avait trois ans et qu'il était né très peu de temps après ma dernière visite en ville avant de venir emménager. Je riais ensuite doucement alors qu'il se moquait de moi. J'avais bien le droit d'être surprise après tout avoir un fils ce n'était pas rien. Mais bon, je me mettais à sa place et me dis qu'il avait dû en surprendre beaucoup des gens avec cette nouvelle. Il devait avoir l'habitude maintenant. Mais bon, moi, je ne m'y faisais toujours pas. Comme je lui disais si bien, j'avais laissé derrière moi un adolescent et je retrouvais un papa. Si ça ce n'était pas du changement alors je n'y comprenais vraiment rien du tout. D'ailleurs lui me dit que j'avais changé. Je souris... Ouais, je n'avais plus mon vieux carré et mes cheveux arrivaient au milieu de la chute de mes reins maintenant. Je profitais d'être assise pour les nouer dans une longue queue de cheval, il faisait chaud en ce début de saison et je ne supportais plus de les avoir détachés. Il me demandait ensuite où j'habitais et je lui expliquais tout naturellement que je vivais dans un petit appartement dans le centre de la ville. Je lui retournais la question, lui demandais aussi s'il était avec la mère de Liam. C'était de la simple curiosité de ma part, mais en voyant son sourire disparaître, je m'en voulais de lui avoir demandé. Je l'écoutais attentivement me raconter son histoire. Je hochai doucement la tête, oui, je me souvenais parfaitement d'elle. "Oui..." Effectivement, sa situation n'était pas des plus réjouissante. Je ne savais pas trop quoi lui dire, mais je tentais tout de même : "Oui... Et puis j'imagine que ça ne doit pas être facile pour toi non plus de l'élever sans elle." S'occuper d'un petit garçon tout seul ce n'était pas rien, même si je me doutais que ses parents et sa famille lui avaient donné un coup de main. Il y avait toujours un lien fort entre deux futurs parents et ça n'avait pas dû être facile à vivre tout ça. Autant pour elle que pour lui, que pour Liam aussi. Il me retournait en quelque sorte la question et je lui souriais doucement. "Non, il n'y a personne dans ma vie." Je haussais doucement les épaules. "Je suis libre comme l'air... Toi aussi du coup ?" Et je le vivais très bien d'ailleurs. Ma vie était bien assez compliquée en ce moment pour que j'en rajoute avec un petit copain... Je décidais de changer de sujet, car j'avais touché une corde sensible et lui demandais ce qu'il faisait dans la vie. " Ah oui ! J'en entendu parler de ce café." Je souriais. "Bon bah voilà, moi qui cherchais une bonne raison de m'y rendre de temps en temps. J'ai trouvé." Je plaisantais bien évidemment, je n'étais pas du genre à aller embêter les gens sur leur lieu de travail... Quoi que... Bref, je reportais mon attention sur Wyatt. "Et tu penses à des études en quoi ?" Je ne me souvenais même plus où il en était la dernière fois que je l'avais vu... Il me demandait ensuite ce que je pensais faire après mes études. Je soupirais doucement. "En fait... Je suis étudiante en art de la scène donc ce qui serait génial, ce serait que je finisse actrice, mais je ne sais pas... Je n'y crois pas trop... Même si j'ai déjà joué dans quelques pubs et dans un film pas connu du tout, c'est tellement difficile de percer dans ce milieu..." Je ne lui parlais pas des détails concernant ce fameux film, il n'avait pas besoin d'être au courant. "Mais bon... Dès que j'ai fini mes études, je compte bien me trouver un travail. Dans n'importe quel domaine juste histoire de me faire de l'argent en attendant de voir si j'arrive à faire démarrer ma carrière ou non." En réalité, je n'y croyais plus vraiment. J'étais en quelque sorte dégoutée, mais je me disais aussi que je n'avais pas fait tout ce chemin-là pour rien... Retrouvant mon sourire, je levais les yeux vers le jeune homme. "Bon ! Et sinon ? Tu ne me racontes rien de plus ?" Je le taquinais doucement. " Qu'est-ce que tu as fait pendant ces trois ans ? A part t'occuper de Liam ?" Oui, car pour moi s'occuper de son fils, c'était une évidence. "Oh et tu joues toujours de la guitare ?" Demandais-je. Oui, c'était surement la question la plus débile que je pouvais sortir, mais bon... J'en rajoutais encore une couche. "Et comment vont tes parents ?" Je les connaissais un petit peu, après tout mon père les côtoyait souvent, mais ça s'était avant.

