Si c’était le genre de chose classique je n’osais pas imaginer les choses qui pouvaient être un peu plus déplacées. D’ailleurs, rien qu’en y pensant, je sentais légèrement mes joues devenir rouges car, oui, cela me gênait de recevoir des cadeaux de ce genre-là. J’arquai un sourcil et toussai légèrement en remettant une mèche de cheveux derrière mon oreille, signe que j’étais embarrassée pour le coup. « On va éviter ce genre de cadeau alors… Non pas que j’en veux pas mais en fait je me vois mal me faire offrir ça… devant plein de gens tu vois ce que je veux dire ? C’est un peu le cadeau délicat que t’offre tes potes à tes dix-huit ans devant tes parents… C’est exactement pareil. » Disais-je en parlant de plus en plus bas au fur et à mesure. Oui, j’étais gênée et non, je n’avais pas envie que tout le monde entende ce que j’avais à dire sur ma fête prénatale. Du coup l’option cagnotte me plaisait plus, je hochais la tête avec vigueur et fronçais le nez en souriant. « Je pense que l’option du don est quelque chose qui me plaît plus. Je vais prendre cette option là, oui. Merci. » Et oui, je savais que même en parlant de ce genre de chose, ça n’allait pas l’aider à aller mieux mais je ne pouvais pas ne pas lui en parler. C’était plus fort que moi, c’était mon amie… Je ne pouvais pas en parler à mon amie et peut être que ça allait lui changer les idées aussi. Enfin, ça, c’était une autre histoire. Du coup, je préférais parler d’un autre sujet et plus précisément de l’amour. Bah quoi une fille comme elle ne pouvait pas être seule, c’était obligé que quelqu’un lui tourne autour et que quelqu’un soit à ses côtés en ce moment même pour surmonter ces jours douloureux. Je lui fis un grand sourire tout en haussant les épaules, un sourire malicieux sur les lèvres. « Oui, mais tu pourrais avoir un début, ou bien avoir vu quelqu’un. Non ? » Je pouvais comprendre qu’elle n’ait pas envie de voir quelqu’un par rapport au fait qu’elle ait vécu un cauchemar ces derniers temps mais rester seule n’était pas non plus la solution. Mais elle devait le savoir, du coup je me contentai de sourire tout en l’écoutant à nouveau, buvant une gorgée de ma boisson. Je reposais mon verre sur la table et tapotais sur la table tout en la regardant et lui répondant avec un petit sourire. « Tu sais sortir te ferais aussi du bien. Mais je pense qu’on te l’a déjà assez dit. Cependant, voir des amis comme tu l’as fait avec moi, c’est possible. » Je lui parlais en tant qu’amie mais je doutais aussi que ça puisse l’énerver que tout le monde lui dise la même chose, si bien que je tapais sur la table et me redressais correctement sur ma chaise. « Organisons nous un speed dating. Enfin on va participer à ce truc là, t’en dis quoi ? Avec mon gros ventre, personne ose m’approcher… ça serait l’occasion. T’en penses quoi ? Juste pour rigoler, pour moi en tout cas. Pour toi, ça peut être le début d’une histoire d’amour telle celle de Cendrillon, car tu es blonde comme Cendrillon. Mais sinon, je vais te comparer à Belle, car tu es tout aussi jolie qu’elle. Bref, tu adhères mon idée, ou pas ? » Oui, j’étais partie loin mais c’était pour lui redonner le sourire, enfin moi ça m’avait fait sourire et rire un peu aussi. J’attendais donc que Caitlyn réponde à son tour pour savoir si mon idée lui plaisait ou non. J’espérais surtout lui changer les idées et lui redonner le sourire pour la fin de notre après-midi entres amies.

Voir Caitlyn sourire me fit sourire à nouveau, d’ailleurs ça me réconfortait dans mes efforts pour la faire aller mieux et lui faire passer un moment agréable. Mais vraiment, cette idée de tire-lait là, non, ça ne me plaisait pas tant que ça en fait. « Je ne sais même pas ce que c’est qu’un mariage… alors une baby-shower. » Je rigolais mais hochais la tête, convaincus qu’elle avait raison. « Mais je vais m’y habituer dans ce cas, j’essaierai de paraître le plus neutre possible quand j’ouvrirais ce genre de cadeaux alors. » J’étais en train de mettre en pièce ma serviette tout en l’écoutant parler, je ne savais pas trop quoi faire. Je ne voulais pas qu’on m’offre des trucs que j’avais déjà et je ne voulais pas être déçue des cadeaux, bien que j’en doute mais quand même. Je haussais les épaules en souriant à Cait’ et répondis en soupirant. « Va pas pour la cagnotte, je ne serais pas obligée de sourire en mode forcée pour dire que j’apprécie le cadeau, alors que non. » Je rigolais et je savais que je pouvais faire ce genre de remarque. Parfois, je ne m’en rendais pas compte que je pouvais être blessante. Je n’avais jamais appris à tourner sept fois la langue dans ma bouche avant de parler. J’étais franche et je devais avouer que parfois, j’avais fait du mal autour de moi. Mais ce n’était pas voulu, je m’excusais mais lors d’une journée organisée pour moi, je ne pouvais pas faire ce genre de choses. Voilà pourquoi la cagnotte était une valeur sûre pour le coup. Puis l’idée de passer du temps dans un speed dating me vint à l’esprit. Après-tout, Grant ne voyait rien et peut être que si j’étais assez proche d’un mec il se verrait jaloux ? Et si ça pouvait changer les idées de miss Caitlyn alors j’étais prête à tout. Même à mettre mon corps aux enchères pour lui payer de quoi lui rendre son sourire. Puis peut être que je pourrais me remettre dans la course, peut être que les bébés attiraient les hommes. On n’en savait rien et pour savoir, il fallait essayer ! Voilà pourquoi j’étais déterminée. Je revis son sourire, ce qui me fit chaud au cœur, mes intentions n’étaient pas vaines et je pouvais la faire sourire à nouveau. J’avais réussi. Ma mission était accomplie et pour ma part ça me suffisait. « Mais c’est quand tu seras prête, si on peut attendre l’arrivée du bébé. Je pourrais de nouveau entrer dans la course. Donc t’en fais pas, tu as le temps. » Et j’étais sincère, je ne devais pas la brusquer, elle devait prendre son temps pour se lancer à nouveau dans ce genre de relation. « C’est normal. » Je terminais ma boisson, puis sortis de quoi payer pour toutes les deux, après-tout c’est moi qui lui avait demandé de venir. « Tu paieras la prochaine fois, promis. » Comme ça, elle n’avait pas le temps d’insister et de sortir son portefeuille. Cependant, il était temps d’y aller, l’heure tournait et je commençais à fatiguer. Me levant, j’allais à son niveau et la serrais dans mes bras. « Je dois te laisser, monsieur fait des siennes et je suis fatiguée. Mais tu m’appelles ou tu m’envoies un texto si jamais tu as besoin. Je compte sur toi, Caitlyn et tu peux compter sur moi, quand tu veux. » Je lui souris et je savais qu’en partant, je la laissais sereine et plus apaisée qu’à notre début de conversation. Puis elle était forte, je savais qu’elle allait surmonter cela, même si ça prendrait du temps, elle saurait faire.