On ne pouvait pas réellement dire que j’étais heureuse. Je trouvais que ma vie tournait dans un véritable fiasco. L’échec de mon mariage, le harcèlement de mon mari pour ne pas divorcer et la perte future de mon frère lors de la fusillade consistait à ajouter de plus en plus de couche dans un mal-être que je n’avais pas connu depuis très longtemps. Pourquoi ne pouvais-je pas être comme certaines héroïnes qui après avoir vécu un enfer durant leur enfance ont pu connaître une vie de femme et de famille épanouie ? Bien entendu, cela restait que de la fiction et cela expliquait pourquoi je n’avais pas cette chance. Cependant, je n’étais pas à plaindre et j’espérais ne pas avoir à connaître les mêmes malheurs que ma sœur qui avait du accoucher d’une enfant fruit d’un viol, pour avoir plusieurs années plus tard un cancer mais devant vivre tout comme moi avec le deuil de nos parents. Y avait-il une balance qui expliquait mon absence de bonheurs actuelle ? Je ne savais pas trop mais je gardais l’espoir que cela s’améliore. Après tout, l’enfant d’Ariel était sa plus grande fierté et aujourd’hui, son combat contre le cancer était un succès.

Face à Leighton, je ne savais pas trop où la placer. Elle avait été ma plus proche amie à New-York, elle avait été même ma meilleure amie. Mais aujourd’hui ce n’était plus le cas. Si je pouvais comprendre sa fuite en avant pour avoir effectuer la même chose il y a quelques mois, le sentiment d’abandon que j’avais ressenti ne me donnait pas envie d’être compréhensive. Bien entendu, aujourd’hui, j’avais de nouvelles amitiés. Mais une part de moi avait toujours peur de se retrouver seul. J’espérais que Christeen ne vienne jamais briser la confiance que nous avions mutuellement. Elle m’expliqua qu’elle compter se poser quelques temps avant de reprendre ses voyages. Voilà qui était dit. L’élément de surprise n’existait plus mais je ressentais tout de même de la rancœur. Pourquoi ne m’avait-elle pas simplement prévenu qu’elle partait ? Pourquoi n’avait-elle simplement pas communiqué ses besoins plutôt que de me laisser choir comme une… Bon vous avez compris.

Classiquement la question de ma présence ici me fut renvoyée. J’essayais d’adoucir ma voix comme je le pouvais. Je me sentais assez peu épanouie pour vouloir éviter de m’emporter inutilement. « Après ma séparation, j’ai décidé de revenir m’installer ici. Il fallait que je m’occupe de ma sœur.» Je ne savais pas pourquoi je donnais une accumulation de détail. Peut-être le fait que je me sentais mal de lui reprocher des cachoteries si moi-même j’en avais envers elle. Il restait cependant aisé pour moi de parler à cœur ouvert avec Leighton. Elle n’avait pas été ma meilleure amie pendant plusieurs années pour rien. Il s’agit d’amitié sincère et honnête, de confidence. Voilà pourquoi cela m’avait fait autant de mal de voir Leighton jeter cela à la poubelle s’en même m’en informer dans un moment de ma vie où cela devait nécessaire. Et cela, en raison des infidélités de mon époux. « Pourquoi tu es partie sans même me prévenir ? » Ce fut plus fort que moi, j’avais besoin de savoir.

La jeune femme face à moi semblait perturbé dans le sens mal à l’aise. Je n’avais aucune difficulté à ressentir son partage entre la culpabilité et le fait d’être certaine d’avoir fait le bon choix. Je ne pouvais pas lui en vouloir pour cela et je me convainquais qu’elle avait le droit à un peu de gentillesse. Leighton n’était pas une mauvaise femme, elle avait juste agit de manière très différente de la mienne. Bien entendu, j’avais le sentiment de trahison, mais n’étais-je pas assez adulte pour mettre cela de côté et entreprendre à nouveau une amitié avec elle ? Je savais que je pouvais mettre de côté ma rancœur, cependant, je savais que rien ne serait plus comme avant. Jamais je n’arriverais à me sentir aussi proche d’elle que j’avais pu l’être à une époque.

Elle sembla choquée de savoir que j’étais séparée de Jamie. Il s’était passé tellement de chose depuis le départ de la jeune femme. J’avais ouvert les yeux sur tellement de chose. « Cela sera le cas lorsqu’il décidera de signer les papiers. » Ma procédure de divorce me fatiguait énormément car Jamie faisait tout pour ne pas divorcer. Je ne comprenais pas ses motivations alors qu’il savait qu’il n’avait aucune chance de me reconquérir. Je ne voulais pas lui laisser de chance de me reconquérir. Lorsqu’elle me demanda si ma sœur avait eu un problème, je ne donnais pas de réponse. Je n’avais simplement pas envie de répondre à cette question. « Elle va mieux. » donnais-je simplement en conclusion de cette discussion.

