Je ne pensais pas qu’il allait accepter, garder Barry seul pendant plus d’une heure. J’avais une confiance aveugle en lui, surtout que le petit dormait et que s’il se réveillait, tout était prêt, biberon, couche ou autre. J’embrassai Grant sur la joue. « Merci, tu me sauves la vie ! A tout à l’heure. » Je n’eus pas le temps d’entendre sa réponse, j’étais en retard et vus le temps je n’allais jamais arriver à l’heure à mon rendez-vous. J’avais une potentielle possibilité de jouer dans un prochain film qui allait être prometteur, il fallait juste que je passe l’audition et ça n’allait pas durer éternellement, enfin j’espérais. Mais j’étais sereine que ce soit mon meilleur ami qui garde mon petit, au moins je savais où il était et avec qui. Puis vu le temps, je ne voulais pas qu’il soit gardé par quelqu’un d’autre à l’extérieur de chez moi. Je savais qu’ils annonçaient des vents forts et beaucoup de pluie mais je ne pouvais pas rater cette opportunité pour moi de reprendre le boulot. Une fois sur place, je pris place dans la file d’attente et prévins mon meilleur ami que ça risquait d’être plus long que prévu. Il réussirait je n’avais aucun doute là-dessus et s’il avait un souci, il pouvait m’appeler. Je pris une grande respiration quand ce fut mon tour et allais passer mon audition. Cependant, pendant que je passais une baisse de tension apparut dans les locaux, je levais la tête et sentit comme si les murs tremblaient. Je haussais les épaules et attendis que tout revienne dans l’ordre pour pouvoir continuer. Je n’attendis pas loin de dix minutes, assise à discuter avec les membres du projet. Ils me connaissaient plutôt bien d’ailleurs et ça pouvait jouer en ma faveur. J’étais prête à reprendre quand on nous demanda de retourner chez nous. J’arquai un sourcil et ne pris pas le temps de demander pourquoi que j’eus la réponse en sortant dehors. C’était le déluge, il pleuvait et ventait aussi fort que dans les tropiques lors des ouragans. Je devais rentrer avant que ce ne soit mission impossible et apparemment je n’étais pas la seule à me dire cela. J’envoyais un message de Grant en le prévenant mais je n’avais pas eu de ses nouvelles depuis. C’était bizarre, il prenait le temps de répondre d’habitude, il avait peut-être oublié son portable dans une des pièces de la maison. Je ne pouvais pas appuyer sur le champignon, les voitures bloquaient la circulation et je dus passer par les ruelles afin de pouvoir rentrer chez moi, ce qui me fit faire un détour. Une fois devant chez moi, j’eus la surprise de voir tout éteint mais pas seulement chez moi en fait, partout autour de moi et je ne l’avais même pas remarqué. Le temps était noir et pas tellement rassurant, je n’aimais pas du tout cela. Je rentrais dans la maison, essayant d’allumer et posant mon manteau trempé à l’entrée. « Je suis rentrée, tu verrais le temps dehors, un vrai temps de merde. » Je parlais seule mais j’avais l’habitude, je vis Bijou arriver et grogner au passage, je n’en pris pas compte, pensant que c’était à cause du temps mais pas du tout. Je fis le tour de la maison et allais directement dans le sous-sol pour essayer de voir si la lumière pouvait revenir en remettant les fusibles en place. Mais non, je remontais en râlant et attrapant une lampe torche dans le premier tiroir de la cuisine. « Tu prends une douche ou quoi ? » D’accord il ne fallait pas faire de bruit pour le bébé mais quand même, il pouvait parler. Je ne trouvais plus ça très drôle d’ailleurs. « Arrête de te cacher, c’est pas drôle. » Je me dirigeais vers le couloir, Bijou sur les talons toujours en grognant, je me retournais vers elle en lui faisant un chuuuuut avec mon doigt pour ne pas qu’elle réveille le bébé. J’ouvris la chambre de Barry et lâchai un cri. « Tu m’as fait peur, Grant ! Franchement, il y a mieux… » Je n’eus pas le temps de terminer