Un SMS pour dire à Kennedy de me rejoindre au restaurant italien sans qu'il n'ait vraiment le choix. Pour être honnête, je lui imposais légèrement mon choix pour ce soir. Je savais qu'il avait quelques difficultés en ce moment. Je n'allais pas non plus le blâmer. J'avais fait la même deux ans plus tôt. Bon je n'avais pas fui mon homme enceint, c'était moi la femme enceinte. Mais j'avais fui aussi. J'avais divorcé mais mon mariage avait quand même duré deux ans (chose exceptionnelle apparemment.) Mais bon, je ne lui en voulais. Je ne le blâmerai pas. C'était ce que je m'étais dit en mettant mon eye liner et mon fard juste au dessus. Un coup de rouge à lèvre. J'avais réservé à 19heures30. Début mois d'avril. Ceci n'était pas une blague. J'avais posé mon jeudi matin pour pouvoir me reposer un petit peu.

Je prenais ma voiture et j'étais partie pour le restaurant italien. Un peu romantique ou alors en famille, toute la population se rendait dans ce genre de restaurant. En même temps, le restaurant italien qui avait ouvert maintenant depuis plusieurs années je venais. Après une peine de coeur, rien n'était mieux que d'allait entre amis à l'italien et de noyer son amour perdu dans une bouteille de rosée et une grosse pizza. Ce soir je serai beaucoup plus sage. Le restaurant n'était qu'à 5 minutes en voiture, mais je préférais y aller quand même par ce moyen de locomotion que de me taper environ 15 minutes à pied, le soir alors que je ne savais pas trop ce que pouvait me réserver les routes et les trottoirs. Nous ne sommes jamais vraiment surs de nous. La robe noire et sobre que j'avais enfilé ce soir-là, me faisait une taille de guêpe, l'une des rares dans lesquelles je ne me sentais pas encore débordante de partout. C'était plutôt une bonne nouvelle, je n'osais même pas imaginer dans un an et demi quand j'allais dépasser les 30 Ans, Mon Dieu.

Bref, j'arrivais devant le restaurant, la marche arrière pour me ranger sur une des places de parking et ne pas trop galérer pour ressortir de ma place. Je sortais de la voiture et je vis Kennedy m'attendre à l'extérieur. Je m'approchais de lui avec un sourire. Il était bien beau mon petit frère, comme s'il avait pris un coup de vieux. Fripouille dis-je en le serrant dans les bras. Ca fait du bien de te revoir, petit frère. dis-je avec un sourire. Kennedy était mon petit frère, mais aussi mon petit protégé. Celui qui me faisait rire quand ça n'allait pas avec ses théories de surdoués, ou bien encore ses airs du je ne comprend ça me tombe dessus comme ça, pouf. Tu vas bien ? Allez, viens, ce soir c'est Katouille, qui t'invite. dis-je en l'invitant à rentrer dans le restaurant. A l'intérieur, j'indiquais mon nom et on nous installa sur une table ronde de deux personnes. Alors petit frère, comment ça va depuis le temps que je n'ai pas vu ? Je n'avais pas envie de parler de son départ, tout le monde devait lui tomber dessus, les uns après les autres. Ce n'était pas mon but. Pas me disputer avec Kennedy ce soir.

Je vivais entre chez mes parents et ailleurs en ce moment. Je cherchais un autre appartement dans l'ouest pour ne pas aller très loin. J'approchais de la trentaine et je commençais à me faire une petite épargne. Je comptais donc pouvoir l'utiliser et m'acheter une folie. Un appartement. Oui. Avec une chambre pour Leah. Pour qu'elle puisse dormir. Et puis pourquoi pas ? Après tout. Il était beau de rêver. Je ne m'en voudrais jamais d'avoir une imagination, mais je m'en voudrais de ne pas réaliser mes rêves. Devenir propriétaire n'était pas un but en soi, mais devenir indépendante commençait à me trotter peu à peu dans l'esprit. Je ne croisais pas non plus, les derniers qui vivaient encore à la maison. La seule consigne que j'avais c'était dire si je rentrais ou non le soir pour le diner. Et puis. Non. Ce soir j'avais envoyé un petit message à mon père pour le prévenir. Je croisais mes parents quasiment tous les jours au travail.