A l’heure actuelle, je n’avais pas envie de discuter de mondanité mais bien de savoir si pourquoi elle était partie sans rien dire. Elle m’expliqua qu’elle avait peur que je la dissuade. Cette remarque me fit baisser le visage. Est-ce que je l’aurais dissuadé de faire ce qu’elle comptait faire ? Je n’en avais pas la moindre idée. Peut être que oui, peut être que non. On ne le saura jamais. Je restais silencieuse pendant les explications de la jeune femme me demandant comment je devais prendre la chose. Je me sentais tout de même en colère, elle remontait alors que la jeune femme s’excusait.

« Bien entendu que je t’en veux. Tu es partie sans laisser signe de vie. Je me suis inquiétée, je me suis imaginée les pires trucs. La moindre des choses aurait été de laisser une lettre si tu avais peur que je te dissuade. » Je laissais échapper un soupire. « Je ne te pardonnerais pas ça. » Je pris une nouvelle inspiration en me redressant. « Mais ce qui est fait est fait de toute façon. » Oui, je voulais essayer de ne pas garder rancune du passé. Bien que je savais que c’était l’un de mes défauts, je devais apprendre à passer outre.

Si il y avait bien une chose à laquelle je me posais la question c’était le désir de Jamie de rester marier avec moi. Lui qui était un vrai coureur de jupon, je ne comprenais pas pourquoi il s’obstinait à vouloir rester marier avec moi. Je lui offrais pourtant une ouverture, une chance pour lui de retrouver sa liberté de s’envoyer tout ce qui avait des cuisses écartées. Mais non, il semblait s’obstiner à vouloir rester mon époux et je ne comprenais pas vraiment la raison pour ne pas dire du tout. Leighton avait raison, je ne pouvais pas rester éternellement marié à lui, mais il avait de quoi faire retarder toutes les procédures. « Mon avocat se charge de la question. » J’avais une totale confiance dans mon avocat. C’était un spécialiste et il était doué. J’avais peut-être tendance à être naïve avec les hommes mais je faisais confiance à cet avocat. Mon dossier n’était pas des plus complexes mais je savais qu’il faisait attention à mes désirs. Il ne cessait de me proposer de passer devant un juge et de ne pas faire cela à l’amiable mais même si je ne supportais pas ce que Jamie faisait avec sa queue, je n’étais pas capable de le trainer dans la bout. Il restait tout de même un homme respecté de la communauté scientifique qui faisait des progrès dans le traitement du cancer, cancer qui avait attaqué de plein fouet ma sœur. Je ne supportais pas l’idée que son talent soit gâché à cause de ce que je considère comme un vice de la vie privée. « Je la retrouverais mais cela prendra le temps qu’il faudra. Je ne veux pas le trainer dans la boue. Son travail doit être préservé. » Je sais que peu de personne de mon entourage réussissait à comprendre mais je connaissais le monde dans lequel il gravitait. Le monde de la recherche était fait de subvention qui pouvait totalement disparaître en raison de la réputation d’un médecin.

Elle m’expliqua qu’elle était désespérée et c’était la raison pour laquelle elle avait suivi ses émotions plutôt que sa raison. Je pouvais comprendre cela en ayant fait également les frais. Convaincre un homme de faire un don de moelle osseuse pour ma sœur était une chose illégale et je risquais chaque jour d’être radié de l’ordre des médecins si par malheurs, cela venait à se savoir. Je vivais avec cette peur, ce choix de cœur que je ne regrettais pas. J’essayais d’adoucir mon visage mais ce n’était pas forcément aisé pour ma personnalité d’accepter ce genre de chose mais je devais me faire à l’évidence. Elle avoua espérer faire mieux à l’avenir, je retins alors un sourire peut être ironique ne voulant pas la vexer. Il ne devait pas être difficile de faire beaucoup mieux. « Si ce que tu as fais a permis de te retrouver et de te sentir mieux, il n’y a pas de raison. » dis-je en encouragement avant de me tourner. C’était à mon tour de commander ce que je fis avant de payer. Je me tournais finalement vers la jeune femme, anciennement meilleure amie. Je sortis alors ma carte de visite que je tendis à Leighton. « Voici ma carte avec mon numéro de téléphone. Si jamais tu as envie d’aller boire un verre. Je te présenterais Christeen. » Christeen était ce qui se rapprochait le plus d’une meilleure amie pour moi. Elle avait eu aussi un passé particulièrement dure et cela l’avait grandi. J’espérais que cela soit la même chose pour Leighton. Je n’étais pas réfractaire à reprendre finalement une relation avec Leighton bien que je n’avais aucune idée de ce que cela allait donner. Mais maintenant qu’elle était de retour, voulant retrouver une stabilité, je ne me voyais pas à le rejeter pour un simple orgueil. Cependant, je me doutais que j’allais lui rappeler sa vie d’avant. « Je dois retourner au travail. » finis-je simplement par dire.