La soirée au restaurant avait été relativement pénible. Avec le nouveau cuisinier qui avait été embauché il y a peu de temps, la cuisine avait été, de ce que j’avais vu, une véritable pagaille. Ensuite, les plaintes avaient pullulé de la part des clients en salle à manger, ce qui m’avait valu d’aller en ajouter une couche à l’arrière, ne pouvant pas croire que c’était si compliqué de tenir une cuisine convenablement, nouveau membre ou pas. Évidemment, je ne manquai pas de penser à plusieurs reprises que si j’avais été aux commandes, les choses ne se seraient certainement pas déroulées comme ça. Toutefois, puisque je ne l’étais pas, que je devais me contenter de servir le gens, ne pas me préoccuper de tout ce qui pouvait se passer derrière, je n’avais pas mon mot à dire. J’avais donc terminé mon service en tentant tant bien que mal de ne pas péter un câble et prendre la place de quelqu’un en cuisines pour lui montrer comment faire. Heureusement, j’avais résisté à la tentation qui avait été plus que terrible par moments, et j’en étais à la fois soulagée et fière. Cependant, je ne demandai pas mon reste quand mon service prit fin, et je rentrai aussitôt chez moi, plus que contente de retrouver ma maison, mes affaires, et surtout, ne pas être rentrée si tard que ça et avoir le temps de me préparer un goûter de soirée avant d’aller prendre une douche et dormir. Au moins, cette fois-ci, je pourrais faire ce que je voulais et surtout, comme je le voulais. Parce que oui, pour moi, un goûter de soirée, ce n’était pas quelques craquelins avec une terrine ou un truc comme cela. Même que ce soit, j’y étais allé fort : j’avais préparé une tonne de petits canapés avec les restes que j’avais trouvés au frigo, ne craignant pas d’en faire trop, parce que ça se resservait n’importe quand. Je mis un bon moment à les préparer, puis je les mis au four, bien décidée à aller prendre une douche, même si elle me semblait un peu moins obligatoire, puisqu’étrangement, cuisiner autant m’avait défoulée. Cependant, avant que je puisse faire quoi que ce soit, mes plans furent perturbés lorsque j’entendis frapper à la porte. Étonnée, j’allai quand même ouvrir, me retrouvant à être encore plus surprise – mais agréablement, bien sûr – quand je vis mon meilleur ami, Abel, dans l’embrasure. Lui répondant dans un premier temps :  « Salut ! Hum non, tu sais bien que tu ne me déranges jamais ! », oubliant complètement la fin de soirée tranquille que j’avais planifié. Franchement, c’était pas mal mieux de passer du temps avec mon ami que je n’avais pas vu depuis un bail maintenant. Le laissant entrer sans hésiter, je lui dis ensuite :  « Bah écoute, ça va, et toi ? » avant de refermer la porte derrière nous deux et lui faisant signe d’aller s’installer dans le canapé, là où j’avais allumé la télé qui présentait le dernier match des Kings de Los Angeles. Heureusement, le son n’était pas allumé, donc je ne jugeai pas utile de faire quoi que ce soit, m’installant avec mon ami en lui demandant :  « Ça fait un moment ! Tu racontes quoi de beau ? »