Je n'en voulais pas à mon frère d'être parti. Je lui en voulais d'avoir fait la même connerie que moi. Il était revenu à temps. Et même si, Zeppelin divorçait, au moins, il était là pour ses deux fils. Luke et Mike si mes souvenirs étaient bons. Je n'avais même pas encore vu mes neveux. J'étais passée rapidement à la maternité, mais furtivement. Ma vie était un éclair en ce moment l'impression de n'avoir le temps de rien. La voiture garée il était venu à ma rencontre. Me disputer avec mon frère encore une fois était une option bien évidemment mais pas dans mon choix cornélien. La rancune n'était pas ma part de faire, et j'étais plutôt du genre à vouloir pardonner rapidement. Mais surtout je savais le mal que ça faisait que de se sentir rejeter par un frère ou une soeur. Et la vie était courte. Bien trop courte. Eh beh c'est normal. Après tout si je ne peux pas te faire plaisir de temps en temps. dis-je en souriant et en prenant son bras pour aller jusqu'au restaurant. Petit restaurant qui m'allait très bien. J'ai cru apprendre ça de l'oreille de maman. Félicitations pour tes deux crevettes, ils vont bien ? Un peu de testostérones dans les petits enfants, ça fera du bien. dis-je avec un sourire. Zeppelin enceinte de jumeaux, nous n'avions pas vraiment loupé ça pour être honnête. Une autre taquinerie. J'étais d'humeur taquine on va dire. Oh bah moi, toujours la même. 28 ans, vieille fille. dis-je l'air blasée avant de me reprendre. Non en vrai ça va, un peu la tête en l'air avec toutes ces nouvelles qui s'annonce dans la famille, entre maman, Lulla. Je cherche un appartement aussi en parallèle pour pouvoir laisser la place aux autres à la maison. Bref, ça s'annonce rock'n'roll Devant le restaurant, je poussais la porte, annonçant mon nom Bonjour, Rieder-Jones pour deux personnes dis-je. La réservation avait été effectuée en début d'après-midi. On nous emmenait près d'une table à l'écart nous proposant un apéritif. Une limonade pour moi, tu veux quelque chose Kennedy ? demandai-je en prenant la carte que l'on me tendait en même temps.

Une fois que mon petit frère ait fait sa commande, je posais la carte sur le côté, je savais déjà ce que je prenais. Alors ta nouvelle vie de papa ? Ca donne quoi ?

L'indépendance. Je l'avais connu pendant huit ans. C'était dur de revenir à la réalité quand on devait rendre des comptes. Fumer sans se poser des questions, j'avais vite découvert qu'avec ma mère ce n'était pas comme ça que ça se passait. Bien au contraire. Du jour au lendemain, j'avais du rentre des comptes à ma mère, dire à l'heure que je rentrais. Contrairement à Kennedy je n'avais pas eu à passer un entretien, mon père m'avait proposé la reprise de la radio après une période d'essai. Je n'étais pas forcément fan de la musique mais j'aimais gérer les choses. J'aimais avoir un truc à moi. Et preuve en est, ça marchait plutôt pas mal. Bon bien sur mon père était bien derrière moi. Mais j'avançais, je faisais mon petit chemin depuis deux ans maintenant. Ce n'était pas facile tous les jours de revenir chez ses parents mais c'était le plus simple à faire. La queue entre les pattes. On a l'impression que l'on est libre que l'on fait ce que l'on veut. Et puis... Voilà. Ce que ça donne. Les uns après les autres. Au final la plus raisonnable c'était encore Lullaby qui avait su attendre le bon pour se marier avec, faire des gosses. En se mariant devant mes parents et pas dans le dos de tout le monde comme Kennedy et moi.

