Pasadena était une ville que j’aimais beaucoup, je ne pouvais pas le nier. Si ce n’était pas le cas, je ne serais certainement jamais revenue, compte tenu des souvenirs qui se ravivaient chaque fois que je repensais à mon enfance en ces lieux. Toutefois, il était impossible de dire qu’il s’agissait là d’une grande ville, surtout pas comparativement à Los Angeles qui se trouvait juste à côté. Pour certaines choses, une petite ville, c’était mieux, mais pour certains trucs comme faire du shopping, quand on voulait plus de choix, Los Angeles était de loin préférable. Enfin, c’était ce qu’on m’avait dit, parce que moi-même n’étant pas du genre à courir les soldes et faire les boutiques pour le plaisir de le faire, je ne m’étais pas vraiment renseignée sur le sujet. Toutefois, quand on m’invitait, j’avais bien du mal à dire non, parce que je savais que c’était toujours l’occasion parfaite de passer du bon temps. C’est ce qui expliqua pourquoi, quand Gemma me proposa d’aller passer la journée dans la cité des anges, je n’avais pas su refuser, ravie de non seulement passer une journée entre filles, mais aussi, secondairement, découvrir une nouvelle parcelle de la région que je ne connaissais pas encore. Sachant que Gemma passait me prendre, je décidai de m’assurer d’être à l’heure en me préparant dès que l’occasion se présenta. Vêtue d’un jean et d’un chemisier sans manches, je m’étais assurée d’avoir une veste non loin en cas de besoin. Maquillée et coiffée simplement, je me retrouvai même à être d’avance sur l’heure établie pour notre rendez-vous. En temps normal, je serais restée au salon, et je serais sortie un peu avant pour être là quand elle arriverait, mais depuis quelques semaines, cette habitude s’étaient mutée en séance câlins pour ce petit chaton, Pumpkin, que Lullaby et moi avions trouvé sur la route. Comme je m’y en attendais, le petit animal ne tarda pas, quand il vit que je ne faisais plus rien, à venir à ma rencontre pour demander des gratouilles, bisous et autres trucs du genre, ce que je me fis plaisir à lui faire jusqu’à ce que j’entende un coup de klaxon, me signifiant l’arrivée de mon amie. Laissant alors Pumpkin tranquille, sachant qu’il trouverait de quoi s’occuper lui-même, je pris mon sac, ma veste, et d’un pas rapide, je me rendis jusqu’à la voiture de Gemma. Je fis mon entrée avec un large sourire aux lèvres, lui lâchant immédiatement :  « Oh cesse ça et regarde toi ! Tu es magnifique ! » en guise de réponse à son commentaire, m’assurant d’adopter un ton humoristique pour qu’elle comprenne que je ne lui en voulais pas de m’avoir dit cela, bien au contraire, mais plutôt que je préférais de loin lui rendre la pareille. Ensuite, je m’installai dans le véhicule, lui rétorquai tout naturellement :  « Ça va très bien, et toi ? », la laissant ensuite prendre la route vers Los Angeles. Riant à son commentaire concernant la musique, je finis par hausser les épaules pour lui signifier que franchement, ce n’était pas ce qui me gênait le plus. Moi aussi, j’aimais bien chanter de temps à autre, donc bon. Toutefois, je n’eus pas le temps de m’y adonner bien longtemps, puisqu’il ne fallut que quelques minutes pour finalement arriver dans un paysage changeant totalement de Pasadena ; Los Angeles. Impressionnée, je sus quand même revenir à la réalité quand nous entrâmes dans un parking sous-terrain. Sortant de la voiture quand le moment fut venu, je dis à mon amie :  « Allons-y ! » avant de refermer la portière, placer mon sac sur mon épaule, puis affirmer :  « Je te préviens par contre, il faudra que tu me guides, je ne suis jamais venue ici ! » en riant doucement, prête à la suite là où elle me dirait d’aller.