ma phrase que je vis une autre silhouette dans le coin de la pièce. Je reculais et me pris le mur. Aucun son ne sortait de ma bouche, je ne savais pas quoi dire, pas quoi faire, j’étais tétanisée et je ne savais pas où donner de la tête. Il y avait quelqu’un chez moi, dans la chambre de mon bébé… Barry… Je jetais un œil au berceau, le découvrant en train de dormir comme si tout était normal. Puis je regardais mon meilleur ami en me laissant glisser sur le sol, incapable de faire quoi que ce soit. « Ca va aller, d’accord ? » Je ne pouvais rien faire d’autre que de le rassurer, sentant la présence de l’homme trop près de lui, je n’aimais pas ça. Il n’était pas question qu’il touche à une seule de ses mèches de cheveux, à lui ou bien à mon fils et il le saurait s’il allait trop loin. « Qu’est-ce que vous voulez ? » J’arquai un sourcil, tout en suivant le moindre de ses faits et gestes, j’étais trop calme d’apparence, intérieurement je voulais lui sauter dessus mais je ne faisais pas le poids, je le savais. Je concentrai mon regard dans celui de Grant, pour essayer d’y lire quelque chose et le rassurer tout en essayant de trouver une solution à ce merdier. Et franchement le temps n’arrangeait pas les choses, impossible de voir vraiment son visage et la tempête ne cessait d’augmenter au fur et à mesure que les minutes passaient.

Pencher par-dessus le berceau, je regardais le fils d’Avery qui dormait pour finalement quitter la chambre en fermant la porte alors que ma meilleure amie quittait son domicile me laissant seul avec son fils. « C’est rien. À toute. » disais-je dans le vide alors que la porte se refermait. Poussant un soupire, je me regardais mon portable avant de prendre la direction du salon avec le baby phone en main. Je n’étais pas le plus doué des hommes, mais finalement je me débrouillais mieux que je n’aurais pu le croire. Me laissant tomber sur le canapé, je regardais bijou quitté son panier pour venir se coucher près de moi. Une main sur sa tête je la caressais tout en cherchant un film sur netflix. Fallait bien que je tue le temps. De toute manière, je n’avais pas grand-chose à faire n’étant pas chez moi. Je me trouvais un film que je n’avais pas eu la chance de voir, mais à peine avais-je eu le temps de le commencer que les lumières oscillaient. Merde, je ne pensais pas que la tempête arriverait aussi rapidement. Mais ça se stabilisait et je pus continuer mon film, répondant au message texte de ma meilleure amie. Faire du babysitting c’était pas si mal finalement. Finissant le film, je poussais un soupir tout en me levant pour aller jeter un coup d’œil à l’extérieur. Je devais aller chercher les barricades pour les installer et ainsi éviter des dommages si ça augmentait, ce qui semblait être le cas. Je prenais la direction de la porte de sortie pour aller chercher le tout dans le cabanon, mais un bruit dans le baby phone attirait mon attention. Je prenais l’objet que j’avais déposé sur la table basse, le portant à mon oreille. Dans le micro j’entendais un fredonnement, puis Bijou se mettait à grogner. Posant mon regard sur le chien qui s’était diriger vers la chambre de Barry, je me décidais à le suivre. Ouvrant la porte, je ne voyais rien sauf la fenêtre qui s’était ouverte et battait au vent. « C’est que le vent. » disais-je à cabot qui continuait de grogner. C’était aussi le vent qui donnait l’illusion que quelqu’un fredonnait ? Haussant les épaules, je me dirigeais vers la fenêtre pour aller fermer celle-ci et me dirigeais vers le bambin toujours endormi. Et dire que ma meilleure amie était mère. Je n’aurais pas pu m’attendre à cela si on m’avait prédit cet avenir. Je regardais brièvement pour voir si Avery ne m’avait pas texté, rien. J’ignore comment, mais d’un coup se fut le blackout. La voix d’Avy parvenait jusqu’à mes oreilles. Me réveillant assis