Un an… Azélia avait vraiment du mal à se dire que ça faisait déjà un an. A vrai dire elle est partagée entre la pensée comme quoi le temps passe très vite mais aussi comme quoi elle a la sensation que ça fait des années qu’elle est revenue dans la ville de Pasadena. Tellement de choses se sont déroulés à vrai dire et le fait que Nora fête son première anniversaire lui fait réaliser la chose. Faut dire qu’elle avait été là lors de sa naissance, pas seulement en ville mais bel et bien dans la salle d’accouchement avec son amie. Autant dire que ça lui avait fait bizarre d’être présent dans un moment comme celui-ci mais comment aurait-elle pu laisser son amie accoucher seule alors que c’était non seulement prématurée mais aussi lors de la mort de son propre frère ? Non elle n’aurait pas pu lui faire ça c’est un fait. Enfin bref, Azélia se trouvait dans la maison de son cousin et son amie, la cérémonie pour son baptême s’était très bien déroulée et Azélia avait vu la cérémonie en compagnie de sa coloc Kyle, sa fille et Mason pas loin. Et dire qu’il y a quatre ans elle avait en quelque sorte peur des enfants en ayant peur d’elle-même. Résultat elle se trouvait là pour l’anniversaire de Nora qu’elle considère comme sa nièce puisqu’Aiden est comme son frère, elle a repris son rôle de maman et ses amies comme Kyle ou encore Lullaby pour le seconde fois sont enceintes. Faut croire que c’est l’époque pour leurs femmes de leur âge de devenir maman ou de le redevenir. Azélia était totalement dans ses pensées alors qu’elle était censée finir la décoration du gâteau fait exclusivement pour la fête d’anniversaire. Ce fut d’ailleurs sa fille qui la fit revenir sur terre. « J’peux gouter maman ? » Comment est-ce qu’elle peut dire non sérieusement ? Azélia est trop faible lorsqu’il s’agit de Malia, il suffit qu’elle l’appelle ainsi et lui fasse des yeux du chat potté pour qu’elle devienne limite esclave. Bon le mot est peut-être fort mais pas de sa faute si sa fille commence à bien la connaitre et sache qu’il lui suffit de faire des yeux de chaton pour qu’elle accepte limite n’importe quoi dans la limite du raisonnable. « Attends ma puce, il va rester de la ganache » et comme convenu alors qu’elle venait de finaliser le gâteau, il leur restait un peu de ganache que la mère et la fille ont pu savourer avec un regard complice. Finalement alors que Malia partie jouer pas loin avec d’autres enfants sous le regard protecteur de la brune, elle fut rejoint par Lullaby et Lenaelle autour du gâteau. Souriant aux compliments, un rire cristallin s’échappa d’entre ses lèvres pour finalement rétorquer : « Tu as peur que les Jones ne perdent ? » Tout ceci bien accompagné de son clin d’œil. Quitte à choisir un camp, inutile de dire dans lequel Azélia se trouve étant donné que c’est de sa famille dont on parle. De toute façon ce n’est que pour plaisanter qu’elle dit cela, c’est de bonne guerre. Aucune famille ne mérite de médaille pour quoi que ce soit de plus que les autres. « C’est une surprise, si t’aimes pas de toute façon le croque mitaine viendra me venger » Dit-elle en la pointant du doigt d’un air menaçant avant de finalement lui tirer la langue telle une enfant. Finalement, Azélia se retrouva seule, faisant quelques signes de mains aux autres personnes présentes pour les saluer, que ce soit des personnes qu’elle connait ou non, en même temps elle est civiliser alors elle ne va pas rester dans son coin dans la pénombre. Finalement, voulant déplacer le gâteau un peu plus loin, elle faillit se prendre les pieds dans le tapis mais finalement elle se rattrapa sur quelqu’un, sans même voir de qui il s’agissait, en tout cas la personne l’a sauvé tel Batman. « Nom d’un Scaramouche… » Oui autant ne pas jurer alors qu’il y a des enfants, dont sa propre fille, dans le coin. « J’suis tellement une boulette ! » Heureusement elle n’a pas fait tomber le gâteau, elle a évité le pire. « Merci ! » Dit-elle finalement sans regarder la personne, sa pensée étant concentrée sur sa connerie. En espérant que personne n’ait vu, sinon les vannes et les blagues à ce sujet risquent de rester un moment.

