Clairement, ce n’était pas la fin du monde si Jade ne connaissait personne étudiant à l’université qu’elle fréquentait qui faisait des études en comptabilité. Cette supposition, je l’avais faite parce que je me disais que dans le cas où elle avait quelqu’un, il serait intéressant de voir comment un tel projet pourrait se développer. Mais encore une fois, c’était qu’une simple hypothèse, quelque chose de peu concret, montrant que malgré toute la retenue dont je voulais faire preuve, il n’en demeurait pas moins que je me laissais quand même emporter de temps à autres. Mais que pouvais-je y faire, en fait ? J’aimais les gens qui avaient des projets, des ambitions, et Jade semblait en avoir un de mieux en mieux dessiné, faisant en sorte que pour le coup, je ne pouvais pas vraiment faire autrement que de tenter de l’encourager aussi bien que je le pouvais. Évidemment, j’étais consciente que je pourrais le faire de façon beaucoup plus solide lorsque tout serait mis en branle et que pour le moment, me contenter de lui offrir des conseils basés sur ma propre expérience pouvait être suffisant, d’une certaine façon. Enfin, cela ne voulait pas dire que je ne m’efforçais pas de lui fournir des réponses complètes, sur lesquelles elle pouvait se baser sans aucun problème, et visiblement, cela ne semblait pas lui déplaire, compte tenu du fait qu’à présent, elle tournait ses questions de sorte à savoir que faire de son côté. Je ne m’en montrais pas insultée de quelconque façon, bien au contraire, j’étais plus que ravie de lui parler ainsi, plutôt que de raconter ma vie en ne sachant pas si cela pourrait servir à autre chose que de rédiger un travail universitaire. Enfin, c’était important, je le concevais très bien, mais disons que c’était beaucoup plus gratifiant de savoir qu’il pourrait aussi servir à autre chose. De ce fait, plutôt que d’attendre la prochaine question de la demoiselle, je me mis à limite à faire une check-list dans ma tête, comme si je voulais voir si j’oubliais quelque chose pouvant lui venir en aide; les avocats, ça semblait être réglé pour elle, le comptable, on pouvait voir plus tard à la limite - dans le pire des cas, j’étais persuadée que mon propre acolyte aurait des noms à me fournir - maintenant, il était question des employés à embaucher et tout ce qui venait avec. Au début, compte tenu que la tournure de sa première question était relativement vague, je ne crus pas déplacé de lui répondre:  « Oui, c’est une bonne chose d’en avoir au moins quelques-uns pour te soutenir au début. Par contre, ces personnes, elles doivent être de confiance, puisqu’en quelques sortes, c’est avec eux que tu vas établir ton commerce. Dans ton cas, si jamais tu te sens un peu plus confortable d’avoir quelqu’un qui va s’occuper de tout ce qui touche à la vente tandis que tu t’occupes de la vente, c’est une bonne chose. Mais après, tout dépend de comment les choses vont. Le mieux, je crois, est de combler des postes selon tes besoins, non selon des principes entièrement écrits. » Maintes fois, tandis que je cherchais des conseils pour savoir comment établir mon entreprise, on m’avait fourni un organigramme qui m’indiquait quel type d’employé je devrais avoir à quel endroit et tout ce qui venait avec, mais chaque fois, je me disais que ceux-ci étaient trop peu représentatifs de selon ce que j’avais besoin. Bien sûr, je m’étais inspirée de ces façons de diviser le travail dans une entreprise, mais jamais je ne l’avais entièrement copié. Je préférais de loin qu’on me dise ce qui était nécessaire, puis m’ajuster par la suite, histoire de ne pas me retrouver avec des postes bidons, des gens payés à ne pas faire grand-chose, pour la simple et bonne raison que:  « Parce qu’effectivement, ce n’est pas donné, des employés. Il faut leur verser un salaire, augmenter ce salaire une fois de temps en temps selon le coût de la vie, en plus de prévoir des assurances de travail et quelques avantages pour eux si c’est possible. Le mieux, je te dirais, c’est de toujours viser l’essentiel, histoire de ne pas avoir un poste qui ne sert pas à grand-chose au bout du compte, même si cela ne signifie pas de surcharger les employés que tu as déjà. » Espérant avoir été claire dans mon propos pour le coup, j’écoutai Jade poser sa question suivante, me rendant compte que même si je n’étais pas la plus calée lorsqu’il était question de technologie, je pouvais quand même lui répondre:  « Je ne crois pas que ce soit obligatoire, mais je dois admettre que c’est fort pratique. » En effet, pour certaines gens qui ne pouvaient se déplacer en boutique ou bien qui étaient trop paresseux, c’était tout simplement parfait. De mon côté, j’avais fait en sorte que le site de la marque puisse proposer aux gens de créer une image de ce qu’ils voudraient comme décoration, même si pour moi, cela ne remplaçait clairement pas une rencontre face-à-face pour faire des achats. Après, pour des vêtements, peut-être que ce n’était pas la même chose, mais plus encore, c’était peut-être encore mieux dans le cas de Jade, puisque:  « Pour toi même, ça pourrait élargir ta clientèle, ce qui serait très bien aussi. Tu t’y connais en conception de sites web ? » Cette dernière question, je l’avais posée par simple curiosité, histoire de ne pas en revenir toujours à la même chose, soit qu’au pire, elle pourrait faire appel à quelqu’un. Et puis, j’avais eu vent du fait que dans certains cas, préparer un site internet n’était pas très complexe, sans parler du fait qu’avec les réseaux sociaux, en faire la promotion ne devait plus être vraiment ce qu’il y avait de plus compliqué, même si je ne m’en étais jamais vraiment occupé, pour tout avouer.

