Trevor a vu le jour il y a bientôt six ans de cela, au cœur de l’été de l’année 2010, sans conteste une journée très chaude, et depuis un certain amour de la chaleur perdure chez ce petit bonhomme. Dans les premiers temps, sa vie se trouvait dans le cocon agréable de ses deux parents, tous les deux en amour pour lui, et bien entendu, par son âge il n’avait aucunement conscience du fait qu’entre ses parents, l’amour s’était éteint et qu’il était la seule chose les poussant à être encore ensemble. Rapidement après sa naissance pourtant, Erin, sa mère, tombait gravement malade et par ce coup du destin, mourrait peu de temps après le second anniversaire de l’enfant. De fait, Trevor ne gardait aucun souvenir de la jeune femme lui ayant donné la vie, rien en dehors de photos en tout cas, et de quelques histoires racontées soit par ses grands-parents maternels, soit par son père quand il en faisait la demande. Enfin, ne pensez pas en tout cas qu’il soit moins joyeux pour autant ! Au contraire, sa famille lui donnait tout de même tout l’amour donc il avait besoin pour bien grandir.

Preuve de ce développement tout à fait normal ? La capacité qu’avait le petit Trevor à faire passer leur appartement d’un état de propreté relative au chaos absolu. Bon, il imitait sans doute l’exemple de son père, qui n’était pas un modèle d’ordre quand il s’y mettait, mais tout de même, retrouver son pantalon de pyjama dans la cocotte minute restait encore un évènement inexpliqué dans leur petit foyer, et si cela marchait sans problème chez eux, faire la même chose chez ses grands-parents s’avérait plus compliqué… en effet, s’ils étaient très gentils, ils avaient ce côté ‘pas drôle’ qui consistait à devoir ranger ce qu’il n’utilisait plus… alors que chez papa, ses jouets restaient dehors en tout temps, car après tout… il allait les ressortir de toute manière, c’était aussi inutile que de faire son lit ! Il retournait dedans chaque soir, souvent avec empressement, car le moment du coucher rimait soit avec une histoire pour lui, soit par son papa qui prenait sa guitare, puis qui jouait quelque chose pour lui, sous son regard émerveillé, jusqu’à ce qu’il plonge dans les bras de Morphée. En son for intérieur, Trevor espérait réellement devenir aussi doué un jour, et rendre son papa très fier de lui… mais pour l’instant, il n’arrivait même pas à placer correctement ses mains sur l’instrument, et ce n’était pas faute d’avoir essayé pourtant ! Disons que dans l’immédiat, à part souffler dans une flûte, il ne pouvait pas vraiment se débrouiller avec autre chose, et dans ce cas, son but favori était de casser les oreilles de tout le monde.

Récemment, Trevor est entré pour la première fois à l’école et autant le dire, cet endroit est devenu l’un de ses lieux favori. Il a des copains, des copines, une gentille maîtresse qui les fait dessiner, qui leur lit des histoires, leur apprend même plein de chose… bon par contre, il n’aime pas du tout quand elle veut leur apprendre à écrire, parce qu’il finit toujours par avoir du feutre partout sur la main… mais papa a quand même eu l’air drôlement fier, la première fois qu’il a ramené un dessin sur lequel il avait écrit son prénom tout seul.

L’école… c’est aussi l’endroit où Trevor s’est bagarré pour la première fois. À l’époque de la fête des mères. Ils préparaient tous un cadeau pour l’occasion, un panier fait entière en pâte à sel, qu’ils allaient peindre ensuite, quand l’un de ses petit camarade – le gros bêta – avait dit que lui n’avait pas le droit de faire de cadeau de fête des mamans, car lui n’en avait pas. C’était la version résumé, l’autre enfant avait été plus dur, mais cela s’était terminé par Trevor qui donnait un coup de poing à son camarde, tout en le mordant aussi. Après s’être fait grondé, et alors qu’il en avait gros sur la patate en sachant que son papa risquait de le gronder le soir, l’un de ses copains était venu lui parler et lui dire une chose qui le surprenait réellement :

« Faut pas l’écouter, c’est un gros nul. Moi aussi j’ai pas de maman, j’ai deux papas, et bah c’est pas grave, parce que lui, il a une maman et il est trop bête ! »

Et mine de rien, il s’était sentit beaucoup mieux en apprenant cela, parce qu’il comprenait qu’il n’était pas le seul à ne pas avoir une maman et surtout, il était excité comme une puce le soir, en racontant tout cela très fièrement (oui, même sa bêtise) et cette histoire de deux papas qui le surprenait et fascinait à la fois.