Quand on signe pour entrer dans l’armée, c’est à la vie à la mort. Pire que le mariage, quoi ! Bon, je ne pouvais pas tant comparer les deux, puisque j’avais passé plus de temps dans l’armée qu’en étant un homme marié. J’étais parti un matin sans me retourner, idiot que je suis. Seulement, je savais que porter un regard sur Lullaby allait me faire douter, me nouer l’estomac. Étais-je capable d’aller jusqu’à la traitrise de mes vœux militaires pour elles ? Sûrement, mais je devais me convaincre du contraire. C’est pourquoi j’étais parti. J’étais resté un peu plus de deux semaines, j’avais commencé à entrainer mon bataillon. Je n’avais jamais pensé que ce ne serait pas si facile que cela. J’étais toujours hanté par ma mémoire et c’est sur mon lit de camp que j’avais réalisé que mes souvenirs ne m’avaient toujours pas quitté. Je me réveillais en sueur, tremblant de tous mes membres. Durant, mes derniers jours, j’avais été suivit par des psys, pour finalement qu’on me dise de rentrer chez moi. Je n’avais plus la condition mentale pour garder mon poste de caporal, mais on m’avait proposé d’autres alternatives, auxquels je devais réfléchir. J’étais donc rentré chez moi, arrivant juste à temps pour le baptême de ma fille. Le bus m’avait déposé à l’arrêt juste avant le commencement du baptême, prenant le premier taxi que je voyais, je n’avais pas eu le temps de m’arrêter dans notre nouvelle maison pour déposer mon sac. C’est donc vêtu de mes habits de soldat que j’étais arrivé aux portes de l’église. Je ne m’attendais pas à ce qu’on me saute au cou, mais j’avais tout de même souris lorsque Lullaby avait posé ses lèvres contre les miennes. Pour ceux qui ne me connaissaient pas, j’avais simplement l’air du soldat austère. Ce que je suis loin d’être, mais tant de chose se bousculaient dans ma tête. Notamment, la réaction de ma femme à mon départ tout comme à mon retour. Elle n’avait pas besoin de parler pour que je comprenne certaine chose. Je la laissais être silencieuse à mon égard, de toute manière je ne savais pas trop quoi dire. Une fois chez nous, je n’avais pas le temps d’aller me changer que les invités arrivaient déjà. Sans rien dire, j’allais tout de même porter mon sac contenant mes effets dans notre chambre avant de redescendre pour saluer tous ces gens venus pour l’anniversaire d’un an de Nora. Ma casquette de militaire sur mes cheveux coupé court, le col mao me serrant la gorge et cet apparat solennel détonnait quelque peu avec l’ensemble de personne m’entourant. Ma médaille décorant ma poitrine, je serrais la main ou donnait la bise d’amis comme membre de la famille. Quelques brefs coups d’œil à Lullaby, j’allais finir par me chercher une bière. Si je voulais tenir cette journée, je devais me détendre sinon ça n’allait pas le faire. Buvant au goulot de la bouteille, je voyais Nora avancer vers moi. Je souriais l’encourageant à me rejoindre sous le regard de certain. On ne tardait néanmoins pas à venir la chercher, me laissant accroupit dans l’attente que ma fille vienne me rejoindre. Un an. Tant de chose c’était passer depuis ce jour où elle était née et que j’avais failli perdre la vie comme mes compagnons. Je fronçais les sourcils, essayant de ne pas penser à ce jour. Ma main tremblait et je me frottais le front nerveusement, lorsqu’on me tapait le dos. Je sursautais me retournant pour regarder Mason. Je le regardais, me passant la langue sur ma lèvre inférieure. « Plusieurs personnes ne devaient pas s’attendre à ça… », répondais-je avec un rire nerveux. Au départ, ce n’était pas vraiment mon intention de venir, enfin, si je désirais être là, mais je savais qu’on ne m’aurait pas accordé mon droit de sortie. Pas seulement après deux semaines. J’étais heureux d’être là, de voir ma fille tout comme ma femme entourer de tous ces gens près à surmonter n’importe quoi avec elles. Moi, je me résignais à me dire, que je passerais une fois de plus pour l’homme ingrat qui avait laissé sa femme. Je ne cherchais même pas à me défendre, après tout à quoi bon ? Je buvais une gorgée de bière, m’étouffant avec celle-ci tout en regardant l’ex de ma cousine. Toussant bruyamment, je me tapais le poitrail avec force pour calmer la toux. Un raclement de gorge s’en suivit. J’aurais dû m’attendre à cette question, mais ne l’ayant même pas dit à Lullaby, je ne m’y attendais simplement pas. « Je ne repartirai pas. » Je baissais mon regard sur mes souliers vernis. « J’ai été remercié… » Je ne savais pas trop si c’était une bonne chose d’en parler. « Disons, que je ne suis pas pleinement remis de ce qui s’est passé il y a un an. C’était sans doute trop tôt. » Je n’étais pas vraiment fier de dire cela, je me sentais faible et ça ne me plaisait pas du tout.