Mais oui, il n'y a aucune raison. J'ai hâte de voir mes deux neveux alors. Je n'ai pas encore eu le temps, mais j'ai déjà pleins de choses pour eux ! Tu penses. J'avais déjà dévalisé le magasin pour que je puisse gater mes deux neveux comme il se doit. Quelle tante je ferais sinon. Deux petites crevettes à nouveau dans la famille. Décidemment mes parents en un an c'était un peu la multiplication dans le camp Eh oh monsieur j'te ponds des petits messieurs. Je n'ai qu'un enfant en même temps. Une chance sur deux. dis-je avec un petit sourire. J'adorais ma fille il n'y avait aucun doute. Un petit gars ? Oui pourquoi pas! Mais avoir une fille pour une maman, c'est un peu comme avoir une petite princesse de qui s'occupait tout le monde. Une poupée toujours. Non jamais elle ne grandirait ma petite puce. Elle serait pour toujours ma princesse. Les projets de trouver un appartement ce n'était pas une mince affaire non plus. Le marché immobilier marchait plutôt bien sans jeu de mots dégueulasse. Mais c'était juste que... Je voulais avoir un coup de coeur. Si je voulais acheter. Et le boulot t'as une piste ? demandais-je curieuse.

Il commanda ensuite sa boisson, la serveuse repassait donc avec l'apéro puis nous laissa de nouveau pour nous laisser le temps de choisir notre repas. Leah est en pleine forme. Elle s'acclimate très bien à Pasadena. Et en voyant Lullaby et maman enceinte tu penses qu'elle veut un petit frère ou une petite soeur comme cadeau d'anniversaire ou de Noël. Chose techniquement pas très facile quand on ne couche pas avec le père. Mais bon. J'allais trouver une explication plausible assez rapidement. Oui je vais bien, un peu fatiguée mais je vais bien. Je levais mon verre pour trinquer à la naissance de mes neveux. Bon à mes deux nouvelles crevettes de neveux ? Luke et Mike !

A la hauteur de devenir parents, nous ne l'étions jamais totalement même quand on portait un enfant pendant neuf mois dans notre ventre bien au contraire. On pense toujours à la peur, quand on nous met pour la première fois un enfant dans les bras notre enfant quand on est la mère, généralement on pleure. N'allez pas vous méprendre, mettre au monde n'est pas une partie de plaisir même sous péridurale. Et le premier encore moins. Je n'avais pas eu tout ça, j'avais du accoucher par césarienne à cause de la prématurité de Leah et ça n'avait pas été facile non plus à devenir une mère en sachant que j'étais encore dans le coltar quand Leah était de retour dans la chambre, dans une couveuse. J'avais eu peur, de la perdre. J'étais tétanisée à l'idée désormais d'avoir un autre enfant. Je ne savais pas si j'aurai la force de le faire. Enfin de le faire oui, de l'élever et de reprendre mes jambes à mon cou une seconde fois. Non. Je commençais à peine à savoir m'occuper de Leah tout en faisant des erreurs de débutante, je ne voulais pas en plus subir cela avec mon enfant qui suivait. Surtout que pour le moment j'étais célibataire comme l'air et que faire un enfant toute seule n'était juste pas envisageable. Alors même si je voyais ou plutôt entendais mon horloge biologique me faire tic-tac sans cesse dans ma tête je ne voulais pas faire une erreur. Pas faire une connerie. Je voulais donner à Leah, une petite soeur ou un petit frère désiré et sur et certain qu'il aurait une mère capable d'être mère. C'était quelque chose de difficile dans ma tête mais au moins j'étais claire avec moi même ce qui n'était déjà pas évident.
"Bio informaticien ? Bien joué Kennedy !" dis-je avec un sourire. J'étais plutôt contente de voir mon petit frère se prendre en main et comprendre ce qu'insinuer devenir père. Alors même s'il était revenu vivre chez les parents au moins, il avait la volonté d'avancer. Et puis prochainement il pourrait voir les jumeaux un peu plus souvent ce qui était sacrément bien pour lui malgré les différents qu'il y avait entre Zeppelin et lui. Une situation pas forcément facile, mais au vue de son mariage éclair malheureusement, une situation à laquelle on pouvait s'attendre. Pour autant, il avait l'air de la gérer à peu près correctement et d'assumer son rôle de père qui était en train de se dessiner en plus de jumeaux. "Oui, je voudrais bien. Mais pour ça, il faudrait que mon prince charmant se ramène rapidement sur sur son beau cheval blanc !" dis-je avec un sourire comme pour lui dire que j'étais plutôt prête à lui offrir même si pour ça il me faudrait encore quelques mois, mais... Avec le bon. Et pour le bon était Dylan qui n'était pas encore le mien. Je ne sais pas si j'étais très claire mais au moins j'essayais de bien faire passer le message. "Oui à notre famille" Je trinquais avec lui avec un sourire avant de boire une gorgée de limonade. "Les problèmes ils vont se résoudre, si maman et Lullaby pouvaient cesser de se comporter comme des adolescentes ce serait juste géniale. Malheureusement j'ai pas l'impression que ça aille mieux d'ici un moment" dis-je un peu déçue. Je ne comprenais pas la réaction de ma mère sur le fait que Lullaby se rapprochait de Joan et en même temps, les tentatives de réconciliation semblaient vaines des deux côtés. En quelques mots ce n'était pas gagné.