Même si je ne pouvais pas tirer une conclusion claire et définitive sur tout parce que ce n’était pas moi qui allait rédiger le projet de la demoiselle, je me permettais quand même de me sentir satisfaite du déroulement de cet entretien, quand celui-ci prit fin. Enfin, je ne savais pas encore si j’avais répondu à toutes les questions requises pour le projet de Jade, mais ce que j’avais surtout apprécié, c’était le fait que je n’avais pas eu le sentiment d’être dans un entretien ordinaire, où toute la conversation se faisait autour de ma personne. Quand cela arrivait et que c’était pour une bonne raison, par exemple une interview ou quelque chose du genre, je le faisais sans vraiment angoisser sur le sujet, mais dans le cas de cette rencontre beaucoup moins formelle, destinée à aider une amie de mon neveu, je ne me serais clairement pas vue fournir des réponses que je considérais limite étant coincées. Clairement, cela n’avait pas été mal pris par la jeune femme, ou du moins, c’était ce que je prenais pour acquis puisqu’au bout du compte, elle ne me demanda pas de préciser certaines choses supplémentaires ou quoi que ce soit du genre. Naturellement, si elle me l’avait demandé, je l’aurais fait et ce, sans aucun problème. Après tout, je ne voulais pas lui fournir des informations incomplètes ou un truc du genre. Cependant, ce qui me rendit vraiment heureuse de la tournure des évènements, c’est qu’à la fin de l’entretien, j’avais l’impression d’avoir donné à la jeune femme plus que des informations pour son travail, mais aussi pour ce qui semblait la passionner, à savoir cette idée qu’elle avait de se lancer dans l’ouverture d’une boutique éventuellement. Pour moi, il n’y avait pas plus beau que de voir quelqu’un avoir un projet qui le passionne à ce point, qu’importe de quoi il s’agissait. Inutile de mentionner que dans cet ordre d’idées, ce fut sans hésiter que je servis un large sourire à Jade au moment où elle me remercia des réponses, sourire qui devint encore plus grand, si cela était possible, lorsqu’elle me dit que ce fut intéressant. Pour moi aussi, mine de rien, ça l’avait été quand même, d’où le fait que je ne me fis pas prier pour lui dire:  « Ce fut intéressant pour moi aussi. Merci à toi de m’avoir choisie pour le coup ! » Je me doutais bien qu’elle ne s’était pas cassée la tête et qu’elle avait sitôt passé par l’intermédiaire de Jonas pour le coup, mais quand même, j’étais contente de tout cela, alors je ne voyais pas où était le problème à l’idée de lui en faire part, surtout que Jade était plus qu’adorable, comme j’en eus la preuve au moment où elle en vint même à me dire que j’avais besoin d’aide, que je pouvais faire appel à elle. Franchement, je trouvais cela carrément adorable de sa part. Je savais bien que ses intentions étaient bonnes et pour sûr, si j’avais besoin et qu’elle le voulait bien, je n’hésiterais pas. Après tout, j’utilisais Jonas comme esclave une fois de temps en temps, alors ce n’était pas comme si c’était quelque chose qui m’était totalement inconnu. Évidemment, je ne la ferais pas transporter des meubles, non pas que je sous-estimais sa force physique mais bon… Disons que ça, je le laissais à mon homme fort de la maison. Malgré tout, je le prenais en note, et je lui fis savoir en hochant la tête, signe que j’avais accusé réception de l’information et que j’en prenais bien note. Et puis, juste avant qu’elle ne se dirige vers la porte, accompagnée par ma personne en signe de politesse, je crus bon de lui dire:  « Et si jamais tu as d’autres questions, tu n’as qu’à demander mon numéro à Jonas, il me fera plaisir d’y répondre. » Jonas avait mon numéro personnel, après tout, ce qui était bien normal. Je ne le donnais pas à tout le monde, mais je jugeais que je pouvais le remettre à Jade et ce, sans aucun problème. Enfin, si elle en avait besoin, évidemment, mais ça, c’était à elle de voir. Puis, après des derniers aurevoirs enjoués, je refermai la porte lorsqu’elle fut partie, sachant très bien que j’avais d’autre boulot à faire, mais soudainement, je me sentais un peu plus motivée à le faire, à croire que cette rencontre et discussion m’avait donné soudainement plus d’entrain que je ne l’aurais cru, ce qui n’était pas une mauvaise chose, bien au contraire.