J’avais toujours aimé discuter avec les gens. C’était peut-être con ou un truc de filles, mais je m’en fichais. Faire la conversation avec certaines personnes étaient pour moi un vrai plaisir. Et là, lorsqu’il s’agissait de Wyatt, j’étais aux anges. Déjà que le revoir était une agréable surprise, alors qu’il accepte de retarder un peu son repas avec ses parents pour passer un petit peu de temps en ma compagnie me rendait vraiment de contente. On s’installait donc sur ce banc et la conversation dérivait sur plusieurs sujets. On parlait tout d’abord de choses sans grand intérêt comme de mon diplôme par exemple, jusqu’à ce que je lui demande s’il vivait avec la maman de Liam, son fils. Oui, son fils, je ne disais pas de bêtise. J’avais toujours du mal à me faire à l’idée qu’il était papa. Mon regard dérivait parfois sur le petit garçon que je me mettais à fixer comme s’il allait s’envoler, comme si Wyatt allait finir par me dire qu’il se foutait de ma poire. Mais non, c’était bel et bien la vérité. Ce n’était pas du tout une blague et ce qu’il m’expliquait était loin d’être drôle. Il était dans une situation assez… Originale et triste aussi. Le pauvre. Je savais qu’il n’avait pas du tout besoin de ma pitié, mais sur le coup, je ne pouvais pas m’empêcher d’être désolée pour lui. Il se retrouvait à élever un enfant tout seul et ce n’était pas rien. De plus, il était désormais loin de la femme qu’il avait surement aimé et j’imaginais que ce n’avait pas dû être facile pour lui. Ce que je lui dis d’ailleurs. Cependant, il parlait de son fils comme de la prunelle de ses yeux et je trouvais ça magnifique. Il m’expliquait que pour rien au monde, il ne changerait son quotidien, sa vie et dans un sens, je l’enviais. Je me contentais de hocher la tête en souriant, ne trouvant rien d’autre à ajouter. Je me demandais aussi ce qu’aurait été ma vie si je n’avais pas avorté quelques années auparavant… Serais-je comme lui ? En train de couver ma progéniture du regard ? Ou pas du tout ? Je secouais doucement la tête en chassant cette pensée néfaste de mon esprit. Je n’avais pas été capable d’aller aussi loin et j’assumais mon choix tant bien que mal. Je vivais avec et puis voilà. Consciente que j’étais partie sur une conversation glissante, ou du moins assez délicate, je changeais de sujet en répondant à sa question. Oui… J’étais célibataire pour le meilleur et pour le pire. J’avais dans la tête que je n’avais pas de place pour une relation sérieuse dans ma vie en ce moment. Tout cela était déjà suffisamment compliqué et en rajouter une couche n’était pas nécessaire. Justement, je vivais très bien mon célibat. Comme on dit, une chose après l’autre et la liste des choses que je devais régler était assez longue en ce moment. Bref, je lui retournais la question alors qu’il semblait étonner. Franchement, je ne comprenais pas pourquoi… « Oh… Ok ! » Il était donc tout seul, lui aussi. Avec un fils à la maison, j’imaginais que ça ne devait pas être évident tous les jours de ce côté-là, mais bon, je me contentais de hausser les épaules. Retrouvant aussi mon sourire, on changeait de nouveau de sujet et j’appris qu’il travaillait au Fifty Shake, un café dont j’avais déjà entendu parler. J’ajoutais en rigolant que j’avais enfin une bonne raison de m’y rendre. « Oui et puis comme ça, je saurais où te trouver ! » J’avais bien l’intention de le revoir, ça s’était certain. C’était comme si le croiser dans cette rue avait remis une machine en route, réveillant notre amitié. Autant dire que maintenant, je ne risquais plus de le lâcher, enfin si quand même… Mais raisonnablement quoi. Je ne voulais pas que l’on recommence à se perdre de vue et j’espérais qu’il pense la même chose. « C’est une bonne idée ça ! » Dis-je alors qu’il venait de répondre à ma question. Je lui avais demandé dans quel genre d’étude il voulait se relancer. Je ne mentais pas, je trouvais que le métier d’infirmier lui allait bien. Pas que les infirmiers aient une tête spéciale ou quoi que ce soit, juste que je savais que cela correspondait bien avec son caractère. Ou du moins avec ce que je savais de lui à l’époque. « Tu ferras un brillant infirmier à mon avis. » Vu la façon dont il prenait soin de son fils, il allait faire un carton avec ses patients. Bref, la conversation revenait