Je ne savais pas exactement comment prendre le conflit entre Lullaby et ma mère. J’avouais que le retour de Joan ne me mettait pas en joie non plus dans le sens où j’avais l’impression d’être en décalage avec ma sœur. Nous avions eu deux histoires semblables dans l’idée principale mais au final bien différentes. Je ne savais pas exactement ce qu’il allait en retourner pour être honnête. Oui j’avais peur de perdre ma grande sœur, ma jumelle, ma meilleure amie. Parfois j’avais l’impression que c’était déjà le cas. Et puis d’autre fois, je la voyais toujours comme la même petite fille qui m’avait accueillie alors que sa sœur me voyait comme une ennemie numéro 1. C’était un peu compliqué en fait mais une famille recomposée ce n’est jamais simple à gérer d’autant quand les parents sont particulièrement jeunes. Holden était très jeune et avait déjà trois enfants ce qui était peu croyable. Nous avec Maman c’était beaucoup plus compliqué elle me faisait grandir tant bien que mal avec les difficultés du jour et des nuits parfois. Kennedy, Drew et Grace n’avaient pas connu tout cela, nous n’avions pas tous la même histoire même dans la même famille. Il était vrai que… ce n’était pas toujours facile de penser comme ça quand on est une adolescente. Quand on pense que tout peut être facile maintenant et que l’on se rend compte qu’on est la seule à ne pas savoir d’où l’on vient de qui l’on est. Ca semble peut croyable. Et pourtant. Personne n’a la même histoire. Personne. « C’est certain. Je ne sais pas comment je réagirai pour être honnête si mon père souhaitait reprendre sa place de père à la place de papa Holden. Enfin je me comprend quoi. Mais je me doute que ce n’est pas une situation facile. C’est compliqué. On est compliqué. » Je partais en explication sans même me comprendre moi-même. Enfin si. Mais en même temps, si bien évidemment je me comprenais. Mais Kennedy n’avait rien à voir avec mes états d’âme et rapidement je retrouvais ce sourire que l’on me connaissait si bien. Ce sourire qui cachait les peines et ses espoirs. On cherchait toujours à faire ça mais mob frère avait raison nous n’étions absolument pas là pour ça bien au contraire. On était plutôt là pour profiter et rire ensemble comme au bon vieux temps, comme quand nous étions complices comme tout dans l’enfance « En effet. Et j’ai deux petites choses pour mes neveux adorés que je n’ai pas encore vu mais ça ne saurait tarder. » Je sortais deux petits paquets cadeaux. Les deux contenaient la même chose deux colliers d’ambre pour les deux petits garçons. Je connaissais très bien les vertus de l’ambre pour les dents. Et aussi étrange que cela puisse paraitre j’y croyais plutôt beaucoup.