sur une chaise, ficeler comme un saucisson et avec une douleur à la tête. Je regardais autour de moi, voyant une silhouette approcher de la porte entrouverte. Il faisait sombre, mais j’arrivais à bien distinguer la voix de la brunette. « Av… » Ma voix était faible et je ne pus finir de parler que la silhouette m’assignait un coup. Grognant, je relevais la tête. Il voulait vraiment que j’aille un sacré mal de tête ou quoi ! Même si je ne voyais pas son visage, à sa carrure, je pouvais deviner que c’était un homme. Passant ma langue sur ma lèvre, je n’avais pas le temps de dire un mot de plus qu’il me bâillonnait ce salaud ! Relevant le regard, je tentais de le toiser, mais il semblait avoir disparu. Et c’est le bruit dans le couloir qui me fit tourner la tête vers la porte qui s’ouvrait recevant une lumière aveuglante en plein visage me faisant fermer les yeux. Quel spectacle horrible ça devait être, je posais mon regard sur elle la regardant glisser sur le sol, mordant mon bâillon. Ce mec allait me mettre hors de moi ! J’avais beau être une échalote, un geek gringalet, fallait pas me chercher. Bon j’étais en assez mauvaise posture pour faire quelque chose. J’entendais seulement son souffle derrière moi, alors que je posais mon regard vers ma meilleure amie. Comment pouvais-je lui dire de fuir ? Après tout cet homme ne semblait pas être là pour prendre le thé et en aucun cas ne semblait très amical. J’essayais tout de même de dire à Avery qu’elle parte, même si je savais qu’elle n’abandonnerait sans doute pas Barry ici. Un bruit de pas. Je tournais légèrement la tête, entendant la silhouette bouger. « Voyons, tu ne me reconnais pas ? » Je fronçais les sourcils, elle le connaissait ? Si c’était une mauvaise plaisanterie, sérieusement y’avait plus drôle ! « Je t’avais dit que je viendrais te voir. » Il choisissait un drôle de moment pour venir la voir ! « Mais c’est lui que j’ai trouvé. » Minute quoi ! « Lui qui essai de prendre ma place. » QUOI ! Je me mettais à bouger sur la chaise, me débattant de toute mes forces, m’arrêtant tout de même en sentant quelque chose glisser sous ma gorge. J’étais terrifié, mais je faisais tout mon possible pour camoufler cette terreur. Je sentais sa main caresser ma joue, je me délogeais sentant une douleur à ma gorge comme si je m’étais couper avec mon rasoir. Ouvrant les yeux, je poussais un cri étouffé me remettant à me débattre. « Oups. » Le connard ! « Qu’est-ce que tu lui trouves ? » Il faisait erreur sur la personne, je n’étais que son meilleur ami. Je n’avais rien avoir avec l’enfant, mais en réalité j’ignorais de quoi il voulait parler. C’était qui ce mec ?

Je pensais juste que j’allais passer une journée banale, comme les autres avec de la pluie et du vent… Pas retrouver un psychopathe dans la chambre de MON bébé avec MON meilleur ami. Comme un film d’horreur, plus d’électricité, le vent qui fouette la vitre qui est à deux doigts de s’ouvrir et menace d’assommer Grant au passage. Je n’eus même pas le temps de lui dire de ne rien dire qu’il reçut un coup à la tête. Connard. Je serrais les poings et examinai les solutions qui s’offraient à moi… et bah il n’en avait pas des masses en fait. Je fermais les yeux pendant un quart de secondes histoire de réfléchir à qui ça pouvait être et ce que je pouvais dire pour l’éloigner de Grant. Je jetais un œil à Barry, ne voulant surtout pas qu’il se réveille car s’il pleurait c’était la fin, il allait attirer l’attention du taré et pas question qu’il touche à un seul cheveu de mon fils. J’essayais de me calmer afin d’avoir les idées claires et lui répondre pour qu’il laisse tranquille celui à qui je tenais le plus. Enfin à l’un des deux auxquels je tenais le plus. Je secouais la tête, ce n’était pas le moment de faire dans la dentelle. Je levais les yeux vers lui et suivais le moindre de ses