Au moment où Gemma m’avoua que les boutiques à New York étaient encore plus impressionnantes, surtout en cette période de l’année, je ne pouvais me contenter que de sourire, tentant de m’en faire une idée en étant toutefois persuadée que cette idée était très loin de ce que c’était en réalité. Effectivement, je me doutais bien que New York était une ville impressionnante, mais puisque je n’y étais jamais allée, je ne pouvais pas confirmer ou infirmer l’idée que je m’en faisais. Peut-être faudrait-il qu’à un moment ou un autre, je demande à mon amie de me montrer des photos, de m’en parler plus amplement ? C’était une éventualité que je pourrais peut-être prendre en considération, mais pas aujourd’hui, parce qu’après tout, nous étions là pour faire les boutiques, passer un bon moment, et non pas jouer les guides touristiques à l’autre bout du pays. Cette idée bien ancrée dans mon esprit, j’accompagnai la jeune femme dans l’ascenseur pour finalement atteindre les boutiques qui, comme je m’y en attendais, étaient pas mal plus impressionnantes que celles qu’on pouvait trouver au centre commercial de Pasadena. Limite, j’en venais à me demander si ce n’était pas ce dont j’avais besoin pour apprécier un peu plus le shopping. En effet, je n’avais jamais été friande de cette activité, sauf en cas de nécessité, mais peut-être était-ce parce que mon expérience de shopping précédente n’était pas assez satisfaisante ? Je n’étais pas de nature capricieuse, alors ce serait bien étonnante mais bon, parfois, la vie pouvait nous réserver des surprises, notre propre personnalité peut nous réserver des surprises. Cependant, ce ne fut pas assez pour que soudainement, je sois prise avec un désir immense de faire chauffer ma carte bleue, et faire en sorte que ma carte de crédit y passer également. Je m’en rendis compte bien rapidement quand je ne sus que répondre à mon amie, dans un haussement d’épaules:  « Oh pas vraiment ! Je suppose que ça viendra en voyant les boutiques ! » au moment où elle me demanda si j’avais besoin de quelque chose. Je ne mentais pas pour le coup; je n’avais pas vraiment pris la peine de faire une liste de courses comme à mon habitude. Je ne pensais pas avoir besoin de vêtements ou d’un truc pour la maison. Enfin, je ne sais pas que je n’achèterais rien, surtout si je venais à voir quelque chose qui pourrait faire un chouette cadeau pour Noël qui, mine de rien, approchait petit à petit. Après tout, je verrais bien, non ? Et puis, je comptais aussi un peu sur Gemma pour me donner des idées, mais avant que je puisse lui demander si elle, il y avait des trucs qu’elle voulait acheter en particulier, celle-ci renchérit avec une nouvelle question qui, immédiatement, me fit piquer un fard. Mais je ne m’en étonnai pas, je ne m’en sentis limite pas gênée, parce que c’était dans ma nature, parfaitement normal. Au fil du temps, j’avais perdu l’habitude de parler de ma vie amoureuse, ma relation précédente ayant été un tel désastre que je me battais encore aujourd’hui pour tout mettre derrière moi. Toutefois, je devais admettre qu’avec la présence de Jensen, c’était maintenant beaucoup plus facile, d’où le fait qu’au final, je ne me gênai pas pour dire:  « Oh ça va bien… » avant de me surprendre à avoir un sourire un peu idiot, comme une véritable gamine amoureuse pour la première fois. Cela m’arrivait souvent, ces temps-ci, pour tout avouer, mais bon, c’était pour la bonne cause, c’était signe de bonheur, non ? Enfin, c’était ce que j’en saisissais, et je me trahis en affirmant par la suite:  « En fait c’est juste génial… Il est adorable… J’aimerais bien dire qu’il est parfait, mais ce serait trop exagéré, non ? Enfin, je sais pas trop… », portant mon regard sur Gemma, espérant que limite, malgré son vide niveau amoureux actuellement, saurait me guider, me rassurer, histoire que je ne me sente pas comme une véritable incompétente encore et toujours.

Ne pouvant qu’acquiescer aux propos de mon amie, je me contentai de sourire quand celle-ci me conseilla de ne pas laisser partir Jensen si jamais j’avais l’impression que c’était le bon. Puisque c’était le cas, pour sûr que je n’avais pas envie de le laisser partir, de quelconque façon. Enfin, il était difficile de dire que j’allais volontairement m’éloigner de lui, puisque compte tenu de sa situation avec mes employeurs, le tout serait flagrant très rapidement, mais je me rendais compte que cela ne semblait gêner personne, bien au contraire, ou du moins, personne ne s’était manifesté à ce niveau pour le moment. Et puis, je ne pouvais plus le nier plus longtemps, Jensen me rendait vraiment heureuse, si bien que ce fut au final sans hésitation que je rassurai Gemma en lui affirmant:  « Ne t’en fais pas, je ne compte pas le laisser filer… Il m’apporte un bonheur que je ne pensais jamais trouver de nouveau… » avant de me rendre compte que je me surprenais moi-même à m’ouvrir de la sorte. Bon d’accord, je ne venais pas de lui raconter toute mon histoire, parce que ça, il m’en faudrait beaucoup plus, sans parler du fait qu’il était hors de question que je gâche toute la journée en parlant d’histoires funestes qui étaient chose du passée et sur lesquelles je passais par-dessus plutôt bien ces derniers temps. Après, je ne pouvais pas