Un an. Mon Dieu que le temps passe vite. Aaron n’avait pas été là à la naissance de Nora. Il n’avait pas non plus vu la grossesse de Lulla se développer mois après mois jusqu’au moment fatidique. Aaron s’était habitué à son retour à toutes ces petites choses qui étaient apparues comme par magie pendant son absence et qui faisaient désormais partie de sa vie. Le jeune homme n’en revenait d’ailleurs pas que presque un an s’était écoulé depuis qu’il avait atterri à Los Angeles, les traits hantés par la fatigue et des grains de sable encore présents sur la semelle de ses chaussures. Aaron poussa la porte de la maison de son cousin et vit débouler la star de la journée devant lui, se déplaçant maladroitement jusqu’à un invité avide de couvrir la demoiselle de compliment et cadeaux. Aaron eu un instant de malaise en réalisant que son propre fils allait également grandir à une vitesse folle, avec tous les soucis que cela engendre. Une infime part de lui s’inquiétait encore plus de ne pas être là pour voir cette évolution. Et n’était-ce pas là le sujet tabou du moment ! Aaron était toujours partant pour faire la fête, et cette combinaison de deux événements était une excellente opportunité. Mais Aaron devait avouer avoir d’autres préoccupations en tête. Son regard azur balaya la pièce principale, s’arrêtant par réflexe sur les nombreux visages familiers et d’autres moins. Mais il n’en cherchait qu’un. Ce n’était peut être pas poli de s’introduire dans la maison sans saluer vite fait la maîtresse de maison, mais Lulla semblait déjà bien occupée niveau conversation. Non, Aaron cherchait Aiden. Et ce fut chose très facile. Le jeune Maccallister se démarquait presque horriblement parmi la foule, son uniforme clashant avec les beaux costumes et robes vives autour de lui. D’autres y verrait sans doute quelque chose d’austère et de déplacé, alimentant les critiques en murmurant que le père aurait pu prendre cinq minutes pour se changer pour le baptême de sa fille.  Aaron lui, y voyait quelque chose d’intimement familier, malgré le fait que les cousins n’avaient jamais partagé le même uniforme. Aiden semblait nerveux, presque mal à l’aise, et Aaron ne pouvait lui en vouloir. Il n’imaginait même pas l’appréhension qu’il avait dû avoir en venant ici. C’était toujours mieux que s’il n’avait pas été là du tout cependant. C’était ça de moins qu’on pouvait lui reprocher. Aiden échangeait quelques mots avec Mason, et quand ce dernier sembla achever sa pensée, Aaron s’approcha de son cousin. « Hey, caporal » dit-il légèrement avant de passer un bras autour des épaules d’Aiden pour l’enlacer brièvement. « Comment tu vas ? » demanda-t-il, et la simple question aurait pu se noyer sous le poids de celles qu’Aaron n’avait pas verbalisées. Qu’est ce qui s’est passé ? Tu tiens le coup ? Tu veux qu’on se casse d’ici ? Aaron était le plus apte à sympathiser, à comprendre, et pourtant cela restait théorique. Aaron n’avait jamais subit des traumatismes aussi forts qu’Aiden sur le terrain et n’avait jamais non plus eu à laisser plus qu’une petite amie de longue date derrière lui. Mais s’il y a une chose qu’il pouvait comprendre, c’était le sentiment de devoir qui habitait le plus honnête des soldats. Aaron comprenait très clairement ce qu’avait pu ressentir Aiden en apprenant qu’on le demandait de nouveau dans l’armée. Il le comprenait d’autant plus que ce choix l’attendait dans le futur proche et qu’il connaissait déjà sa réponse. Malgré Olivia. Malgré Liam. Un plateau de petits fours passa devant lui et Aaron en attrapa une poignée, ne souhaitant pas faire quinze mille allers-retours jusqu’au buffet en esquivant les nombreux invités et leurs gosses surexcités. Il en avala un avant de piquer rapidement la bière de son cousin pour faire passer le tout.