malheureusement sur moi et je lui parlais de mon « rêve » de devenir actrice. Je me retenais de grimacer, je préférais largement quand on parlait de sa vie que lorsqu’on évoquait la mienne. Je n’étais pas vraiment mal à l’aise, non. Je me trouvais juste ridicule, comme si ce métier que je m’étais mis en tête n’était qu’un rêve de petite fille ou quelque chose comme ça. « Oui, tu as raison. Il y a pleins d’opportunités à saisir, le plus compliqué est de trouver la bonne et surtout d’être prise. » Curieusement, son optimisme m’avait redonné le sourire et je continuais en lui disant que je voudrais bien trouver un travail lorsque mes études seraient terminées. Je ne me faisais pas d’illusions, je savais que je risquais de me retrouver sans emplois dans à peine quelques mois, dès la fin des cours et cela me faisait assez peur. C’était idiot, j’en avais conscience, car tout le monde passe par là un jour ou l’autre, mais cette fatalité me faisait vraiment flipper. « Oh ! Je verrais alors… » Bosser dans un café semblait être un bon moyen de rentrer pleinement dans le monde du travail. De plus, si je me retrouvais dans le même lieu de travail que Wyatt, c’était génial ! Je me promis de passer dans ce fameux Fifty Shake au plus vite pour voir ça. « C’est gentil de le proposer, je cherche n’importe quoi de toute façon. » Ouais… Quand on ne sait pas du tout où aller, on prend toujours toutes les opportunités qui s’offrent à nous. J’appréciais d’autant plus le fait qu’il me l’ait proposé, comme je venais de lui dire, c’était très gentil de sa part. Après tout, il n’était pas obligé… Je lui posais ensuite tout un tas de questions avant de poser la main sur mon boulot en rougissant un peu. « Désolé, je te harcèle un peu là. » Je riais ensuite. « Évidemment que je m’en souviens ! Comment je pourrais l’oublier ? » J’avais toujours cette image de lui qui grattait sur sa guitare qui me venait à l’esprit quand je repensais à la période de quand j’étais à Pasadena il y a trois ans. « C’est dommage, tu jouais tellement bien ! » Il répondait ensuite à ma seconde question, à savoir ce qu’il avait bien pou faire pendant trop ans. « Toi ? Qui cuisine ? » Je laissais échapper un petit rire. « Je voudrais bien voir ça ! » Bien sûr, je le taquinais, je ne doutais pas une seule seconde de ses talents culinaire. Il ne me mentirait pas sur un truc aussi commun de toute façon. Il me retournait naturellement ma question. « Non, pas complètement la tête dedans, mais presque. Vraiment, je n’ai rien fait d’intéressant. J’ai quitté mon père qui est toujours avec sa pouffe pour m’installer toute seule ici. » Oui, par sa pouffe, j’entendais la femme avec laquelle il s’était remarié il y de là cinq ans. « Ah si ! J’ai découvert que j’avais une sœur ! Enfin une autre, en dehors de Melody… » Je ne savais pas trop s’il se souvenait de mon ainée, mais je l’espérais. Je décidais de lui parler de ma petite soeur. « Enfin, c’est ma demi-sœur en fait… Mon père a eu une aventure pendant que ma mère était encore parmi nous et… La femme avec qui il a couché est tombée enceinte et ça a donné Jazz Cain… Heu… Dashwood-Cain, pardon. » Oui, je racontais ma vie, mais en même temps, ça me faisait du bien d’en parler avec Wyatt. Ou même d’en parler avec quelqu’un, car je gardais ça pour moi depuis que j’étais au courant. Je ne pouvais même pas questionner Melody, c’était encore trop tendu entre nous à cause des récents événements. Enfin voilà… « Sinon… Bah rien. Désolé, ce n'est pas bien passionnant. Je vais en cours, je mange, je dors et je sors avec mes amis dès je que le peux aussi ! D’ailleurs, il faudrait qu’on se fasse une petite soirée ensemble un de ses jours ! » Cela me semblait sympa que l’on s’amuse un peu. Il passait son bras autour de mes épaules et je me laissais aller contre lui. « Moi aussi ! Je suis tellement heureuse de te retrouver ! » C’était vraiment agréable d’être à côté de lui à nouveau. Il m’avait manqué, ce n’était rien de le dire. Je n’ajoutais rien, regardant simplement Liam qui jouait. Je finis par sursauter au moment où je sentis quelque chose vibrer. Mon portable étant dans mon sac, cela ne venait pas de moi. « Papa et maman s’inquiètent, on dirait. » Lâchais-je en m’écartant doucement pour le laisser répondre comme il le voulait du moins s’il le voulait.