dire que j’oublierais à jamais ce que mon ex-mari m’avait fait, comment tout cela avait pu affecter ma vie, mais je voulais cesser une bonne fois pour toutes de me sentir retenue par cela et aller de l’avant pour vrai. Je le comprenais maintenant; Parker ne méritait plus que je ne vive pas pour ce qu’il m’avait fait. J’étais pas mal plus heureuse maintenant, j’avais le coeur léger, et c’était pas mal mieux de vivre ainsi que de m’enfermer dans cette torpeur dans laquelle j’avais vécu longtemps, trop longtemps. Maintenant, je pouvais profiter de la vie, ne pas regarder toujours derrière mon épaule, et j’en profitais pas mal plus, comme aujourd’hui, avec mon amie, même pendant une activité aussi banale que de faire du shopping. Toujours avec le même enthousiasme, j’acceptai d’entrer dans la boutique que Gemma me proposa en affirmant:  « C’est parti ! » Sans attendre plus longtemps, j’accompagnai la jolie blonde dans cette fameuse boutique, prenant en considération ce qu’elle avait dit plus tôt, à savoir qu’elle non plus, elle ne recherchait pas quoi que ce soit en particulier, sauf peut-être si elle venait à s’acheter une nouvelle robe. Pour quoi exactement ? Pour une occasion particulière ? Je ne savais pas trop, et je ne lui avais pas posé la question, parce que la discussion avait déboulé un peu rapidement sur ma vie amoureuse, même si au fond, cela ne me gênait pas, mais pas du tout au bout du compte. Cependant, maintenant que nous étions dans cette boutique où il semblait effectivement avoir des vêtements, accessoires et autres trucs en tout genre, pour tous les goûts. Je décidai alors de prendre le risque de demander à mon amie:  « Tu as parlé d’une robe tout à l’heure… Il y a un style que tu recherches en particulier ? », ne pouvant m’empêcher de grimacer quand je me rendis compte que je ressemblais un tantinet trop à une vendeuse, alors que je n’avais pas du tout le profil de l’emploi, bien au contraire. La seule chose que j’étais capable de vendre convenablement, c’était des légumes verts à un enfant, et encore là, je ne réussissais pas tout le temps.  

Selon ce que je comprenais des explications de mon amie, c’était qu’elle voulait, en gros, une robe passe-partout, si je pouvais me permettre de l’appeler ainsi. Dans ma tête, ça devenait clair et pour le coup, j’étais prête à entamer les recherches, même si je me doutais bien que ce ne serait pas nécessairement chose facile. Effectivement, les critères étaient larges, et cela ne voulait pas dire que j’avais la même vision que Gemma de ce qu’était une robe passe-partout. Malgré tout, je décidai de tenter le coup quand même et sans attendre plus longtemps, je commençai à considérer les rayons où se trouvaient des robes pour tenter de trouver le bonheur de mon amie. Ça, c’était sans calculer que de son côté, Gemma avait préféré regarder pour moi-même et à mon étonnement, me présenta un petit haut que, je devais l’avouer, je n’aurais même pas songé à prendre en considération. Légèrement intriguée dans un premier temps, je fronçai les sourcils, mais rapidement, mon visage changea quand elle m’avoua à quoi elle pensa en choisissant ce haut en question. Sitôt, mes joues prirent une teinte rosée un peu plus évidente, puis j’eus un sourire quelque peu stupide tandis que je regardais le vêtement. Une chose était sûre et certaine, c’était que je n’aurais jamais choisi cela pour moi, mais parce que nous faisions du shopping entre amies et qu’un avis extérieur, ce n’était jamais de refus, je décidai de me résigner à affirmer:  « Bon d’accord, pour te faire plaisir, je vais l’essayer ! » Avec un sourire renouvelé, je le pris des mains de mon amie pour lui libérer le tout afin qu’elle puisse choisir des trucs pour elle, et aussi pour ne pas tout désorganiser d’emblée et faire en sorte que le haut se retrouve dans sa cabine d’essayage, même si je ne doutais pas une seule seconde que ce top lui ferait à merveille, probablement même mieux qu’à moi. Continuant alors les recherches pour la fameuse robe, parce que pour moi, il n’y avait rien d’urgent, petit haut noir ou pas, j’en vis alors une qui capta mon attention. Tout naturellement je m’approchai de celle-ci, mais quand je vis comment elle était faite, je grimaçai légèrement, et candidement, comme si je ressentais le besoin de justifier mon geste, je dis à Gemma tout en lui désignant la robe:  « Je pensais que la couleur te ferait à merveille, mais elle est tellement ample qu’on dirait une robe de maternité ! » Enfin, dans d’autres circonstances, certaines personnes auraient été plus qu’enclines à la porter, moi la première - même si ce n’était pas près d’arriver, bonne ou mauvaise relation avec Jensen - mais je me disais que c’était hors de question pour mon amie, tout simplement parce que:  « Tu es superbe, je ne crois pas que tu veuilles avoir l’air d’une femme enceinte ! » Bien sûr, j’avais tenu ces propos on ne peut plus candidement. Dans ma tête, j’avais même complimenté mon amie sur sa silhouette qui était, avouons-le, tout simplement magnifique. Je savais bien que d’une certaine façon, ça faisait partie de son métier, mais était-ce une raison pour ne pas être un peu envieuse ? En mon sens, je dirais que non, surtout que cette envie n’avait absolument rien de malsain.