mouvements, jetant des coups d’œil au berceau et à la chaise. Je commençais même à en avoir mal à la tête de tout surveiller. Je voulais que tout se termine maintenant, que je me réveille et que je recommence ma journée sans cette merde qui rodait dans la pièce. Je me pinçai même pour sortir de mon cauchemar mais non, il était toujours là. J’essayais de me souvenir de lui et franchement, j’aurais préféré que ce soit une bonne blague. Je secouais la tête à sa question et le laissai parler pour en apprendre plus. « C’est toi ? Depuis tout ce temps, ce n’était que toi ? Les lettres, les fleurs, les pâtisseries… t’es pas net comme mec ! » Putain, Avery tourne ta langue avant de parler, ce n’est pas une bonne idée de le pousser à s’énerver. Je respirais et me relevais pour essayer de m’approcher gardant mon regard vers Grant qui m’indiquait de fuir. Pas question et je lui fis comprendre, pas besoin de parler pour lui dire que jamais je ne le laisserai ni lui, ni Barry. « Laisse-le en dehors de tout ça ! » Je ne supportais pas de le voir si près de lui et de le voir le toucher. « Ne le touche pas non plus. » Je sentais les larmes de rages couvrir mes joues et je les essuyais. Pas question que je me montre vulnérable devant lui alors que je n’avais envie que d’une chose, fuir et prévenir la police, sauf que je ne pouvais pas. Et sa dernière question me stoppa net dans tous mes gestes, je m’étais rapprochée de Grant mais là je le regardais, lui qui se tenait derrière lui et qui venait de lui entailler la peau. « Je t’ai dit de ne pas le toucher. » Je voulais tellement lui sauter dessus et le mordre ou bien le griffer… Mais si je ne répondais pas à sa question, je savais qu’il allait continuer à l’amocher et ce n’était pas qu’il soit moins beau comme ça mais je ne supportais pas qu’on lui fasse du mal. « Déjà, ce n’est pas un psychopathe. » Il fallait que je trouve autre chose, que je laisse tout sortir pour lui sauver la mise, pour le sauver tout court ou bien si je faisais ça, c’était la fin. Je m’approchais du berceau, faisant barrière également, avant de poursuivre. « Il joue du violon mieux que quiconque, l’écouter jouer et vous vous sentez transporté ailleurs. » Et c’était vrai, il savait faire monter des frissons dans tout mon corps quand il jouait et ça m’apaisait. D’ailleurs, j’en aurais vraiment besoin là. Je lui jetais un regard tout en cherchant d’autre chose pour ne pas me cramer en même temps. Avouer à mon meilleur ami que je l’aime dans ces circonstances… Pas sûr que cela joue en ma faveur. « Il sait être attentionné et il est toujours là quand j’ai besoin de lui. J’ai une confiance aveugle en lui. » Je fermais les yeux et continuai de contrôler ma respiration ainsi que mes tremblements pour ne pas me trahir. « Et toi… tu n’as rien de tout cela ! T’es qu’une ordure et un taré qui profite d’une situation pour obtenir … quoi d’ailleurs ? » Je me levais et me plaçais devant lui pour lui faire face. « Qu’est-ce que tu veux ? » Je n’allais pas faire la fière longtemps, il était imposant et il était terrifiant. Je finis par me reculer de peur qu’il me blesse ou bien que je vole par la fenêtre si tout ce que je venais de lui dire ne lui plaisait pas. « Laisse partir Grant, s’il te plaît… Il n’a rien à voir dans tout cela. Tu es juste un grand fan qui me veut moi et pas lui et c’est… c’est mon meilleur ami, alors… tu peux le libérer et le laisser s’en aller. » J’avais hésité, pas bon signe tout cela, je regardais Grant avec un regard désolée et lui effleurais le bras en me reculant de l’autre abruti qui était en train de bouger. Je guettais ce qui pouvait me servir d’objet contendant dans la pièce mais à part un sac à langer lourd grâce aux couches et vêtements, je ne trouvais rien. Il fallait vraiment que ce que j’ai dit permette à ce mec de s’intéresser à moi plus qu’à Grant.